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jeudi, 29 septembre 2005

Le phénomène futur

Un ciel pâle, sur le monde qui finit de décrépitude, va peut-être partir avec les nuages : les lambeaux de la pourpre usée des couchants déteignent dans une rivière dormant à l’horizon submergé de rayons et d’eau. Les arbres s’ennuient et, sous leur feuillage blanchi (de la poussière du temps plutôt que celle des chemins), monte la maison en toile du Montreur de choses Passées : maint réverbère attend le crépuscule et ravive les visages d’une malheureuse foule, vaincue par la maladie immortelle et le péché des siècles, d’hommes près de leurs chétives complices enceintes des fruits misérables avec lesquels périra la, terre.

Mallarmé

Photo : Cecil Beaton

Commentaires

OK, j'ai compris: je ferme les yeux et vais me coucher sans lui.
Bisous Ray et merci d'avoir essayé...

Écrit par : Calou | jeudi, 29 septembre 2005

... et moi je ferme les yeux et vais me coucher avec lui...
Merci Ray.

Écrit par : Madame de ... | jeudi, 29 septembre 2005

En un lugar de la Mancha…

Écrit par : J.-J. M. | jeudi, 29 septembre 2005

Vous connaissez sans doute...
Je suis tombé sur ce passage de La Belgique déshabillée (Baudelaire). Il y parle justement, c'est amusant, de ce poème de Mallarmé en évoquant un «jeune écrivain»!

«La laideur ne peut comprendre la beauté.

Rapprochons ce fait de la laideur générale de ce peuple de cet autre fait: sa haine générale de la Beauté. Exemples: les rires des Belges et des assemblées devant la vraie beauté, –l’inaptitude radicale des artistes belges à comprendre Raphaël.
Un jeune écrivain a eu récemment une conception ingénieuse, mais non absolument juste. Le monde va finir. L’humanité est décrépite. Un Barnum de l’avenir montre aux hommes dégradés de son temps une belle femme des anciens âges artificiellement conservée. “Eh! quoi! disent-ils, l’humanité a pu être aussi belle que cela?” Je dis que cela n’est pas vrai. L’homme dégradé s’admirerait et appellerait la beauté laideur. Voyez les déplorables Belges.» (f. 39)

Écrit par : Gaspar | jeudi, 29 septembre 2005

Non je ne connaissais pas ; après une première recherche un peu rapide, je ne l'ai pas trouvé ce texte dans les "Oeuvres complètes" en "Bouquins" ; avez-vous une référence plus précise ? Baudelaire (et certains de ses poèmes plaident pour lui) pensait sans doute avoir fait le tour de la question de la beauté et de la laideur... Merci, je vais replonger dans Baudelaire

Écrit par : Ray | vendredi, 30 septembre 2005

Alors, en Pléiade (Pichois), c'est le second volume, p. 831 (avec une note intéressante; le fait que Baudelaire ait connu ce poème reste tout de même miraculeux!)...
L'édition de Guyaux en Folio est très complète (coupures de la presse belge rassemblées par Baudelaire, etc.), avec une longue et intéressante introduction!
Mais là, je ne mets pas la main dessus. De toute façon, c'est numéroté par feuillets (ici, le 39).
Je n'ai malheureusement pas les Œuvres en Bouquins...

Bonne journée à vous...

Écrit par : Gaspar | vendredi, 30 septembre 2005

Les commentaires sont fermés.