lundi, 17 novembre 2025
Greguerias
La forme brève invite paradoxalement à la lenteur. On y revient, on la savoure. Le texte court, par le peu de place qu’il occupe, n’envahit pas les pages ni l’emploi du temps. L’aphorisme, le trait, la maxime, légers, primesautiers en apparence, mais parfois incisifs comme un coup de poignard peuvent nous laisser sans défense en quelque sorte. Le court n’a pas bonne presse en Occident – rien de tel au Japon avec l’art du haïku – pourtant que serait-on sans La Rochefoucauld, Vauvenargues, Joubert ou Chamfort ?
Pas ou très peu de moralisme chez Ramon Gomez de la Serna. Les « greguerias » , écrites entre 1910 et 1962, sont plutôt du côté du clin d’œil, de la poésie, du merveilleux, elles ouvrent le regard, le transforment parfois…
Lorsqu’une femme se repoudre après un entretien, on dirait qu’elle efface tout ce qui a été dit
Pelez une banane, elle vous tirera la langue
Le problème avec l’hélicoptère c’est qu’il a toujours l’air d’un jouet
Les aboiements des chiens sont de véritables morsures
La lune baigne les sous-bois d’une lumière de cabaret
La pluie nous rend tristes parce qu'elle nous rappelle l'époque où nous étions poissons
La bouteille de champagne a ceci d’aristocratique qu’elle refuse qu’on la rebouche
Les ailes des automobiles sont comme les moignons des ailes d’avion qu’elles auraient pu être
Le drapeau grimpe au mât comme s’il était l’acrobate le plus agile au monde
Lorsqu’une femme marche pieds nus sur les dalles le bruit de ses pas provoque une fièvre sensuelle et cruelle
Ne disons pas de mal du vent, il n’est jamais très loin
Les animaux sauvages, lorsqu'ils parlent de ceux qui vivent dans les parcs zoologiques, les qualifient, avec mépris, de "bureaucrates"
« Tuer le temps » est une rodomontade de bravache
L’histoire est un prétexte pour continuer à tromper l’humanité
Le crépuscule est l’apéritif de la nuit
Le poisson est toujours de profil
Le q est un p qui revient de la promenade
Le pire avec les médecins c’est qu’ils vous regardent comme si vous étiez quelqu’un d’autre
Les larmes désinfectent la douleur
Editions Cent pages, Grenoble, 1992. Présentation de Valéry Larbaud, 160 pages.
20:53 Publié dans Grands textes, Greguerias | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ramon gomez de la serna
Pensées crémeuses
Aujourd'hui, le ciel tombe en nuages, mes pensées sont crémeuses...20:46 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)
Demeure
"Le ciel a-t-il formé cet amas de merveilles20:36 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corneille
jeudi, 13 novembre 2025
Confiance
"Mais on doit du respect à l'écriture et, vous le savez, celui qui n'a pas confiance aux livres est en danger de mauvaise fin."
Le Roman de Renart
18:20 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le roman de renart
mardi, 11 novembre 2025
Des gestes plus décidés que d'habitude
"Presque aussitôt, les cinémas du quartier ont déversé dans la rue un flot de spectateurs. Parmi eux, les jeunes gens avaient des gestes plus décidés que d'habitude et j'ai pensé qu'ils avaient vu un film d'aventures."
Albert Camus, L'étranger
Giacometti
10:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : albert camus, giacometti
dimanche, 09 novembre 2025
"Le plaisir des beaux yeux dont la vue repose mon désir." : Dante, Le Paradis
John Singer Sargent, Lady Helen Vincent
09:52 Publié dans Art, Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dante, john singer sargent
mercredi, 05 novembre 2025
Mots retirés du dictionnaire en 1856

15:35 Publié dans Mots, Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 04 novembre 2025
Les jardins de la villa d'Este, Corot

19:30 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corot
lundi, 03 novembre 2025
La marche
« Antonio regardait la carrure de Matelot qui marchait devant lui. Il marchait avec un effort de ses reins, plus par le milieu de son corps que par ses jambes. C’était bien un homme de la forêt ; tous les hommes de la forêt marchent comme ça. C’est la forêt qui apprend cette habitude. » : Jean Giono, Le Chant du monde.
« Les Giacometti existent dans une autre dimension, une dimension cinglante, acérée comme leurs courbes, et pourtant calme, très calme. Ce sont des corps débarrassés de leurs encombrements, qui évoluent loin des humains, dans une région transparente où le sang n’existe pas. Où le temps ne calcule pas. » : Yannick Haenel, Cercle.
10:45 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean giono, giacometti
dimanche, 02 novembre 2025
Le chant du monde
La nuit. Le fleuve roulait à coups d'épaules à travers la forêt... D'un côté l'eau profonde, souple comme du poil de chat, de l'autre côté les hennissements du gué. Antonio toucha le chêne. Il écouta dans sa main les tremblements de l'arbre. C'était un vieux chêne plus gros qu'un homme de la montagne, mais il était à la belle pointe de l'île des Geais, juste dans la venue du courant et, déjà, la moitié de ses racines sortaient de l'eau.
— Ça va ? demanda Antonio.
L'arbre ne s'arrêtait pas de trembler.
— Non, dit Antonio, ça n'a pas l'air d'aller.
Il flatta doucement l'arbre avec sa longue main.
Loin, là-bas, dans les combes des collines, les oiseaux ne pouvaient pas dormir. Ils venaient écouter le fleuve. Ils le passaient en silence, à peine comme de la neige qui glisse. Dès qu'ils avaient senti l'odeur étrangère des mousses de l'autre côté, ils revenaient en claquant éperdument des ailes. Ils s'abattaient dans les frênes tous ensemble, comme un filet qu'on jette à l'eau. Cet automne dès son début sentait la vieille mousse.
Jean Giono, Le chant du monde, 1934, début du livre.
Photo de Mark Littlejohn
15:56 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean giono, mark littlejohn
"Regardez chaque heure comme un chiffre sacré" : Philippe Sollers

11:48 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0)
Cézanne, Hortense allaitant Paul, 1872

11:46 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cézanne
Pierre Bonnard

11:44 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre bonnard
samedi, 25 octobre 2025
Henri Bosco, lettre à Jean Steinmann
Henri Bosco, lettre à Jean Steinmann en 1948 : « J'ai écrit des récits. Le récit m'est indispensable pour atteindre indirectement à la poésie. C'est la poésie que je cherche, c'est-à-dire la création de fictions, tirées du plus profond de l'âme et dont la vie fictive, observée, analysée avec soin, me permette d'étudier et de connaître cette âme elle-même, par cette sorte de reflet. Or pour que ces reflets soient bien vivants, pour qu'ils s'animent, il faut mettre l'âme en présence de ces points magnétiques du monde qui, par leurs radiations, excitent le plus intensément les puissances intérieures : la terre, les bêtes, le vent, l'eau, le feu, l'air, certaines créatures privilégiées, intermédiaires étranges entre nous et l'inconnu. C'est la quête des secrets. Or que nous laissent supposer ces secrets multiples, sinon que tout se tient, que tout voit, que tout communique, que tout a un sens, et qu'on erre à ne pas croire en cette unité de la vie ; bien plus que vie et mort sont deux branches d'un même tronc, et que finalement tout aboutit à l'unité de l'être, qui, lui-même, fondu dans le non-être, est mystérieusement contenu par Dieu. Tout mythe poétique est un mythe religieux. Chercher à travers ces secrets, découvrir les communications invisibles au commun c'est aller vers ce que j'appelle le Paradis terrestre. »
Photo : Mark Littlejohn
23:13 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : henri bosco, mark littlejohn
lundi, 20 octobre 2025
Le réel
“Le propre du réel, c'est qu'on ne l'imagine pas.”17:28 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lacan
dimanche, 19 octobre 2025
Le jour où une cargaison de synthés a déclenché une révolution au Cap-Vert
19:20 Publié dans Musique, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 14 octobre 2025
Sublime Catherine Trottmann
16:52 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : catherine trottmann, haendel
vendredi, 10 octobre 2025
Pas assez
Que dit La Rochefoucauld ? "Nous n'avons pas assez de force pour suivre toute notre raison." Correction de la fille de Madame Sévigné : "Nous n'avons pas assez de raison pour employer toute notre force. "17:16 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : logan zillmer, la rochefoucauld
mercredi, 08 octobre 2025
Nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses
« Rien ne nous plaît que le combat mais non pas la victoire. On aime à voir les combats des animaux, non le vainqueur acharné sur le vaincu. Que voulait on voir sinon la fin de la victoire et dès qu’elle arrive on en est saoul. Ainsi dans le jeu, ainsi dans la recherche de la vérité. On aime à voir dans les disputes le combat des opinions mais de contempler la vérité trouvée ? Point du tout. Pour la faire remarquer avec plaisir il faut la faire voir naître de la dispute. De même dans les passions il y a du plaisir à voir deux contraires se heurter, mais quand l’une est maîtresse ce n’est plus que brutalité. Nous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses. Ainsi dans les comédies les scènes contentes, sans crainte, ne valent rien, ni les extrêmes misères sans espérance, ni les amours brutaux, ni les sévérités âpres. »17:18 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pascal, jasper tejano
lundi, 06 octobre 2025
Avec nous les copains ça ne prend pas
Georges Brassens : « Ce satané Boby Lapointe, depuis qu'il a tourné le coin, à Pézenas comme à Paris, ses copains et admirateurs ont du mal à s'y habituer. En ce qui me concerne, les soirs où son amitié et sa bonhomie me manquent un peu, je fais comme si de rien n'était, j'écoute ses chansons pour qu'il continue à vivre le bougre ! Et il continue. Mon vieux Boby, putain de moine et de Piscénois, fais croire à qui tu veux que tu es mort ; avec nous les copains ça ne prend pas. »09:40 Publié dans Ces Héraultais qui ont fait l'Histoire, Chanson | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : georges brassens, boby lapointe, ces héraultais qui ont fait l'histoire


















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