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dimanche, 07 septembre 2025

Autobiographie des films

Yannick Hanel"La poésie sauve le monde, même si le monde n’existe plus." Yannick Haenel fait son autobiographie des films sur Pileface Sollers et dans Charlie !

https://www.pileface.com/sollers/spip.php?article3499

15:59 Publié dans Cinéma, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yannick hanel

vendredi, 05 septembre 2025

Et puis, soudain...

Philippe Sollers, Philippe BerthetEt puis, soudain, Philippe Sollers se confie, l’air de rien, dans L’Éclaircie (p. 165) : « Je ne suis pas un écrivain, je suis beaucoup plus, mais les gens ne me prennent pas au sérieux. Ils me prennent au sérieux comme écrivain (et encore). Tant pis pour eux. »

Image : Philippe Berthet

jeudi, 04 septembre 2025

Hugo sur Baudelaire

Baudelaire.jpg« J'ai reçu, Monsieur, votre noble lettre et votre beau livre. L'art est comme l'azur ; c'est le champ infini. Vous venez de le prouver. Vos Fleurs du mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles. Continuez. Je crie bravo de toutes mes forces à votre vigoureux esprit.
Permettez-moi de finir ces quelques lignes par une félicitation. Une des rares décorations que le régime actuel peut accorder, vous venez de la recevoir. Ce qu’il appelle sa justice vous a condamné au nom de ce qu’il appelle sa morale. C’est là une couronne de plus.
Je vous serre la main, poëte.
Victor Hugo »
30 août 1857, Hauteville (Guernesey).
Lettre admirative de Victor Hugo à Charles Baudelaire suite à la parution des Fleurs du Mal. On note le petit « tacle » adressé à Napoléon III par Hugo, lorsqu’il précise à Baudelaire : « Une des rares décorations que le régime actuel peut accorder, vous venez de la recevoir. Ce qu’il appelle sa justice vous a condamné au nom de ce qu’il appelle sa morale. 

mercredi, 03 septembre 2025

Fusée

fusée.jpg« Presque personne ne semble se douter que l’écriture, comme l’amour, la musique,les échecs, les mathématiques, est un sport de haut niveau. Il demande une concentration et un entraînement extrêmes. Il y a des règles: syntaxe, vocabulaire, ponctuation externe et interne, changements de tons, enchaînements, superpositions, ponction. Avant de s’y mettre, un échauffement plus ou moins long est nécessaire. On n’y est pas forcément d’emblée. On n’est pas là où on devrait être. C’est ce que Proust appelle « l’effroyable effort pour rejoindre ». Se rejoindre, le but est là…
Sport ? Mais oui, comme la course ou le saut à la perche. Apparemment, rien de visible, inutile d'expliquer ça à qui que ce soit. Être à sa propre disposition se compose minute par minute, le grain du silence décide de tout. Une mémoire ample et précise vous guide. Il s'agit, comme aux échecs, d'étudier les meilleures parties des professionnels du passé, leurs défenses, leurs contre-attaques, leurs anticipations, leurs coups d’œil, leurs ruses. « Renforcer les points forts, jamais les points faibles », a dit un très grand joueur. Dans une course de fond, on peut attendre longtemps avant de passer en tête, la ligne d'arrivée est dans la tête, le souffle aussi. »
Philippe Sollers, L’École du Mystère

20:28 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 30 août 2025

Il était temps

Romain Gary, Morten Lasskogen"Moi, j'aurais voulu être quelqu'un d'autre, j'aurais voulu être moi-même."
Romain Gary
Photo : It was always you by Morten Lasskogen

dimanche, 17 août 2025

Apprentissages

John Cowper Powys"De Lao-Tseu nous apprenons à nous mouvoir imperceptiblement le long de la vie, comme l’eau courante, tandis qu’à la façon de l’eau nous recherchons notre propre niveau en dépit de tout obstacle ; de Kouang-Tseu, la capacité de préserver un détachement ironique à l’égard de toute vanité personnelle, de tout orgueil social, de toute prétention à la supériorité morale, tandis que nous apprenons des arbres inutiles, des personnes simples, des présages fortuits de la voie, l’art protéen de garder notre identité tout en la perdant ; d’Héraclite, à maintenir le feu de notre être dans un combatif état de tension entre les opposés, et à mépriser les idoles du marché ; d’Épictète, à simplifier à l’extrême notre vie, et à garder une humeur égale ; de Marc Aurèle, à pénétrer jusqu’au fond de notre âme la plus profonde et à penser incessamment à l’annihilation de tout en nous-mêmes qui n’est pas “Dieu” ; de Rousseau, à établir comme la principale illusion de notre vie la possibilité de s’abandonner à la volupté d’une communication sensuelle avec la Nature ; et enfin, de Wordsworth, à nous isoler, dans l’austérité et dans la rigueur, de la frivolité et de la trivialité de la société, et à nous consacrer à l’établissement d’une relation mystique avec les éléments primordiaux, jusqu’à ce que nous rentrions en communication avec un Mystère “qui nous dérange par la joie des pensées élevées… par le sublime sentiment de Quelque chose de beaucoup plus profondément confondu…”.
John Cowper Powys. “Une philosophie de la solitude.”
Photo : Old Harry Rocks

vendredi, 15 août 2025

Pizzicato

Le bonheur est un drôle de serpent, RomeRome est cette ville hyperbolique dans les goûts, les saveurs, l’hérésie du baroque, balcons joufflus, débordant de clématites, roses thé, murs ocres délavés, défraîchis, crevassés, granuleux, palette chaude de couleurs - carte du tendre - ors, arabesques, extases, élévations, annonciations, effractions, assomptions, anges musiciens, mosaïques, effigies, brocarts, trompe-l’œil, bas reliefs, enjambements, stucs, travertins, bustes, porphyres, rocailles, frontispices, acanthes, treilles, couronnes, guirlandes, entrelacs, tourbillons, gargouilles, néréïdes, tritons, coquillages, naïades, fontaines jaillissantes, murmures de la pierre et de l’eau égrenant la ville en chapelets de plaisirs, glissando, flots de lumière en tranches napolitaines autour des sept collines avec le Tibre aux reflets céladon comme une couleuvre lovée à ses pieds, en veilleur impassible, gardien du temple.

Le baroque, c’est effacer, tordre, pulvériser. Tout art est baroque. On peut regarder le même chef d’œuvre des années après, il aura changé, ou plutôt il nous aura devancé.

Ici tout me ramène à toi, voilà ce que me racontent ces dentelles de pierre, sonates en or mineur, pizzicato, ces rideaux fuchsia, façades ondoyantes de palais, volupté ciselée dans le marbre. L’intérieur vaut l’extérieur, la vie sinue entre les deux, dissimulée dans les plis du temps.

Dans les Caves du Vatican, cette antre d’Ali Baba, l’éternité se dessine sous nos yeux ; perdus dans un dédale somptueux, immergés dans le plafond de la Sixtine et les Stanze de Raphaël, la peinture est la chair du monde.

Raymond Alcovère, extrait de "Le Bonheur est un drôle de serpent", roman, 2009, éditions Lucie

mardi, 05 août 2025

Le monologue de Novalis

Novalis"Il y a quelque chose de drôle, à vrai dire, dans le fait de parler et d'écrire ; une juste conversation est un pur jeu de mots. L'erreur risible et toujours étonnante, c'est que les gens s'imaginent et croient parler en fonction des choses. Mais le propre du langage, à savoir qu'il est tout uniment occupé que de soi-même, tous l'ignorent. C'est pourquoi le langage est un si merveilleux et fécond mystère : que quelqu'un parle tout simplement pour parler, c'est justement alors qu'il exprime les plus originales et les plus magnifiques vérités. Mais qu'il veuille parler de quelque chose de précis, voilà alors le langage et son jeu qui lui font dire les pires absurdités, et les plus ridicules. C'est bien aussi ce qui nourrit la haine que tant de gens sérieux ont du langage. Ils remarquent sa pétulante espièglerie ; mais ce qu'ils ne remarquent pas, c'est que le bavardage négligé est justement le côté infiniment sérieux de la langue. Si seulement on pouvait faire comprendre aux gens qu'il en va, du langage, comme des formules mathématiques : elles constituent un monde en soi, pour elles seules ; elles jouent entre elles exclusivement, n'expriment rien si ce n'est leur propre nature merveilleuse, ce qui justement fait qu'elles sont si expressives, que justement en elles se reflète le jeu étrange des rapports entre les choses. Membres de la nature, c'est par leur liberté qu'elles sont, et c'est seulement par leurs libres mouvements que s'exprime l'âme du monde, en en faisant tout ensemble une mesure délicate et le plan architectural des choses. De même en va-t-il également du langage : seul celui qui a le sentiment profond de la langue, qui la sent dans son application, son délié, son rythme, son esprit musical; - seul celui qui l'entend dans sa nature intérieure et saisit en soi son mouvement intime et subtil pour, d'après lui, commander à sa plume ou à sa langue et les laisser aller : oui, celui-là seul est prophète. Tandis que celui qui en possède bien la science savante, mais manque par contre et de l'oreille et du sentiment requis pour écrire des vérités comme celles-ci, la langue se moquera de lui et il sera la risée des hommes tout comme Cassandre pour les Troyens.

Mais si je pense avoir, par ceci, précisé de la façon la plus claire l'essence même et la fonction de la poésie, je sais aussi que pas un homme ne le saurait comprendre et que, l'ayant voulu dire, j'ai dit quelque chose de tout à fait stupide, d'où toute poésie est exclue. Pourtant s'il a fallu que je parle ? si, pressé de parler par la parole même, j'avais en moi ce signe de l'intervention et de l'action du langage ? et si ma volonté n'avait aucunement voulu ce qu'il a fallu que je dise? Alors il se pourrait bien que ce fût là, à mon insu, de la poésie, et qu'un mystère de la langue eût été rendu intelligible... Et aussi, donc, que je fusse un écrivain de vocation, puisqu'il n'est d'écrivain qu'habité par la langue, puisque l'écrivain né n'est seulement qu'un inspiré du verbe!"

Novalis

dimanche, 27 juillet 2025

Le temps

Marcel Proust, Paul HufCar l’homme est cet être sans âge fixe, cet être qui a la faculté de redevenir en quelques secondes de beaucoup d’années plus jeune, et qui entouré des parois du temps où il a vécu, y flotte, mais comme dans un bassin dont le niveau changerait constamment et le mettrait à portée tantôt d’une époque, tantôt d’une autre.
Marcel Proust, La fugitive.
Photo : Paul Huf, Summer, 1953

samedi, 19 juillet 2025

Je ne t'oublie pas

le bonheur est un drôle de serpent, Carlos Santana"Du côté de mes amis, c’était plutôt la dispersion. On avait vécu si près les uns des autres pendant des années, dans les mêmes appartements, que par un mouvement naturel sans doute, chacun avait volé de ses propres ailes. Valentin - j’avais partagé tant d’aventures avec lui - se laissait lentement envahir par l’alcool. Il avait un talent fou pour la musique, l’amitié. Un humour, une ironie mordantes. Il ne pouvait s’empêcher de regarder l’autre côté des choses. Et presque uniquement celui-là. Ce « presque » l’avait rattaché à la vie, mais pas longtemps. Un jour, à force de tutoyer le néant, il l’avait rejoint. Parti vivre aux Pays-Bas après des études de psycho, à son retour il n’était plus le même. Il pouvait se passer de boire, mais s’il avait le malheur de commencer, il ne s’arrêtait qu’ivre mort. Son regard si pétillant devenait hagard, il répétait les mêmes phrases, bientôt il titubait et c’était fini. Tout le temps de mon absence, il avait demandé de mes nouvelles. Et je n’en avais donné à personne. C’était terrible de le voir ainsi, à l’occasion de ses rares passages à Montpellier.
Il jouait divinement de la guitare. Quand j’entends Sampa pa ti, son morceau fétiche, je vois ses doigts courir sur le manche. Souvent, on finissait nos soirées au London Tavern. Fabrice, au piano, flottait au-dessus des événements, sourire fin à travers ses verres épais. On buvait, on parlait avec n’importe qui au London, tout était vrai, parce qu’on ne jugeait rien. Sauf dans les moments où l’alcool l’égarait, j’avais une complicité stupéfiante avec Valentin. Aujourd’hui, j’écoute Flor d’luna et je pense à lui. Un jour, j’en avais assez, je voulais quitter Laure, et lui si discret en général, m’avait répondu sans hésiter : “Ne le fais pas, tu ne pourrais pas vivre sans elle”. Quoi qu’il en soit, mon pote Valentin, j’entends tes phrases, tes notes et je ne t’oublie pas."
Raymond Alcovère, Le bonheur est un drôle de serpent, roman, Lucie éditions, 2009, extrait

vendredi, 18 juillet 2025

Claire, logique et nerveuse

Maupassant, Bernard Plossu«La langue française, d’ailleurs, est une eau pure que les écrivains maniérés n’ont jamais pu et ne pourront jamais troubler. Chaque siècle a jeté dans ce courant limpide ses modes, ses archaïsmes prétentieux et ses préciosités, sans que rien surnage de ces tentatives inutiles, de ces efforts impuissants. La nature de cette langue est d’être claire, logique et nerveuse. Elle ne se laisse pas affaiblir, obscurcir ou corrompre. »
Guy de Maupassant — Pierre et Jean, Éditions chez Paul Ollendorff (1888) 
Photo : Bernard Plossu

mercredi, 16 juillet 2025

Liberté de la lumière…

Le Sourire de CézanneLéonore vit avec Cézanne. Beaucoup de tapage autour de lui aujourd’hui. Comme tant d’autres, il est devenu un alibi au tourisme, un produit, qui voit vraiment ses tableaux ? C’est plutôt un nom. Son sourire si fin devant Les Baigneuses. A croire qu’il contemple amusé le spectacle, un siècle plus tard. Les aixois l’ont mal accepté de son vivant, lettres de menaces, injures anonymes, calomnies. Il a pourtant passé le plus clair de son temps près de la Sainte-Victoire. Quand même, il n’a jamais peint la ville, toujours l’extérieur. Il préférera Le Jas de Bouffan, “ La bergerie des vents ”, ses arbres, son bassin, ses marronniers, son lavoir. Liberté de la lumière…

Raymond Alcovère, extrait de Le Sourire de Cézanne, roman, éditions N&B, 2007

dimanche, 13 juillet 2025

Au moment où tout nous semble perdu

voyage seul.jpg« Mais c'est quelquefois au moment où tout nous semble perdu que l'avertissement arrive qui peut nous sauver, on a frappé à toutes les portes qui ne donnent sur rien, et la seule par où on peut entrer et qu'on aurait cherchée en vain pendant cent ans, on y heurte sans le savoir, et elle s'ouvre. »
Marcel Proust, Le temps retrouvé.

samedi, 12 juillet 2025

Courrier Sud

Courrier Sud, Saint-Exupéry« Devant lui une terre vêtue de soleil, l’étoffe claire des prés, la laine des bois, le voile froncé de la mer. »

Courrier Sud ; Saint-Exupéry.

vendredi, 11 juillet 2025

Sur les rives du Lez...

Média (8).jpg« Au Moyen Âge, sur les rives du Lez, la laine lavée importée d’Espagne ou d’Afrique apportait avec elle des graines lointaines. Ces plantes ont poussé ici, discrètes mais bien réelles. Elles ont changé à jamais le paysage. Aujourd’hui encore, elles participent du sentiment d’étrangeté que l’on éprouve en parcourant certaines portions du Lez dont la physionomie végétale diffère tant des autres paysages méridionaux »
A voir l'expo : L'arbre aux mille mains de J.R. au Carré Sainte-Anne à Montpellier, puissant hommage à l’histoire, à la diversité et à la richesse humaine de la ville ; entrée gratuite.

dimanche, 06 juillet 2025

Si vous marchez sur mes rêves, amis

Yves Heurté" Si vous marchez sur mes rêves, amis, soyez moins lourds ! Hélas, très peu de vous ont la légèreté voulue. Seuls quittent leurs semelles de plomb ceux qui traversent leur vie en enfants, en poètes, ces ingénieurs d'amour. Ils posent leurs pattes nues sur mon tapis bleu comme un moineau, un hérisson, un petit animal inconnu. Ce tapis qui depuis toujours est censé ne servir à rien. »

Yves Heurté

16:32 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yves heurté

La nuit

 Vivant Denon« La nuit était superbe ; elle laissait entrevoir les objets, et semblait ne les voiler que pour donner plus d’essor à l’imagination. »

Vivant Denon, Point de lendemain

16:18 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vivant denon

vendredi, 04 juillet 2025

En sous-main

 Edoardo Pellegrini.jpg« J’ai toujours cru moi aussi que les livres étaient des instruments magiques, indiquant quand il faut l’attitude à avoir, le chemin à suivre. Ils font semblant d’être inertes, mais ils agissent en sous-main. Le papier renferme des  atomes non encore connus, l’encre secrète des particules invisibles. »

Philippe Sollers

Photo : Edoardo Pelligrini

Naples

Naples, Jean-Noël SchiffanoC'est le début de ce livre de Jean-Noël Schiffano : Naples, dans la collection Petite Planète qui, il y a bien longtemps, m'a donné envie d'y aller :« Nous revenions de l’étang de feu, de soufre embrasé, par la voix royale du voyageur venant de Rome, celle que vous indique le rocher en tour de Babel, la voie que vous ouvre la porte de Terracina sur l’ancien royaume des Bourbons et qui, longeant la mer Tyrrhénienne, épousant la courbe voluptueuse des eaux de Gaète, traverse, avant de glisser sous une grotte au pied de Naples, les Champs Phlégréens. Cette route est celle de Cumes, celle de l’Averne, celle des Enfers : la route dite 7 Quater, la route alchimique des quatre éléments, la route des sept degrés d’initiation aux mystères du dieu solaire, Mithra, la route des origines et de l’Apocalypse : de la révélation. »

CQFD !

L'imagination au pouvoir.jpghttps://www.gqmagazine.fr/article/chat-gpt-vous-rend-chaque-jour-un-peu-plus-bete-et-c-est-de-votre-faute-selon-les-scientifiques

09:06 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chat gpt