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dimanche, 26 janvier 2025

L'athéisme est, finalement, si peu érotique

Richard Avedon2.jpg"L'art, la littérature, contrairement à ce qu'on vous a appris, n'ont jamais été des choses "humaines", et ni le marxisme ni la psychanalyse ne peuvent les ramener à une trame anthropologique - historique, physique, biologique ou pulsionnelle - commune. Ni les "masses", ni l'"inconscient" ne peuvent les contenir. C'est bien le moins que le diable se mette quelque part, à découvert, au service de Dieu. Dans la religion de la science, c'est plutôt le contraire : mais Dieu n'étant pas mort, et la mort étant devenu votre dieu, le moment est venu de se demander pourquoi l'athéisme est, finalement, si peu érotique."
Ph Sollers, Grand beau temps
Photo de Richard Avedon

samedi, 25 janvier 2025

Solsbury Hill

Le bonheur est un drôle de serpentLe lendemain, on est allés à Montpellier. Les rues baignaient dans l’humidité, derrière un rideau liquide. La ville se retrempait dans son passé. Les vieux hôtels émergeaient à peine de l’histoire. Elle était là, vivante, ils nous la racontaient, bruissant du cliquetis des armes et du va-et-vient des fantômes. Puis, vers la fin d’après-midi, la ville s’est réveillée de son apathie. À nouveau, la lumière tamisait les pierres. Les jours suivants, le soleil a répandu sa clarté crue. Comme sous un projecteur, les gestes, se sont mis en perspective. Un désir vague mais puissant rôdait. Un moment que rien n’égale, les sens en attente, chaque souffle, chaque mot, débordant d’émotions à peine contenues.
Presque à notre insu, une harmonie s’installait. Inexplicable mais on n’avait pas envie de l’expliquer. Parfois, aux premiers rayons du soleil, j’écoutais Solsbury Hill, puis je sortais jouer avec les perles de l’écume, seul dans la lumière du matin. On a passé trois semaines ensemble, presque sans se quitter, juste avant que je commence à travailler, à réfléchir à ce qui m’attendait, à tout ce que je refusais de voir.
Raymond Alcovère, Le Bonheur est un drôle de serpent, roman, extrait, Lucie éditions, 2009
Photo de Lætitia Freling

Odette Swann

Mondrian, Marcel ProustTout d'un coup, sur le sable de l'allée, tardive, alentie et luxuriante comme la plus belle fleur et qui ne s'ouvrirait qu'à midi, Mme Swann apparaissait, épanouissant autour d'elle une toilette toujours différente mais que je me rappelle surtout mauve ; puis elle hissait et déployait sur un long pédoncule, au moment de sa plus complète irradiation, le pavillon de soie d'une large ombrelle de la même nuance que l'effeuillaison des pétales de sa robe.

(Marcel Proust, Autour de Mme Swann)

Image : Piet Mondrian - Chrysanthème - 1909

Raffaello Sanzio (1483-1520) Portrait de Baldassarre Castiglioni, Louvre , Paris

Raphaël, Baldassare Castiglione.jpg

17:35 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raphaël

lundi, 20 janvier 2025

Conviction

Le feu nous dévore.jpg

19:54 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (0)

Humeur du jour

Métro.png

19:45 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (0)

Wassily Kandinsky, Mouvement 1 (1935)

Kandinsky

19:36 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kandinsky

Auguste Herbin (1882-1960), la place Maubert à Paris, 1907

Auguste Herbin (1882-1960), la place Maubert à Paris, 1907.jpg

15:20 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : auguste herbin

Girls with a Seagull, oil on canvas, 1917, Pierre Bonnard

Pierre Bonnard

15:17 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre bonnard

vendredi, 17 janvier 2025

Fragilité

Christian Bobin, Brassaï"La vraie force, c’est celle qui sait prendre soin de la fragilité. Être fort, ce n’est pas écraser les autres sous le poids de ses certitudes ou de ses ambitions. Être fort, c’est être capable de douceur dans un monde qui ne l’est pas. C’est accueillir le doute, le vide, le silence, et continuer d’avancer, sans jamais céder à l’amertume. La vraie force est invisible, elle se niche dans les gestes simples, dans les regards bienveillants, dans la patience des jours."

Christian Bobin
Photo : Brassaï, le Pont-Neuf sous le brouillard

mercredi, 15 janvier 2025

Une lecture de Jacki Maréchal

Jacki Maréchal, La découverte de XénonEntre « Nouvelles orientales » de Yourcenar et « Le voyage de Niels Holgersson » de Lagerlöf, cette nouvelle de Raymond Alcovère m'a entrainé dans un voyage plein de rebondissements me tenant en haleine d’un bout à l’autre. L’histoire débute chez le peuple Guayaquil qui vit une existence heureuse sur un territoire fertile protégé par l’enclave d’un marais infranchissable. Parmi eux un jeune garçon s’avère de ces humains à la soif de découvrir insatiable. L’envie de franchir le grand marais lui occupe l’esprit sans répit. On le sait, tous les sangs d’explorateurs battent une même incontrôlable passion plus forte que toutes peurs de l’inconnu : il veut voir, il veut connaitre ce que cache l’horizon. Même s’il est averti du risque de se trouver condamné par les sages de son peuple qui craignent une prophétie, il réussit à concevoir en cachette une aile qui lui permettra de voler et d’affronter de terribles épreuves lors d’un voyage digne d’un roman de Jules Verne.
Raymond Alcovere est l’auteur de nombreux romans, récits historiques, nouvelles et proses poétiques. Il aime dans ses écrits, introduire la symbolique et l’initiatique. En voici, à travers ce bref mais dense ouvrage, un bel exercice à la fois distrayant et fort.
La découverte de Xénon - ALCOVÈRE Raymond - Editions Gros Textes - Nombre de pages : 74 - Format : 14 x 10 cm - 8,00€.
Disponible sur le site de l'éditeur : https://grostextes.fr/publication/la-decouverte-de-xenon/
Ou bien vous pouvez directement contacter l’auteur : raymond.alcovere@gmail.com
Jacki Maréchal

 

dimanche, 12 janvier 2025

Les troublants autoportraits de Rembrandt, tout au long de sa vie de peintre

Rembrants, autoportraits.jpg

19:56 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rembrandt

samedi, 11 janvier 2025

L'inconnu

Fernando Pessoa“Nous attribuons généralement à nos idées sur l’inconnu la couleur de nos conceptions sur le connu: si nous appelons la mort un sommeil, c’est qu’elle ressemble, du dehors, à un sommeil; si nous appelons la mort une vie nouvelle, c’est qu’elle paraît être une chose différente de la vie. 

C’est par le jeu de ces petits malentendus avec le réel que nous construisons nos croyances, nos espoirs — et nous vivons de croûtes de pain baptisées gâteaux, comme font les enfants pauvres qui jouent à être heureux.”

Fernando  Pessoa (Le livre de l’intranquillité )

Photo : Antanas Sutkus

vendredi, 10 janvier 2025

Jacques Tardi, le canal Saint-Martin

Jacques Tardi

23:47 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jacques tardi

jeudi, 09 janvier 2025

Sommarnöje (Plaisir d'été), réalisée en 1886 par Anders Zorn, peintre, sculpteur et graveur impressionniste suédois

Anders Zorn

10:57 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anders zorn

Victor

Victor Hugo, Gustave FlaubertTu t'attends à des détails sur Victor Hugo. Que veux-tu que je t'en dise ? C'est un homme comme un autre, d'une figure assez laide et d'un extérieur assez commun. Il a de magnifiques dents, un front superbe, pas de cils ni de sourcils. Il parle peu, a l'air de s'observer et de ne vouloir rien lâcher ; il est très poli et un peu guindé. J'aime beaucoup le son de sa voix. J'ai pris plaisir à le contempler de près ; je l'ai regardé avec étonnement, comme une cassette dans laquelle il y aurait des millions et des diamants royaux, réfléchissant à tout ce qui était sorti de cet homme assis alors à côté de moi sur une petite chaise, et fixant ses yeux sur sa main droite qui a écrit tant de belles choses. C'était là pourtant l'homme qui m'a le plus fait battre le cœur depuis que je suis né, et celui peut-être que j'aimais le mieux de tous ceux que je ne connais pas. On a parlé de supplices, de vengeances, de voleurs, etc. C'est le grand homme et moi qui avons le plus causé ; je ne me souviens plus si j'ai dit des choses bonnes ou bêtes, mais j'en ai dit d'assez nombreuses.

Gustave Flaubert, à sa sœur, décembre 1843.

 

mercredi, 08 janvier 2025

Pierre Bonnard La blouse verte (1919)

Pierre Bonnard

16:43 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre bonnard

dimanche, 05 janvier 2025

Gros plan, tiré de Jeune érudit et son précepteur, "Young Scholar and his Tutor" (1629–30), Rembrandt

Rembrandt

16:44 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rembrandt

La mer frissonne, donne des baisers au vent, au ciel

3975707955.jpgPulvérisation, éclatement d’images, de mots. Un dragon menaçant scintille dans les eaux basses du port. La Mergellina encore. Naples se donne ici des airs d’île grecque placide, recroquevillée au milieu de la grande mer. Procida... Envie de courir, jouer, lever les yeux, les bras au ciel. Je suis incapable de rentrer ce soir, j’ai plutôt envie de traverser la ville, comme Dumas dans son corricolo, virevoltant. Loué une calèche Riviera di Chiaia, et vogue la galère ! J’ai donné au guide tout ce que j’avais, joué les touristes naïfs, je me moque du monde entier, voudrais embrasser l’air que je respire, la mer qui frémit à côté de moi, les gens que je croise. Voilà le Palais Royal, insolent, lugubre, le San Carlo, brillantissime, l’ombre de Stendhal bien sûr, Via Toledo, un concert de lumières, de cris, chatoiement de feu, enfin la montée vers San Martino.
Là, mon cicérone m’abandonne. J’ai envie de rire, lui dit qu’il peut bien partir. Il trouvera d’autres touristes à ramener ou peut-être vit-il là, ou n’est-il qu’un gnome, ou le diable, peu importe !
Enfin seul, je laisse mes yeux respirer, se brûler aux lumières de la ville, du port, des îles. J’aimerais que tout s’arrête, mon bonheur est parfait, c’est l’instant où tout se concentre, juste avant le Big Bang. La mer frissonne, donne des baisers au vent, au ciel, une langue de feu lèche l’horizon.
Raymond Alcovère, Extrait de Fugue baroque, roman, N&B éditions, prix 98 de la ville de Balma

mercredi, 01 janvier 2025

La dernière Sainte-Victoire de Cézanne

Le sourire de Cézanne, CézanneLa dernière Sainte-Victoire de Cézanne : une assomption, sombre, crépusculaire, en bleu, vert, marron et noir. Il a tout concentré, teintes de blocs soyeux, masses terrifiantes agglutinées, taches blanches disséminées. L’existence est inachevée, ce que nous en décelons reste partiel. Une autre est son propre reflet dans une eau glauque, une eau de nuit, un vitrail.
Il s’est vite détaché des impressionnistes, la bande impressionniste à qui il manque un maître, des idées, comme il l’écrira plus tard. Ce n’est pas l’impression d’ensemble, l’atmosphère du tableau qui l’intéresse mais le ressort intime des choses, leur structure, la relation secrète. Pourtant grâce à eux, et Pissaro, l’humble et colossal Pissaro, le premier qui l’aidera à éclaircir sa palette, il fera une découverte déterminante : "La matière j’ai voulu la copier, je n’arrivais pas, mais j’ai été content de moi lorsque j’ai découvert qu’il fallait la représenter par autre chose... par de la couleur. La nature n’est pas en surface, elle est en profondeur. Les couleurs sont l’expression, à cette surface, de cette profondeur, elles montent des racines du monde."
Raymond Alcovère, extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, éditions n&b, 2007