mardi, 03 janvier 2006
Embouchure de la Canche
Décembre 2005, photo de Jean-Jacques Marimbert
11:20 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (20)
La littérature est sa voix...
« Nous acceptons les particularismes, mais non les singularités ; les types, mais non les individus. Nous créons des choeurs de particuliers, dotés d’une voix revendicatrice, criarde et inoffensive. Mais l’isolé absolu ? Celui qui n’est ni breton, ni corse, ni femme, ni homosexuel, ni fou, ni arabe, etc. ? Celui qui n’appartient même pas à une minorité ? La littérature est sa voix... »
Roland Barthes, Sollers écrivain
08:49 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 02 janvier 2006
"tordre la voix de légèreté "
Cecilia, dans sa belle robe rouge, s’avance devant les musiciens. Elle tape un peu du pied, elle les lance. Elle chante un air de Griselda [Agitata da due venti]. Tempête, donc. Désespoir ? Ce n’est pas ce qu’on va entendre. Attendez Cecilia sur le mot naufragar. Elle le module avec une joie sauvage, elle est ravie de sombrer, l’amour triomphe du devoir (dolore, amore). NAUFRAGAR ! Elle n’a jamais fait mieux, elle ne fera jamais mieux. Vitesse et virtuosité confondantes, éclairs, coups de vent, tornade, percussions, roucoulades, cela s’appelle, à l’époque de Vivaldi et de Haendel, "tordre la voix de légèreté ". Elle a voulu chanter dans ce théâtre, elle a minutieusement préparé son attentat. Ça passe, ça ne casse pas, c’est inouï de torsade. Le public est électrisé, un ange révolutionnaire vient de vibrer. [...] Tout son corps est un instrument de souffle. Elle peut être furieuse, idyllique, pseudo-naïve, sentimentale, drôle, sadique, tendre, rêveuse, enfantine. Elle a fait le tour des mille détours. Elle prend les mots à la racine (divin italien), elle les étire et les broie, elle les catapulte, les caresse et les fouette. [...] Une telle aptitude à la volupté abolit, chirurgicalement, des tonnes de musique romantique inutiles. Bartoli est une sorcière, une fée, une débauchée, une fille du peuple sensuelle et gaie, une artiste incroyable, une merveilleuse femme de la vie courante, une camarade, une aristocrate, une reine. Elle descend de tous les tableaux vénitiens, Vénus, saintes, elle est là, à la fin du XXe siècle et au début du XXIe.
Philippe Sollers, Dictionnaire amoureux de Venise, Plon,2004
22:02 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (2)
Pour
Et voici le grand secret : il faut écrire comme si cela n'avait aucune importance, dériver, dévier, revenir, s'enfoncer, attendre, déraper, foncer... Ecrire pour écrire et parler pour parler, comme vivre pour vivre, respirer pour respirer, jouir pour jouir, dormir pour dormir, veiller pour veiller...
Philippe Sollers, Le secret
21:13 | Lien permanent | Commentaires (0)
Quel est son Temps ?
« Une deuxième Révolution a eu lieu en France, plus fondamentale que la première, dans le dernier tiers du dix-neuvième siècle. Elle a porté sur les racines mêmes de ce qu'on appelle communément penser, dire, percevoir, représenter, se souvenir, sentir. En peinture, au-delà du surgissement héroïque de l'Impressionnisme (qui continue à culpabiliser la Banque), cette révolution a un nom : Cézanne. En poésie : Rimbaud. On rapproche ici, pour la première fois, ces deux expériences ayant engendré tour à tour le rejet, l'incompréhension, la fascination, l'appropriation, la spéculation. Sous le béton des cultes, les forêts de la liberté ; sous le pavé des thèses, l'évidence. Même si on essaie de la recouvrir sous des flots d'argent ou de tourisme "culturel", une vraie révolution persiste. L'art "moderne" se dissout dans l'affairement spectaculaire ? La Montagne Sainte-Victoire ou les Illuminations sont là. Que signifie donc cette subversion en couleurs ? Dans quelles dimensions prennent place ces portraits, ces paysages, ces Baigneuses, vers quelle Présence cet espace jamais vu fait-il signe ? Qu'est-ce qu'un Cézanne ? Quel est son Temps ? »
Philippe Sollers. Le paradis de Cézanne
14:35 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (4)
Dès qu’il commence à mettre une touche la toile est déjà là
14:10 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2)
Le Bureau National des Allogènes
Le Bureau National Des Allogènes
de Stanislas Cotton
Les 6 et 7 Janvier 2006
à 19 heures à la Baignoire, 7 rue Brueys à Montpellier (à 50 m du Dôme) ; 06 17 47 06 99
Proposée par Babacar M'Fall et Béla Czuppon
Cette lecture se fait au profit de l'association Prométhée Humanitaire (http://www.prometheehumanitaire.org/) qui soutient plusieurs actions dans le monde au profit des enfants des rues.
Nous espérons vous compter parmi nous pour ce début d'année.
Vous recevrez bientôt le programme du deuxième semestre de la saison : n'hésitez pas en parle autour de vous.
Nos meilleurs pour cette année nouvelle de la part de toute l'équipe de la compagnie Les Perles de Verre qui anime "La Baignoire"
12:38 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)
Sur la déréalisation en cours
Tout se passe comme si l'ordre symbolique était en train de changer : les conflits psychiques à l'oeuvre dans la société et la culture ne reposent plus seulement sur un refoulement des instincts qui peuvent être sublimés, ils tendent aussi à refouler les subjectivités qui, elles, n'en peuvent mais.
10:47 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 01 janvier 2006
Elles montent des racines du monde
La dernière Sainte-Victoire de Cézanne est une assomption, sombre, crépusculaire, dans des tons de bleu, vert, marron et noir. Il a tout concentré, teintes de blocs soyeux, masses terrifiantes agglutinées, taches blanches disséminées, l’existence est inachevée, ce que nous en décelons est partiel. Une autre est son propre reflet dans une eau glauque, une eau de nuit, un vitrail.
Il s’est vite détaché des impressionnistes, la bande impressionniste à qui il manque un maître, des idées, comme il l’écrira plus tard. Ce n’est pas l’impression d’ensemble, l’atmosphère du tableau qui l’intéresse mais le ressort intime des choses, leur structure, la relation secrète. Pourtant grâce à eux, et Pissaro, l’humble et colossal Pissaro, le premier qui l’aidera à éclaircir sa palette, il fera une découverte déterminante : La matière j’ai voulu la copier, je n’arrivais pas, mais j’ai été content de moi lorsque j’ai découvert qu’il fallait la représenter par autre chose... par de la couleur. La nature n’est pas en surface, elle est en profondeur. Les couleurs sont l’expression, à cette surface, de cette profondeur, elles montent des racines du monde.
02:50 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (14)
samedi, 31 décembre 2005
Ne désespérez de rien
« Quelque critiques que puissent être la situation et les circonstances où vous vous trouvez, ne désespérez de rien ; c’est dans les occasions où tout est à craindre, qu’il ne faut rien craindre ; c’est lorsqu’on est environné de tous les dangers, qu’il n’en faut redouter aucun ; c’est lorsqu’on est sans aucune ressource, qu’il faut compter sur toutes ; c’est lorsqu’on est surpris, qu’il faut surprendre l’ennemi lui-même. »
Sun Tse (L’Art de la guerre)
22:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1)
La couleur
La couleur est le lieu où notre cerveau et l’univers se rencontrent.
Cézanne
21:40 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (3)
Un sourire flottant d’intelligence aiguë
Les grands pays classiques, notre Provence, la Grèce et l’Italie tels que je les imagine sont ceux où la clarté se spiritualise, où un paysage est un sourire flottant d’intelligence aiguë.
Cézanne
21:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2)
Jetée d'étoiles dans le ciel bleu nuit
Jetée d’étoiles dans le ciel bleu nuit. Il fait presque toujours doux à Montpellier. Soudain il comprend à quel point il aime cette ville. Pas de façon exclusive, mais pour son ouverture, sa légèreté, cette façon de ne pas être vraiment à soi. Liberté indispensable.
20:43 Publié dans L'écrivain | Lien permanent | Commentaires (0)
La durée, comme un orage...
A la longue, la main qui écrit vient d'un autre corps qui enveloppe et comprend le corps, ses déplacements, sa flexibilité, ses respirations, ses courbures, ses oublis, ses ondes, sa buée d'ondes. La durée, comme un orage, est mise à distance.
Philippe Sollers, Le secret
08:54 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (4)
Expressions à méditer...
Le corps médical
Le paysage audiovisuel...
01:50 Publié dans Mots | Lien permanent | Commentaires (3)
J'ai la majorité au Comité central
Vous connaissez la blague : le type envoyé autrefois en Russie, pendant la révolution, aucune nouvelle pendant vingt ans, on le croit déporté, fusillé, incinéré, et un jour, le télégramme : "J'ai la majorité au Comité central; Attends instructions."
Philippe Sollers, Le secret
01:14 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 30 décembre 2005
Regardez cette Sainte-Victoire
Regardez cette Sainte-Victoire, quel élan, quelle soif impérieuse de soleil et quelle mélancolie le soir, quand toute cette pesanteur retombe. Les blocs étaient du feu. Il y a du feu encore en eux. Le jour a l’air de reculer en frissonnant, d’avoir peur d’eux.
Paul Cézanne21:04 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (6)
Ses foudroyantes notes glacées dans le vide sidéral de l'infini
« L'air de la Reine de la Nuit est un des sommets de l'art de Mozart, avec ses foudroyantes notes glacées dans le vide sidéral de l'infini, dans un ciel froid, aux étoiles de glace. »
« Le grand problème que pose Mozart aux chanteurs, aux musiciens, aux chefs d'orchestre, c'est l'équilibre entre la force et la grâce, entre la chaleur et une espèce d'étonnement détaché, entre la rigueur impitoyable du rythme et la souplesse de l'invention créatrice absolue. Il faut de très grands musiciens, et assez humbles pour accepter de faire ce que Mozart demande. »
Giorgio Strehler
13:36 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)
La nuit montait du sol comme une nappe d'encre
La nuit montait du sol comme une nappe d'encre, pas une lumière, le noir des murs plus profond encore que le noir des prés. Un vent à décorner les boeufs ; mes poings gelaient au fond des poches. Alabar ne m'a pas suivi longtemps : ce rien ne lui disait rien qui vaille. Il a fait demi-tour et gratté à la porte qui s'est ouverte aussitôt. Je cherchais l'ermitage de ce saint Enda dont les disciples ont fondé Saint-Gall et appris aux rustres que nous étions à se signer, dire les grâces, chanter les neumes, enluminer les manuscrits de majuscules ornées ruisselantes d'entrelacs, de griffons, d'aubépines, de licornes. D'après ma carte, cette tanière serait juste deux cents mètres à l'Est sous la maison. Je ne l'ai évidemment pas trouvée ce soir-là — de jour c'est une taupinière basse, moussue, si rudimentaire qu'à côté d'elle, les borries des bergers de Gordes font penser au Palais du facteur Cheval. Mais j'ai vu — mes yeux s'étaient fait à la nuit — une forme pâle, rencognée dans l'angle formé par deux murets. C'était un percheron blanc si énorme et immobile que j'ai d'abord pensé à une gigantesque effigie abandonnée là par quelque Atlantide, ignorée des archéologues, et que les vents d'hiver auraient débarrassée de ses lichens et barnacles pour lui donner ce poli et cette perfection d'opaline.
Journal d'Aran, Nicolas Bouvier, p 31-32
11:55 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (1)
Clon-mac-noïse, février 1985
«Clon-mac-noïse, février 1985. La rivière se love à fleur des prés couverts de gelée blanche. Elle est bordée de saules et de moutons couchés qui font deviner son cours imprévisible comme il doit l’être : un méandre de plus est ce qu’une rivière peut faire de mieux ; c’est d’ailleurs ce qu’on attend.»
Premières lignes du "Journal d'Aran" de Nicolas Bouvier ; pour une balade inspirée en Irlande...
11:37 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)