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mercredi, 01 mars 2006

Les antisémitismes français

A lire ici

11:26 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

L’impression d’être des comédiens

Les hommes aux pensées profondes, dans leurs rapports avece les autres hommes, ont toujours l'impression d'être des comédiens, parce qu'ils sont forcés, pour être compris, de simuler une superficie"

Nietzsche

00:55 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 28 février 2006

Secret

« Si vous ne voulez pas qu’une décision soit connue, ne la prenez pas ! »

François Mitterrand

Rien n’était si beau, si leste, si brillant...

Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque. Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin; il était en cendres: c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros rendaient les derniers soupirs; d’autres, à demi brûlées, criaient qu’on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés. 

Voltaire, Candide

Ce que Ségolène nous apprend

A lire ici

15:18 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

A moins de penser que Dionysos et le Christ ne font qu'un...

medium_detalle_cana.jpg...Ce qui est proprement vénitien (P. Sollers, dictionnaire amoureux de Venise)

Véronèse, détail des Noces de Cana

02:34 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1)

lundi, 27 février 2006

Quel pitre ce Villepin !

Il va nous déclarer la guerre avec l'Italie, on aura tout vu !

22:02 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1)

Eaux-fortes et pointes sèches de Rembrandt

A voir et lire ici

13:41 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2)

Visages

« J'ai un visage qui prend bien la vieillesse, comme d'autres prennent bien la lumière. » Charlotte Rampling

12:17 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (1)

Si le monde signifie quelque chose, c'est qu'il ne signifie rien - sauf qu'il est

« Je suis maintenant un vieil homme, et, comme beaucoup d'habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été assez mouvementée : j'ai été témoin d'une révolution, j'ai fait la guerre dans des conditions particulièrement meurtrières (j'appartenais à l'un de ces régiments que les états-majors sacrifient froidement à l'avance et dont, en huit jours, il n'est pratiquement rien resté), j'ai été fait prisonnier, j'ai connu la faim, le travail physique jusqu'à l'épuisement, je me suis évadé, j'ai été gravement malade, plusieurs fois au bord de la mort, violente ou naturelle, j'ai côtoyé les gens les plus divers, aussi bien des prêtres que des incendiaires d'églises, de paisibles bourgeois que des anarchistes, des philosophes que des illettrés, j'ai partagé mon pain avec des truands, enfin j'ai voyagé un peu partout dans le monde... et cependant, je n'ai jamais encore, à 72 ans, découvert aucun sens à tout cela, si ce n'est, comme l'a dit, je crois, Barthes, après Shakespeare, que «si le monde signifie quelque chose, c'est qu'il ne signifie rien - sauf qu'il est»

Claude Simon, Discours de réception du prix Nobel de littérature, 1985

dimanche, 26 février 2006

Je crois aux forces de l'esprit, je ne vous quitterai pas (TAS suite)

medium_veronese05.jpgExtrait du Journal du mois de Philippe Sollers, JDD du jour :

Jusqu'où pourra aller Ségolène Royal ? Ce qui est sûr, c'est qu'elle est en train de vieillir d'un coup ses partenaires socialistes. Ils pérorent, elle se tait. Ils font semblant d'avoir un programme, elle n'en a pas, d'où sa force. On dit qu'elle n'est qu'une image, mais nous sommes définitivement dans une société d'images. Plus profondément, on a oublié la déclaration métaphysique de Mitterrand avant sa disparition : "Je crois aux forces de l'esprit, je ne vous quitterai pas". Le miracle de Jarnac a eu lieu : Mitterrand s'est bel et bien réincarné sous nos yeux à travers sa fille, mais aussi à travers l'absente, Ségolène elle-même. Le vieux magicien avait préparé son coup fantastique : revenir en femme parmi nous, en force tranquille souriante et rassurante. Toutes les angoisses, toutes les catastrophes, toutes les violences travaillent pour Ségo. C'est l'infirmière courageuse et chic qu'il nous faut. Et c'est là qu'il convient d'écouter attentivement Bernadette Chirac depuis la ville sainte de Bénarès : "Segolène Royal peut être une candidate sérieuse, elle peut même gagner. Ses petits camarades socialistes ne lui feront pas de cadeaux, mais l'heure des femmes a sonné. Regardez Angela Merkel en Allemagne. Ségolène a un look, et à l'heure actuelle ça compte beaucoup. A l'avenir il y aura de plus en plus de femmes pour commander les hommes. C'est bien embêtant pour eux mais c'est ainsi. " Eh bien si Bernadette le dit, c'est parti.

Paolo Véronèse, Léda et le cygne

12:22 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (10)

samedi, 25 février 2006

Isabelle Huppert

medium_jb_isabelle_huppert02.jpgLa voilà encore une fois au centre névralgique d'un film passionnant : "L'ivresse du pouvoir" de Claude Chabrol. Le scénario s'inspire de l'affaire Elf et met en scène toute une galerie de personnages, tout à la fois troubles, cocasses, grotesques et pitoyables (Berléand, Balmer, notamment, sont eux aussi excellents), aux pouvoirs considérables. La juge d'instruction qu'interprète ici Isabelle Huppert (et qui ressemble fort à Eva Joly) donne un formidable coup de pied dans la fourmilière, avec opiniâtreté, pragmatisme, force et détachement ; on sait que la difficulté de son combat dépasse ses forces, qu'elle ne pourra pas le mener jusqu'au bout ; la lutte est si âpre que sa vie privée en sera bouleversée. Sans cesse le film pose la question des limites ; et s'il ne s'y perd pas c'est en grande partie grâce au talent de cette actrice, dont la finesse et l'intelligence repoussent une nouvelle fois celles du travail de comédien.

19:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6)

Les deux virus

Dans la série déjà trop bien connue hélas, deux poids, deux mesures, à lire ici

14:24 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

Il serait dommage que vous en pâtissiez

Au sous-sol du BHL, à lire ici

10:06 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 24 février 2006

Fol l'Ain

medium_nyktafuentes.2.jpgTout part à vélo dans ce petit polar de Roland Fuentès. Rien ne ressemble à rien. Le vélo grâce auquel le narrateur sillonne les routes de la Bresse date de 1936, celui-ci qui travaille dans un magasin de bricolage est gauche au possible. Il est parti pour se vider la cervelle et elle va se mettre à bouillir, et la nôtre avec, car dans cette équipée sauvage, la campagne profonde bressane a des airs de Cour des Miracles. L’histoire pourrait se décliner sur le mode : Un seul hêtre vous manque et tout est des peupliers ! :

De hauts peupliers frémissaient au bord de la route. Leurs têtes ébouriffées se balançaient au-dessus de moi comme pour me dire :  « Retourne d’où tu viens ou tu le regretteras ! »  (…) Je sentais encore ce regard vide sur ma nuque, ce regard de mammifère gigantesque, boulimique, et patient. C’était celui d’un gouffre sans fin, sans âme. (…) Le reproche muet des deux géants, finalement, ne m’encombrerait guère. J’avais assisté à deux meurtres, et il était fort possible que la nuit me réservât encore des mésaventures. Aussi ces foutus phraseurs de peupliers ne m’ont pas impressionné outre mesure.

Alors faux polar, vrai nouvelle fantastique ? Les deux mon commissaire ! Roland Fuentès brouille les pistes à loisir pour nous laisser en tête à tête avec le plaisir de la lecture ! Ça suffit amplement à notre bonheur !

Roland Fuentès
La Bresse dans les pédales

Editions Nykta
Collection Petite Nuit
60 pages / 5 €

22:00 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (11)

De plus en plus d'Américains ont recours à la soupe populaire

"Le nombre des personnes affamées aux Etats-Unis est en augmentation alors que l'économie américaine a connu une croissance régulière durant les quatre dernières années." The Christian Science Monitor livre cette constatation en citant à l'appui des données statistiques.

Article à lire ici

12:16 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1)

Partez en croisière !

medium_croisiere_jacquot.jpg

09:15 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0)

Ca frétille sous la toile

«Les batailles politiques se jouent aussi sur le Net»  à lire ici

03:19 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3)

jeudi, 23 février 2006

Max Rouquette

Costesoulane attendait les perdreaux et c'est la mort qui vint. Et la mort qui était pour les perdreaux servit pour lui. Et les perdreaux qui devaient être froids et l'oeil voilé à l'heure où le soleil se couche, ce soir étaient encore chauds et vifs, et leur sang qui devait rougir le gravier bleu de la forêt était encore tapi dans la ténèbre de leurs veines et courait sous la peau à chaque coup pressé de ces coeurs serrés comme des poings de colère. Mais les pierres eurent leur part de sang rouge, celui de Costesoulane, parce qu'il était dit et écrit qu'en ce jour le sacrifice du sang devait s'accomplir dans ce lieu désert de notre terre, sous un ciel mourant, et dans le souffle d'un vent qui a vu bien d'autres drames. Costesoulane vida sur les pierres toute la chaleur de ses veines, son sang venu de l'obscurité de son coeur et comme surpris de tant de lumière et de tant d'espace, coulait doucement sur la roche et serpentait comme un voyageur de hasard -- il s'accrochait aux fils de l'herbe, aux brindilles du thym, il descendait dans les creux entre les pierres et il fumait doucement et l'air en était tremblant. Costesoulane attendait les perdreaux et il ne savait pas pourquoi il était là, couché sur le ventre, avec cette tendresse qui lui faisait regarder de si près et avec tant de patience les herbes, les pierres et un trou de fourmis.

Max Rouquette, Vert Paradis 1, La mort de Costesoulane

A lire ici d'autres textes de Max Rouquette

D'autres extraits ici et des photos superbes du Languedoc

L'épouvantable immensité des poux

Que je prenne un moment de repos ? Impossible.
Koran, Zend-Avesta, livres sibyllins, Bible,
Talmud, Toldos Jeschut, Védas, lois de Manou,
Brahmes sanglants, santons fléchissant le genou,
Les contes, les romans, les terreurs, les croyances,
Les superstitions fouillant les consciences,
Puis-je ne pas sentir ces creusements profonds ?
J'en ai ma part. Veaux d'or, sphinx, chimères, griffons,
Les princes des démons et les princes des prêtres,
Synodes, sanhédrins, vils muphtis, scribes traîtres,
Ceux qui des empereurs bénissaient les soldats,
Ceux que payait Tibère et qui payaient Judas,
Ceux qui tendraient encore à Socrate le verre,
Ceux qui redonneraient à Jésus le calvaire,
Tous ces sadducéens, tous ces pharisiens,
Ces anges, que Satan reconnaît pour les siens,
Tout cela, c'est partout. C'est la puissance obscure.
 
Plaie énorme que fait une abjecte piqûre !
 
Ce contre-sens : Dieu vrai, les dogmes faux ; cuisson
Du mensonge qui s'est glissé dans la raison !
Démangeaison saignante, incurable, éternelle,
Que sent l'homme en son âme et l'oiseau sous son aile !
 
Oh ! L'infâme travail ! Ici Mahomet ; là
Cette tête, Wesley, sur ce corps, Loyola ;
Cisneros et Calvin, dont on sent les brûlures.
Ô faux révélateurs ! Ô jongleurs ! Vos allures
Sont louches, et vos pas sont tortueux ; l'effroi,
Et non l'amour, tel est le fond de votre loi ;
Vous faites grimacer l'éternelle figure ;
Vous naissez du sépulcre, et l'on sent que l'augure
Et le devin son pleins de l'ombre du tombeau,
Et que tous ces rêveurs, compagnons du corbeau,
Tous ces fakirs d'Ombos, de Stamboul et de Rome,
N'ont pu faire tomber tant de fables sur l'homme
Qu'en secouant les plis sinistres des linceuls.
 
Dieu n'étant aperçu que par les astres seuls,
Les penseurs, sachant bien qu'il est là sous ses voiles,
Ont toujours conseillé d'en croire les étoiles ;
Dieu, c'est un lieu fermé dont l'aurore a la clé,
Et la religion, c'est le ciel contemplé.
 
Mais vous ne voulez pas, prêtres, de cette église.
Vous voulez que la terre en votre livre lise
Tous vos songes, moloch, Vénus, Ève, Astarté,
Au lieu de lire au front des cieux la vérité.
De là la foi changée en crédulité ; l'âme
Éclipsant la raison dans une sombre flamme ;
De là tant d'êtres noirs serpentant dans la nuit.
 
L'imposture, par qui le vrai temple est détruit,
Est un colosse fait d'un amas de pygmées ;
Les sauterelles sont d'effrayantes armées ;
Ô mages grecs, romains, payens, indous, hébreux,
Le genre humain, couvert de rongeurs ténébreux,
Sent s'élargir sur lui vos hordes invisibles ;
Vous lui faites rêver tous les enfers possibles ;
Le peuple infortuné voit dans son cauchemar
Surgir Torquemada quand disparaît Omar.
Nul répit. Vous aimez les ténèbres utiles,
Et vous y rôdez, vils et vainqueurs, ô reptiles !
Sur toute cette terre, en tous lieux, dans les bois,
Dans le lit nuptial, dans l'alcôve des rois,
Dans les champs, sous l'autel sacré, dans la cellule,
Ce qui se traîne, couve, éclôt, va, vient, pullule,
C'est vous. Vous voulez tout, vous savez tout ; damner,
Bénir, prendre, jurer, tromper, servir, régner,
Briller même ; ramper n'empêche pas de luire.
Chuchotement hideux ! Je vous entends bruire.
Vous mangez votre proie énorme avec bonheur,
Et vous vous appelez entre vous monseigneur.
L'acarus au ciron doit donner de l'altesse.
Quelles que soient votre ombre et votre petitesse,
Je devine, malgré vos soins pour vous cacher,
Que vous êtes sur nous, et je vous sens marcher
Comme on sent remuer les mineurs dans la mine,
Et je ne puis dormir, tant je hais la vermine !
 
Vous êtes ce qui hait, ce qui mord, ce qui ment.
Vous êtes l'implacable et noir fourmillement.
Vous êtes ce prodige affreux, l'insaisissable.
Qu'on suppose vivants tous les vils grains de sable,
Ce sera vous. Rien, tout. Zéro, des millions.
L'horreur. Moins que des vers et plus que des lions.
L'insecte formidable. Ô monstrueux contraste !
Pas de nains plus chétifs, pas de pouvoir plus vaste.
L'univers est à vous, puisque vous l'emplissez.
Vous possédez les jours futurs, les jours passés,
Le temps, l'éternité, le sommeil, l'insomnie.
Vous êtes l'innombrable, et, dans l'ombre infinie,
Fétides, sur nos peaux mêlant vos petits pas,
Vous vous multipliez ; et je ne comprends pas
Dans quel but Dieu livra les empires, le monde,
Les âmes, les enfants dressant leur tête blonde,
Les temples, les foyers, les vierges, les époux,
L'homme, à l'épouvantable immensité des poux.
 
Victor Hugo, Les quatre vents de l'esprit, XXVI, Les bonzes, 26 juillet 1874.