vendredi, 03 février 2006
Flaubert à propos de Graziella
« Causons un peu de Graziella.. C'est un ouvrage médiocre, quoique la meilleure chose que Lamartine ait faite en prose. (...) Et d'abord, pour parler clair, la baise-t-il, ou ne la baise-t-il pas ? Ce ne sont pas des êtres humains, mais des mannequins. - Que c'est beau ces histoires d'amour, où la chose principale est tellement entourée de mystère que l'on ne sait à quoi s'en tenir ! l'union sexuelle étant reléguée systématiquement dans l'ombre, comme boire, manger, pisser, etc ! Ce parti pris m'agace. Voilà un gaillard qui vit continuellement avec une femme qui l'aime, et qu'il aime, et jamais un désir ! Pas un nuage impur ne vient obscurcir ce lac bleuâtre ! O hypocrite ! S'il avait raconté l'histoire vraie, que c'eût été plus beau ! Mais la vérité demande des mâles plus velus que M. de Lamartine. »
Flaubert, Correspondance, Lettre à Louise Colet.
19:17 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
J'ai lu Graziella et cela m'a plu. Un peu de finesse ne fait pas de mal non plus.
Flaubert serait comblé aujourd'hui. Mort trop tôt...
Écrit par : Qwyzyx | dimanche, 05 février 2006
Oui moi aussi j'ai aimé Graziella, Flaubert m'a amusé d'autant plus, il n'a pas tort d'ailleurs, je ne crois pas qu'il serait comblé aujourd'hui, c'est la bêtise qu'il détestait, elle a seulement changé de visage, bêtise phénix !
Écrit par : Ray | dimanche, 05 février 2006
Un sacré Phénix. Si la bêtise était autrefois une calamité, on dirait qu'elle est devenue un critère de sélection ou de promotion.
Écrit par : Qwyzyx | dimanche, 05 février 2006
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