Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 10 novembre 2005

Comme des ballons prêts à partir

Elle regarde alors en arrière d'elle où on voit le village s'abaisser peu à peu, vu d'en dessus, avec ses toits; mais ça ne compte pas ces toits. Ni ces pommiers, ni ces noyers, ni ces poiriers, ni toutes ces barrières, ni la ligne du chemin de fer, ni la gare; et, à mesure qu'on monte, on voit l'eau devenir de plus en plus large, avec en arrière d'elle les montagnes qui balancent dans l'air chaud comme des ballons prêts à partir.

C.F.Ramuz, la beauté sur la terre

 

20:35 Publié dans Paysages | Lien permanent | Commentaires (1)

Le catalogue des opinions chic

ou Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, on y trouve (entre autres) :

PAYSAGES (DE PEINTRES) : Toujours des plats d’épinards.

LITTERATURE : Occupation des oisifs.

LION : Est généreux – Joue toujours avec une boule

17:00 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0)

Salon du Livre de Lyon

Roland Fuentès, Jean-Jacques Nuel, Christian Cottet-Emard et de nombreux autres auteurs sont au salon du Livre de Lyon, ce week-end (comme quoi être lyonnais autorise parfois des compensations !)

http://www.salonlivrelyon.com

Fiesole

Mais à l’approche des vacances de Pâques, quand mes parents m’eurent promis de me les faire passer une fois dans le nord de l’Italie, voilà qu’à ces rêves de tempête dont j’avais été rempli tout entier, ne souhaitant voir que des vagues accourant de partout, toujours plus haut, sur la côte la plus sauvage, près d’églises escarpées et rugueuses comme des falaises et dans les tours desquelles crieraient les oiseaux de mer, voilà que tout à coup les effaçant, leur ôtant tout charme, les excluant parce qu’ils lui étaient opposés et n’auraient pu que l’affaiblir, se substituaient en moi le rêve contraire du printemps le plus diapré, non pas le printemps de Combray qui piquait encore aigrement avec toutes les aiguilles du givre, mais celui qui couvrait déjà de lys et d’anémones les champs de Fiésole et éblouissait Florence de fonds d’or pareils à ceux de l’Angelico. Dès lors, seuls les rayons, les parfums, les couleurs me semblaient avoir du prix; car l’alternance des images avait amené en moi un changement de front du désir, et,—aussi brusque que ceux qu’il y a parfois en musique, un complet changement de ton dans ma sensibilité. Puis il arriva qu’une simple variation atmosphérique suffit à provoquer en moi cette modulation sans qu’il y eût besoin d’attendre le retour d’une saison. Car souvent dans l’une, on trouve égaré un jour d’une autre, qui nous y fait vivre, en évoque aussitôt, en fait désirer les plaisirs particuliers et interrompt les rêves que nous étions en train de faire, en plaçant, plus tôt ou plus tard qu’à son tour, ce feuillet détaché d’un autre chapitre, dans le calendrier interpolé du Bonheur. Mais bientôt comme ces phénomènes naturels dont notre confort ou notre santé ne peuvent tirer qu’un bénéfice accidentel et assez mince jusqu’au jour où la science s’empare d’eux, et les produisant à volonté, remet en nos mains la possibilité de leur apparition, soustraite à la tutelle et dispensée de l’agrément du hasard, de même la production de ces rêves d’Atlantique et d’Italie cessa d’être soumise uniquement aux changements des saisons et du temps. Je n’eus besoin pour les faire renaître que de prononcer ces noms: Balbec, Venise, Florence, dans l’intérieur desquels avait fini par s’accumuler le désir que m’avaient inspiré les lieux qu’ils désignaient. Même au printemps, trouver dans un livre le nom de Balbec suffisait à réveiller en moi le désir des tempêtes et du gothique normand; même par un jour de tempête le nom de Florence ou de Venise me donnait le désir du soleil, des lys, du palais des Doges et de Sainte-Marie-des-Fleurs.

Marcel Proust

Ne s'use pas

Les gens qui se disent blasés n'ont jamais rien éprouvé : la sensibilité ne s'use pas.
(Jules Renard, Journal, 28 décembre 1896)

09:04 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (1)

Nuitée

Nuitée  Sur un pic, un temple

Je lève la main, frôle les étoiles

Je n'ose parler à haute voix

Peur d'effrayer les êtres célestes

Li Po

06:02 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 09 novembre 2005

Pensées par une nuit calme

Devant mon lit brille la lune

Serait-ce sur le sol du givre ?

Je lève la tête, contemple la lune

Je baisse la tête, pense à mon village natal

Li Po

23:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3)

Noël approche, voici quelques papillotes

 Ce que je reproche aux journaux, c'est de nous faire faire attention tous les jours à des choses insignifiantes, tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie les livres où il y a des choses essentielles.
(Proust, Du côté de chez Swann)

Je me moque de savoir beaucoup de choses : je veux savoir des choses que j'aime.
(Jules Renard, Journal, 22 décembre 1893)

Cette jolie idée de Saint-Pol-Roux que les arbres échangent des oiseaux comme des paroles.
(Jules Renard, Journal, 7 mai 1894)

Je cite l'exemple de Pascal qui combattait ses maux de tête avec des problèmes de géométrie.
- Moi, dit Tristan Bernard, je combattais la géométrie en feignant d'avoir des maux de tête.
(Jules Renard, Journal, 17 juillet 1894)

Écrire, c'est une façon de parler sans être interrompu.
(Jules Renard, Journal, 13 avril 1895),

Je sais pourquoi je déteste le dimanche : c'est parce que des gens occupés à rien, se permettent d'être oisifs comme moi.
(Jules Renard, Journal, 29 juin 1895)

Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature.
(Jules Renard, Journal, 18 janvier 1896)

15:50 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (2)

L'absence

Comme tous ceux qui possèdent une chose, pour savoir ce qui arriverait s'il cessait un moment de la posséder, il avait ôté cette chose de son esprit, en y laissant tout le reste dans le même état que quand elle était là. Or l'absence d'une chose, ce n'est pas que cela, ce n'est pas un simple manque partiel, c'est un bouleversement de tout le reste, c'est un état nouveau qu'on ne peut prévoir dans l'ancien.
(Marcel Proust, Du côté de chez Swann)

Le style et la pensée

Qu'importe ce que je fais ! Demandez-moi ce que je pense.
Jules Renard, Journal (12 avril 1890)


Le style, c'est l'oubli de tous les styles.
idem (7 avril 1891)

12:25 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (2)

Pour ne pas en finir avec Michel Houellebecq

Ce qui caractérise Michel Houellebecq il me semble c'est la lucidité. Comme pour beaucoup de gens - sauf que chez lui c'est de manière réfléchie, il sait jouer avec les médias, il s'en amuse, s'en moque quand il veut. Nietzsche a écrit dans "Le crépuscule des idoles" : "Même le plus courageux d'entre nous a rarement le courage d'assumer ce qu'il sait", Houellebecq repousse cette limite - en tout cas il s'efforce de, et bien sûr on ne s'aventure pas sans risques dans ces zones dangereuses, il lui arrive de déraper, de se tromper - mais c'est en ça qu'il est un grand auteur. Comme Proust, Kafka, Artaud, Shakespeare et quelques autres qui ont su chacun à leur manière repousser certaines limites et nous éclairer sur des aspects de l'âme humaine que sans eux nous n'aurions fait qu'entr'aparcevoir. Quoiqu'il arrive, ce sont toujours ces auteurs-là qui gagnent, à la fin. Ce n'est pas le choix de la facilité, libre à chacun d'aller voir ou non de ce côté-là.

mardi, 08 novembre 2005

La modestie

La modestie va bien aux grands hommes. C'est de n'être rien et d'être quand même modeste qui est difficile.
Jules Renard, Journal  -2 décembre 1895

22:35 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (4)

S'égayer ou s'égailler ?

Tout cela est assez dionysien, à lire sur Langue Sauce piquante

Presque remplacer Dieu

« Décider de ne pas être un salopard permet de se sentir plutôt bien... Ca pourrait presque remplacer Dieu. »
[ Ernest Hemingway ]
- Le soleil se lève aussi

08:58 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)

Suspendre l’activité de son imagination

« La lâcheté est presque toujours due à la simple incapacité de suspendre l’activité de son imagination. »
[ Ernest Hemingway ]
- Men at war

08:56 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)

Pas assez

"L'écriture d'un roman doit tuer le romancier. S'il en reste quoi que ce soit, c'est qu'il n'a pas travaillé assez."

Ernest Hemingway

08:50 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (3)

lundi, 07 novembre 2005

Une de ces impressions qui sont peut-être pourtant les seules purement musicales

L’année précédente, dans une soirée, il avait entendu une œuvre musicale exécutée au piano et au violon. D’abord, il n’avait goûté que la qualité matérielle des sons sécrétés par les instruments. Et ç’avait déjà été un grand plaisir quand au-dessous de la petite ligne du violon mince, résistante, dense et directrice, il avait vu tout d’un coup chercher à s’élever en un clapotement liquide, la masse de la partie de piano, multiforme, indivise, plane et entrechoquée comme la mauve agitation des flots que charme et bémolise le clair de lune. Mais à un moment donné, sans pouvoir nettement distinguer un contour, donner un nom à ce qui lui plaisait, charmé tout d’un coup, il avait cherché à recueillir la phrase ou l’harmonie—il ne savait lui-même—qui passait et qui lui avait ouvert plus largement l’âme, comme certaines odeurs de roses circulant dans l’air humide du soir ont la propriété de dilater nos narines. Peut-être est-ce parce qu’il ne savait pas la musique qu’il avait pu éprouver une impression aussi confuse, une de ces impressions qui sont peut-être pourtant les seules purement musicales, inattendues, entièrement originales, irréductibles à tout autre ordre d’impressions. Une impression de ce genre pendant un instant, est pour ainsi dire sine materia. Sans doute les notes que nous entendons alors, tendent déjà, selon leur hauteur et leur quantité, à couvrir devant nos yeux des surfaces de dimensions variées, à tracer des arabesques, à nous donner des sensations de largeur, de ténuité, de stabilité, de caprice. Mais les notes sont évanouies avant que ces sensations soient assez formées en nous pour ne pas être submergées par celles qu’éveillent déjà les notes suivantes ou même simultanées. Et cette impression continuerait à envelopper de sa liquidité et de son «fondu» les motifs qui par instants en émergent, à peine discernables, pour plonger aussitôt et disparaître, connus seulement par le plaisir particulier qu’ils donnent, impossibles à décrire, à se rappeler, à nommer, ineffables,—si la mémoire, comme un ouvrier qui travaille à établir des fondations durables au milieu des flots, en fabriquant pour nous des fac-similés de ces phrases fugitives, ne nous permettait de les comparer à celles qui leur succèdent et de les différencier. Ainsi à peine la sensation délicieuse que Swann avait ressentie était-elle expirée, que sa mémoire lui en avait fourni séance tenante une transcription sommaire et provisoire, mais sur laquelle il avait jeté les yeux tandis que le morceau continuait, si bien que quand la même impression était tout d’un coup revenue, elle n’était déjà plus insaisissable. Il s’en représentait l’étendue, les groupements symétriques, la graphie, la valeur expressive; il avait devant lui cette chose qui n’est plus de la musique pure, qui est du dessin, de l’architecture, de la pensée, et qui permet de se rappeler la musique. Cette fois il avait distingué nettement une phrase s’élevant pendant quelques instants au-dessus des ondes sonores. Elle lui avait proposé aussitôt des voluptés particulières, dont il n’avait jamais eu l’idée avant de l’entendre, dont il sentait que rien autre qu’elle ne pourrait les lui faire connaître, et il avait éprouvé pour elle comme un amour inconnu.

D’un rythme lent elle le dirigeait ici d’abord, puis là, puis ailleurs, vers un bonheur noble, inintelligible et précis. Et tout d’un coup au point où elle était arrivée et d’où il se préparait à la suivre, après une pause d’un instant, brusquement elle changeait de direction et d’un mouvement nouveau, plus rapide, menu, mélancolique, incessant et doux, elle l’entraînait avec elle vers des perspectives inconnues. Puis elle disparut. Il souhaita passionnément la revoir une troisième fois. Et elle reparut en effet mais sans lui parler plus clairement, en lui causant même une volupté moins profonde. Mais rentré chez lui il eut besoin d’elle, il était comme un homme dans la vie de qui une passante qu’il a aperçue un moment vient de faire entrer l’image d’une beauté nouvelle qui donne à sa propre sensibilité une valeur plus grande, sans qu’il sache seulement s’il pourra revoir jamais celle qu’il aime déjà et dont il ignore jusqu’au nom.

Marcel Proust, Du côté de chez Swann

Toute ressemblance...

Nous sommes très longs à reconnaître dans la physionomie particulière d'un nouvel écrivain le modèle qui porte le nom de " grand talent " dans notre musée des idées générales. Justement parce que cette physionomie est nouvelle, nous ne la trouvons pas tout à fait ressemblante à ce que nous appelons talent. Nous disons plutôt originalité, charme, délicatesse, force ; et puis un jour nous nous rendons compte que c'est justement tout cela le talent.
(Marcel Proust, Du côté de chez Swann)

Ce soir je voudrais dépenser tout l'or de ma mémoire

QUAND le sourire éclatant des façades déchire le décor fragile du matin; quand l'horizon est encore plein du sommeil qui s'attarde, les rêves murmurant dans les ruisseaux des haies; quand la nuit rassemble ses haillons pendus aux basses branches, je sors, je me prépare, je suis plus pâle et plus tremblant que cette page où aucun mot du sort n'était encore inscrit. Toute la distance de vous à moi - de la vie qui tressaille à la surface de ma main au sourire mortel de l'amour sur sa fin - chancelle, déchirée. La distance parcourue d'une seul traite sans arrêt, dans les jours sans clarté et les nuits sans sommeil. Et, ce soir, je voudrais, d'un effort surhumain, secouer toute cette épaisseur de rouille - cette rouille affamée qui déforme mon coeur et me ronge les mains. Pourquoi rester si longtemps enseveli sous les décombres des jours et de la nuit, la poussière des ombres. Et pourquoi tant d'amour et pourquoi tant de haine. Un sang léger bouillonne à grandes vagues dans des vases de prix. Il court dans les fleuves du corps, donnant à la santé toutes les illusions de la victoire. Mais le voyageur exténué, ébloui, hypnotisé par les lueurs fascinantes des phares, dort debout, il ne résiste plus aux passes magnétiques de la mort. Ce soir je voudrais dépenser tout l'or de ma mémoire, déposer mes bagages trop lourds. Il n'y a plus devant mes yeux que le ciel nu, les murs de la prison qui enserrait ma tête, les pavés de la rue. Il faut remonter du plus bas de la mine, de la terre épaissie par l'humus du malheur, reprendre l'air dans les recoins les plus obscurs de la poitrine, pousser vers les hauteurs - où la glace étincelle de tous les feux croisés de l'incendie - où la neige ruisselle, le caractère dur, dans les tempêtes sans tendresse de l'égoïsme et les décisions tranchantes de l'esprit.

Pierre Reverdy, Reflux, extrait de "Ferrailles"

14:07 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1)

Au coeur de l'Amérique, de Naomi Wallace

Ecrite à la suite de la première guerre du Golfe, Au coeur de l'Amérique fouille les zones d'ombre de l'idéologie guerrière américaine. Naomi Wallace a choisi de mélanger les temps, les lieux, les sentiments, comme pour mieux nous bousculer. Elle parvient, sans aucun manichéisme, à créer un trouble violent, dérangeant, en nous plongeant au coeur des passions et des contradictions humaines en prise avec un monde où la mort, l'amour, la sensualité et la haine sont inextricablement mêlés.

Née à Prospect, dans le Kentucky, Naomi Wallace travaille aux États-Unis et au Royaume-Uni. Dramaturge, scénariste et poétesse, elle s'est tout d'abord fait connaître par ses poèmes publiés aux États-Unis et en Europe.

Une production de la compagnie Amadée, mise en scène de Flavio Polizzy

au Théâtre Jacques Coeur à Lattes (sortie de Montpellier)

Mas de Civade, 34970 Lattes, renseignements 04 99 52 95 00

Mercredi 9 nov à 19 H

Jeudi 10 nov à 19 H

Vendredi 11 nov à 20 H 30

Samedi 12 nov à 20 H 30

05:55 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)