Ce n'est pas tous les jours !
Librairie Salamandre (Art et littérature)
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34000 Montpellier
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Extrait de "Friterie-bar Brunetti" de Pierre Autin-Grenier, Gallimard collection l'Arpenteur, en vente partout...
C’est confortablement installé à cette fameuse table du fond (celle à l’opposé du turbulent poêle à charbon, comme je vous l’ai dit) que je m’étais annexée mieux que l’Autriche la Bosnie-Herzégovine et que le grand Raymond soi-même avait décrété être la table de monsieur Pierre, qu’à peine réchappé des galères des révérends pères qui s’étaient montrés d’une outrecuidance folle à vouloir selon leurs sales méthodes m’instruire, j’ai jeté par-dessus les moulins toutes les vies de Marguerite-Marie Alacoque, Marcellin Champagnat, Pothin, Blandine et autre ribambelle de saints pour m’élancer au-delà d’un monde de pacotille dans les bras de Notre-Dame des Fleurs, tout en transe dévorant des heures durant Villon, les dits et complaintes de Rutebeuf, arpentant Canisy en compagnie du camarade Follain ou, suspendu aux basques de Bardamu, voyageant alors en rêve loin jusqu’au bout de la nuit. C’est à cette table sans prétention qu’une journée de décembre particulièrement inspirée j’eus la révélation d’un souffle de grandeur et de folie quand Hubert Selby JR à bout de nerfs me fit plonger avec lui au dernier fin fond du fond de tout et que je n’émergeai finalement des bas-quartiers de Brooklin, lessivé, qu’aux sollicitations pressantes et inquiètes de Renée ayant mis mon état d’intense exaltation sur le compte d’un excès de mâcon.Je ne saurais vous dire combien de trublions de génie, d’Henry Miller au consul de Malcolm Lowry, du médecin de Jean Reverzy à Louis Guilloux, de Calaferte à Gombrowicz en passant par Cioran et ses petites mallettes bourrées d’aphorismes, un jour ou l’autre déboulèrent sans façon dans la Friterie-bar Brunetti pour s’installer face à ma banquette et entreprendre aussitôt de m’enivrer au récit de leurs glorieux vagabondages et de leurs mirobolantes aventures, me laissant dans l’instant le souffle coupé et, pour toujours, la tête dans les comètes.
19:40 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (1)
Extrait de Friterie-bar Brunetti, de Pierre Autin-Grenier, Gallimard, collection l'Arpenteur, en vente partout...
(Photo de l'auteur)
Je sais des cocottes, voyez-vous, autrement moins classe que notre madame Loulou ; saintes nitouches des baldaquins, toutes en chichis, contorsions et simagrées, et bigrement donneuses de leçons avec ça!, mais qui, c’est tout vu!, ne lui arriveront jamais à la cheville pour autant. Tapinant à mi-temps dans l’orthophonie, la dentisterie, pharmacie ou assimilé ça s’en va lever le petit doigt les samedis après-midi dans des salons de thé en équivoque compagnie, ça pousse des oh! et des ah! de bécasses effarouchées aux tarasconnades d’une bande de beaufs buveurs d’eau et ça croit faire des cérémonies en singeant la haute quand ça patauge dans le pur kitsch simili petit-bourgeois.
J’ai eu à souffrir un temps, je peux bien vous l’avouer maintenant, certaines de ces créatures à peine connectées, n’ayant qu’une petite ampoule d’un watt cinq en veilleuse sous les bigoudis, et qui prétendaient cependant m’en remontrer, me donnant en exemple leur goût si sûr à deviner le beau là où elles-mêmes s’imaginaient le percevoir, c’est à dire invariablement dans la mocheté de l’art de bazar, invariablement dans l’atrocité du tape-à-l’œil tout en toc et clinquant, invariablement dans le dégoûtant et l’écœurant de tous trucs et zinzins de style plus ou moins niquedouille dont ces grandes grues cendrées s’acharnaient à s’entourer, croyant se donner ainsi un vernis de culture, ne les effleurant une seconde le fait qu’elles ne faisaient de la sorte qu’afficher aux yeux du monde et de la manière la plus outrageusement tapageuse qui soit leur trivialité de petites-bourgeoises louis-philippardes, leur misérable condition de bobonnes de parvenus. Turlututu chapeau pointu! N’en parlons plus.16:51 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (4)
Le moi est la synthèse de nos échecs ; mais ce n'est qu'une synthèse partielle. Craignez ma parole
Michel Houellebecq, La possibilité d'une île
10:42 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (18)
Ce n'est pas tous les jours !
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05:20 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (1)
Derniers jours à la Baignoire de ces monologues jubilatoires, à découvrir...
Créé l'année dernière avec le théâtre Périscope de Nîmes dans sa version totale et déambulatoire, ce spectacle vous arrive dans une autre version ludique et en pièces détachées...
Les 20, 21 et 22 octobre à 19 H à La Baignoire, 7 rue Brueys à Montpellier (quartier Gambetta), entrée 5 €.
Par la Compagnie de théâtre Les Perles de Verre.
Contact artistique : Béla Czuppon 04 67 34 06 27 - 06 14 47 06 99 - bela.czuppon@wanadoo.fr
Contact production : 04 67 58 48 81
ALAIN GARCIA avec la complicité de
SEBASTIEN FARIAS
Deux guitares, une voix,
des chansons colorées,
des fragments de vie d’une des rives de la Méditerranée…
Contact : 06 76 19 12 13 ou contact.alaingarcia@free.fr
Tous les vendredis et samedis
du 14 octobre au 12 novembre 2005
C’est au Luna Y Sol (avenue de Toulouse à Montpellier, parking du petit Casino)
avec sa formule :
Un concert/une soupe/un verre de vin à 10€
Votre réservation au 04 67 27 60 25
11:36 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (2)
" L’activité littéraire, dans ce qu’elle a de spécifique en tant que discipline de l’esprit, ne peut avoir d’autre justification que de mettre en lumière certaines choses pour soi en même temps qu’on les rend communicables à autrui et l’un des buts les plus hauts qui puisse être assignés à sa forme pure, j'entends : la poésie est de restituer au moyen de mots certains états intenses, concrètement éprouvés et devenus signifiants, d’être ainsi mis en mots. »
Michel Leiris, De la littérature considérée comme une tauromachie
10:45 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (1)
Les deux chaînes culturelles privées viennent d'annoncer au même moment le lancement d'émissions thématiques sur le monde du travail, jusqu'à présent peu exploré par la télé-réalité. "Vis ma vie d'esclave" sur TF1 concurrencera "On a échangé nos managers" de M6.
20:10 Publié dans Désinformation | Lien permanent | Commentaires (2)
Je suis sûre que ce n'est pas par avidité de posséder que les enfants ne peuvent pas se séparer des choses, c'est par peur. Ils éprouvent une terreur quasi animale lorsqu'une chose qui faisait encore partie d'eux se trouve tout à coup ailleurs, quand l'endroit où elle se trouvait est, tout à coup, vide. Eux-mêmes ne savent plus où est leur place.
(Peter Handke, La courte lettre pour un long adieu)
17:09 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)
Nul ne peut estimer connaître la vie s'il n'a pas appris à prendre pour un pur cliquetis de syllabes les offres de service qui lui sont faites, les plus spontanées, solennelles et répétées qu'elles puissent être.
(Leopardi, Pensées, trad. Joël Gayraud, p.49, Éd. Allia, 1994)
15:36 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (1)
Savoir ne permet pas toujours d'empêcher, mais du moins les choses que nous savons, nous les tenons, sinon entre nos mains, du moins dans notre pensée où nous les disposons à notre gré, ce qui nous donne l'illusion d'une sorte de pouvoir sur elles.
Marcel Proust
14:48 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)
Non, Van Gogh n'était pas fou, mais ses peintures étaient des feux grégeois, des bombes atomiques, dont l'angle de vision, à côté de toutes les autres peintures qui sévissaient à cette époque, eût été capable de déranger gravement le conformisme larvaire de la bourgeoisie second Empire et des sbires de Thiers, de Gambetta, de Félix Faure, comme ceux de Napoléon III. Car ce n'est pas un certain conformisme de moeurs que la peinture de Van Gogh attaque, mais celui même des institutions. Et même la nature extérieure, avec ses climats, ses marées et ses tempêtes d'équinoxe ne peut plus après le passage de Van Gogh sur terre, garder la même gravitation.
Antonin Artaud
08:10 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)
Ce fameux titre de livre et de film, bien avant d'avoir servi de traduction à "Gone with the wind", trouve sa source dans une expression vieille de cinq siècles.
Pour désigner des promesses non tenues, c'est au XV ème siècle que l'expression prend sa forme proverbiale.
Si elle apparaît déjà dans une moralité de 1426 (nous dit le "Dictionnaire commenté des expressions d'origine littéraire, les allusions littéraires" de Jean-Claude Bologne, Larousse, 1989) : "Trop bien oyons blasmer les vices, Mais autant emporte le vent, c'est Villon qui lui assure un succès durable en en faisant le refrain de sa "ballade en vieil langage françois" :
Ont ils bien bouté soubz le nez ?
Autant en emporte ly vens.
On peut même remonter plus haut. Avant de prendre forme proverbiale, l'expression est fréquente sous des formes variées, comme dans la célèbre "Complainte Rutebeuf" réactualisée en son temps par une chanson de Léo Ferré :
Ce sont ami que vens emporte,
Et il ventoit devant ma porte :
Ses emporta
06:47 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (0)
Ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleurs
Jules Renard, Histoires Naturelles
06:23 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)
La qualité n'est pas une propriété extérieure des choses ; elle est leur individualité, leur vie et leur âme. Et pourtant elle n'existe que par nos organes et par notre conscience, qui doivent l'appréhender pour lui donner cette forme sensible sans laquelle elle ne serait rien. Elle est donc un point de rencontre de l'univers et du moi, au point où ils se portent l'un vers l'autre et parviennent à se joindre dans une sympathie et une communion mystérieuses. Et le terme même de sensibilité, par son ambiguïté, suffirait à nous instruire sur la véritable nature de la qualité, puisqu'il désigne à la fois cet usage même des sens par lequel le monde nous est révélé et cette intimité même de chaque être que le moindre contact avec le monde suffit à ébranler. […]
Elle est bien le contraire de la quantité, qui est toujours la même et ne peut que croître ou décroître. C'est parce qu'elle est toujours unique qu'à son extrême pointe elle marque ce caractère incomparable des choses que nous appelons aussi leur valeur.
On ne s'étonnera donc pas que la qualité, puisqu'elle naît d'un accord vivant entre l'âme et le monde, soit profondément engagée dans la durée où se produisent toutes les éclosions […]… Pour Bergson c'est la mobilité qui est le fond ultime du réel […] Mais c'est parce qu'il n'y a point pour lui d'existence toute faite, il n'y a qu'une existence qui se fait. En chaque être il faut atteindre son avènement à la vie, cette sorte de pas inimitable qui lui donne accès dans le monde et qui est son essence même.
Louis Lavelle, L'homme et le philosophe, in "Bergson, Essais et témoignages recueillis".
16:38 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (1)
- Comme il me regarde !
- N'aie pas peur Gloriette, il voit bien que tu as l'air d'une honnête femme.
Jules Renard, extrait des Histoires naturelles
14:30 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2)
C'est à Pékin que j'ai compris le saule, pas le pleureur, le saule, à peine incliné, l'arbre chinois par excellence. Le saule à quelque chose d'évasif. Son feuillage est impalpable, son mouvement ressemble à un confluent de courants. Il y en a plus qu'on en voit, qu'il n'en montre. L'arbre le moins ostentatoire. Et quoique toujours frissonnant (pas le frissonnement bref et inquiet des bouleaux et des peupliers), il n' a pas l'air en lui-même ni attaché, mais toujours voguant et nageant pour se maintenir sur place dans le vent, comme le poisson dans le courant de la rivière. C'est petit à petit que le saule vous forme, chaque matin vous donnant sa leçon. Et un repos fait de vibrations vous saisit, si bien que pour finir, on ne peut plus ouvrir la fenêtre sans avoir envie de pleurer.
Henri Michaux, Un barbare en Chine.
12:18 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Les plaisirs dont on se souvient sont plus doux et moins vifs que ceux qu'on imagine.
Joubert (1754-1824), Carnets t.1, p.78, nrf/Gallimard, 1994
09:04 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)
On n'est moins ennemi de ceux qui nous haïssent que de ceux qui nous méprisent.
Joubert (1754-1824) Carnets t.1, p.65, nrf/Gallimard, 1994
09:01 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (7)
Les événements graves sont hors du temps, soit qu'en eux le passé immédiat soit coupé de l'avenir, soit que les parties qui les forment semblent ne pas découler les unes des autres.
(Jorge Luis Borges, Emma Zunz in L'Aleph)16:33 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (3)
L'amour... n 'est que le roman du cœur : c'est le plaisir qui en est l'histoire .
(Beaumarchais, Le mariage de Figaro)
14:00 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (0)