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samedi, 09 décembre 2006

Le Sud

medium_VUESDUCIEL_S3_48_.JPG"Le Sud n'est pas un mythe... C'est peut-être en cela aussi qu'il les supporte tous..."

Marcelin Pleynet

In "Situation", L'infini n° 96 automne 2006

Photo : Vu du ciel, Gildas Pasquet.

vendredi, 08 décembre 2006

Attache ta charrue à une étoile

Si tu veux que ton sillon soit droit, attache ta charrue à une étoile (Proverbe berbère)

Le créateur d'échos

Je vais je viens parmi les vagues et les buées

Vivant ainsi je me donne pour m'appeler

Un titre : roi des lacs de l'ouest

Vent léger petite rame

Je quitte une crique de roseaux fleuris

Sur la nuit calme ma voix particulièrement est claire

Personne ne me récompensant je me réponds à moi-même

Et je m'applaudis et je finis par chanter si haut

Que mille montagnes me répondent.

Auteur anonyme, poésie en langue tchérémisse des prairies ; probablement XV ème siècle

In NRF, 1 novembre 1953

jeudi, 07 décembre 2006

Le style est une bien grande magie

medium_MILAN_01NOV06_27_.jpg"En vingt jours nous perdons Colette et l'Indochine. Si on avait dit à Colette en 1890 que sa mort, pendant quelques jours, tiendrait plus de place dans la presse que la perte de l'Indochine, elle aurait ouvert des yeux ronds. Tels sont pourtant le prestige du style et la lassitude d'une nation. Il faut croire que le style est une bien grande magie."

Alexandre Vialatte. In "L'été à vol d'oiseau", NRF, octobre 1954

Photo : Gildas Pasquet

mercredi, 06 décembre 2006

Un moment délirant de la création

« Quand les chasseurs arrivèrent au haut de la montagne, le vrai visage de la Sicile leur apparut de nouveau entre les tamaris et les chênes-lièges. Auprès de tels paysages, villes baroques et orangeraies ne sont que fanfreluches négligeables. La campagne aride ondulait à l’infini, croupes après croupes, désolée et irrationnelle ; l’esprit ne pouvait en saisir les lignes principales, conçues en un moment délirant de la création ; c’était comme une mer brusquement pétrifiée à l’instant où un changement de vent a rendu les vagues démentes. » :

Le Guépard, Lampedusa.

lundi, 04 décembre 2006

Il Duomo

medium_MILAN_VUES_DE_RAILS_5_.jpgVu par Gildas Pasquet

Comme le clair de lune anéantit un paysage

« La route traversait les orangeraies, le parfum nuptial des fleurs anéantissait tous les autres comme le clair de lune anéantit un paysage : l’odeur de cheval en sueur, l’odeur de cuir, l’odeur de prince et l’odeur de jésuite, tout était balayé par ce parfum islamique qui évoquait des houris et de charnels outre-tombe. »

Lampedusa, Le Guépard

samedi, 02 décembre 2006

Pourquoi attendre davantage ? C’est elle.

Voilà des mois que j’entends dire, par des gens sérieux, informés, responsables, que Ségolène Royal n’a aucune chance d’être désignée comme candidate du Parti socialiste, qu’elle va s’effondrer dès les premières confrontations, qu’elle ne tiendra pas le coup dans les débats de fond, qu’elle est une simple bulle médiatique, une boursouflure artificielle, un sourire vide, une invention des sondages et de l’opinion. L’opinion, comme on sait, doit sans cesse être réorientée, réformée et éclairée par le clergé qui compte, celui des experts, des économistes, des banquiers, des hommes d’affaires, des vrais politiques (hommes, évidemment), des penseurs officiels. Eh bien, elle est toujours là, elle brille, elle augmente, elle tue des éléphants, elle est déjà en finale, mais c’est comme si la finale venait d’avoir lieu. Pourquoi attendre davantage ? C’est elle. Que de mois inutiles et ennuyeux à endurer, encore des débats, des meetings, des dérapages, des torsions, des révélations, des clearstreams, des petites phrases empoisonnées, des vidéos trafiquées. Et tout ça pour quoi ? La suite est connue : Chirac maintient le suspense, laisse parler Bernadette, et s’arrange, en douce, pour faire passer Ségo, comme il a fait passer Mitterrand. Enfance de l’art. Avec Ségo, immaculée conception, divine surprise, la France ressuscite et prend indubitablement le leadership mondial de l’image, c’est-à-dire, désormais, du réel. La presse internationale ne s’y trompe pas, elle tient sa star, son soleil permanent, son stock de rebondissements, de tirages, de surprises. Libération est sauvé, de nouveaux talents s’épanouissent. Ségo vient de dire «  n’ayons pas peur des idées neuves ». C’est très bon, ça, je suis là.

Extrait du "Journal du mois" Philippe Sollers, nov 2006

A lire en entier ici

vendredi, 01 décembre 2006

Panne de modem

Quelques jours d'absence du blog donc, désolé, à bientôt...

16:26 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blog, panne

jeudi, 30 novembre 2006

Chroniques d'une élection (13)

Vers un deuxième tour Royal-Le Pen.

Entrée en matière ratée de Sarkozy

Quelques aperçus d’un autre territoire

lecture par Roch-Gérard SALAGER
le 15 décembre 2006

medium_arton2321.jpgA 18h30 : Lecture de “Quelques aperçus d’un autre territoire” texte inédit de Roch-Gérard Salager, suivie d’une discussion avec Hervé Piekarski. Boutique d’écriture
76, rue du fbg Figuerolles à Montpellier
Entrée libre
Roch-Gérard Salager est né à Montpellier en 1953, où il vit ; c’est un auteur singulier, dont la sensibilité est sans doute éclairée par les quelques noms qu’il place lui-même en exergue de telle ou telle séquence : Bernanos, Rilke, Chardonne... Sa langue se révèle ainsi belle et précise, réduite souvent à l’essentiel ; mais un essentiel qu’il convient de soulever sans cesse pour atteindre la nudité originelle... Jour de l’An est son quatrième livre ; outre deux titres parus aux éditions Jacques Brémond, Paysages d’urgence et Corps gisant, lisse et nu, il a publié De voix, de silence et d’eau (La Dragonne, 2003). “Jour de l’an, impose une matière et une manière. Des mots, des phrases qui ne sont pas là pour déchirer le silence mais pour l’accentuer, en faire le terreau d’où monte, fragile, la fleur d’une certaine douleur d’être. Celle de quelques oubliés, de quelques solitaires, de quelques obstinés enlisés dans un temps immobile ou aux prises avec l’impitoyable machinerie du destin. Personnages rencontrés, croisés, frôlés, “figures sans convenance”, individus “coupant dans une urgence lente” et ayant, pour la plupart, perdu “cette autre moitié de soi extérieure à tout être, sans doute nécessaire à chacun, mais à la solde du sort, qui se trouve à la fois dans l’amour et nulle part, et que l’on voudrait n’appartenir à nul autre que soi-même”. Artiste de rue, infirme végétarien, baron bohémien, nain difforme réparateur de parapluie, endeuillés divers ou femme que l’amour a rendu folle, ils incarnent tous des cas de momification existentielle, des attitudes face à un réel travaillé par la séparation, la dissociation ou la coupure. Des manières plus ou moins fatales d’être au monde, de négocier avec ce qui toujours manque, d’assumer le malheur d’être né comme les rendez-vous anonymes de la mort. L’écriture minimale de Roch-Gérard Salager donne présence à cet impalpable, à l’emprise mortifiante de la solitude comme aux visages d’ombre du mutisme. Quelques lignes lui suffisent pour recueillir et comme pour dessiner l’ombre portée d’une vie. Mariant intelligence émotionnelle et effet de vérité, c’est la mélancolie doucereuse des souffrances muettes qu’il donne à percevoir tout autant que la petite musique de vies minuscules dont il cherche à préserver un peu de la petite flamme d’être et de désir qui l’illumina un moment. (Le Matricule des Anges)

Les Rencontres Poétiques de Montpellier sont proposées par Yann Granjon, librairie Sauramps et Hervé Piekarski, La Boutique d’écriture et ont le soutien de la Drac-LR

Une farce de collégiens

medium_AMERES_ICONES_9_.jpg"Si la vie n'a pas de sens, elle n'est qu'une farce de collégiens"

Tchekhov

Image : Gildas Pasquet

Écriture penchée des nuages

medium_AMERES_ICONES_12_.jpgImage : Gildas Pasquet

mercredi, 29 novembre 2006

Demandant si j'écrivais moi-même mes livres

medium_AMERES_ICONES_1_.jpg"Ce que j'ai entendu de plus drôle : Michel Rocard me demandant si j'écrivais moi-même mes livres. Vraiment ? Sans conseils ni modifications ? Mais oui. Il a eu ce commentaire : «Ça ne manque pas de souffle!» Authentique. J'en ai eu le souffle coupé."

Philippe Sollers

Article complet ici

Image : Gildas Pasquet

Et pourtant la nature est très belle

Le dernier numéro de Ironie, ici en ligne, est consacré à Cézanne. Avec notamment le texte de Philippe Sollers : Solitude de Cézanne.

mardi, 28 novembre 2006

Un inédit de Pierre Autin-Grenier

medium_IMG_4260.2.jpgLE CANDIDAT                                   

Tous les soirs à huit heures on redoute le docteur, le diable ou sa sœur. Ces temps-ci c’est plutôt le candidat qui s’invite. Sans gêne il s’installe comme chez lui, squatte tout un coin du salon. Le faire-valoir pâlichon qui partout l’accompagne l’interroge alors sur ses positions en matière de police judiciaire, sur son attitude à l’égard des problèmes de délinquance juvénile et d’alcoolisme (« Intransigeance absolue! » s’empresse-t-il), sur les yoyos du cours du concombre au palais Brongniart en fin d’après-midi (il compatit, ne reste court à aucune question), il promet qu’avec des poissons dans ses souliers lui aussi pourra bientôt marcher sur les eaux; tant d’autres billevesées et calembredaines qu’à subir ainsi le bonhomme bien vite ma femme en prend mal aux dents, renversé par toutes ces sottises je laisse tomber ma clope qui s’en va brûler un bout de nappe à côté du cendrier.     

Quand les voisins affolés viennent frapper chez nous, « L’avez-vous entendu ?! », on dit non en refermant doucement la porte sur leur panique pour ne pas ajouter à la pagaille qui, peu à peu, s’empare de tout l’immeuble. On sait que, des étages, certains ont déjà balancé dans le vide le candidat, son faire-valoir et tout le décorum par la lucarne des toilettes pensant de la sorte se protéger du pire, conjurer le péril, échapper peu-être aux drames promis. C’est bien assez pour qu’une dizaine de cars bourrés de condés déboule toutes sirènes hurlantes et boucle illico le quartier. Nous voilà dans de beaux draps maintenant.     

Quelques échines à la matraque pliées en deux, divers crânes de-ci de-là cabossés, des nez saigneux et, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ordre et sécurité retrouvent enfin leurs droits. Notre gardien d’immeuble, homme de grande prudence et entremetteur hors pair, après avoir remis la liste circonstanciée des locataires à ces messieurs les rassure quant à nos intentions de faire tantôt un triomphe au candidat, jure ses grands dieux qu’on lui prépare ici un plébiscite qui passera à coup sûr à la postérité. Ils se retirent donc, ne laissant sur place qu’une petite patrouille de surveillance, un ou deux mouchards aussi sans doute.     

Ma femme et moi en venons à regretter les visites du diable ou de sa sœur ; leurs arguments sont moins expéditifs, avec eux la discussion souvent reste plus ouverte. À notre âge, il est vrai, nous nous accommodons mal des nouvelles contraintes qu’impose l’époque.

P.A.G Extrait de « C’est tous les jours comme ça », inédit.     

Photo : Michèle Fuxa

Je crus que j’aurais assez des quatre suivants

medium_roy2_1_.jpg...ainsi, au lieu de ce grand nombre de préceptes dont la logique est composée, je crus que j’aurais assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de ne manquer pas une seule fois à les observer.

Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être telle : c’est-à-dire, d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention ; et de ne comprendre rien de plus en mes jugements, que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute.

Le second, de diviser chacune des difficultés que j’examinerais, en autant de parcelles qu’il se pourrait, et qu’il serait requis pour les mieux résoudre.

Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés ; et supposant même de l’ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres.

Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers, et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre.

René Descartes, Discours de la méthode

Roy Lichtenstein

03:00 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : philo, Descartes, Lichtenstein, art

lundi, 27 novembre 2006

Afrique...

medium_CNV00047.JPGPhoto : Christine Vergnes

Tous les paysages du monde

medium_Tous_les_Matins_du_Monde.2.jpg « Je donnerais tous les paysages du monde pour celui de mon enfance."

Cioran

Frédérique Azaïs : Tous les matins du monde 

dimanche, 26 novembre 2006

Pour les amateurs de SF

C'est Joëlle Wintrebert qui le signale, sur ce site sont mises en ligne au fur et à mesure l'intégrale des nouvelles de Michel Jeury.

Joëlle Wintrebert préside aux destinées de l'association Autour des Auteurs, qui défend les intérêts des écrivains en Languedoc-Roussillon.