lundi, 26 mars 2007
Chroniques d'une élection (39)
La « démocratie d’opinion » n’est pas seulement un déclin de la politique, dit-elle sans le dire, bien qu’elle puisse l’être. Et si l’ « opinion » était précisément l’aurore de la politique, un retour du « miracle grec » où le courage du citoyen consiste à apparaître dans la pluralité du monde, enfin accessible grâce aux nouveaux moyens de communication? Et si la France devenait le laboratoire de cette nouvelle démocratie d’opinion qu’on cherche un peu partout, dans les ruines du bipartisme? De la télévision à Internet, en passant par les blogs, chacun veut et doit se faire remarquer : je vous écoute, nous me plaisez, je vous plais. Montrez-vous, apparaissez, dévoilez-vous, j’en appelle aux femmes voilées non moins qu’à vous, hommes blindés dans vos certitudes : avancez en toute simplicité, on discutera sur de nouvelles bases. Les spécialistes spécifieront, les professeurs approfondiront et les décideurs décideront. Je donnerai mon avis pour finir, cela va de soi. Dans l’ordre, bien sûr, qui sera forcément juste. J’y crois, la politique repose sur le besoin de croire, vous me croyez déjà. Le nouveau monde qui s’ouvre avec les nouvelles techniques et les nouveaux risques exige une nouvelle politique. Personne ne sait laquelle, moi non plus. Restons dans l’ouvert. Jouons le jeu, on va voir.
Julia Kristeva, article paru dans le Nouvel Obs, à lire en entier ici
De Kooning, Untitled V. 1982.
Oil on canvas. 80 x 70".
Collection Philip Johnson.
©1997 Willem de Kooning
04:20 Publié dans Présidentielles 2007 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : politique, présidentielles2007, Ségolène Royal, de Kooning, Julia Kristeva
dimanche, 25 mars 2007
Chroniques d'une élection (38)
Dans un monde où l’on cherche en vain un homme qui ne soit ni déprimé ni agité, cette irrésistible volonté de pouvoir, sobre et élégante, fait plus que rassurer. Car elle entre en résonance directe avec la mémoire nationale, sous-estimée depuis la Révolution française par le système des idéologies et des partis politiques qu’on appelle une démocratie par « représentation » : c’est le deuxième atout majeur de la candidate socialiste. Costumée en Poitou-charentaise ou habillée par un couturier à la mode, maniant le régionalisme ou la défense des femmes battues, elle enthousiasme… la nation. Mme Royal n’a pas l’air inhibée par les crimes commis en son nom ! Elle la réhabilite sans déraper dans le nationalisme, en douce, en passant par le chabichou. Le message est subliminal, et il opère : revanche de toutes celles qui ont été écartées du trône de France et de la politique partisane, depuis les lois saliques jusqu’au machisme jacobin. Un hommage rendu aux femmes légendaires ou inconnues, qui ont marqué l’art de vivre et les guerres, les lettres et la pensée à la française, et qui ont frayé le chemin conduisant à elle (à commencer par Jeanne d’Arc, on va se gêner !). Un espoir de renaissance, en définitive, pour un peuple ou ce qu’il en reste – humilié depuis combien de guerres déjà ? – et que la globalisation ne fait que marginaliser davantage.
Julia Kristeva, article paru dans le Nouvel Obs, à lire en entier ici
14:56 Publié dans Présidentielles 2007 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, présidentielles2007, Ségolène Royal, Julia Kristeva
Ce que j'essaie de vous traduire est plus mystérieux que tout
Pour que les esclaves modernes acceptent, et même revendiquent, leur condition, il faut les droguer d’images et de racontars en permanence, et qu’ils n’aient pas la plus petite distance, le moindre recul par rapport à leur propre situation. Sauf pour s’effrayer d’être à ce point gratuits et serviles, d’où soumission renouvelée et renforcée d’angoisse. Ca marche ? Oui. On y est arrivé. Il ne leur viendrait pas à l’idée de regarder vraiment quoi que ce soit par eux-mêmes, et si jamais s’en formait en eux l’intention confuse, aussitôt sonnerie : danger. Vont-ils demander la permission d’avoir une perception qu’ils sentent devoir être imminente ? Même pas. Mieux vaut y renoncer d’emblée. C’est ce que je disais : les files d’attente devant les musées ressemblent à celles d’autrefois, devant les ambassades, pour obtenir un visa. Ils viennent pointer ou se faire homologuer par la caméra invisible. Nous avons été voir les peintures, le Maître n’arrête pas de nous dire qu’elles sont très précieuses, il va être content. Certains d’entre nous ont même fait l’effort particulier d’acheter un livre que, d’ailleurs, ils ne liront jamais, faute de temps. Ouf, à table. Télévision.
Philippe Sollers, Extrait de La fête à Venise, roman
Paul Cézanne devant ses "Baigneuses"
01:03 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, art, peinture, Cézanne, Philippe Sollers
Carnets indiens, avec Nina Houzel (36)
Un secret n’est secret que si n’apparaît même pas le fait que, là, existe un secret
Heidegger
Photo : Nina Houzel00:50 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, art, photo, Nina Houzel, Heidegger, secret
samedi, 24 mars 2007
Le corps-à-corps pictural de Ronan Barrot
Le peintre attitré de l'académicien Pierre Autin-Grenier expose à Paris, lire ici
17:47 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, Ronan Barrot
Carnets indiens, avec Nina Houzel (35)
"Il faudra de plus en plus, s’habituer à toutes ces exceptions, à ces noms (même sans signature) qui signalent ce qu’on pourrait appeler les réussites de l’individuation. Les artistes ne se dévouent pas à l’ensemble humain, ils en sortent. C’est cela qui choque un refoulement de fond ? Mais oui. Le Puritain est avant tout quelqu’un (ou quelqu’une) qui répugne à cette conception des « coups heureux » de l’espèce humaine. Il veut du collectif. Donc de la fausse histoire. Une « Histoire de l’Art ». De même il se rassure en se racontant qu’il y a une séparation bien nette entre écrire et vivre, travail et débauche, sexualité et pensée. Pour lui ce doit être l’un ou l’autre. Le Puritain (ou Puritaine) est clérical (ou cléricale) en ceci qu’il veut croire que les « artistes », inaptes à vivre « réellement » (la réalité c’est lui ou elle) sont, malgré tout, des sacrifiés utiles. Des rédempteurs rentables. L’artiste doit finir mal, son existence ne peut être qu’un puits de névrose ou d’enfer, il a expérimenté des choses dangereuses pour nous, il est devenu fou à notre place, on en tremble encore, c’est vraiment héroïque de sa part. Malheur à l’artiste qui laisserait entendre qu’il n’est pas candidat au martyre, ni au poste de saint laïque pour assurer de son mieux la rédemption communautaire. Le voilà trop anticlérical, que le clergé soit en uniforme ancien ou pas. Il y a toute une gamme de cléricaux : le religieux d’autrefois, le bourgeois, le progressiste, le militant, l’universitaire, le médiatique, le politique. Sur ce point précis, ils sont tous d’accord. Vérifiez."
P Sollers, extrait de Vivant Denon, le cavalier du Louvre.
00:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, art, photo, Nina Houzel, Philippe Sollers
vendredi, 23 mars 2007
Monter
"Pourquoi dans toutes nos langues occidentales dit-on « tomber amoureux » ? Monter serait plus juste. L’amour est ascensionnel comme la prière. Ascensionnel et éperdu. (…) Je la revoyais une nuit à mes côtés, sur la jetée du port de ma ville natale. L’été, le silence, l’approche de l’aube. (…) Je la trouvais superbe. Nous marchions du même pas, sans aucun bruit. Je reconnaîtrais sans peine l’endroit où j’ai senti comme une aveuglante déchirure dans le noir, où j’ai eu les poumons dévorés de bonheur. La vie d’un coup acérée, musicale, intelligible. Surtout ne rien dire. "
Nicolas Bouvier
21:22 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, amour, Nicolas Bouvier
Le nouveau site de "Autour des auteurs"
17:59 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, Autour des auteurs, magazine
Le peintre Robert Lobet à Uzès
1, rue de la Calade, 19 rue du Docteur Blanchard, 30 700 Uzès, 04 66 57 09 11
00:10 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Expo, Peinture, Robert Lobet, Uzès
jeudi, 22 mars 2007
"Un jour, il pétera de vanité."
Il se juge beau, séduisant, intelligent, formidable stratège. Les élus, les journalistes, ses amis, ses adversaires en savent quelque chose : François Bayrou a parfois la tête comme une montgolfière. Il a longtemps assuré : "Je suis le nouveau Mitterrand." Lorsqu'il obtint le secrétariat général de l'UDF, alors présidée par Valéry Giscard d'Estaing, il expliqua tranquillement devant tout le bureau politique du CDS : "Giscard a trouvé en moi quelqu'un à sa mesure." Au moment où le premier ministre anglais était la coqueluche de la droite, il répétait partout : "J'ai un avantage sur tous les autres : je ressemble physiquement à Tony Blair." On l'a vu admirer longuement sa photo dans des magazines, en soulignant : "J'ai un regard profond." A la journaliste sportive Estelle Denis qui lui demandait il y a quelques semaines ce que sa femme préférait en lui, il a répondu sans sourciller "ma virilité". Jacques Chirac, qui en a beaucoup ri, s'en est aussi très souvent agacé : "Un jour, il pétera de vanité."
Avec l'aide de Fragonard
13:25 Publié dans Présidentielles 2007 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : politique, Présidentielles2007, Bayrou, Fragonard
L'air impalpable de l'été
L'air impalpable de l'été était comme l'essence des pensées du globe terrestre lui-même, pensées étranges, inhumaines, d'une texture de songe, comme si elles s'élevaient et retombaient pour se relever et retomber dans le flux et le reflux d'une immense mer calme et primordiale.
John Cowper Powys, Givre et sang
Merci à Anne Kerzeas, spécialiste de John Cowper Powys : cette citation comme celle de la précédente note sont tirées de son article : "Céramique et littérature" ; Anne est potière, vous pouvez voir son travail à Chamborigaud, dans les Cévennes, en venant d'Alès, à l'entrée du village.
Vient de paraître un inédit en français de Powys : "Le hibou, Le canard et Miss Rowe !Miss Rowe !" (nouvelle, 1933). Première des très rares nouvelles écrites par Powys, inédite en anglais.
pour commander : at.agneau@wanadoo.fr
www.at-agneau.ouvaton.org/ et bientôt un nouveau site
00:05 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, John Cowper Powys, Givre et sang, photo, Jean-Louis Bec
mercredi, 21 mars 2007
Bribes de bios
A lire ici, dans les Carnets de J.L.K. des bribes de biographies de quelques écrivains célèbres...
13:00 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, biographies, Jean-Louis Kuffer
Elle était l'audace même
Cela se passe sous l'Occupation. Après mille péripéties, une jeune Française parvient à pénétrer dans l'Hôtel Carlton, dont le bâtiment a été réquisitionné par les Allemands. Elle s'appelle Mlle Guillaine de Barbentane. Son père, décédé, fut un grand cavalier, ancien du Cadre noir de Saumur. Exquise, fragile, éplorée, elle explique à son interlocuteur, un colonel chef des services économiques de la région lyonnaise, son désir d'épouser au plus vite un prisonnier, François Vallet, dont elle attend un enfant, sous peine d'être frappée de déshonneur.
05:50 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Histoire, Occupation, Résistance, Lucie Aubrac
mardi, 20 mars 2007
Pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie
J'appartiens à un pays que j'ai quitté. Tu ne peux empêcher qu'à cette heure s'y épanouisse au soleil toute une chevelure embaumée de forêts. Rien ne peut empêcher qu'à cette heure l'herbe profonde y noie le pied des arbres, d'un vert délicieux et apaisant dont mon âme a soif... Viens, toi qui l'ignores, viens que je te dise tout bas : le parfum des bois de mon pays égale la fraise et la rose ! Tu jurerais, quand les taillis de ronces y sont en fleurs qu'un fruit mûrit on ne sait où - là-bas, ici, tout près - un fruit insaisissable qu'on aspire en ouvrant les narines. Tu jurerais, quand l'automne pénètre et meurtrit les feuillages tombés, qu'une pomme trop mûre vient de choir, et tu la cherches et tu la flaires, ici, là-bas, tout près... Et si tu passais, en juin, entre les prairies fauchées, à l'heure où la lune ruisselle sur les meules rondes qui sont les dunes de mon pays, tu sentirais, à leur parfum, s'ouvrir ton cœur. Tu fermerais les yeux, avec cette fierté grave dont tu voiles ta volupté, et tu laisserais tomber ta tête, avec un muet soupir... Et si tu arrivais, un jour d'été, dans mon pays, au fond d'un jardin que je connais, un jardin noir de verdure et sans fleurs, si tu regardais bleuir, au lointain, une montagne ronde où les cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même azur mauve et poussiéreux, tu m'oublierais, et tu t'assoirais là, pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie.
Colette , les vrilles de la vigne
21:40 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, art, photo, Jean-Louis Bec, Colette
Chroniques d'une élection (37)
C'est le printemps (photo réalisée sans trucage bien sûr !)
08:25 Publié dans Présidentielles 2007 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Présidentielles2007
L'essence unique de ces journées d'août...
L'essence unique de ces journées d'août se trouvait dans les champs ; là, parmi les hautes tiges jaunes et les épis gonflés du blé et de l'orge, il semblait que des millions de pavots eussent poussé en une seule nuit. Quelque chose dans le tissu de ces pétales écarlates et transparents comme s'ils étaient nourris du sang même de la terre, nés de l'étreinte enflammée du soleil et desséchés par son souffle brûlant, transmettait d'un champ à l'autre le secret ultime de la saison à travers la brume tremblante qui couvrait les routes des champs.
John Cowper Powys, Givre et sang
00:05 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature, John Cowper Powys, Givre et sang
lundi, 19 mars 2007
La vie quand elle se met à ressembler au roman qu'on est en train d'écrire
Ce qui est intéressant, dans la vie, c'est quand elle se met à ressembler au roman qu'on est en train d'écrire... Magie ? Oui. A partir du moment où on commence un livre, le paysage bouge... Ballet insidieux... Les personnages réels, là, se déplacent... C'est comme s'ils essayaient d'échapper à ce qu'ils soupçonnent qu'on est en train d'écrire d'eux... Comme s'ils s'engageaient dans des diversions parallèles... Pour rectifier votre mémoire... Dans un sens plus favorable, plus flatteur... Les femmes ont sur ce point une plasticité particulière... Un radar... Un neuvième sens... Elles sentent le récit possible... L'écriture... Elles viennent s'interposer... S'inter-proposer...
Philippe Sollers, Femmes
Peinture de Frédérique Azaïs
00:20 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, art, peinture, Frédérique Azaïs, Philippe Sollers, roman, Femmes
dimanche, 18 mars 2007
Laissez-les grandir ici
21:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pétition, politique, sans-papiers
Carnets indiens, avec Nina Houzel (34)
00:20 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art, photo, Nina Houzel, Rajasthan, Lao-Tseu
samedi, 17 mars 2007
1907...
C'est l'année de la Révolte des Vignerons dans le Midi, et en même temps, à Paris, Picasso peint les Demoiselles d'Avignon (le tableau ne sera montré qu'en 1937)
« Elles sont là... Formidables, catégoriques, flambantes... Les femmes... Les vraies... Les enfin vraies... Les enfin prises à bras-le-corps dans la vérité d’une déclaration d’évidence et de guerre... Les destructrices grandioses de l’éternel féminin... Les terribles... Les merveilleusement inexpressives ... Les gardiennes de l’énigme qui est bien entendu : RIEN ... Les portes du néant nouveau ... De la mort vivante, supervivante, indéfiniment vivante, c’est son masque, c’est sa nature, dans la toile sans figure cachée du tissu... Pas derrière, ni ailleurs, ni au-delà... Simplement là, en apparence... jouies, traversées, accrochées, écorchées, saluantes et saluées, posantes, saisies par un professionnel de la chose... Un des rares qui ait eu les moyens d’oser... Le seul au XY" siècle à ce point ? Il me semble... À pic sur le sujet... Exorcisme majeur. » Les Demoiselles d’Avignon. Quel tableau... Comme c’est risqué, frappé ; comme c’est beau... Comme il fallait en vouloir pour faire ça, avoir envie de tout défoncer, de passer une bonne fois à travers le miroir et le grand mensonge. À travers tous les « il était une fois ». Comme il fallait être seul, séparé de tout, et en même temps sûr de sa force, de l’explosion imminente du fatras, de la croûte antérieure, précieuse, accumulée. Surface idéalisée, falsifiée, frivole, couche épaisse de projections molles, de sperme cent fois moisi, de psychismes usés, de clichés... Toute la cocotterie et la pruderie du XIXe, les ombrelles, les robes à volants, les intérieurs protégés... Comme il fallait parier sur son expérience dé jeunesse (il a vingt -six ans), Sur la joie de la prostitution gratuite pour soi seul, pour celui-là seul, l’élu, le protégé de ces dames... Sur la nudité fouillée, sans appel. " L’Olympia, veuve horizontale sur son divan ; Les Demoiselles, célibataires verticales ... Du cercueil blanc-rose à la mort debout...
Extrait de "Femmes" Philippe Sollers, 1983
09:45 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, art, peinture, 1907, Picasso, Les demoiselles d'Avignon