Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 09 novembre 2006

Ailleurs

medium_CIMG3182.jpg"Il est possible que des objets sans importance résistent à l'attraction désastre... bien longtemps après nous.

 

J'ai commencé à accélérer. Mes battements de coeur surtout, puis mon allure en marchant. Une personne attentive aurait pensé à la bande image qu'on rembobine à toute vitesse. Mais j'étais dans le film, je ne discernais plus les contours ni les limites.

Au bureau, la clim était mal réglée. Une équipe du service technique commençait à démonter le mécanisme. J'ai dit "bonjour" comme j'aurais murmuré "ailleurs". Personne n'a remarqué les yeux rouges ni perçu la voix fissurée... et l'accélération.

Le soir j'ai bouclé ma valise avec mon coeur dedans. Le voyage m'a rappelé la morsure des moments sans importance. Au-dehors les vivants s'estompaient tels des trains fous qui ne s'arrêtent dans aucune gare. J'étais un rail, des champs, la lumière qui couvre les bancs, là-bas, j'étais mille kilomètres qui fonçaient dans l'azur sans assurance vie et... Tellement. J'étais tellement.

C'était ma nature.

Mon premier pas ailleurs a fait taire le voyage. D'un seul coup. Le soir m'a prise dans un café du cinquième, rue des Ecoles, pendant que j'avalais un second coca light. J'ai dévisagé mon reflet dans le miroir qui me faisait face. C'est alors qu'un souvenir a commencé à s'agiter autour de moi. Un collier de chien en cuir usé a glissé de mon sac ouvert. Alors, quelque part sur la terre un barrage a cédé. Un train a déraillé, une enfant a rêvé d'un chien qui gardait ses nuits, ses jours et la douceur contr'elle."

Mireille Disdero

Photo : Michèle Fuxa

 

Commentaires

Très belle photo de Michèle Fluxa ! Merci pour le partage.

Mireille

Écrit par : Mireille Disdero | jeudi, 09 novembre 2006

Les commentaires sont fermés.