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mercredi, 28 mars 2007

Les perles des maires

Les ralentisseurs que vous avez mis devant l'école sont trop hauts et ma femme se fait sauter quatre fois par jour.

Depuis que vous avez acheté un ordinateur à la mairie y'a plus moyen de trafiquer les papiers comme vous faisiez avant.

Je ne veux pas vous embêter avec mes histoires de poubelle mais avouez quand même que c'est pas normal que la mairie ne ramasse pas des ordures comme mon voisin.

Ça sert à rien de faire des activités pour les vieux puisqu'ils sont inactifs.

Mes impôts pour la commune j'aimerai bien les voir dans les trous de la route et pas dans votre poche

Le cimetière est dans un état pas possible et tous ceux qui y habitent pensent comme moi

Est ce qu'on ne pourrait pas déplacer le bal du 14 juillet au 15 août?

Si les morts votaient c'est sûr que vous seriez battu à force de vous en foutre du cimetière

Je suis sûr que le maire se touche les dessous de table

J'ai dit à votre secrétaire de mairie : de deux choses l'une ! ou c'est comme ça ... ou c'est pas autrement.

De quoi vous discutez aux réunions du conseil municipal ? De mes intérêts ou de conneries comme de refaire la route qui est encore très bien ?

A la mairie vous êtes des moins que rien, pour ne pas dire plus.

J'ai bien reçu votre bulletin de la mairie et je vous pose la question : c'est avec notre argent que vous écrivez des âneries comme ça ?

Oui Monsieur le maire vous êtes responsable des cacas de chien dans les rues même si ce n'est pas vous qui les faites personnellement.

Le maire est une vraie mafia à lui tout seul.

J'ai toujours voté comme il fallait c'est-à-dire pour celui qui a été élu.

Le toit de l'église fuit depuis deux ans et la vierge est toujours mouillée. Faites quelque chose pour elle s'il vous plait Monsieur le maire.

Nous sommes la commune française où il y a le plus de chômage au monde.

Mes taxes elles servent des feux d'artifice au 14 juillet.

Votre cantonnier, à part discuter le coup avec des verres de vin rouge, il n'a rien d'autre à foutre ?

C'était une cabine téléphonique où il fallait mettre des cartes et toutes les pièces que j'ai voulu mettre ne rentraient pas.

Vos promesses de marchand de soupe qui mange à tous les râteliers, j'en ai entendu depuis des centaines d'années.

Depuis que vous avez été élu, la cabine téléphonique tombe toujours en panne.

On ne vous demande pas de faire grand chose sauf d'en faire beaucoup.

A la mairie vous me prenez pour un imbécile parce que je suis pauvre mais les gens riches ne sont pas plus intelligents que moi. Regardez les politiciens.

S'il faut gueuler pour que l'on m'entende alors attention parce que je vais parler plus fort.

Etre élu c'est facile pour vous parce que vous êtes pas mal foutu et que vous embrassez toutes les femmes sur le marché.

Parce que vous avez fait la route pas assez large, mon voisin est obligé de faire pleins de manoeuvres difficiles avec sa voiture dans son garage qui est juste contre le notre alors ce qui devait arriver est arrivé. Un matin ou il était sûrement bourré, il a fini par réussir à rentrer dans ma femme. Faut l'faire.

Si c'est le maire qui est chargé d'enlever les ordures, comment dois-je faire avec ma femme.

Vous êtes le maire, c'est-à-dire le président de la république de la commune ; moi, à votre place, je m'occuperai un peu plus gentiment de toutes les femmes de la commune qui n'ont pas d'hommes à se mettre sous la main.

La responsabilité de tous les accidents que j'ai eus n'est pas pour moi mais pour les routes où je circule et qui ne sont pas en état de conduire.

13:47 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, maire

L’instant où tout se concentre

Pulvérisation, éclatement d’images, de mots. Un dragon menaçant  scintille dans les eaux basses du port. La Mergellina encore. Naples se donne ici des airs  d’ île grecque  placide, recroquevillée au milieu de la grande mer. Procida...  Envie de courir, jouer, lever les yeux, les bras au ciel. Je suis incapable de rentrer ce soir, j’ai plutôt envie de traverser la ville, comme Dumas dans son corricolo, virevoltant. Loué une calèche Riviera di Chiaia, et vogue la galère ! J’ai donné au guide tout ce que j’avais, joué les touristes naïfs, je me moque du monde entier, voudrais embrasser l’air que je respire, la mer qui  frémit à côté de moi,  les gens que je croise.  Voilà le Palais Royal, insolent, lugubre, le San Carlo, brillantissime, l’ombre de Stendhal bien sûr, Via Toledo, un concert de lumières, de cris,  chatoiement de feu, enfin la montée vers San Martino.

Là, mon cicérone m’abandonne. J’ai envie de rire, lui dit qu’il peut bien partir. Il trouvera d’autres touristes à ramener  ou  peut-être vit-il là, ou  n’est-il qu’un gnome, ou le diable,  peu importe !

Enfin seul, je laisse mes yeux respirer, se brûler aux  lumières de la ville, du port, des îles. J’aimerais que tout s’arrête, mon bonheur est parfait, c’est l’instant  où  tout se concentre, juste avant le Big Bang.  La  mer frissonne, donne des baisers au vent, au ciel, une langue de feu lèche l’horizon.

Raymond Alcovère, extrait de "Fugue baroque", éditions n & b, 1998

 

Démoniaque ?

« Le démoniaque se reconnaît à ceci qu’il croit que rien ne lui est extérieur »

Philippe Sollers, Femmes

mardi, 27 mars 2007

Enfin des bêtises !

  • Comment appelle-t-on une journée de grève dans la Fonction publique ? Une journée d'action
  • Une femme demande à son mari : - Est-ce que tu préfères les femmes intelligentes ou les femmes belles ? - Mais voyons chérie, tu sais bien que je n'aime que toi !

13:17 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : humour

Riviera di Chiaia

medium_82_new.jpgLe soleil est brûlant à l’extérieur, avec le bruit vermeil de l’été, les ombres longues qui descendent sur la ville, et ce moutonnement de bruit. Je marche seul,  parmi les ombres. Elle est là, souvent, qui me parle dans le dos, guide ma marche. Son souffle léger, comme un murmure de vent, dans un roulis d’étoiles, et ce parfum entêtant. Je sens la douceur de ses mains, suis enveloppé par son être chaud, suivi par son ombre, arpentant les rues. Riviera di Chiaia. De là j’aime à monter sur les hauteurs, passer de la lueur extrême aux plaines de l’ombre. Dans les bassi où le soleil n’arrive jamais. La ville la plus lumineuse d’Europe, la plus brûlante a le goût des cryptes, des catacombes, ce besoin d’un retour quotidien vers les entrailles de la terre, les origines.

Raymond Alcovère, extrait de "Fugue baroque", éditions n & b, 1998

Photo : Jean-Louis Bec

lundi, 26 mars 2007

C'est en arrivant dans la salle de bains que...

medium_20.jpgCe matin au réveil, longtemps avant l'aube, les choses allaient bien ; chaque chose avait pris tout de suite sa juste place dans ma tête – celles qui devaient être à l'ombre, à l'ombre ; celles qui demandaient du soleil étaient déjà au soleil – tout semblait vouloir bien se présenter pour la journée à venir et ça, il faut le dire, c'est plutôt rare. D'ordinaire des charrettes remplies de chiens enragés font la course sur les pavés disjoints de ma cervelle, ou alors d'une oreille l'autre une tringle de fer rouillée vient me perforer les idées et, dans de telles conditions, devoir exister encore jusqu'au soir c'est comme tenter l'impossible. Mais ce matin, hop ! allons-y, vivre démarrait très fort et, pour une fois, c'était tant mieux. C'est en arrivant dans la salle de bains que, comment dire ?, je me suis soudain senti américain.

Pierre Autin-Grenier

Photo : Jean-Louis Bec


 

Chroniques d'une élection (39)

medium_untitled5.2.jpgLa « démocratie d’opinion » n’est pas seulement un déclin de la politique, dit-elle sans le dire, bien qu’elle puisse l’être.  Et si l’ « opinion » était précisément l’aurore de la politique, un retour du « miracle grec » où le courage du citoyen consiste à apparaître dans la pluralité  du monde,  enfin accessible grâce aux nouveaux moyens  de communication? Et si la France devenait le laboratoire de cette nouvelle démocratie d’opinion qu’on cherche un peu partout, dans les ruines du bipartisme? De la télévision à Internet, en passant par les blogs, chacun veut et doit se faire  remarquer : je vous écoute, nous me plaisez, je vous plais. Montrez-vous, apparaissez, dévoilez-vous, j’en appelle aux femmes voilées non moins qu’à vous, hommes blindés dans  vos  certitudes : avancez en toute simplicité, on discutera sur de nouvelles bases. Les spécialistes spécifieront, les professeurs approfondiront et les décideurs décideront. Je donnerai mon avis pour finir, cela va de soi. Dans l’ordre, bien sûr, qui sera forcément juste. J’y crois, la politique repose sur le besoin de croire, vous me croyez déjà. Le nouveau monde qui s’ouvre avec les nouvelles techniques et les nouveaux risques exige une nouvelle politique. Personne ne sait laquelle, moi non plus. Restons dans l’ouvert. Jouons le jeu, on va voir.

Julia Kristeva, article paru dans le Nouvel Obs, à lire en entier ici

De Kooning, Untitled V. 1982.
Oil on canvas. 80 x 70".
Collection Philip Johnson.
©1997 Willem de Kooning

dimanche, 25 mars 2007

Chroniques d'une élection (38)

 Dans un monde où l’on cherche en vain un homme qui ne soit ni déprimé ni agité, cette irrésistible volonté de pouvoir, sobre et élégante,  fait plus que rassurer. Car elle entre en résonance directe avec la mémoire nationale, sous-estimée depuis la Révolution française par le système des idéologies et des partis  politiques qu’on appelle une démocratie par « représentation » : c’est le deuxième atout majeur de la candidate socialiste. Costumée  en Poitou-charentaise  ou habillée par un couturier à la mode, maniant le régionalisme ou la défense des femmes battues, elle enthousiasme… la nation. Mme Royal n’a pas l’air inhibée par les crimes commis en son nom ! Elle la réhabilite sans déraper dans le nationalisme, en  douce, en passant par le chabichou. Le  message est subliminal, et il opère : revanche de toutes celles qui ont été écartées du trône de France et de la politique partisane, depuis les lois saliques jusqu’au machisme jacobin. Un hommage rendu aux femmes légendaires ou inconnues, qui ont marqué l’art de vivre et les guerres, les lettres et la pensée à la française, et  qui ont frayé le chemin  conduisant à elle (à commencer par Jeanne d’Arc, on va se gêner !).  Un espoir de renaissance, en définitive,  pour un peuple ou ce qu’il en reste – humilié depuis combien de guerres déjà ? – et que la globalisation ne fait que marginaliser davantage.

Julia Kristeva, article paru dans le Nouvel Obs, à lire en entier ici

Ce que j'essaie de vous traduire est plus mystérieux que tout

medium_cezanne_photo_max.jpgPour que les esclaves modernes acceptent, et même revendiquent, leur condition, il faut les droguer d’images et de racontars en permanence, et qu’ils n’aient pas la plus petite distance, le moindre recul par rapport à leur propre situation. Sauf pour s’effrayer d’être à ce point gratuits et serviles, d’où soumission renouvelée et renforcée d’angoisse. Ca marche ? Oui. On y est arrivé. Il ne leur viendrait pas à l’idée de regarder vraiment quoi que ce soit par eux-mêmes, et si jamais s’en formait en eux l’intention confuse, aussitôt sonnerie : danger. Vont-ils demander la permission d’avoir une perception qu’ils sentent devoir être imminente ? Même pas. Mieux vaut y renoncer d’emblée. C’est ce que je disais : les files d’attente devant les musées ressemblent à celles d’autrefois, devant les ambassades, pour obtenir un visa. Ils viennent pointer ou se faire homologuer par la caméra invisible. Nous avons été voir les peintures, le Maître n’arrête pas de nous dire qu’elles sont très précieuses, il va être content. Certains d’entre nous ont même fait l’effort particulier d’acheter un livre que, d’ailleurs, ils ne liront jamais, faute de temps. Ouf, à table. Télévision.
Philippe Sollers, Extrait de La fête à Venise, roman

Paul Cézanne devant ses "Baigneuses"

Carnets indiens, avec Nina Houzel (36)

medium_DSCN4836.JPGUn secret n’est secret que si n’apparaît même pas le fait que, là, existe un secret

Heidegger

Photo : Nina Houzel

samedi, 24 mars 2007

Le corps-à-corps pictural de Ronan Barrot

medium_280207170244-format200_Blaue_Blume_2007_Huile_sur_toile_250_x_200_cm.2.jpgLe peintre attitré de l'académicien Pierre Autin-Grenier expose à Paris, lire ici

Galerie Claude Bernard, 7-9, rue des Beaux-Arts, Paris-6e
Métro Odéon. Tél. : 01-43-26-97-07. 
Du mardi au samedi de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 h 30.
Jusqu'au 28 avril.

17:47 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, Ronan Barrot

Carnets indiens, avec Nina Houzel (35)

medium_DSCN4834.JPG"Il faudra de plus en plus, s’habituer à toutes ces exceptions, à ces noms (même sans signature) qui signalent ce qu’on pourrait appeler les réussites de l’individuation. Les artistes ne se dévouent pas à l’ensemble humain, ils en sortent. C’est cela qui choque un refoulement de fond ? Mais oui. Le Puritain est avant tout quelqu’un (ou quelqu’une) qui répugne à cette conception des « coups heureux » de l’espèce humaine. Il veut du collectif. Donc de la fausse histoire. Une « Histoire de l’Art ». De même il se rassure en se racontant qu’il y a une séparation bien nette entre écrire et vivre, travail et débauche, sexualité et pensée. Pour lui ce doit être l’un ou l’autre. Le Puritain (ou Puritaine) est clérical (ou cléricale) en ceci qu’il veut croire que les « artistes », inaptes à vivre « réellement » (la réalité c’est lui ou elle) sont, malgré tout, des sacrifiés utiles. Des rédempteurs rentables. L’artiste doit finir mal, son existence ne peut être qu’un puits de névrose ou d’enfer, il a expérimenté des choses dangereuses pour nous, il est devenu fou à notre place, on en tremble encore, c’est vraiment héroïque de sa part. Malheur à l’artiste qui laisserait entendre qu’il n’est pas candidat au martyre, ni au poste de saint laïque pour assurer de son mieux la rédemption communautaire. Le voilà trop anticlérical, que le clergé soit en uniforme ancien ou pas. Il y a toute une gamme de cléricaux : le religieux d’autrefois, le bourgeois, le progressiste, le militant, l’universitaire, le médiatique, le politique. Sur ce point précis, ils sont tous d’accord. Vérifiez."

P Sollers, extrait de Vivant Denon, le cavalier du Louvre.

Photo : Nina Houzel

vendredi, 23 mars 2007

Monter

medium_DSC0123914.2.jpg"Pourquoi dans toutes nos langues occidentales dit-on « tomber amoureux » ? Monter serait plus juste. L’amour est ascensionnel comme la prière. Ascensionnel et éperdu. (…) Je la revoyais une nuit à mes côtés, sur la jetée du port de ma ville natale. L’été, le silence, l’approche de l’aube. (…) Je la trouvais superbe. Nous marchions du même pas, sans aucun bruit. Je reconnaîtrais sans peine l’endroit où j’ai senti comme une aveuglante déchirure dans le noir, où j’ai eu les poumons dévorés de bonheur. La vie d’un coup acérée, musicale, intelligible. Surtout ne rien dire. "
Nicolas Bouvier

Le nouveau site de "Autour des auteurs"

Avec son nouveau magazine, lancé aujourd'hui, à voir ici

Le peintre Robert Lobet à Uzès

medium_view.pdf-cartons-GSC1.jpgmedium_view.pdf-cartons-GSC2.jpg1, rue de la Calade, 19 rue du Docteur Blanchard, 30 700 Uzès, 04 66 57 09 11

jeudi, 22 mars 2007

"Un jour, il pétera de vanité."

medium_fragonard.gifIl se juge beau, séduisant, intelligent, formidable stratège. Les élus, les journalistes, ses amis, ses adversaires en savent quelque chose : François Bayrou a parfois la tête comme une montgolfière. Il a longtemps assuré : "Je suis le nouveau Mitterrand." Lorsqu'il obtint le secrétariat général de l'UDF, alors présidée par Valéry Giscard d'Estaing, il expliqua tranquillement devant tout le bureau politique du CDS : "Giscard a trouvé en moi quelqu'un à sa mesure." Au moment où le premier ministre anglais était la coqueluche de la droite, il répétait partout : "J'ai un avantage sur tous les autres : je ressemble physiquement à Tony Blair." On l'a vu admirer longuement sa photo dans des magazines, en soulignant : "J'ai un regard profond." A la journaliste sportive Estelle Denis qui lui demandait il y a quelques semaines ce que sa femme préférait en lui, il a répondu sans sourciller "ma virilité". Jacques Chirac, qui en a beaucoup ri, s'en est aussi très souvent agacé : "Un jour, il pétera de vanité."

Article à lire ici

Avec l'aide de Fragonard

L'air impalpable de l'été

medium_62.jpgL'air impalpable de l'été était comme l'essence des pensées du globe terrestre lui-même, pensées étranges, inhumaines, d'une texture de songe, comme si elles s'élevaient et retombaient pour se relever et retomber dans le flux et le reflux d'une immense mer calme et primordiale.

John Cowper Powys, Givre et sang

Merci à Anne Kerzeas, spécialiste de John Cowper Powys : cette citation comme celle de la précédente note sont tirées de son article : "Céramique et littérature" ; Anne est potière, vous pouvez voir son travail à Chamborigaud, dans les Cévennes, en venant d'Alès, à l'entrée du village.

medium_clip_image002.jpgVient de paraître un inédit en français de Powys : "Le hibou, Le canard et Miss Rowe !Miss Rowe !" (nouvelle, 1933). Première des très rares nouvelles écrites par Powys, inédite en anglais.

pour commander :  at.agneau@wanadoo.fr 

www.at-agneau.ouvaton.org/ et bientôt un nouveau site

Photo : Jean-Louis Bec

mercredi, 21 mars 2007

Bribes de bios

A lire ici, dans les Carnets de J.L.K. des bribes de biographies de quelques écrivains célèbres...

Elle était l'audace même

Cela se passe sous l'Occupation. Après mille péripéties, une jeune Française parvient à pénétrer dans l'Hôtel Carlton, dont le bâtiment a été réquisitionné par les Allemands. Elle s'appelle Mlle Guillaine de Barbentane. Son père, décédé, fut un grand cavalier, ancien du Cadre noir de Saumur. Exquise, fragile, éplorée, elle explique à son interlocuteur, un colonel chef des services économiques de la région lyonnaise, son désir d'épouser au plus vite un prisonnier, François Vallet, dont elle attend un enfant, sous peine d'être frappée de déshonneur.

La suite à lire ici

mardi, 20 mars 2007

Pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie

medium_24.jpgJ'appartiens à un pays que j'ai quitté. Tu ne peux empêcher qu'à cette heure s'y épanouisse au soleil toute une chevelure embaumée de forêts. Rien ne peut empêcher qu'à cette heure l'herbe profonde y noie le pied des arbres, d'un vert délicieux et apaisant dont mon âme a soif... Viens, toi qui l'ignores, viens que je te dise tout bas : le parfum des bois de mon pays égale la fraise et la rose ! Tu jurerais, quand les taillis de ronces y sont en fleurs qu'un fruit mûrit on ne sait où - là-bas, ici, tout près - un fruit insaisissable qu'on aspire en ouvrant les narines. Tu jurerais, quand l'automne pénètre et meurtrit les feuillages tombés, qu'une pomme trop mûre vient de choir, et tu la cherches et tu la flaires, ici, là-bas, tout près... Et si tu passais, en juin, entre les prairies fauchées, à l'heure où la lune ruisselle sur les meules rondes qui sont les dunes de mon pays, tu sentirais, à leur parfum, s'ouvrir ton cœur. Tu fermerais les yeux, avec cette fierté grave dont tu voiles ta volupté, et tu laisserais tomber ta tête, avec un muet soupir... Et si tu arrivais, un jour d'été, dans mon pays, au fond d'un jardin que je connais, un jardin noir de verdure et sans fleurs, si tu regardais bleuir, au lointain, une montagne ronde où les cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même azur mauve et poussiéreux, tu m'oublierais, et tu t'assoirais là, pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie.
Colette , les vrilles de la vigne

Photo : Jean-Louis Bec