mercredi, 28 mars 2007
L’instant où tout se concentre
Pulvérisation, éclatement d’images, de mots. Un dragon menaçant scintille dans les eaux basses du port. La Mergellina encore. Naples se donne ici des airs d’ île grecque placide, recroquevillée au milieu de la grande mer. Procida... Envie de courir, jouer, lever les yeux, les bras au ciel. Je suis incapable de rentrer ce soir, j’ai plutôt envie de traverser la ville, comme Dumas dans son corricolo, virevoltant. Loué une calèche Riviera di Chiaia, et vogue la galère ! J’ai donné au guide tout ce que j’avais, joué les touristes naïfs, je me moque du monde entier, voudrais embrasser l’air que je respire, la mer qui frémit à côté de moi, les gens que je croise. Voilà le Palais Royal, insolent, lugubre, le San Carlo, brillantissime, l’ombre de Stendhal bien sûr, Via Toledo, un concert de lumières, de cris, chatoiement de feu, enfin la montée vers San Martino.
Là, mon cicérone m’abandonne. J’ai envie de rire, lui dit qu’il peut bien partir. Il trouvera d’autres touristes à ramener ou peut-être vit-il là, ou n’est-il qu’un gnome, ou le diable, peu importe !
Enfin seul, je laisse mes yeux respirer, se brûler aux lumières de la ville, du port, des îles. J’aimerais que tout s’arrête, mon bonheur est parfait, c’est l’instant où tout se concentre, juste avant le Big Bang. La mer frissonne, donne des baisers au vent, au ciel, une langue de feu lèche l’horizon.
Raymond Alcovère, extrait de "Fugue baroque", éditions n & b, 1998
01:42 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, art, photo, fugue baroque, raymond alcovère, naples
Commentaires
Je pense à toi, Ray, j'espère qu'il y a une bonne ambiance au bureau aujourd'hui; c'est la journée du sommeil, n'oublie pas.
Écrit par : P.A.G de la Faculté | mercredi, 28 mars 2007
Tiens voilà des perles, à côté, y en a, on dirait qu'elles ont été écrites par toi, tu es un écrivain assez populaire finalement !
Écrit par : Ray | mercredi, 28 mars 2007
Ah, Ray, tu seras toujours le plus fort pour enfiler les perles!
Écrit par : P.A.G de l'Académie | mercredi, 28 mars 2007
magnifique cette salve de couleurs de mots reflètée dans cette brise d'eau calme ridée comme un diamant asiate
il va bien falloir que je finisse cette fugue baroque et donc que je la commence ....
Écrit par : aloredelam | vendredi, 30 mars 2007
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