lundi, 28 mai 2007
On entre dans le vrai théâtre des soirs
« Comme toujours, ici, vers le dix juin, la cause est entendue, le ciel tourne, l’horizon a sa brume permanente et chaude, on entre dans le vrai théâtre des soirs. Il y a des orages mais ils sont retenus, comprimés, cernés par la force. On marche et on dort autrement, les yeux sont d’autres yeux, la respiration s’enfonce, les bruits trouvent leur profondeur nette. Cette petite planète par plaques, a son intérêt. »
Philippe Sollers, La fête à Venise, (début du texte)
Bona Mangangu, Huile sur toile
18:42 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, peinture, littérature, Bona Mangangu, Philippe Sollers, La fête à Venise
Pour le maître parfait...
Pour le maître parfait
Ciel et terre ne durent qu'un matin
Les dix mille temps, un seul instant.
Soleil et lune sont ses fenêtres,
Les huit déserts forment sa cour.
Ses pas ne laissent nulle trace,
Nulle part il ne demeure.
Plafond du ciel, tapis de la terre,
Il suit son bon plaisir.
Son repos : saisir la coupe.
Son mouvement : vider la cruche.
Le vin est son seul travail ;
Il ne sait rien d'autre.
Lieou Ling, 221-300
00:00 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, Chine, Taoisme, Lieou Ling
dimanche, 27 mai 2007
Je vous aime alors ?
"La différence entre je vous aime et je ne vous aime pas est bien mince, n'est-ce pas ? Peut-être qu'elle n'existe même pas !" "je vous aime alors ?" "oui"
Titien, l'amour profane et l'amour sacré
04:14 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, amour, Titien, art
samedi, 26 mai 2007
Les quatre...
Rebondissant sur le blog de Dominique Autié, voici ma réponse (un peu rapide) au jeu des quatre, aux suivants...
Les quatre livres de mon enfance (avant 15 ans)
Tintin ; albums lus et relus, notamment les premiers en ma possession, car les autres ont mis du temps avant d’arriver jusqu’à moi : L’étoile mystérieuse, Le Trésor de Rackham le rouge…
Jules Verne ; c’est avec lui que j’ai commencé à vraiment lire, et à voyager… Mes préférés : L’Ile mystérieuse, Le Tour du monde en 80 jours, le Chancellor ; La mer, la mer toujours recommencée…
L’Encyclopédie « Tout l’univers », et les atlas en tous genres…
L’Adieu aux armes de Ernest Hemingway : le livre qui m’a rendu antimilitariste, et je n’ai plus quitté Hem depuis.
Les quatre livres que j'emporterais sur une île déserte
La Bible, le roman des romans, là tout est dit, depuis le début jusqu’à la fin, pourquoi aller plus loin ?
Les Poésies de Rimbaud ; ma préférence va aux Illuminations, le joyau absolu, peut-être le livre que j’emporterai s’il n’en fallait qu’un, mais tout Rimbaud, mince en poids, est infini dans sa perspective…
Le Yi-King, autrement dit la philosophie en action ; il concentre pour moi tout l’esprit de la Chine, mais avec un peu plus de place, j’y ajouterais volontiers L’art de la guerre, les 36 stratagèmes et Tchouang-Tseu…
A la Recherche du temps perdu : C’est le Grand Œuvre bien sûr, le chef d’œuvre absolu, la source inépuisable, sans doute mon plus grand choc de lecture, quand un peu avant la fin, on perçoit d’un coup toute la logique de l’ensemble, sa force, sa pertinence, son évidence…
Les quatre écrivains que je lirai et relirai encore
Baudelaire, toujours recommencé, et jamais épuisé…
Nietzsche : s’il fallait choisir un philosophe, ça serait lui. En le lisant j’ai toujours l’impression que lui a vraiment pensé. Et quel style ! Et pour l’éternel retour…
Flaubert : Sa Correspondance, le début de Salammbô, Les Trois contes et la Bovary en entier…
Jack Kerouac, le grand choc de mes dix-huit ans, là, tout d’un coup, se dévoilait une autre façon de vivre, et d’écrire…
Les quatre auteurs que je ne relirai plus jamais
Plus jamais ? Non, je n’ai pas de cette sorte de ressentiment, je ne lis que par plaisir, et puis demain est incertain par définition…
Les quatre premiers livres de ma pile à lire
Les Mémoires de Saint-Simon, le grand style, une vraie leçon d’écriture, la meilleure antidote à la mauvaise littérature…
Un des livres de Philippe Sollers ; le seul auteur contemporain que je relis régulièrement, là je ne sais pas lequel je vais reprendre, mais il s’en trouvera forcément un adapté au moment…
L’Histoire de ma vie, de Casanova, toujours en lecture, un des livres les plus vivants et les plus profonds que je connaisse…
Les livres de mes amis ; j’adore lire les livres de mes amis…
Les derniers mots d'un de mes livres préférés
"En traçant ces derniers mots, ce 16 novembre 1841, ma fenêtre, qui donne à l'ouest sur les jardins des Missions étrangères, est ouverte : il est six heures du matin ; j'aperçois la lune pâle et élargie ; elle s'abaisse sur la flèche des Invalides à peine révélée par le premier rayon doré de l'Orient : on dirait que l'ancien monde finit, et que le nouveau commence. Je vois les reflets d'une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil. Il ne me reste qu'à m'asseoir au bord de ma fosse ; après quoi je descendrai hardiment, le crucifix à la main, dans l’éternité. » Mémoires d’Outre-tombe, Chateaubriand
Quatre lecteurs dont j'aimerais connaître les quatre livres qui…
Pas quatre là, tous ceux qui en ont envie me paraît plus intéressant…
Picasso, Portrait de Dora Maar
19:46 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, île déserte, les quatre
La rose est sans pourquoi
Pourquoi une histoire ? La rose est sans pourquoi. Le vent s’est calmé. L’air ici à Montpellier est doux comme le printemps, perpétuel. Là, tout près, la Méditerranée, celle d’Homère, des débuts. Je la sens qui frémit, les vagues frissonnent, caressent le sable, ces millions de grains, ces coquillages qui lentement s’amenuisent, se dispersent, reviennent.
Extrait de "Solaire", Raymond Alcovère, roman en cours d'écriture
Triptyque de Jean-Louis Bec00:05 Publié dans En cours d'écriture | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art, littérature, Raymond Alcovère, photo, Jean-Louis Bec, Solaire
vendredi, 25 mai 2007
Donnons-nous du bon Temps...

Depuis quelques mois, il ne se passe pas une semaine sans que nous apprenions la disparition d’une revue de création littéraire ou celle d’un éditeur. Les systèmes de diffusion et de distribution, la concentration aux mains des mêmes industries de la chaîne du livre, l’incurie des médias concernant la création condamnent beaucoup à cesser leur production. S’il ne s’agit pas de faire le procès des uns ou des autres, il est devenu nécessaire, nous semble-t-il, d’opposer un refus à cet état de fait. Aujourd’hui, nous vous faisons donc parvenir un appel lancé par les éditions Le Temps qu’il fait dont nous avons souvent souligné l’excellence. Pourquoi faire suivre cet appel et non ceux lancés précédemment par d’autres éditeurs ? Parce que Le Temps qu’il fait est aussi un symbole : celui de l’indépendance, celui du soin apporté à la qualité des livres, de leur impression, de leur réalisation.
Soyons clairs : il ne s’agit pas tant de venir en aide au Temps qu’il fait en achetant leurs ouvrages que dire, par nos actes, combien nous répugne aujourd’hui la disparition de tout un pan de l’édition de création.
Alors, levons-nous plus tôt que tôt, faisons joyeusement nos heures supplémentaires pour gagner plus d’argent. Et offrons ces livres qui peu ou prou ont changé nos vies, nous ont aidé à y trouver du sens.
Bonnes lectures
15:00 Publié dans Edition | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, photo, le temps qu'il fait, le matricule des anges, Gildas Pasquet
Tao

V. ALLETON : intervention, dans La Sociologie de l'art et de sa vocation interdisciplinaire Médiations Ed. Denoël, 1976
Tao, par Shi Bo
01:37 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Tao, Chine, calligraphie, écriture
jeudi, 24 mai 2007
C'est que je me regarde diversement
« Si je parle diversement de moi, c'est que je me regarde diversement. Toutes les contrariétés s'y trouvent selon quelque tour, et en quelque façon : honteux, insolent, chaste, luxurieux, bavard, taciturne, laborieux, délicat , ingénieux , hébété , chagrin, débonnaire , menteur , véritable , savant, ignorant et libéral , et avare et prodigue. »
Montaigne
08:13 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, Montaigne, Philippe Sollers
Celle des grands peintres
Aujourd’hui, tout me bouleverse, me dépasse, me bouscule et se disjoint. Mais sans que j’en trouve le sens. Car peut-être il n’y en a pas. Grand silence. Plus rien ni personne ne répond. Une ombre me suit, me précède dans mes gestes, mes pensées. Je suis rattrapé, envahi, désordonné. Ton visage est un soleil, une lutte, tes yeux sont là, ils me poursuivent, au fond de ton regard cette clarté sans égale, celle des grands peintres, un sourire glissant et lumineux… Derrière cette étincelle, la surprise, pourquoi cela arrive-t-il maintenant alors que…
03:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
L'harmonie chez Poussin
Voir c’est capter l’esprit du monde, le sensible. Peindre, saisir du regard l’ensemble, le devenir. Ce sera la vibration chez Cézanne, l’amour ingénu chez Chagall, la sensualité, sa finesse chez Titien, la compassion chez Greco, l’harmonie chez Poussin. Regard qui perce l’univers, trouve le lien, le point nodal. Rembrandt l’ombre, Caravage la rage, Fragonard la volupté. Cézanne la plénitude.
(Extrait de "Le Sourire de Cézanne")
Raymond Alcovère, n & b éditions, 2007
Nicolas Poussin : "Le onzième Travaux d'Hercule"
03:10 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, littérature, Raymond Alcovère, peinture, Le sourire de Cézanne, Poussin
mercredi, 23 mai 2007
Le baiser du dragon
12:57 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, chine, Etats-Unis
Dans la campagne aixoise
Dans la campagne aixoise, ce début janvier a les couleurs d’un automne tardif. Ocelles claires des chênes verts, fauve des feuilles caduques, dans les arbres touches mélangées de jaune, ocre, vermillon, rouille, reflets ombrés, aspect frêle des feuilles sur le point de chuter, translucides et légères, puis s’effondrant en poussière. Partout la végétation, en flot inépuisable, dégorge de gigantesques vasques sur les collines, les combes et les ravines. Bientôt les arbres dessineront des pinceaux, dressant leurs nervures dans le gris du ciel. Au milieu, clairsemés, les oliviers. Lumineux et purs comme des incendies, les seuls à irradier de l’éclat quand l’horizon se couvre de gris, décharnés, noueux, rivés à la terre. Le vent se mêle aux forêts dans des vapeurs blanchâtres, traînées de gaze qui couronnent la Sainte-Victoire. Miracle, en cette saison les journées sont courtes, rares les promeneurs, lumière d’or étalée, formes étagées en volumes.
Extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, Raymond Alcovère, n & b éditions, mai 2007
Cézanne, La Montagne Sainte-Victoire vue des Lauves
06:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art, littérature, Raymond Alcovère, peinture, Le sourire de Cézanne
mardi, 22 mai 2007
Par l’expérience
"L’homme est un animal qui ne peut être endoctriné que par l’expérience. Cette loi fait que le monde existera toujours dans le désordre et dans l’ignorance car les doctes n’en forment tout au plus que la centième partie"
Casanova
18:34 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, philosophie, Casanova, Philippe Sollers
Sa conscience
Le paysage se pense en moi et je suis sa conscience
Cézanne
(Autoportrait, Musée d'Orsay)
02:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, peinture, Cézanne
lundi, 21 mai 2007
Le Magazine de Autour des Auteurs n° 2 est en ligne
22:04 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Autour des Auteurs, Magazine, Frédérique Azaïs
Nouvelles de la Révolte à la Médiathèque de Montpellier
09:06 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Nouvelles de la révolte, 1907, Autour des auteurs
dimanche, 20 mai 2007
Des pas dans la baignoire : une île-lecture
à 19 heures
une création complice entre Karin Espinosa, auteure, et Amandine Meunier, plasticienne.
Chaque pas fait son histoire. De-ci. De-là. À la dérobée.
Pour aller ailleurs. Vers Nomadistan peut-être.
S’inventer une existence. Sur d’autres pas.
Elles vont modifier l'espace de La Baignoire, elles vont vous proposer un parcours et des textes.
Une création en cours
Venez la découvrir...
Entrée: 5€
"La Baignoire" 7 rue Brueys à Montpellier quartier Gambetta, derrière le café "Dôme"
réservations et renseignements : 06 14 47 06 99
21:57 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Théââtre, La Baignoire, des pas dans la baignoire
Douloureuse
Je pardonne aisément, par la raison que je ne sais pas haïr. Il me semble que la haine est douloureuse. Montesquieu (Mes Pensées)
08:59 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Montesquieu, haine, pardon
L'Ile singulière
L’horizon se couvre, en masses spongieuses, absurdes, menaçantes. Gaétan ne comprend pas, ils sont là tous les deux, si bien ensemble et puis un abîme béant ; ces portes n’ouvriraient sur rien ? Et s’il était une marionnette entre les mains de Léonore ? Aujourd’hui, il a envie de la retenir : “ Si tu ne pars que demain, on pourrait aller à Sète, tu connais ? ” “ Non ” “ Un lieu magique, il y a des bateaux partout, la mer qui encercle la ville, on l’appelle L’Ile singulière. Peuplée par des pêcheurs, ils venaient de Salerne, sur la côte amalfitaine. Un monde à part, tout près d’ici en plus ”… L’atmosphère est fraîche. Lumière diffuse. Ils marchent jusqu’au Môle. Le monde extérieur passe lointain devant eux, comme un décor de théâtre. Le vent souffle en rafales. Ils s’assoient sur un rocher. En parlant aussi, elle a l’impression de se fondre avec lui, de s’oublier. Un calme profond se pose. La soirée s’étire, la séparation du lendemain approche à grands pas. Ils sont dans le vague, malheureux. Gaétan ne peut plus dormir. Léonore tombe de sommeil, reste à la lisière ; mélange acide de plaisir et de souffrance. Lui ne supporte plus cette chambre étouffante, veut sortir, aller jusqu’au Mont Saint-Clair. Milieu de la nuit. Là-haut, atmosphère blanche. Un épais brouillard les entoure. On ne distingue même pas la côte. Une immense croix blanche se dresse dans la brume. Ils sont troublés par la fatigue, l’étrangeté du lieu, et leur tristesse. Gaétan se dit vaguement il faut lui faire confiance, mais l’inquiétude le gagne. L’humidité transperce tout. Ils rentrent à l’hôtel, n’ont la force de rien. Une grande lassitude s’est déposée. Nuit de mauvais sommeil, incertain. Un vent âpre souffle le matin. Il la raccompagne à la gare. Ne se disent plus un mot jusqu’au départ.
Extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, Raymond Alcovère, n & b éditions, mai 2007
02:35 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Le Sourire de Cézanne, littérature, roman, Raymond Alcovère
samedi, 19 mai 2007
L'inévitable descente du ciel
Les calculs de côté, l'inévitable descente du ciel, et la visite des souvenirs et la séance des rythmes occupent la demeure, la tête et le monde de l'esprit.
Rimbaud
Photo : Gildas Pasquet
00:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, art, photo, Gildas Pasquet, Rimbaud