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vendredi, 25 mai 2007

Donnons-nous du bon Temps...

aee6e0a539b9896b48c8215396d80dae.jpgUne info en provenance du Matricule des Anges :
Chers anges,

Depuis quelques mois, il ne se passe pas une semaine sans que nous apprenions la disparition d’une revue de création littéraire ou celle d’un éditeur. Les systèmes de diffusion et de distribution, la concentration aux mains des mêmes industries de la chaîne du livre, l’incurie des médias concernant la création condamnent beaucoup à cesser leur production. S’il ne s’agit pas de faire le procès des uns ou des autres, il est devenu nécessaire, nous semble-t-il, d’opposer un refus à cet état de fait. Aujourd’hui, nous vous faisons donc parvenir un appel lancé par les éditions Le Temps qu’il fait dont nous avons souvent souligné l’excellence. Pourquoi faire suivre cet appel et non ceux lancés précédemment par d’autres éditeurs ? Parce que Le Temps qu’il fait est aussi un symbole : celui de l’indépendance, celui du soin apporté à la qualité des livres, de leur impression, de leur réalisation.

Soyons clairs : il ne s’agit pas tant de venir en aide au Temps qu’il fait en achetant leurs ouvrages que dire, par nos actes, combien nous répugne aujourd’hui la disparition de tout un pan de l’édition de création.
Alors, levons-nous plus tôt que tôt, faisons joyeusement nos heures supplémentaires pour gagner plus d’argent. Et offrons ces livres qui peu ou prou ont changé nos vies, nous ont aidé à y trouver du sens.

Bonnes lectures
Photo : Gildas Pasquet, à Londres

Tao

ee0489967abf32d14b260c0b1ff4d0b4.jpg « La tradition occidentale privilégie la parole, liée au corps, à la respiration, et s'efforce de reléguer l'écrit au rang de reflet inerte. Le  petit enfant français apprend "à lire et à écrire", à lire puis à écrire ; en Chine, le caractère est écrit, tracé avant d'être lu. Tracer le caractère est un acte qui engage tout le corps, tout le souffle de façon consciente. C'est pour cette raison que copier une belle calligraphie n'est pas cette pâle corvée que le mot évoque pour nous. Copier pour nous est quelque chose de triste, on pense aux copies que l'on a  faites jadis étant petit. Pour un chinois, copier c'est entrer dans le mouvement du corps de l'auteur, c'est retrouver le rythme de la graphie de l'auteur, et cette communication physique est aussi immédiate que celle que vous trouvez à travers la tessiture d'une voix. C'est  peut‑être une des raisons du pouvoir social de l'écriture en Chine. »

V. ALLETON : intervention, dans La Sociologie de l'art et de sa vocation interdisciplinaire Médiations  Ed. Denoël, 1976

Tao, par Shi Bo

01:37 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Tao, Chine, calligraphie, écriture

jeudi, 24 mai 2007

C'est que je me regarde diversement

« Si je parle diversement de moi, c'est que je me regarde diversement. Toutes les contrariétés s'y trouvent selon quelque tour, et en quelque façon : honteux, insolent, chaste, luxurieux, bavard, taciturne, laborieux, délicat , ingénieux , hébété , chagrin, débonnaire , menteur , véritable , savant, ignorant et libéral , et avare et prodigue. »

Montaigne

(Nouvelle édition des Essais dans la Pléiade, lire ici l'article de Philippe Sollers dans le Nouvel Obs)

Celle des grands peintres

Aujourd’hui, tout me bouleverse, me dépasse, me bouscule et se disjoint. Mais sans que j’en trouve le sens. Car peut-être il n’y en a pas. Grand silence. Plus rien ni personne ne répond. Une ombre me suit, me précède dans mes gestes, mes pensées. Je suis rattrapé, envahi, désordonné. Ton visage est un soleil, une lutte, tes yeux sont là, ils me poursuivent, au fond de ton regard cette clarté sans égale, celle des grands peintres, un sourire glissant et lumineux… Derrière cette étincelle, la surprise, pourquoi cela arrive-t-il maintenant alors que…

L'harmonie chez Poussin

1ed3ceaa1d5b7957aa98cf3342145ee1.jpgVoir c’est capter l’esprit du monde, le sensible. Peindre, saisir du regard l’ensemble, le devenir. Ce sera la vibration chez Cézanne, l’amour ingénu chez Chagall, la sensualité, sa finesse chez Titien, la compassion chez Greco, l’harmonie chez Poussin. Regard qui perce l’univers, trouve le lien, le point nodal. Rembrandt l’ombre, Caravage la rage, Fragonard la volupté. Cézanne la plénitude.

(Extrait de  "Le Sourire de Cézanne")

Raymond Alcovère, n & b éditions, 2007

Nicolas Poussin : "Le onzième Travaux d'Hercule"

mercredi, 23 mai 2007

Le baiser du dragon

Nouvelle série... américaine ? Lire ici

Dans la campagne aixoise

6c6dc844d541313fdba9ae2d28d965d6.jpgDans la campagne aixoise, ce début janvier a les couleurs d’un automne tardif. Ocelles claires des chênes verts, fauve des feuilles caduques, dans les arbres touches mélangées de jaune, ocre, vermillon, rouille, reflets ombrés, aspect frêle des feuilles sur le point de chuter, translucides et légères, puis s’effondrant en poussière. Partout la végétation, en flot inépuisable, dégorge de gigantesques vasques sur les collines, les combes et les ravines. Bientôt les arbres dessineront des pinceaux, dressant leurs nervures dans le gris du ciel. Au milieu, clairsemés, les oliviers. Lumineux et purs comme des incendies, les seuls à irradier de l’éclat quand l’horizon se couvre de gris, décharnés, noueux, rivés à la terre. Le vent se mêle aux forêts dans des vapeurs blanchâtres, traînées de gaze qui couronnent la Sainte-Victoire. Miracle, en cette saison les journées sont courtes, rares les promeneurs, lumière d’or étalée, formes étagées en volumes.

Extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, Raymond Alcovère, n & b éditions, mai 2007

Cézanne, La Montagne Sainte-Victoire vue des Lauves

mardi, 22 mai 2007

Par l’expérience

f54561e83d3a1451dc91e20cb9070770.jpg"L’homme est un animal qui ne peut être endoctriné que par l’expérience. Cette loi fait que le monde existera toujours dans le désordre et dans l’ignorance car les doctes n’en forment tout au plus que la centième partie"

Casanova

Voir cet article

Sa conscience

f82ca8ca0ef9102b201396553f2ac0dd.jpgLe paysage se pense en moi et je suis sa conscience

Cézanne

(Autoportrait, Musée d'Orsay)

02:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, peinture, Cézanne

lundi, 21 mai 2007

Le Magazine de Autour des Auteurs n° 2 est en ligne

1b228c59ed5d8e7d8c51cd650c613d59.jpgTableau de Frédérique Azaïs

Le Mag est en ligne ici

Nouvelles de la Révolte à la Médiathèque de Montpellier

Mardi 22 mai à 18 H 30 à la Médiathèque Emile Zola à Montpellier, voir ici

dimanche, 20 mai 2007

Des pas dans la baignoire : une île-lecture

Du 24 au 26 mai à la Baignoire à Montpellier

à 19 heures
une création complice entre Karin Espinosa, auteure, et Amandine Meunier, plasticienne.

Chaque pas fait son histoire. De-ci. De-là. À la dérobée.
Pour aller ailleurs. Vers Nomadistan peut-être.
S’inventer une existence. Sur d’autres pas.

Elles vont modifier l'espace de La Baignoire, elles vont vous proposer un parcours et des textes.
Une création en cours
Venez la découvrir...

Entrée: 5€

"La Baignoire" 7 rue Brueys à Montpellier quartier Gambetta, derrière le café "Dôme"
 réservations et renseignements : 06 14 47 06 99

Douloureuse

Je pardonne aisément, par la raison que je ne sais pas haïr. Il me semble que la haine est douloureuse.  Montesquieu (Mes Pensées)

08:59 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Montesquieu, haine, pardon

L'Ile singulière

L’horizon se couvre, en masses spongieuses, absurdes, menaçantes. Gaétan ne comprend pas, ils sont là tous les deux, si bien ensemble et puis un abîme béant ; ces portes n’ouvriraient sur rien ? Et s’il était une marionnette entre les mains de Léonore ? Aujourd’hui, il a envie de la retenir : “ Si tu ne pars que demain, on pourrait aller à Sète, tu connais ? ” “ Non ” “ Un lieu magique, il y a des bateaux partout, la mer qui encercle la ville, on l’appelle L’Ile singulière. Peuplée par des pêcheurs, ils venaient de Salerne, sur la côte amalfitaine. Un monde à part, tout près d’ici en plus ”… L’atmosphère est fraîche. Lumière diffuse. Ils marchent jusqu’au Môle. Le monde extérieur passe lointain devant eux, comme un décor de théâtre. Le vent souffle en rafales. Ils s’assoient sur un rocher. En parlant aussi, elle a l’impression de se fondre avec lui, de s’oublier. Un calme profond se pose. La soirée s’étire, la séparation du lendemain approche à grands pas. Ils sont dans le vague, malheureux. Gaétan ne peut plus dormir. Léonore tombe de sommeil, reste à la lisière ; mélange acide de plaisir et de souffrance. Lui ne supporte plus cette chambre étouffante, veut sortir, aller jusqu’au Mont Saint-Clair. Milieu de la nuit. Là-haut, atmosphère blanche. Un épais brouillard les entoure. On ne distingue même pas la côte. Une immense croix blanche se dresse dans la brume. Ils sont troublés par la fatigue, l’étrangeté du lieu, et leur tristesse. Gaétan se dit vaguement il faut lui faire confiance, mais l’inquiétude le gagne. L’humidité transperce tout. Ils rentrent à l’hôtel, n’ont la force de rien. Une grande lassitude s’est déposée. Nuit de mauvais sommeil, incertain. Un vent âpre souffle le matin. Il la raccompagne à la gare. Ne se disent plus un mot jusqu’au départ.

Extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, Raymond Alcovère, n & b éditions, mai 2007

samedi, 19 mai 2007

L'inévitable descente du ciel

medium_ANIMAUX_032005_46_.JPGLes calculs de côté, l'inévitable descente du ciel, et la visite des souvenirs et la séance des rythmes occupent la demeure, la tête et le monde de l'esprit.
Rimbaud

Photo : Gildas Pasquet

vendredi, 18 mai 2007

Esprit français, es-tu là ?

Le parti le plus difficile ou le plus gai est toujours celui que je prends ; et je ne me reproche pas une bonne action, pourvu qu'elle m'exerce ou m'amuse...

Baudelaire

jeudi, 17 mai 2007

Le temps...

Le temps est un enfant qui joue

Héraclite

mercredi, 16 mai 2007

En lisant Le Sourire de Cézanne

Lire ici la critique de Jean-Louis Kuffer

Le Sourire de Cézanne (vient de sortir)

medium_L56253.jpgElle se lève tôt le lendemain matin, ouvre la fenêtre. L’air, étonnamment doux, palpite au-dessus des toits. L’ombre est grise encore. Une trouée dans le ciel orgeat, derrière Saint-Sauveur, plus ocre et violente au fil des minutes. Des vols de moineaux décrochent des toits avant de plonger dans les rues vides. Sa vie commence. Elle a dix-huit ans, mais avec le calme en plus. Elle ira posément dans la direction fixée, une certaine forme de doute n’a plus sa place. Gaétan dort tranquillement. Ses affaires, posées sur une chaise, sont animées d’une vie propre. Elle déborde d’un amour absolu envers lui, un amour qui ne remet pas en cause sa liberté. Le plus improbable est arrivé, il en est ainsi depuis les origines de l’univers. La même sorte de probabilité qu’un Cézanne existe.

medium_034.jpgLéonore a quarante ans ; au moment où tout semblait l’abandonner, elle rencontre Gaétan, vingt ans. Le père de Léonore, atteint par la maladie d’Alzheimer, vit ses derniers instants. Léonore, qui a pris une année sabbatique, écrit un livre sur la peinture, sur le regard des peintres ; elle parcourt l’œuvre de Piero della Francesca, Poussin, Miro, Zao Wou Ki ; au fur et à mesure, Cézanne y prend une place centrale. Le Sourire de Cézanne, c’est celui du peintre, à la fin de sa vie, devant son tableau «Les grandes baigneuses ». Et aussi le sourire qu’adresse son père à Léonore, avant de mourir. Cézanne a passé sa vie à fuir les contraintes sociales de son époque pour peindre, envers et contre tout. Les deux personnages du roman, eux, entre Aix-en-Provence et Montpellier, vont aller à la recherche d’eux-mêmes, jusqu’au bout de leur passion…

Roman  mai 2007, éditions n& b 108 p – 13 €

Photo de couverture : Jean-Luc Aribaud

mardi, 15 mai 2007

Chroniques d'une élection (70)

Sarkozy a-t-il construit sa mythologie en regardant TF1 ? Ou bien est-ce TF1 qui, en vingt ans, a préparé le public à l'avènement de Sarkozy ? Insoluble question de l'oeuf et de la poule. Peu importe. Le spectacle est désormais à l'Elysée, comme le pouvoir était à la télé. Les deux lieux se confondent, et sont interchangeables.