vendredi, 24 octobre 2008
Les derniers mots de Fernando Pessoa
"Donnez-moi mes lunettes" ; Il était très myope et voulait entrer dans l'autre monde avec ses lunettes.
Antonio Tabucchi, Nocturne indien
Photo de Jean-Luc Aribaud
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jeudi, 13 mars 2008
L'extraordinaire du roman
"L'extraordinaire du roman, c'est que pour comprendre le réel objectif, il invente d'inventer. Ce qui est menti dans le roman libère l'écrivain, lui permet de montrer le réel dans sa nudité. Ce qui est menti dans le roman est l'ombre sans quoi vous ne verriez pas la lumière. Ce qui est menti dans le roman sert de substratum à la vérité. On ne se passera jamais du roman, pour cette raison que la vérité fera toujours peur, et que le mensonge romanesque est le seul moyen de tourner l'épouvante des ignorantins dans le domaine propre au romancier. Le roman, c'est la clef des chambres interdites de notre maison."
Aragon
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samedi, 22 décembre 2007
Nocturnes 5.0
72 pages
30 photographies
80 poèmes
de Jean-Luc Aribaud
Zorba Editions, 16 rue de l'Egalité, 31 140 Saint-Alban
Prix : 15 euros
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dimanche, 25 novembre 2007
Plaisir âcre, puissant, paisible
Une semaine plus tard, la chair de Léonore bien présente, chez lui. Le feu crépite dans la cheminée. Gaétan contemple son corps endormi pigmenté de rouge par les reflets incandescents. Son regard est si intense, scrutateur, gourmand, qu’il craint de la réveiller. Elle est sublime, dos nu jusqu’aux reins, on devine l’arrondi des hanches. La dénuder complètement, il en a furieusement envie. Il dévoile les fesses, les cuisses. Clarté rougeoyante. Pas un pouce de son corps qu’il ne vénère. Le monde s’arrête d’être multiple, il s’est envolé, résumé en elle, sa chair. Il n’aime rien tant chez les femmes que l’effet du repos sur le visage, le relâchement, cette grâce dans l’abandon. La sensualité, visible, palpable, dans le granulé de la peau, les lignes du geste inachevé, la respiration du sommeil. Certaines femmes laissent flotter cette ondulation en permanence autour d’elles, à la lisière. Alors, la rudesse du monde s’estompe. Il éprouve de la fierté à la contempler dans son lit, avec le sentiment du devoir accompli. Plaisir âcre, puissant, paisible.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Sourire de Cézanne", 2007, éditions n & b
Photo : Jean-Luc Aribaud
20:57 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Raymond Alcovère, Le Sourire de Cézanne, Jean-Luc Aribaud
mardi, 17 avril 2007
Une sorte de point aveugle de notre existence
Voilà Raphaëlle, tu es à Florence, avec des gens, à un concert où je vais interpréter les plus belles mélodies pour toi. Où es-tu exactement ? Ici ? Ailleurs ? Nulle part. En toi ? Même pas. De toute façon, je vais t’emmener encore plus loin. Sais-tu qu’il y a un lieu tout proche auquel nous n’accédons jamais ? Une sorte de point aveugle de notre existence, vois-tu ? Il nous habite, nous n’y pouvons rien, c’est ainsi, nous lui appartenons, c’est notre bulle, et pourtant, faibles, nous nous tenons au dehors, le plus souvent.
Jean-Jacques Marimbert, Raphaëlle, éd du Ricochet, 2000
Photo : Jean-Luc Aribaud
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lundi, 16 avril 2007
A Florence...
A Florence, on étouffe toujours un peu, c’est écrasant à force, on baigne dans le liquide épais de l’imagination (…) Elle se sent protégée par l’histoire qui émane des palais, des fenêtres à lamelles, du ciel bleu lui-même qui glisse sur l’Arno en un reflet couleur terre.
Jean-Jacques Marimbert, Raphaëlle, éd du Ricochet, 2000
Photo : Jean-Luc Aribaud
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vendredi, 16 mars 2007
Ou des soupes à Warhol ?
Les grands soirs falsifiés de fond en comble :
foules, cocardes, guillotines et neiges en boîte,
greffes de révolution sur des mains
fouillant le visible, les stocks dans les vitrines obscènes.
Comment... Comment jugerez-vous
octobre juillet et tout le recyclé de l'histoire,
l'événement vendu comme de l'antiride
ou des soupes à Warhol ?
Jean-Luc Aribaud, Prophéties, Le Castor Astral, 2006
19:45 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, Jean-Luc Aribaud, Prophéties
dimanche, 11 mars 2007
Nous savons de quel côté regarder
Un oiseau bleu s'envole vers l'est, entre les mains tendues de cette terre gelée dont la poussière des routes s'effrite sous les yeux de ceux que les sommeils quittèrent. Les femmes brusquement raccrochent leurs tabliers, lancent leurs coeurs à sucer à des enfants plus pâles que des pierres de lune. Les herbes libres des champs et les statues de marbre, content à l'abîme le plaisir inoubliable d'être peigné par la lumière et le vent. Les animaux les plus puissants s'assoupissent lentement comme des jeunes filles à l'ombre des légendes, avec sous leurs pattes repliées le pourquoi et le comment des tristes dimanches. Du plus lointain de la mer, nous parvient cet étrange bouquet de musique, ce goût de plume rare et d'encre surchauffée où infuse l'effroyable prophétie.
Nous savons de quel côté regarder.
Jean-Luc Aribaud. Les mondes illimités. L'arrière-Pays, 1998
Tableau de Frédérique Azaïs
04:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, poésie, Jean-Luc Aribaud, Frédérique Azaïs, Les mondes illimités
samedi, 10 mars 2007
Le passage des enfances
Nous ressemblons à présent à ces hautes demeures, dont les murs ficelés de lierre se dépêchent de vieillir, comme pour mieux cerner le passage des enfances.
Jean-Luc Aribaud. Les mondes illimités. L'arrière-Pays, 1998
Tableau de Frédérique Azaïs
09:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, peinture, poésie, Jean-Luc Aribaud, Frédérique Azaïs
samedi, 20 janvier 2007
Comme les autres tu croiras à ce corps recomposé
Comme les autres tu croiras
à ce corps recomposé :
nouvelle perspective,
avenue de l'Europe ouverte
sur le chant infini des astres...
Et ta langue toujours
qui ne saura profaner ses propres tombes...
Bayreuth, Sarajevo, vitrines
illuminées d'amandiers en fleur,
et dans les égouts intraitables
des vérités noires pleines de récidives...
Mais tu croiras - et quelle que soit
l'heure des horloges -
en ces géographies extensibles,
ces princes couronnés de walkman,
ces palais hérissés de migraines...
Nouveaux corps et nouveaux territoires,
cela t'éblouira :
en piste et floqué d'incurables formules,
ce qui de toi effleure l'aile des albatros
tu ne le connaîtras jamais
Jean-Luc Aribaud, Prophéties, Le Castor Astral, 2006
09:54 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, Jean-Luc Aribaud, Prophéties
mercredi, 17 janvier 2007
Carnets indiens, avec Nina Houzel (9)
Ce qui de toi effleure l'aile des albatros
tu ne le connaîtras jamais
Jean-Luc Aribaud
Photo : Nina Houzel
06:12 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, art, Carnets de voyage, Jean-Luc Aribaud, photo, Inde, Nina Houzel
Un jour, après quarante cocktails...
Un jour, après quarante cocktails
rouges comme l'enfer,
une voix d'hier coulera dans tes veines :
"Que sont mes amis devenus,
les druides du poème,
les Magellan de la langue ?
Où vivent désormais ceux des peupliers sombres,
ceux des heures illuminées
à chercher la jonquille de la sainteté ?
Y a-t-il toujours à la verticale des bouches
cette nervure du silence,
ce rien pour nous appeler à naître ?"
Mais tu monteras le son, toujours plus,
et des slows en chemise noire
brouilleront tes ondes de pucelle.
Jean-Luc Aribaud, extrait de "Prophéties", Le Castor Astral, 2006
01:40 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, Jean-Luc Aribaud, Prophéties
vendredi, 05 janvier 2007
L’édition étant, pour mon cas, une forme particulière de création
"Et c’est bien parce que j’écris moi-même (avec des mots ou la lumière), que je suis venu à l’édition: je désirais œuvrer pour d’autres et je ne comprends toujours pas pourquoi tous les artistes vivants sur cette planète n’ont pas une démarche similaire. Il y a donc, au bout du compte, peu de heurt, entre les joies et les peines de l’édition et – c’est bien le mot juste – la tyrannie de l’écriture. Je vois là, plutôt, une continuité, et j’évoquerais volontiers une existence unifiée, l’édition étant, pour mon cas, une forme particulière de création: œuvrer pour que d’autres écritures émergent, qui pour une multitude de raisons, ne verront jamais le jour entre mes mains..."
A lire ici, sur le blog de Dominique Autié, une interview de Jean-Luc Aribaud, poète, photographe et éditeur. De quelques considérations sur l'édition, la poésie et internet...
13:06 Publié dans Edition | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, art, photo, édition, Jean-Luc Aribaud