dimanche, 25 novembre 2007
Plaisir âcre, puissant, paisible
Une semaine plus tard, la chair de Léonore bien présente, chez lui. Le feu crépite dans la cheminée. Gaétan contemple son corps endormi pigmenté de rouge par les reflets incandescents. Son regard est si intense, scrutateur, gourmand, qu’il craint de la réveiller. Elle est sublime, dos nu jusqu’aux reins, on devine l’arrondi des hanches. La dénuder complètement, il en a furieusement envie. Il dévoile les fesses, les cuisses. Clarté rougeoyante. Pas un pouce de son corps qu’il ne vénère. Le monde s’arrête d’être multiple, il s’est envolé, résumé en elle, sa chair. Il n’aime rien tant chez les femmes que l’effet du repos sur le visage, le relâchement, cette grâce dans l’abandon. La sensualité, visible, palpable, dans le granulé de la peau, les lignes du geste inachevé, la respiration du sommeil. Certaines femmes laissent flotter cette ondulation en permanence autour d’elles, à la lisière. Alors, la rudesse du monde s’estompe. Il éprouve de la fierté à la contempler dans son lit, avec le sentiment du devoir accompli. Plaisir âcre, puissant, paisible.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Sourire de Cézanne", 2007, éditions n & b
Photo : Jean-Luc Aribaud
20:57 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Raymond Alcovère, Le Sourire de Cézanne, Jean-Luc Aribaud
Commentaires
Je l'ai déjà lu dans le livre mais, un peu comme une perle ramassée d'un collier qui vient de se casser et que l'on recueille et contemple, j'aime lire un extrait. Je t'embrasse.
Écrit par : ariaga | vendredi, 30 novembre 2007
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