vendredi, 10 novembre 2006
Raphaëlle
Voilà Raphaëlle, tu es à Florence, avec des gens, à un concert où je vais interpréter les plus belles mélodies pour toi. Où es-tu exactement ? Ici ? Ailleurs ? Nulle part. En toi ? Même pas. De toute façon, je vais t’emmener encore plus loin. Sais-tu qu’il y a un lieu tout proche auquel nous n’accédons jamais ? Une sorte de point aveugle de notre existence, vois-tu ? Il nous habite, nous n’y pouvons rien, c’est ainsi, nous lui appartenons, c’est notre bulle, et pourtant, faibles, nous nous tenons au dehors, le plus souvent. C’est ce point aveugle de l’existence que va poursuivre Raphaëlle. Une course éperdue. Elle a quitté sa ville, son compagnon, pour Nice, ville solaire. Au moment de rentrer, sur le quai de la gare, elle prend l’autre train, celui qui part vers l’Italie. Début du voyage.
L’écriture est vive, alerte, prise dans son propre mouvement, les dialogues sont incorporés au texte, ils ne s’en démarquent pas. Ce texte c’est une seule pâte, et cette pâte c’est la chair du monde. On court mais on s’attarde aussi. Sur les couleurs, la lumière, les saveurs, les textures. L’action, les personnages sont racontés, décrits par ce qui les environne. Les émotions, sentiments, pensées deviennent chair. C’est cette présence qui rend la lecture si fluide et si vivante. Pas de différence entre l’intérieur et l’extérieur. L’attention du personnage éclaire et donne vie à ce qui l’entoure. Aussi l’univers est sans cesse en mouvement, coloré, sensuel, vibrant. L’écriture y puise son rythme, sa force propre. Comme en peinture, chez Chardin ou Manet par exemple, où l’expression “ nature morte ” est totalement dénuée de sens. Je me rappelle avoir lu quelque part que si nous pouvions voir la réalité telle qu’elle est, nous serions tous des artistes, et nous verrions des tableaux, des sculptures que la vie façonne dans la nature, sans voile. Et puis il y a Florence, un rêve de ville plutôt : A Florence, on étouffe toujours un peu, c’est écrasant à force, on baigne dans le liquide épais de l’imagination. Et bien sûr, en filigrane, Dante et La Divina Comedia. Et même si Raphaëlle dérive : Tu provoques le vide pour le remplir, car dans le vide on meurt, Raphaëlle, on n’a rien à quoi s’accrocher. Alors il faut bien saisir ce qui nous entraîne au fond comme la seule chose à aimer, n’est-ce pas ?, si elle oscille toujours entre l’errance et la rencontre, la solitude et l’amour, le tragique et le solaire, la passion la traverse toujours. Mais la vraie passion commence par tout détruire, âmes, corps, elle ronge tout, c’est le prix à payer pour voir le ciel et voler ! Passion pour le théâtre enfin. Raphaëlle est habitée par Antigone de Sophocle et par Yasmina, une amie comédienne : algérienne, elle revient de l’enfer. Résister, toujours résister, voilà la vie, et le monde vit parce qu’il nous résiste et que nous lui résistons.
Jean-Jacques Marimbert, Raphaëlle, Editions du Ricochet, 140p.
Article paru dans la revue Sol'Air n° 21, juin 2001
00:05 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, critique, Raphaëlle, Jean-Jacques Marimbert
jeudi, 09 novembre 2006
La double vie des écrivains
En débat à 18 H 30 ce soir à la salle Pétrarque à Montpellier autour du livre de Bernard Lahire : La double vie des écrivains. En raison des grèves SNCF, l'auteur ne sera pas présent. La présentation sera faite par Michel Crespy, avec Joëlle Wintrebert, Francis Zamponi, Lilian Bathelot et l'association Autour des auteurs.
11:15 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Lahire, la double vie des écrivains, débat, littérature
Ailleurs
"Il est possible que des objets sans importance résistent à l'attraction désastre... bien longtemps après nous.
J'ai commencé à accélérer. Mes battements de coeur surtout, puis mon allure en marchant. Une personne attentive aurait pensé à la bande image qu'on rembobine à toute vitesse. Mais j'étais dans le film, je ne discernais plus les contours ni les limites.
Au bureau, la clim était mal réglée. Une équipe du service technique commençait à démonter le mécanisme. J'ai dit "bonjour" comme j'aurais murmuré "ailleurs". Personne n'a remarqué les yeux rouges ni perçu la voix fissurée... et l'accélération.
Le soir j'ai bouclé ma valise avec mon coeur dedans. Le voyage m'a rappelé la morsure des moments sans importance. Au-dehors les vivants s'estompaient tels des trains fous qui ne s'arrêtent dans aucune gare. J'étais un rail, des champs, la lumière qui couvre les bancs, là-bas, j'étais mille kilomètres qui fonçaient dans l'azur sans assurance vie et... Tellement. J'étais tellement.
C'était ma nature.
Mon premier pas ailleurs a fait taire le voyage. D'un seul coup. Le soir m'a prise dans un café du cinquième, rue des Ecoles, pendant que j'avalais un second coca light. J'ai dévisagé mon reflet dans le miroir qui me faisait face. C'est alors qu'un souvenir a commencé à s'agiter autour de moi. Un collier de chien en cuir usé a glissé de mon sac ouvert. Alors, quelque part sur la terre un barrage a cédé. Un train a déraillé, une enfant a rêvé d'un chien qui gardait ses nuits, ses jours et la douceur contr'elle."
Photo : Michèle Fuxa
00:30 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Mireille Disdero, littérature, photo, Michèle Fuxa
mercredi, 08 novembre 2006
Le catalan universel
Les tableaux de Miro sont des symphonies, des hymnes à la vie. Ciel bleu, céruléen, nuages rouges. Il se voulait catalan universel. Miro, étonnant de simplicité, de clairvoyance, avouant que les mots n’étaient pas sa spécialité. Pourtant : Les choses suivent leur cours naturel. Elles poussent, elles mûrissent. Il faut greffer. Il faut irriguer, comme pour la salade. Ca mûrit dans mon esprit. Aussi je travaille toujours énormément de choses à la fois. Et même dans des domaines différents : peinture, gravure, lithographie, sculpture, céramique. Avec cette idée, de l’impression globale du tableau, qui revient. Pour moi, un tableau doit être comme des étincelles. Il faut qu’il éblouisse comme la beauté d’une femme ou d’un poème. Qu’il ait un rayonnement... Plus que le tableau lui-même, ce qui compte, c’est ce qu’il jette en l’air, ce qu’il répand. Miro, magicien, avec son désir d’être au plus près de la vie, des objets de tous les jours, ramenant de ses promenades sur la plage de Majorque des bouts de bois, de ficelle. Il voulait un art populaire et l’avait trouvé finalement. Partout du rouge, du bleu, de l’indigo, du jaune, la passion, voilà le catalan universel.
Extrait du roman : "Le sourire de Cézanne", à paraître mai 2007, éditions N & B21:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, art, peinture, Miro, Le sourire de Cézanne
Naissance
J'avale la nuit dans un café
Ma tasse résonne de ton éclat
Je sais brûler à corps absent
Remonter
Flamme, le courant
Mais
Des siècles à être toi
À me pencher
A te parler dans un reflet
Et
Foule en place de l'Étoile
Juste à l'endroit du cœur
Touchée
Attablée à ta vie
La nuit
Je te bois dans mon café
Puis
Je rentre
Ici ou nulle part
Mon sommeil dans ta poche
Au fond des caniveaux, le soleil
La pluie des yeux
Nos papiers froissés
Je voudrais ne jamais avoir pleuré
Ne jamais avoir parlé
Etre à naître de nouveau
Juste un bébé
Prendre la vie du début
Et
A corps présent
Te trouver.
Rodin, La Danaïde
00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, Mireille Disdero, Rodin
mardi, 07 novembre 2006
Une horloge où toutes les heures sont égales
« La désorientation est constante, ponctuelle, courbée, systématique, mais n’engendre aucun désordre, au contraire. L’espace est simplement doublé et organisé en reflet, comme un échiquier. Les canaux, les piquets, les ruelles, les quais, les bateaux, les places, les ponts, les puits, le dallage même, orchestrent cette mise en scène géométrique. Le temps, lui, ne peut être, à chaque instant, que vertical, étagé, feuilleté, poudroyant, ouvert. Venise est un entrelacement de chemins qui ne mènent nulle part et qui se suffisent à eux-mêmes ; une horloge où toutes les heures sont égales »
Philippe Sollers, Eloge de l’infini
Photo : Gildas Pasquet
21:45 Publié dans Venise | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Venise, Philippe Sollers, Gildas Pasquet, littérature, photo
Sans doute !
Amusant que l’expression « sans doute » signifie qu’il en existe tout de même un !
16:55 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : doute, papillote
Une perle baroque dans la brume plombagine
Je ne souffle mot. Je regarde par la fenêtre Venise. Venise. Reflets insolites dans l'eau de la lagune. Micassures et reflets glissants dans les vitrines et sur le parquet en mosaïque de la bibliothèque Saint-Marc. Le soleil est comme une perle baroque dans la brume plombagine qui se lève derrière les façades des palais du front de l'eau et annonce du mauvais temps au large, crachin, pluies, vents et tempête. Je ne souffle mot. A la place du vaporetto qui passe devant la Dogana di Mari, appareille une tartane. C'est le 11 novembre 1653...
Blaise Cendrars, Bourlinguer.
Photos de Gildas Pasquet
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, photo, Cendrars, Gildas Pasquet, Venise
lundi, 06 novembre 2006
De l'ombre à la lumière
Venise 2006, photo de Gildas Pasquet
23:26 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photo, Venise, Gildas Pasquet
Venise 2006
Photo : Gildas Pasquet
18:32 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : photo, Gildas Pasquet, Venise
J'aimais bien sa nonchalance
Les chroniques de Bernard Frank dans le Nouvel Obs, c'était la certitude d'une page bien écrite, un peu hors du temps, et ce mélange de nonchalance et de vivacité, de distance et de savoir-faire qu'il réussissait si bien, il y avait aussi ses références constantes à Stendhal, Proust, etc. Une manière d'élégance...
13:05 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, critique, Bernard Frank
Agir à la façon de la Nature
"Ce qui me semble à moi le plus haut dans l'Art (et le plus difficile), ce n'est ni de faire rire, ni de faire pleurer, ni de vous mettre en rut ou en fureur, mais d'agir à la façon de la Nature." : Gustave Flaubert ; cité par Simon Leys : "Poésie et peinture, Aspects de l'esthétique chinoise classique" in Essais sur la Chine, collection Bouquins. Leys cite aussi Picasso qui a écrit presque la même chose : "Il ne s'agit pas d'imiter la nature, mais de travailler comme elle."
Tableau de Frédérique Azaïs
01:20 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, littérature, Picasso, Simon Leys, Frédérique Azaïs, Chine
dimanche, 05 novembre 2006
Cette lumière est divine
"L’être ouvert - à la mort, au supplice, à la joie - sans réserve, l’être ouvert et mourant, douloureux et heureux, paraît déjà dans sa lumière voilée : cette lumière est divine. Et le cri que, la bouche tordue, cet être tord peut-être mais profère est un immense alléluia, perdu dans le silence sans fin."
Georges Bataille
Frédérique Azaïs : "Tous les matins du monde"
19:38 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, Frédérique Azaïs, Georges Bataille
Une expression bouffonne et égarée au possible
"Enfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus étincelle d'or de la lumière nature. De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible."
Rimbaud
Pollock
05:04 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, art, poésie, Rimbaud, Pollock
samedi, 04 novembre 2006
La Belle Équipe en ciné permanent
Vous l'avez compris, ce n'est pas dans nos habitudes, chez Brunetti, de cabotiner ainsi quand depuis des lustres s'est établie entre nous une sorte de hiérarchie toute de tacite et discrète connivence dont les rouages aussi bien huilés qu'une série de tournées au quatre-vingt-et-un font tourniquer notre planète comme sur des roulettes. C'est la treizième tribu notre troquet, La Belle Équipe en ciné permanent ; un profane fait tinter le drelin-drelin de la porte vitrée et vient poser coude au comptoir, il doit aussitôt se mesurer à cent mille paires d'yeux qui par en dessous les sourcils froncés en moins de rien le jaugent. Qu'il affiche une suffisance déplacée, use de ce ton sec que les petits Marius seuls savent prendre entre eux et sa liquette n'aura le temps de s'imprégner des douces effluves de fritons grésillant dans l'huile bouillante ; la messe est dite, on ne le reverra guère. Mais si, pas tartufe pour deux thunes, il veut bien se montrer tel qu'en lui-même, avec ses coquards au coeur, ses illusions au fil du caniveau toutes en allées - comme souvent et comme tant d'autres ici -, s'il apostrophe et questionne à la cantonade pour se donner une contenance et par pudeur masquer sous la plaisanterie quelque chagrin ou le poids de la solitude qui le tourmente alors, que cela lui chante et qu'il y trouve son compte, il se peut bien qu'il devienne tantôt des nôtres. Brunetti, voyez-vous, c'est un de ces bistrots qui parvient quand même à faire tenir debout ensemble un certain nombre de vies.
Pierre Autin-Grenier, extrait de Friterie-Bar Brunetti, Gallimard, col l'Arpenteur, 2005
Soutine, Jour de vent à Auxerre (1939)
21:42 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, Pierre Autin-Grenier, Soutine
vendredi, 03 novembre 2006
Un ogre dans la ville
Marseille est une ville sublime, étonnante. Onirique même. Au contraire de l'idée de ceux qui ne la connaissent que de loin, la ville qui vit naître Artaud et mourir Rimbaud est pleine de mystères, d'étrangeté. Cendrars en a parlé magnifiquement dans "L'homme foudroyé" : "Marseille, presque aussi ancienne que Rome, ne possède aucun monument. Tout est rentré sous terre, tout est secret." Mireille Disdero nous plonge dans une autre ville encore, loin de tous les clichés, tour à tour solaire et terrifiante. L'orage approchait, dans les aigus. L'orage ici c'est l'ogre. Il s'appelle Angelo. Il harcèle la narratrice, veut la dévorer, lui dévorer sa vie. Il est son double en quelque sorte. Tour à tour Marie et Angelo évoquent chacune des faces de l’histoire, la médaille et son envers. Cet ogre est un monstre affectueux et dangereux. Quelque chose bouge et se lève tout autour. Respiration haletante de fantômes sans au-delà des vies. Larmes rouges du tatoueur pour un amour de peau. Bruit des existences loin, autour, dans les rues. Battements d’ailes noires des secondes qui nous escortent. La ville s’éveille, grandit de ses tentatives sans apaisement. J’ai toujours peur.C’est une ville souvent crépusculaire, venteuse, presque vide (une atmosphère à la De Chirico) qui déroule ses méandres. Et si c’est à un suspens haletant que nous convie Mireille Disdero, rythmé par les encres de Catherine Carruggi, le vrai fil conducteur du roman c’est la poésie : Je m’allonge sur la pierre chaude, les yeux vers le ciel. J’écoute les vagues se jeter contre l’île. Shhhhhhhhuuuuuuuu… Des mouettes tournoient au-dessus de moi pour m’inviter au voyage. La lumière est presque palpable. Je la sens me toucher, m’aimer. Je suis bien. Aujourd’hui, il n’y a personne, pas un seul touriste. J’aime cet endroit. Je pense à la première fois que je suis arrivée à Marseille avec mes parents. On devait atterrir à Marignane mais l’avion est venu faire un demi-tour au-dessus de Marseille et du Frioul, en fin d’après-midi. L’ombre des ailes frôlait les vagues. Ce jour-là, j’ai été heureuse d’avoir des yeux capables de découvrir cette ville adossée à la mer. Je garde encore la marque de sa beauté, même des années après, en traversant ses quartiers aux murailles écorchées. J’aime Marseille, je l’ai dans les yeux, comme une couleur.
19:21 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, ogre, poésie, Mireille Disdero, critique
À cet accès soudain de calme
À quoi reconnaît-on ce que l'on aime. À cet accès soudain de calme, à ce coup porté au coeur et à l'hémorragie qui s'ensuit - une hémorragie de silence dans la parole. Ce que l'on aime n'a pas de nom. Cela s'approche de nous et pose sa main sur notre épaule avant que nous ayons trouvé un mot pour l'arrêter, pour le nommer, pour l'arrêter en le nommant.
(Une petite robe de fête, Christian Bobin)
Photo : Sabine Weiss
00:05 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, Christian Bobin
jeudi, 02 novembre 2006
Fil
Il y a ce fil
Où s’accrochent les plumes
Fil aux facettes miroitantes
La couleur jette des flaques
Sur d’invisibles murs
Et les ballerines dansent
Au vertige
Nénuphar issu des limbes
Le cœur en offrande
Tendre comme une chair de figue
Aux ailes
Cède la nuque
Une mèche glisse
Valérie Canat de Chizy
Andrea Mantegna
00:35 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, Valérie Canat de Chizy, Mantegna
mercredi, 01 novembre 2006
Emploi du temps
« je me couche à six heures du soir ou à sept heures comme les poules ; on me réveille à une heure du matin et je travaille jusqu’à huit heures ; à huit heures, je dors encore une heure et demie ; puis je prends quelque chose de peu substantiel, une tasse de café pur et je m’attelle à mon fiacre jusqu’à quatre heures ; je reçois, je prends un bain, ou je sors, et après dîner, je me couche »
Balzac
Balzac par Rodin
02:23 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, sculpture, Balzac, Rodin
mardi, 31 octobre 2006
Qu’est-ce donc que la vie ordinaire
« Ma vie est semblable à l’enfant tumultueux de retour à la maison, gagné par l’ardeur d’un jeu au dehors : elle me quitte très souvent, elle me revient de loin en loin, encombrée par une émotion que les premiers mots apaisent. Je n’écris que très peu, et ce peu est encore trop, en regard des quelques instants qui éclairent le chemin où je vais : il y a très peu d’événements dans une vie. Parfois il n’y a que l’événement de son désastre, de son lent engloutissement dans le désastre quotidien. Ainsi perd-on toutes forces, dans l’impur mélange des jours. Qu’est-ce donc que la vie ordinaire, celle où nous sommes sans y être ? C’est une langue sans désir, un temps sans merveille. C’est une chose douce comme un mensonge. »
Christian Bobin, Le huitième jour de la semaine.
Modigliani
21:45 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, Christian Bobin, Modigliani