samedi, 25 novembre 2006
Berthe Morisot
"Je n'aime que la nouveauté extrême ou des choses du passé".
Berthe Morisot
04:00 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, peinture, Berthe Morisot
Le monde n'est pas si réel
Bergame (Italie) ; parking souterrain d'Orio Center
03:10 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Photo, Gildas Pasquet, art
vendredi, 24 novembre 2006
Le salon des petites choses
16:15 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, exposition, Présence des arts
Accuser toute la mer
« L’odeur d’un coquillage putréfié suffit pour accuser toute la mer. »
Jules Renard
15:29 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, Jules Renard, coquillage
Le passager clandestin
L’homme disparaîtra, lui le passager clandestin, l’invité de la dernière heure. Il s’en ira sur la pointe des pieds après avoir coloré d’un peu de poésie l’or du temps.
Extrait de "L'or du temps" (Raymond Alcovère, 2002) Photo de Gildas Pasquet
02:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, photo, Gildas Pasquet
jeudi, 23 novembre 2006
Ton dévoué...
Jacques Lull, l’écrivain célèbre, loue chaque année un chalet dans le Jura suisse, seul, isolé, afin de travailler en paix. C’est une région plutôt désertée des touristes, surtout au début décembre. Il descend seulement à la ville une fois par semaine pour faire des courses.
Au moment de rentrer ce jour-là, il rencontre un employé des postes. Un courrier d’Amérique du Sud vient d’arriver pour lui. Sur le chemin du bureau, il entre dans une boutique, croise des connaissances, s’arrête boire un verre. Au bout du compte, il quitte la petite ville une heure plus tard que prévu.
Les premiers flocons de neige apparaissent alors qu’il prend la route. Il n’y a pas grand risque, son chalet n’est qu’à une douzaine de kilomètres. Pourtant le temps change vite en cette saison, les flocons s’épaississent, une bourrasque se lève. En quelques minutes c’est une tempête de neige, bientôt un véritable blizzard.
Dans un des derniers virages avant le chalet, la voiture dérape, fait un tête à queue et plonge dans le vide. Le lendemain, on découvre son cadavre et dans ses affaires, cette lettre :
Cher Jacques, Tu dois être étonné de recevoir aujourd’hui de mes nouvelles après tant d’années de silence et mon brusque départ il y a sept ans. Je pense, qu’après avoir lu cette lettre, tu en comprendras mieux les raisons.
Tu n’as pas oublié, j’en suis sûr, “ nos jeunes années ”. On écrivait tous les deux, surtout des contes fantastiques, c’était notre passion. Ton écriture a évolué, tu as connu le succès, je t’en félicite.
Quant à moi, il en a été tout autrement. J’ai été, tu t’en souviens, accablé de malheurs. Hélène que j’aimais, a disparu. J’ai perdu de nombreux amis. Ennuis matériels et revers de fortune se sont succédé, jusqu’à ce jour – quel terrible jour, je me demande encore comment j’y ai survécu – où j’ai compris que toutes ces catastrophes étaient écrites à l’avance dans mes propres contes. J’avais donc sans le vouloir le pouvoir d’anticiper les événements, de les prévoir, alors qu’en laissant aller mon imagination, je croyais seulement écrire des fictions. Or c’était à mes dépens ou à ceux de mes proches.
J’ai longuement réfléchi, tourné le problème dans tous les sens, et pris une décision, ou plutôt deux pour faire cesser cet enchaînement implacable. D’abord brûler tous mes écrits et ne plus jamais écrire une seule ligne. Ensuite – je ne sais pas laquelle des deux résolutions a été la plus difficile à prendre, voilà sans doute pourquoi j’ai pris les deux en même temps – partir sans laisser d’adresse, changer complètement de vie, ne plus jamais revoir mon entourage. C’était terrible, mais je ne pouvais plus supporter de semer la mort et les catastrophes autour de moi.
J’ai donc refait ma vie, comme on dit, loin d’ici. Ce fut très difficile au début comme tu peux l’imaginer, puis un jour chassant l’autre… Aujourd’hui je ne me plains pas, je crois avoir trouvé un nouvel équilibre, et puis surtout le remède a été efficace, plus rien ne m’est arrivé, en tout cas que je n’ai anticipé dans mes contes. Ainsi peu à peu, j’ai repris confiance dans l’existence. Même si plus d’une fois, l’envie m’en a pris, j’ai tenu bon, et n’ai plus rien écrit depuis mon départ de France. On n’est jamais trop prudent.
Il m’arrive aujourd’hui de trouver tout cela ridicule, de me demander si ce n’est pas un mauvais rêve. Pourtant, peut-être ne l’as-tu pas oublié, mon imagination était foisonnante à l’époque. Je me demande où j’allais chercher tout ça ! Comme ce conte où j’imaginais les destins croisés de deux amis écrivains. L’un connaissait le succès, l’autre pas. Ce dernier, inconsciemment, provoquait par une série de hasards la mort de l’autre. Où va se nicher l’imagination ?
Ce passé est révolu maintenant, j’ai fait une croix dessus, et c’est bien sûr un grand soulagement. Voilà pourquoi je me suis permis de reprendre contact avec toi. J’espère que cette lettre te trouvera en bonne santé et que nous aurons l’occasion peut-être de nous revoir un jour prochain, si tu le souhaites bien sûr…
Ton dévoué
Raymond Alcovère, nouvelle parue dans la revue L'encrier n°46, juin 1995
Orozco, la DS, 1993
09:10 Publié dans Nouvelle | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, art, nouvelle, Orozco
Les ailes du désir
Tout a été dit et il reste des mots encore. Tout a été dit et le clair-obscur se recompose. Le feu est à la terre ce que la nuit est au ciel, cet instant ayant été. Pour toujours.
Perche appressando se al suo disire
Nostro intelleto si profonda tanto
Che dietro la memoria non puo ire.
La vie n’est qu’une incarnation passagère, un instant de lumière. L’écriture frôle les ailes du désir.
Extrait de "Une cathédrale de songes" (Raymond Alcovère, 2002) Photo de Gildas Pasquet
02:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, poésie
mercredi, 22 novembre 2006
Les ruines m’en suffiraient
« J’ai bâti de si beaux châteaux que les ruines m’en suffiraient. »
Jules Renard
09:45 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, Jules Renard, photo, Gildas Pasquet
mardi, 21 novembre 2006
Intraduisible
Mallarmé, intraduisible, même en français.
Jules Renard, Journal (1er mars 1898)
21:45 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature, Mallarmé, Jules Renard
Le paysan médecin
Occi'zen et la troupe La Renaissance du Vieux Montpellier offrent un spectacle de théâtre aux enfants hospitalisés...
c'est demain après-midi à partir de 15h hall Hôpital A. de Villeneuve à Montpellier...
à suivre pour les enfants d'ici et d'ailleurs !!!! et merci aux bénévoles...
19:40 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Occi'zen, enfance et art, théâtre, événement
Le brochet
Immobile à l'ombre d'un saule, c'est le poignard dissimulé au flanc du vieux bandit
Jules Renard, Histoires naturelles
16:23 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, Jules Renard, Histoires naturelles
Sous le ciel en flammes
16:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, haïku, photo, Gildas Pasquet
Un pin sur un pic
Lune claire
Si je renais je voudrais être
Un pin sur un pic
Ryôta
08:01 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, haïku
lundi, 20 novembre 2006
Dans la suprême énergie d’un acte de renoncement
Joseph Conrad, Notes sur la vie et les lettres.
Photo de Gildas Pasquet : Vu du ciel
11:22 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, photo, Joseph Conrad, Gildas Pasquet
dimanche, 19 novembre 2006
Une nouvelle inédite de Eric Dejaeger
Et d'autres textes à lire ici sur ce site
Image de Lichtenstein
10:00 Publié dans Nouvelle | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, blog, Eric Dejaeger, nouvelle, Lichtenstein
Un Américain, une Camerounaise, un Congolais et une Canadienne anglophone
04:38 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, littérature française, prix littéraires
samedi, 18 novembre 2006
Chroniques d'une élection (11)
19:07 Publié dans Présidentielles 2007 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : politique, présidentielles2007, Ségolène Royal
Bergame vue par Gildas Pasquet
Photos de Gildas Pasquet
00:05 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photo, Gildas Pasquet
vendredi, 17 novembre 2006
Chroniques d'une élection (10)
13:30 Publié dans Présidentielles 2007 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, Présidentielles2007, Ségolène Royal, photo, Gildas Pasquet
Le chant de l'albinos
J'avais un ami si blanc en Afrique noire que le soleil le mordait jusqu'aux os et laissait sur sa peau les marques roses d'une succion obscène. Ses yeux étaient rouges, deux blessures qui ne cicatrisaient pas. C'était de sa faute : on lui avait bien dit, enfant, de ne pas laisser traîner son regard dans le ciel flamboyant. Il n'avait pas souvenir pourtant d'avoir joué avec la boule de feu qui rabote la cime des kapokiers en semant ses copeaux de lumière d'un côté à l'autre du jour, mais son entourage l'avait convaincu : il était un enfant de la nuit que rien ne pourrait réchauffer. Sa peau était froide comme celle d'un serpent, odieuse au toucher, sifflait-on à ses oreilles. Aucune main ne s'était jamais tendue pour lui souhaiter un meilleur matin. Il se demandait si une caresse brûlait ? S'il en était privé pour son bien, pour le préserver des souffrances de l'affection ? La tendresse provoquait-elle aussi des douleurs irritantes sur la peau ? Souvent, il avait léché ses bras, pour vérifier, effleuré son épaule du bout des doigts, pour vérifier : la douceur ne le blessait pas, et celle qu'il tentait de communiquer à son mainate, en lui lissant les plumes délicatement, n'effrayait pas non plus l'oiseau à la parure nocturne. Il avait adopté un compagnon aussi noir que lui était blanc marbré de rose, un ami bavard, la seule créature de cette nature prétendue issue de Dieu à lui parler. L'oiseau était un confident précieux. Il lui rapportait des chroniques de la vie des branches, de cet observatoire où l'on pépie et épie les hommes sans se faire repérer. L'oiseau sombre le prévenait des menaces qui se formulaient, des expéditions punitives qui se fomentaient contre lui si un malheur s'était abattu sur le village et que la communauté cherchait une victime expiatoire. Chaque fois, il en était ainsi : le fantôme aux cheveux de paille devait payer la faute pour libérer les vivants qui se jugeaient sans anomalie. On ne prononçait pas son nom. On crachait des mots sales sur son passage ; des allégories dégradantes le désignaient dans les conseils de quartiers ou de districts. Le mainate était bien obligé de lui répéter que le titre de bouc lui était souvent décerné avec, accolées, la promesse expéditive de la mort et de l'enfer, la menace du sacrifice. L'oiseau avait appris le vocabulaire de la haine dans une famille influente de l'administration coloniale où il était assigné à résidence. Il y était hébergé en cage. On le nourrissait et l'abreuvait de formules grossières que les enfants de maîtres lui ordonnaient de répéter. Pour ces gamins aux cheveux blonds, plaqués mouillés sur leur crâne pâle, il était évident que le Noir sentait la sueur d'âne, l'odeur de la paresse, le parfum de la fourberie. On leur avait inculqué cette vérité-là. Et ces mioches aux chemises fraîches et repassées étaient eux-mêmes de beaux perroquets à shorts kakis ; ils croassaient devant l'oiseau prisonnier les paroles que les adultes s'échangeaient par-dessus les assiettes quand, eux, à table, n'avaient que le droit de se taire. L'oiseau réputé pour son don de mimétisme, devait les redire. Et si, au bout du dixième ordre, il ne récitait pas les adjectifs vulgaires dont on couvrait les nègres de la plantation, véritables pagnes de la dérision, il risquait d'y perdre ses plumes, arrachées une à une par les petits doigts blancs furieux aux ongles propres. Le mainate apprit ainsi à sacrer, à blasphémer, à injurier le noir, la nuit et les esprits stupides de l'ombre. Pleuvait sur lui le rire des jeunes tortionnaires qui, en attendant de remplacer leurs pères, allaient à l'école des Pères Blancs. Au jour de l'Indépendance, une main de femme ouvrit la cage de l'oiseau. Le mainate libéré ne prit pas part au défilé. Il se méfiait des bouches qui proféraient liberté, égalité et tous ces slogans de fraternité ruminés sous la contrainte du bâton, ces mots qui s'agitaient sur les lèvres mais n'étaient pas encore descendus au fond du c¦ur, n'étaient pas passés dans le sang. Il n'y avait qu'un être humain, une créature verticale, à se tenir à l'écart de la fête : un homme blanc, taché de plaques roses, nu sous un caïlcédrat au bord du fleuve. Il jetait ses loques, ses vieux habits d'opprimé, dans la vase, et s'habillait, ce jour-là, de neuf. Il enfila un pantalon noir, une veste noire, une chemise blanche et recouvrit sa tête d'un haut-de-forme. Puis il dit au miroir qui lui renvoyait sa nouvelle image : "Ainsi je serai celui qu'ils veulent que je sois : Baron Samedi, l'esprit de vengeance, l'envoyé des trépassés, le patron de leurs peurs. Puisse mon aspect les tenir à jamais éloignés de moi !" C'est l'oiseau qui, petit à petit, lui apprit la poésie et l'art du chant, nourri de l'expérience des airs. C'est l'oiseau qui réussit à le convaincre de faire entendre sa voix au monde si les yeux des humains étaient trop faibles pour discerner la beauté, si les yeux des humains étaient aveuglés par le brandon des préjugés, si les yeux des humains avaient de la misère à reconnaître l'humain derrière la différence d'apparence. J'avais en Afrique un ami albinos, un très grand chanteur noir à la peau blanche, couleur de cadavre, que le monde entier écoutait avec un immense respect, les yeux fermés sans pouvoir retenir des larmes de pure émotion.
Jean-Yves Loude, nouvelle parue dans la revue L'instant du monde n°8
Frédérique Azaïs, Passionnément
00:20 Publié dans Nouvelle | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, Afrique, art, Frédérique Azaïs, Jean-Yves Loude