dimanche, 30 août 2009
La Danseuse de Mao
La Danseuse de Mao est la sixième enquête de l'inspecteur principal Chen, à Shangai. Et comme dans les précédentes, il se trouve confronté au passé récent de la Chine, en particulier la Révolution Culturelle, qui fit tant de drames. Cette fois, c'est directement à Mao que renvoient les investigations de l'inspecteur, qui l'emmèneront notamment à Pékin, dans la Cité interdite. Et à sa passion pour les jeunes femmes, ainsi qu'au rôle (sinistre lui aussi) de Madame Mao qui avant de connaître l'Empereur, fut une mauvaise actrice de série B et poursuivra de sa haine les actrices qui ont réussi. L'habilité de Qiu Xialong est qu'il nous brosse le portrait en même temps de la Chine actuelle, de ses bouleversements. Et la poésie (de même que la nourriture et un érotisme diffus) joue toujours un grand rôle dans ces enquêtes, car Mao était aussi poète. Différent en cela de la plupart des polars occidentaux, c'est toute en finesse, en subtilités, en contournements, qu'avance l'enquête. "La Révolution n'est pas un dîner de gala" : galvanisés par cette phrase, les Gardes Rouges se livraient aux pires atrocités...
Qiu Xialong, La Danseuse de Mao, Collection Points Seuil
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mercredi, 26 mars 2008
La Théorie du K.O.
"Il n'en reste pourtant pas des masses, des endroits où les pauvres persistent à s'entraider." Ce polar de Lilian Bathelot clôt le cycle sétois entamé par Avec les loups et poursuivi par Spécial Dédicace. La Théorie du K.O. c'est le nom de code d'une opération décidée par le ministère de l'intérieur. Le nom a été trouvé par un des chefs des services spéciaux qui a fait ses classes à La Havane, il y a bien des années de là, et pour d'autres causes, tout passe... De fait quelques péquenots sétois comme les appellent les superflics parisiens vont leur donner du fil à retordre. Tout ceci se passe sur fond de manipulation bien sûr. Les services de sécurité du Président du Conseil local, noyautés par un parti fasciste, ont commis quelques bavures, du coup c'est un véritable chaos qui enflamme L'île singulière. Priorité sera donnée à la protection du président, et toute l'opération sera maquillée en règlement de comptes de mafias rivales. Lilian Bathelot articule son polar de main de maître, les scènes d'action, la description du dessous des cartes de la politique locale, tout s'imbrique judicieusement comme la manipulation qu'il décrit. On en a le souffle coupé tout du long et on réfléchit en même temps à l'enchaînement des faits et des causes, au rapport entre les médias et le pouvoir, entre l'histoire secrète et l'histoire officielle. C'est bien un regard politique que nous livre ici Lilian Bathelot.
éditions Jigal
00:13 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, polar, lilian bathelot, la théorie du k.o.
mercredi, 27 décembre 2006
La Théorie du K.O.
"Il n'en reste pourtant pas des masses, des endroits où les pauvres persistent à s'entraider." Ce polar de Lilian Bathelot clôt le cycle sétois entamé par Avec les loups et poursuivi par Spécial Dédicace. La Théorie du K.O. c'est le nom de code d'une opération décidée par le ministère de l'intérieur. Le nom a été trouvé par un des chefs des services spéciaux qui a fait ses classes à La Havane, il y a bien des années de là, et pour d'autres causes, tout passe... De fait quelques péquenots sétois comme les appellent les superflics parisiens vont leur donner du fil à retordre. Tout ceci se passe sur fond de manipulation bien sûr. Les services de sécurité du Président du Conseil local, noyautés par un parti fasciste, ont commis quelques bavures, du coup c'est un véritable chaos qui enflamme L'île singulière. Priorité sera donnée à la protection du président, et toute l'opération sera maquillée en règlement de comptes de mafias rivales. Lilian Bathelot articule son polar de main de maître, les scènes d'action, la description du dessous des cartes de la politique locale, tout s'imbrique judicieusement comme la manipulation qu'il décrit. On en a le souffle coupé tout du long et on réfléchit en même temps à l'enchaînement des faits et des causes, au rapport entre les médias et le pouvoir, entre l'histoire secrète et l'histoire officielle. C'est bien un regard politique que nous livre ici Lilian Bathelot.
Collection Sombres climats, éditions Climats, 1999.
Voir ici le site de l'écrivain
23:00 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : La Théorie du K.O., Lilian Bathelot, littérature, polar
mercredi, 15 novembre 2006
Une question d'honneur
Une question d’honneur est le onzième roman de Donna Leon, de la série des enquêtes du Commissaire Brunetti. Tous ont pour cadre Venise. De part sa topographie si particulière, la Sérénissime est moins sujette au crime que les autres villes, l’entrelacs des ruelles et des canaux fait qu’il est difficile de s’en échapper ; n'y vivent plus que cinquante ou soixante mille habitants qui se connaissent pour la plupart; en clair tout le monde observe tout le monde ou est susceptible de le faire, ce qui décourage les vocations ! Rien n’est plus faux, nous dit Donna Leon, derrière les portes des palais, comme partout, le crime fleurit. La romancière est américaine, vit à Venise depuis très longtemps et décrit une autre ville cachée sous la première, ses secrets, ses mystères. Ce à travers un personnage atypique, le commissaire Brunetti, une sorte de Maigret, bourru, massif, opiniâtre, qui louvoie dans ce magma, sans cesse en train de confronter son éthique à la complexité du monde et à ses forces obscures. Un terrien, amateur de cuisine et de vin blanc, marié à une professeur de littérature spécialiste de Henry James, avec deux adolescents à la maison, et lui-même passionné de Thucydide. Il se fie à son instinct, mais aussi à sa connaissance de la ville, de ses familles, de ses codes, de son histoire, pour en déjouer les affaires les plus troubles, les plus sordides. Une question d’honneur nous plonge dans le monde interlope des marchands d’art dont certains ont acquis des fortunes considérables en pillant de riches juifs prêts à tout pour fuir le nazisme pendant la seconde guerre mondiale. Cette enquête comme d'habitude est remarquablement ficelée, et le regard sur Venise (d'où les touristes sont étrangement absents, sinon comme une gêne pour les vénitiens, ce qui ne manque pas de charme), inhabituel et décalé, est assez réussi. Et l'atmosphère de la ville est bien là, à la fois liquide et sensuelle, glauque et lumineuse.
(La plupart des enquêtes du commissaire Brunetti sont disponibles en "poche" dans la collection points policiers)
00:05 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Venise, littérature, polar, Donna Leon
samedi, 14 octobre 2006
Chroniques d'une élection (1)
Jean-Hugues Oppel revient avec ce roman sur l'élection présidentielle de 2002 ; sa version des événements mérite le détour. Un an avant l'élection, des études précises montrent que, au deuxième tour, Chirac est battu par Jospin. Le président en exercice sera alors entre les mains de la justice : incacceptable pour lui. Seule solution, éliminer Jospin au premier tour, pour amener Chirac à une victoire facile contre Le Pen au deuxième. Pour ça des équipes se mettent en place, et vont travailler pendant un an le thème de l'insécurité dans l'opinion (presse, radio et télé) pour en faire le thème majeur de la campagne. Pour appuyer encore le dispositif, un spécialiste manipulera un pauvre type qui fera un massacre, un mois avant l'élection, en plein conseil municipal en région parisienne. On se souvient que, arrêté par la police, laissé sans surveillance et sans menottes dans une pièce à la fenêtre ouverte, le lendemain, au 36 quai des Orfèvres, il se suicida fort opportunément ! Alors un roman ?
12:45 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politiques, présidentielles 2007, littérature, polar, Oppel