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vendredi, 29 septembre 2006

Jouir

« Voltaire me fait jouir »

Céline

Sans plus m'occuper de l'avenir

Dès ma jeunesse j'avais fixé cette époque de quarante ans comme le terme de mes efforts pour parvenir et celui de mes prétentions en tout genre. Bien résolu, dès cet âge atteint et dans quelque situation que je sois, de ne plus me débattre pour en sortir et de passer le reste de mes jours à vivre au jour le jour sans plus m'occuper de l'avenir.

J.J. Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, troisième promenade

Pour me faire sentir avec plaisir mon existence sans prendre la peine de penser

medium_Email0354.jpgQuand le soir approchait je descendais des cimes de l'île et j'allais volontiers m'asseoir au bord du lac sur la grève dans quelque asile caché ; là le bruit des vagues et l'agitation de l'eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m'en fusse aperçu. Le flux et reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence sans prendre la peine de penser. De temps à autre naissait quelque faible et courte réflexion sur l'instabilité des choses de ce monde dont la surface des eaux m'offrait l'image : mais bientôt ces impressions légères s'effaçaient dans l'uniformité du mouvement continu qui me berçait, et qui sans aucun concours actif de mon âme ne laissait pas de m'attacher au point qu'appelé par l'heure et par le signal convenu je ne pouvais m'arracher de là sans effort.

J.J. Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, cinquième promenade

Frédérique Azaïs, petits formats, 2006

jeudi, 28 septembre 2006

Allegro vivace

« Monsieur et cher ami, quoiqu’il y ait beaucoup de livres, croyez-moi, peu de gens lisent, et parmi ceux qui lisent, il y en a beaucoup qui ne se servent que de leurs yeux. »

Voltaire

medium_iro113_fragonard.jpgRenaud dans le jardin d’Armide

Fragonard

Tomber sur l’Infâme

« Je crois que la meilleure manière de tomber sur l’Infâme est de paraître n’avoir nulle envie de l’attaquer, de faire voir combien on nous a trompé en tout, combien ce qu’on nous a donné comme respectable est ridicule ; de laisser le lecteur tirer lui-même les conséquences. »

Voltaire

10:14 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Voltaire, Infâme

L'Etat de Grace

medium_consigny.jpgTrès joli téléfilm hier soir sur France 2 : L'Etat de Grace; Idée lancée il y a deux ans, avant la montée en puissance de Segolène Royal ; toujours est-il qu'on y voit une femme devenir présidente de la République. Issue de la société civile, militante associative, elle crée la surprise et bien sûr les ennuis commencent. C'est assez décalé, léger, tout en étant bien vu. Très bon casting, avec Anne Consigny dans le rôle titre (photo). La suite mercredi prochain...

07:35 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, Ségolène

Un laboratoire du futur

medium_montpellier.jpgMontpellier est une ville idéale, ouverte, légère, vivante et désordonnée. Un laboratoire du futur. Le quartier d’Antigone. La Grèce et une ouverture vers la Chine. Tout est là.

mercredi, 27 septembre 2006

La Ségo-dance

C'est ici

20:44 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ségolène, dance, musique

Je crois que j’étais né plaisant

« Je crois que j’étais né plaisant, et que c’est dommage que je me sois adonné parfois au sérieux. »

Voltaire

Et autres trésors à découvrir dans l'excellente revue Ironie

Vive les revues !

Le 16 ème salon de la revue c'est du 13 au 15 octobre à Paris, lire ici

Sauf quand ils sont de Raymond Chandler

medium_rubon142.jpgPour les faits marquants de mon existence reportez-vous donc au Who’s’ Who. J’habite Finca Vigia, dans le village de San Francisco de Paula, à Cuba. Le travail ? J’écris là où je me trouve, à l’hôtel, dans ma chambre, sur une table de café, les premières heures de la matinée étant toujours les plus favorables. Debout à l’aube, je me mets au travail aussitôt. Black Dog, un épagneul importé de Ketchum, dans l’Idaho, dressé à faire lever le gibier, est le plus vigilant gardien de mes horaires. Trois chats l’assistent dans cette tâche, Boise A -, Friendless’s Brother, Ecstazy. Princessa, pur persan gris, m’a souvent été d’un grand secours ; elle est morte voici trois semaines. Je n’ose imaginer ce qu’il adviendrait si Black Dog ou Boise venaient à disparaître. Je me ferais une raison, sans doute, et tout continuerait comme avant.

Vers midi, je m’arrête. Je prends un verre et plonge dans la piscine. Après le repas, si le travail de la matinée a été assez fructueux pour me laisser la conscience tranquille, je m’offre une sortie en mer et passe l’après-midi à pêcher dans le Gulf Stream.

Dans ma jeunesse, je m’en souviens, je pouvais avaler n’importe quel bouquin. J’ai vieilli, les policiers m’assomment sauf quand ils sont de Raymond Chandler. Je lis surtout des biographies, des récits de voyages, à condition qu’ils offrent un certain caractère d’authenticité, et des textes consacrés à la science militaire. Qu’ils soient bons ou mauvais, vous n’aurez pas perdu votre temps et leur lecture vous apprendra toujours quelque chose.

Ces derniers temps, ce n’était pas une mince affaire que de dénicher des nouveaux romans qui ne vous tombent pas des mains. J’en ai lu quelques-uns, malgré tout. Cette rentrée, espérons-le, sera le signal d’une année plus faste. Je lis aussi le Morning Telegraph, si je le trouve, le New York Times et le Herald Tribune. Je suis abonné à trois publications françaises, à quelques hebdomadaires italiens, à une revue mexicaine, Cancha. Je lis la presse tauromachique lorsque mes amis espagnols songent à me l’envoyer. Je feuillette un tas de choses, depuis Harpers jusqu’à The Atlantic, en passant par Holiday, Field and Stream, Sports Airfield, True, Time, Newsweek, Southern Jesuit. Je lis aussi le Saturday Evening Post lorsqu’il publie un feuilleton d’Ernest W. Haycox, deux ou trois journaux cubains, quelques revues littéraires d’Amérique latine. Il convient d’ajouter à cette pile deux revues anglaises : Sport and Country et The Field.. N’oublions pas les quelques livres français que m’envoie Jean-Paul Sartre, et les italiens. J’en lis plusieurs tous les ans, parfois même à l’état de manuscrits, afin de repérer ceux qui me paraissent publiables.

Venons-en à la correspondance ; j’entretiens des relations épistolaires suivies avec un officier supérieur en activité, ainsi qu’avec un général anglais à la retraite que j’ai connu en Italie lorsque nous étions, lui et moi, beaucoup plus jeunes. J’ai, avec trois de mes amis, un échange de lettres régulier. Pour le reste, ce n’est que courrier professionnel ou administratif.

Je ne joue jamais, si ce n’est pour gagner.

Invités par Mary, maçons, peintres et plâtriers ont envahi la maison. Voilà un excellent prétexte pour passer le plus clair de mon temps en mer, en attendant que le calme revienne. Conséquence indirecte de ce qui précède, je me remets d’une mauvaise chute, sur un pont glissant un jour de mer démontée. Le résultat fut une vilaine blessure derrière la tête, un traumatisme crânien, une artère sectionnée. J’ai attendu cinq ou six heures avant de pouvoir être conduit à l’hôpital. Par bonheur, naviguant dans les parages, se trouvait Roberto Herrera, un vieil ami qui a fait cinq années de médecine. Alerté par nos signaux de détresse, il nous a rejoints en toute hâle. Aidé de Mary, il a pu arrêter l’hémorragie ; son frère José Luis a terminé le travail. Cette année encore, il me faut renoncer au ski. Il me reste la natation, la marche, la chasse, la pêche, et le travail. Autant de plaisirs que José Luis m’a vivement déconseillés.

Soit dit en passant, je commence à être fatigué de prendre des coups sur la tête. Ça a débuté en 1918 puis recommencé en 1944-1945 et je me garderais d’oublier deux blessures vénielles en 1943. Si j’ai le malheur de me plaindre, je m’entends répliquer que ces désagréments sont le résultat de mon imprudence. Rien n’est plus faux, pour autant que je m’en souvienne...

Hemingway, Autoportrait 1950

Ils croient que parler est gratuit

C’est une petite chose tout à fait extraordinaire découverte par Freud, qui consiste précisément en un· contrat. entre ce qui est dit et l’argent qu’on verse pour apprendre la vérité de ce qu’on dit. Autrement dit, ça signifie simplement que les gens ne savent pas ce qu’ils disent parce qu’ils croient que parler est gratuit.

Philippe Sollers, extrait d'une interview à lire en entier ici

mardi, 26 septembre 2006

San Gregorio Armeno

medium_Email0345_1.jpgSan Gregorio Armeno, une sorte de rêve sans fin, brun, couleurs fauves. Les orgues, un clafoutis d’angelots, joufflus, persifleurs, gambadant, musiciens, sonnez buccins et trompettes ! L’oeil mais aussi tout le corps, tout l’être, happés, enveloppés comme par une brise chaude, volutes, arabesques.  Fontaines jaillissantes de dorures, stuc, chatoiements blonds, dorés, douceur capiteuse. Envahie de sensualité, comme un rêve, de l’enfance, que rien ne s’arrête jamais.

Extrait de "Fugue baroque", N & B  éditions.

Peinture de Frédérique Azaïs, petits formats, 2006

Bambouka !

    BAMBOUKA à QUARTIERS LIBRES !         
    SAMEDI 30 SEPTEMBRE A 22h00       
    DANS LES JARDINS DU PEYROU !           
    En cette occasion, les 8 chanteurs       
    et les 5 musiciens de Bambouka       
    seront accompagnés de 3 grands danseurs       
    du Ballet national du Cameroun       
    dont le majestueux Assiyi Le Duc !          
    Quartiers libres :  3 jours de grandes       
    fêtes dans tous les quartiers !         
    Voir ici www.quartierslibres.montpellier.fr          
    et pour en savoir plus sur Bambouka ....       
    http://bambouka.1dclic.com/          

lundi, 25 septembre 2006

Concours

A l’occasion de la sortie prochaine du roman de Raymond Alcovère :

« Le Sourire de Cézanne »  (mai 2007) N&B Editions

Présence des Arts organise un CONCOURS de Peinture/Sculpture/Photo  (toutes techniques).

Exposition des œuvres du 21 au 24 Juin 2007 salle Jean Teissier.

Le  thème sera le roman dans son ensemble. Libre à vous de vous inspirer d’une phrase, un passage, un personnage, une atmosphère, un paysage…

Les inscriptions sont ouvertes.

Renseignements contre enveloppe timbrée : Présence des Arts

Place de la Mairie  Maison Serre  34 740 VENDARGUES  04 67 87 54 56 / creas@mac.com

Vent

medium_Email0348.jpgJ’aime ce grand désordre du vent, le mouvement, l’instabilité qu’il donne au monde, une pensée chasse l’autre, rien de figé…

 

Peinture de Frédérique Azaïs, petit format, 2006

Fais ce qu’il te plaît

medium_Naturellement.jpg Exposition Ricardo MOSNER à l’Espace Julio Gonzalez Vernissage le vendredi 29 septembre 2006 à 18h30 Exposition du 29 septembre au 28 octobre 2006 L’artiste présentera une soixantaine d’oeuvres, peintures et sculptures créées depuis 1986. Ricardo Mosner est né à Buenos Aires, Argentine, en 1948. Il vit et travaille à Paris. Peintre, sculpteur et graveur, il a participé à de nombreuses expositions dont Universal Moving Artists au Stedelijk Museum d’Amsterdam,  l’Amérique Latine à Paris au Grand Palais, les Ateliers de l’ARC au Musée d’Art Moderne, la XIIIème Biennale de Paris, Les Murs Peints au Centre Pompidou, la Triennale des Amériques, la Biennale de Sculpture aux Pays-Bas, etc… Il expose depuis 1967 et a réalisé 130 expositions personnelles en France et à l’étranger. «… Ce qui caractérise et fait l’intérêt de l’art de Mosner, c’est qu’il ne déroge pas au fameux adage libertaire du poète : « Fais ce qu’il te plaît » (…) Les capacités à peindre, dessiner, découper, coller et assembler font de Ricardo Mosner un artiste et un artisan de la jouissance et de la liberté. Dans la force et la faiblesse entremêlées de la forme et de « l’objet », rien de ce qui est humain ne semble lui être étranger. »                                                                Christine Frérot                                                                                                 MOSNER, LA FOLIE ARGENTINE «… Ce ludion hyperactif, argentin de Paris depuis des lustres, n’en a cure. Il peint, sculpte, dessine, grave, illustre toutes sortes de matières et supports (bois, papiers, carton, carnets) avec une férocité d’enfant iconoclaste. Le titre de l’émission de radio à laquelle il collabore régulièrement (Des papous dans la tête, sur France Culture) est à son image: remuante, inclassable, ludique. Les critiques ont bien tenté de le rattacher à un mouvement, une école. C’était peine perdue. Est-il apparenté à la figuration libre? À la BD? À la peinture sauvage? À l’art vaudou? Un imaginatif l’a même qualifié de «cubiste qui ferait de la figuration dans un film expressionniste», c’est dire s’il déconcerte… Prosaïque, Mosner qui a débuté dans les «happenings» des années soixante-dix préfère dire: «J’aime que ça crache, je n’ai pas peur de la couleur! » Comme il a raison. Il peint de mémoire, jamais d’après modèle, ce qu’il voit lorsqu’il ferme les yeux. Et quelles visions! Il faut découvrir cet univers facétieux où l’amour et la mort ont l’air de danser un pas de deux. De tango évidemment. » Thierry Taittinger, septembre 2006 Espace Julio Gonzalez - 21 av. Paul Doumer 94110 Arcueil Mercredi de 14h à 19h, jeudi et vendredi de 16h à 19h, samedi de 14h à 19h Moyens d’accès : RER B Laplace Porte d’Orléans N20 Carrefour Vache Noire Parking Hotel de Ville Service Arts Plastiques : Jean-Marc Teillon - 01 46 15 09 78 - service-culturel@mairie-arcueil.fr

09:12 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ricardo Mosner, expo

dimanche, 24 septembre 2006

Au Vin noir, les héros tiquent !

Les vendanges se terminent, le millésime est prometteur, les journées commencent à raccourcir, certains ont déjà le nez dans les cèpes, on pense déjà aux plats d’hiver et aux soirées devant la cheminée,

Aux bons vins du Sud qui savent se tenir à table !

En tous cas, au VIN NOIR on y pense !

A venir donc :

Le retour des Mathilles, du domaine Faurmarie

Du Tradition de Lavabre

A prévoir dans les nouveautés :

Le Domaine Archimbaut à St saturnin

Un terrible Corbières de Cucugnan

Un vrai Madiran d’hiver

Et quelques surprises…    MAIS AVANT,

Votre caviste vous invite, dans le cadre du festival Quartiers Libres à venir traîner vos chastes oreilles au magasin le samedi 30 Septembre

A 11 heures où Nathalie Yot lira ses textes érotiques. Les plus abasourdis auront droit à un verre.

LE VIN NOIR, 3 BD RENOUVIER,  MONTPELLIER

TEL 0467065492

Passage du mortel

medium_Email0352.jpgEnfin la lutte épaisse apaisée

Tant de haine égouttée des têtes tranchées sèchant au soleil têté

Nos rêves cois sont cuits

Ombres de chats restées dans le parc

Sous le heaume des lampadaires de peau

Soirées inscrites sur les anneaux d'ondes

Lues en respirations amples

Ombres de los hombres sur tes bras lus

Corps écossés au rite ancien/ Ombres lues en lotus

....

Qu'avons-nous fait de ces espaces miracles

Caresses des épaules de quartz sous la fraîcheur des robes

Soir tombant/ dérobé/ marmonne/ calmant de houle mormon,

langue épilée lactique

L'épileptique abandon de soi modulé pour le sacrement

"je ne suis pas un amuseur"

Des enfants gazouillant près des pompes à huiles essentielles

excommunient les causeries tardives

 

Jean Azarel, extrait de Passage du mortel

Peinture sur bois, petit format : Frédérique Azaïs

18:44 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jean Azarel, poésie

In memoriam : Alain Dubrieu

Alain Dubrieu, dans « Le désert de l’iguane », raconte dans un style flamboyant mais sans rien cacher de la vérité ses dix ans passés en prison. Dans la mouvance des années 70 et du gauchisme, il avait participé à des casses, tout en refusant la violence sur la personne. Dénoncé, il était tombé. Au lieu de se tenir tranquille et d’attendre les remises de peine, il deviendra actif dans la constitution des comités de prisonnier et ne bénéficiera d’aucune remise ; il fera "ses" dix ans au lieu des cinq seulement qu'il aurait fait sinon. C'est cette expérience qu'il raconte dans "Le désert de l'iguane" où il décrit  l’univers de la prison et ses mécanismes, et ceci de manière extrêmement précise tout en écrivant un livre splendide. Comment certains taulards fabriquaient de l'alcool frelaté grâce à un alambic construit de bric et de broc dans un sous-sol oublié d'une prison. C'est d'ailleurs à partir de là qu'il deviendra alcoolique ; il mourra d'un cancer du pancréas une vingtaine d'années plus tard. Pierre Torreilles, poète et fondateur de la librairie Sauramps à Montpellier, lui avait donné sa chance en l'embauchant comme libraire. J’ai eu la chance d'être son copain, les dernières années de sa vie, suite au roman collectif « 13, cours des chevaliers du mail ». Il ne s’est jamais remis de ces dix années. Il avait une aversion profonde pour l’injustice et n’a jamais accepté les compromis. Après avoir été un des auteurs phares du néo-polar dans les années 70, et fait un peu tous les boulots de l’écriture (nègre, auteur de romans érotiques),  il était pratiquement oublié à la fin de sa vie. Il publia notamment, sous forme de pamphlet, avant de mourir : « Citadelles de l’oubli », un nouveau et actualisé réquisitoire contre la prison.

Premières lignes du "Désert de l'iguane" :

Brutale éclate la stridence d'une sonnerie sciemment prolongée par le maton du kiosque, nouant les nerfs sous le cocon soudain crevé des chauds bien-être en oubli... Bondir du lit ?... Une gageure... Mais se laisser lentement remonter à la surface, délaissant pour douze heures les oniriques profondeurs, et prendre pied sur le rivage-punition... Poser un orteil audacieux... Un autre... Sadiquement bercé... Brutalisé par le vacarme... Bruits de verrrou qui claquent et harcèlent... Beuglement des brutes à cravate, barbares soucieux de jeter bas ces bon dieu de Bandits des bras complices de Morphine (et tous ces dérivés), louche déesse de l'A.P., l 'Administration Pénitentiaire, où l'austère Pandémonium qu'il ne faudrait pas prendre pour les berges balinaises... Et se lever enfin, vacillant, ouvrir en grand les deux battants de la lucarne du clapier, et respirer, et regarder...

Gallimard, collection La noire