mardi, 24 octobre 2006
Et délice d’aimer une pure exigence...
Ce n’est pas dans les géographies
Qu’il faut chercher cette île
Où nous avons vécu.
Délice de sentir celle
Qui jamais ne repose
Effacer sur le sable
Des mots jamais écrits.
Délice d’oublier
Des formes absentes
Et d’attendre un vent
Qui ne veut pas qu’on le nomme.
Et délice d’aimer
Une pure exigence.
Une île qui n’existe pas
Des plages qui s’évanouissent
Un estuaire
Et un cœur qui pourrait se taire.
Un silence
Qui s’enroule dans un coquillage
Au nom tarabiscoté
Et ce pronom
Qui marche de travers
Comme un crabe
Et qu’on écrase !
Bernard Lesfargues, extrait de "La plus close nuit", éditions Fédérop
00:35 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, poésie, Bernard Lesfargues
lundi, 23 octobre 2006
Borges toujours
Exposition "Dans la nébuleuse de Borges"
par El Colectivo à El Sur
du 23 octobre 2006 au 22 janvier 2007
El Sur
35 Bvd St Germain 75005 Paris
Tel: 01 43 25 58 28
13:27 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, littérature, Borges, exposition, Ricardo Mosner
Chroniques d'une élection (4)
"comme si aucune leçon n'avait été tirée du séisme du 21 avril 2002, quand Lionel Jospin, confronté à sept concurrents de gauche et d'extrême gauche, qui avaient totalisé 26,71 % des suffrages, avait été éliminé dès le premier tour"
08:01 Publié dans Présidentielles 2007 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Présidentielles 2007, politique
L'automne fait les bruits froissés
L'automne fait les bruits froissés
De nos tumultueux baisers.
Dans l'eau tombent les feuilles sèches
Et sur ses yeux, les folles mèches.
Voici les pêches, les raisins,
J'aime mieux sa joue et ses seins.
Que me fait le soir triste et rouge,
Quand sa lèvre boudeuse bouge ?
Le vin qui coule des pressoirs
Est moins traître que ses yeux noirs.
Charles Cros
04:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, automne, Charles Cros
dimanche, 22 octobre 2006
Bernard Lesfargues
Ce soir le ciel est doré
comme un parchemin du seizième siècle
J'essaie de lire ce que les branches
écrivent minutieusement à l'encre noire
sur la splendeur d'un ouest illuminé.
Ce n'est pas facile à lire
ce sont lettres d'un alphabet inconnu.
Le ciel pâlit peu à peu.
Un ange claudiquant souffle la chandelle
et baisse le rideau. Alors
la loutre de la nuit caresse mes jambes,
la loutre qui danse dans la nuit des ruisseaux
jusqu'aux impuretés de l'aube.
Bernard Lesfargues, l'or du ciel, extrait de "La plus close nuit", éditions Fédérop
Poète, traducteur, critique littéraire et fondateur des éditions Fédérop, Bernard Lesfargues est né à Bergerac en 1924. Agrégé d’espagnol en 1954 et diplômé en sociologie américaine, il enseigne pendant 30 ans l’espagnol à Lyon, puis se retire dans son village d’Église-Neuve-d’Issac, en Dordogne, où il vit toujours.
Passionné par le monde hispano-américain et spécialiste du catalan, il est le traducteur en français des plus grands écrivains castillans et catalans du XXe siècle : Jorge Luis Borges, Julio Llamazares, Mario Vargas Llosa, Ramón Sender, Juan Goytisolo, Jesús Moncada, Quim Monzó, Mercè Rodoreda.
Bibliographie et extraits à lire ici
Avec beaucoup de constance
et un tas d'imperfections
j'écris
des poèmes, qui, peut-être,
après ma mort,
trouveront un lecteur.
J'aimerais que ce soit un homme jeune
et qu'en refermant le recueil
il dise : Bigre !
Ce Lesfargues.
Je suis certain
qu'il aurait pu être un bon poète.
06:29 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, poésie, lenga d'oc, bernard lesfargues
Voilà le drame de l'Amérique, et peut-être du monde
Voilà le drame de l'Amérique, et peut-être du monde : la psychanalyse n'y existe plus puisque le cinéma a pris la place du réel.
A lire cet article à propos de Marilyn dernières séances », roman de Michel Schneider ici
00:10 Publié dans psychanalyse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lttérature, cinéma, psychanalyse, Sollers, Marylin, Michel schneider
samedi, 21 octobre 2006
Est-ce le début ou la fin ?
Tombée de la nuit. Le vent a poussé les nuages vers le couchant. Crescendo de musique. Des camions, longs stylets gris, s’effilochent sur le ruban de l'horizon. La mer est là, proche, ses effluves, vitres ouvertes... J'accélère toujours, les souvenirs accourent, pluie drue, précipitation.
Ce rêve, une nuit qui n’en finit pas, ne se termine pas par une aurore vague, le grand réveil de la vie, matutinale, fébrile, industrieuse... Plutôt rouler, toujours plus vite, avec la musique, légère ou opaque, peu importe. Jauge près de zéro. Plus envie de m'arrêter. Au loin, comme une station orbitale, une station-service, tous feux allumés dans la nuit vide, ouverte. Est-ce le début ou la fin ?
Au lieu de ralentir, j'accélère encore, fonce dans sa direction. Les allées de voitures sont désertes, je vise les pompes à essence, ça va être un grand feu d'artifice, la féerie, enfin !
Raymond Alcovère, Extrait de "Fugue baroque", Roman, n & b éditions
12:35 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : fugue baroque, littérature, roman, autoroute
La Terre était le paradis des dieux
"Quels êtres admirables que ces Grecs. Leur existence était si heureuse qu'ils imaginaient que les dieux, pour trouver leur paradis et aimer, descendaient sur la Terre. Oui, la Terre était le paradis des dieux... Voilà ce que je veux peindre."
Renoir
00:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, Renoir, Grèce, paradis
vendredi, 20 octobre 2006
La camisole de force !
"Pour faire de la peinture, il faut être un peu fou. Je le suis moi-même. Quant à Cézanne, c'est la camisole de force."
Renoir
15:08 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, Cézanne, Renoir, folie
John Huston aimait souligner
la coïncidence entre l'invention du cinéma et celle de la psychanalyse"
Philippe Sollers, extrait d'une chronique pour Le Nouvel Observateur (n° 2184 du 14 au 20 septembre 2006) sur le livre de Michel Schneider : Marilyn dernières séances.Éditions Grasset.
02:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, John Huston, Sollers, psychanalyse
jeudi, 19 octobre 2006
Plus on est de saints, plus on rit
"Plus on est de saints, plus on rit, c’est mon principe, voire la sortie du discours capitaliste - ce qui ne constituera pas un progrès, si c’est seulement pour certains."
Lacan
20:08 Publié dans psychanalyse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : psychanalyse, Lacan, Sollers
Les mauvais romans
n'ont de succès qu'auprès de ceux dont la vie est un mauvais roman. C'est dire s'il y a foule."
Marcelin Pleynet
14:04 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérture, roman, mauvais roman, succès, citation
Un «J'accuse» américain
08:05 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Politique, J'accuse, Etats-Unis, Bush
Positano et les rochers des sirènes
Positano et les rochers des sirènes. C’est ici qu’elles vivaient. De n’avoir pu attirer par leurs chants Ulysse et ses compagnons, elles se sont jetées à la mer de désespoir. Leucosia aux bras blancs a échoué sur la plage de Paestum, Ligeia la mélodieuse en Calabre, Parthenope, celle qui est restée vierge, ici. Naples y trouve son origine.
Raymond Alcovère, Extrait de "Fugue baroque", Roman, n & b éditions
00:25 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, positano, fugue baroque, sirènes, naples
mercredi, 18 octobre 2006
Le rap rural
18:13 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, rap, rap rural, Kamini
Toute ma vie je me suis arraché le cœur à écrire : Jack Kerouac
Beat au départ signifie vagabond, puis renvoie au rythme de l’écriture, proche de celle du jazz, et même à béatitude (Kerouac sera très influencé par sa rencontre avec Gary Snider qui l’initiera au bouddhisme et à la spiritualité, expérience qu’il racontera dans Les clochards célestes). Ainsi vont naître les beatniks. Une déferlante que Kerouac incarnera malgré lui et qui le dépassera. Mais c’est une autre histoire. Reste le livre. Et sa force, sa puissance, la sincérité qui s’en dégage. Ecrit en trois semaines, sur un unique rouleau de papier. On y croise des centaines de personnages, de lieux, poussés par une écriture rythmée, endiablée, frénétique. Une écriture comme un souffle, une pulsation, un battement, un “ beat ”. Je veux être considéré comme un poète de jazz soufflant un long blues au cours d’une jam-session un dimanche après-midi, écrira-t-il. Comme le souligne Yves Le Pellec, Kerouac est nettement plus préoccupé de rythme, de relief, d’intensité que de pensée. (…) Son texte laisse toujours une large place au hasard et à l’arbitraire. En effet, son écriture est physique. Il mouillait sa chemise, au sens propre du terme. Comme un musicien se sert de son corps, il utilisait les mots comme des notes.
Avant tout, Sur la route, c’est le portrait d’un personnage invraisemblable et pourtant bien réel, Neal Cassidy (Dean ” dans le roman), qui fut l’ami et l’inspirateur de Kerouac “ : Un gars de la race solaire, tel était Dean. Ma tante avait beau me mettre en garde contre les histoires que j’aurais avec lui, j’allais entendre l’appel d’une vie neuve, voir un horizon neuf, me fier à tout ça en pleine jeunesse ; et si je devais avoir quelques ennuis, si même Dean devait ne plus vouloir de moi comme copain et me laisser tomber, comme il le ferait plus tard, crevant de faim sur un trottoir ou sur un lit d’hôpital, qu’est-ce que cela pouvait me foutre ? … Quelque part sur le chemin je savais qu’il y aurait des filles, des visions, tout, quoi ; quelque part sur le chemin on me tendrait la perle rare.
En pleine période du maccarthysme, d’Einsenhower, une autre Amérique se dessine : Un soir de lilas, je marchais, souffrant de tous mes muscles, parmi les lumières de la Vingt-septième Rue et de la Welton, dans le quartier noir de Denver, souhaitant être un nègre, avec le sentiment que ce qu’il y avait de mieux dans le monde blanc ne m’offrait pas assez d’extase, ni assez de vie, de joie, de frénésie, de ténèbres, de musique, pas assez de nuit. Je m’arrêtais devant une petite baraque où un homme vendait des poivrons tout chauds dans des cornets de papier ; j’en achetai et tout en mangeant, je flânai dans les rues obscures et mystérieuses. J’avais envie d’être un mexicain de Denver, ou même un pauvre Jap accablé de boulot, n’importe quoi sauf ce que j’étais si lugubrement, un “ homme blanc ” désabusé.
Une Amérique dont les lieux mythiques sont le Mississipi : Une argile délavée dans la nuit pluvieuse, le bruit mat d’écroulements le long des berges inclinées du Missouri, un être qui se dissout, la chevauchée du Mascaret remontant le lit du fleuve éternel, de brunes écumes, un être naviguant sans fin par les vallons les forêts et les digues et San Francisco bien sûr : Soudain, parvenus au sommet d’une crête, on vit se déployer devant nous la fabuleuse ville blanche de San Francisco, sur ces onze collines mystiques et le Pacifique bleu, et au-delà son mur de brouillard comme au-dessus de champs de pommes de terre qui s’avançait, et la fumée et l’or répandu sur cette fin d’après-midi.
Cette Amérique-là ne peut trouver son point d’orgue qu’au Mexique, la terre promise : Derrière nous s’étalait toute l’Amérique et tout ce que Dean et moi avions auparavant appris de la vie, et de la vie sur la route. Nous avions enfin trouvé la terre magique au bout de la route et jamais nous n’avions imaginé le pouvoir de cette magie. Un peu plus loin : Chacun ici est en paix, chacun te regarde avec des yeux bruns si francs et ils ne disent mot, ils regardent juste, et dans ce regard toutes les qualités humaines sont tamisées et assourdies et toujours présentes. Même si la frustration, le désespoir ne sont jamais absents, un sentiment de jubilation, de frénésie traverse tout le livre. Tout semble toujours possible, et cette route qui défile et ne s’arrête jamais (à l’image de ce rouleau de papier lui aussi ininterrompu), c’est le grand courant de la vie qui la traverse de part en part.
Le plus étonnant dans tout ça, c’est que tout est vrai, rien n’est inventé. Kerouac a bourlingué (comme Cendrars), observé et il a une mémoire extraordinaire. Yves Le Pellec le résume bien, Kerouac est un prodigieux badaud, il est obsédé de la totalité, il voudrait tout faire entrer dans ses phrases tentaculaires, entêtées : Il a expliqué lui-même sa technique : Ne pars pas d’une idée préconçue de ce qu’il y a à dire sur l’image mais du joyau au cœur de l’intérêt pour le sujet de l’image au moment d’écrire et écris vers l’extérieur en nageant dans la mer du langage jusqu’au relâchement et à l’épuisement périphérique. Kerouac est avant tout un écrivain. Avant son succès foudroyant il venait d’écrire 12 livres en 7 ans (1950-1957), sans répit, sans aide, sans confort, sans argent et sans reconnaissance. Aussi il vivra mal le succès, le vedettariat qui va l’assaillir d’un coup. Il sombrera dans l’alcool, la paranoïa. Toute ma vie, écrira-t-il en 1957 dans un bref résumé autobiographique à la demande d’un éditeur, je me suis arraché le cœur à écrire.
Sur la route, Les clochards célestes ainsi que la plupart des romans de Jack Kerouac sont disponibles en Folio Gallimard.
On pourra consulter aussi : Jack Kerouac. Le verbe vagabond. Yves Le Pellec. Belin, collections voix américaines. L’ange déchu, vie de Jack Kerouac illustrée, Steve Turner, aux éditions Mille et une nuits
(Article paru dans la revue "Sol'Air" n° 23, janvier 2003
09:35 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, Kerouac, beat generation
La plus grande encyclopédie du monde
Wikipedia, réceptacle des plus grosses inepties de la planète? Eh bien non. L'an dernier, la très sérieuse revue Nature s'est amusée à comparer la pertinence des réponses apportées par Wikipedia et l'Encyclopædia Britannica (créée en 1768) à 42 questions d'importance: près de quatre erreurs par article ont été relevées chez Wikipedia, seulement une de plus que chez son aînée. Et, une heure après la publication de l'enquête, elles étaient toutes corrigées sur l'encyclopédie en ligne.
08:16 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Wikipedia, Encyclopédie, internet
mardi, 17 octobre 2006
Aucune contradiction
Venise est la civilisation de la non-séparation. Qui est prêt à admettre qu’il n’y a aucune contradiction entre sacré et profane, nature et culture, débauche et extase... ? Qui a intérêt au contraire, à maintenir la séparation ?
Philippe Sollers, L'évangile de Nietzsche, 2006
Titien, Flora
00:20 Publié dans Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, peinture, Titien, Venise, Sollers, Flora
lundi, 16 octobre 2006
Chroniques d'une élection (3)
Emploi du temps particulièrement chargé ! La marche citoyenne d'AC le feu s'arrêtera aux portes de l'Assemblée...
|
19:05 Publié dans Présidentielles 2007 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politiques, présidentielles 2007, AC le feu, Assemblée Nationale
Le premier portrait
12:54 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, sculpture, portrait, préhistoire