dimanche, 12 novembre 2006
Montpellier...
Montpellier est une ville parfaite. Elle a cette légèreté essentielle. Lubitchienne. Pas d'âme, ou si peu, presque pas d'histoire.
Extrait de "Allegro ma non troppo" in "13, cours des Chevaliers du Mail", roman collectif, éditions du Ricochet, 1998.
05:49 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Montpellier, photo, littérature, Corbier, 13 Cours des Chevaliers du mail
samedi, 11 novembre 2006
Histoires de bleu
Chez Bona, depuis plusieurs jours, diverses contributions fort intéressantes sur la couleur bleue... Il fait référence notamment au livre : Bleu, histoire d'une couleur, de Michel Pastoureau, dont une interview est à lire ici.
18:10 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bleu, Bona, Claude Corbier, peinture, art, histoire, Pastoureau
ZZ chez Minuit
13:26 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Zidane, Assouline, Toussaint, humour
Et le bouleverser, d'un claquement de cœur le bouleverser !
Avant l’enfance au rêve
Andalouse danser
du pied frapper la lumière
rouge carmin de Goya tournoyer
et le bouleverser, d'un claquement de cœur le bouleverser !
00:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, art, photomontage, Claude Corbier, Mireille Disdero, poésie
vendredi, 10 novembre 2006
Kinshasa
Le ciel de cette ville est bas. Il est sur les pistes d'ocre blonde et de latérite, sur les trottoirs, dans les nombreux bars et buvettes, sur les déhanchements des filles de petite vertu, dans les fumées des viandes boucanées sur les étals posés à même le sol, qui cuisent à la braise dans les rues commerçantes au milieu des mouches et des miasmes fétides, dont les relents empestent les maisons des quartiers vétustes et attirent les quelques rares chats et chients errants qui rôdent autour, avant d'être transformés en viande des jours sans nourriture. Ce ciel est omniprésent, à hauteur d'homme.
Extrait de "Carnets nomades", de Bona Mangangu
Photo : Kinshasa vue du ciel
16:10 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Voyage, littérature, Bona Mangangu, Kinshasa
Raphaëlle
Voilà Raphaëlle, tu es à Florence, avec des gens, à un concert où je vais interpréter les plus belles mélodies pour toi. Où es-tu exactement ? Ici ? Ailleurs ? Nulle part. En toi ? Même pas. De toute façon, je vais t’emmener encore plus loin. Sais-tu qu’il y a un lieu tout proche auquel nous n’accédons jamais ? Une sorte de point aveugle de notre existence, vois-tu ? Il nous habite, nous n’y pouvons rien, c’est ainsi, nous lui appartenons, c’est notre bulle, et pourtant, faibles, nous nous tenons au dehors, le plus souvent. C’est ce point aveugle de l’existence que va poursuivre Raphaëlle. Une course éperdue. Elle a quitté sa ville, son compagnon, pour Nice, ville solaire. Au moment de rentrer, sur le quai de la gare, elle prend l’autre train, celui qui part vers l’Italie. Début du voyage.
L’écriture est vive, alerte, prise dans son propre mouvement, les dialogues sont incorporés au texte, ils ne s’en démarquent pas. Ce texte c’est une seule pâte, et cette pâte c’est la chair du monde. On court mais on s’attarde aussi. Sur les couleurs, la lumière, les saveurs, les textures. L’action, les personnages sont racontés, décrits par ce qui les environne. Les émotions, sentiments, pensées deviennent chair. C’est cette présence qui rend la lecture si fluide et si vivante. Pas de différence entre l’intérieur et l’extérieur. L’attention du personnage éclaire et donne vie à ce qui l’entoure. Aussi l’univers est sans cesse en mouvement, coloré, sensuel, vibrant. L’écriture y puise son rythme, sa force propre. Comme en peinture, chez Chardin ou Manet par exemple, où l’expression “ nature morte ” est totalement dénuée de sens. Je me rappelle avoir lu quelque part que si nous pouvions voir la réalité telle qu’elle est, nous serions tous des artistes, et nous verrions des tableaux, des sculptures que la vie façonne dans la nature, sans voile. Et puis il y a Florence, un rêve de ville plutôt : A Florence, on étouffe toujours un peu, c’est écrasant à force, on baigne dans le liquide épais de l’imagination. Et bien sûr, en filigrane, Dante et La Divina Comedia. Et même si Raphaëlle dérive : Tu provoques le vide pour le remplir, car dans le vide on meurt, Raphaëlle, on n’a rien à quoi s’accrocher. Alors il faut bien saisir ce qui nous entraîne au fond comme la seule chose à aimer, n’est-ce pas ?, si elle oscille toujours entre l’errance et la rencontre, la solitude et l’amour, le tragique et le solaire, la passion la traverse toujours. Mais la vraie passion commence par tout détruire, âmes, corps, elle ronge tout, c’est le prix à payer pour voir le ciel et voler ! Passion pour le théâtre enfin. Raphaëlle est habitée par Antigone de Sophocle et par Yasmina, une amie comédienne : algérienne, elle revient de l’enfer. Résister, toujours résister, voilà la vie, et le monde vit parce qu’il nous résiste et que nous lui résistons.
Jean-Jacques Marimbert, Raphaëlle, Editions du Ricochet, 140p.
Article paru dans la revue Sol'Air n° 21, juin 2001
00:05 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, critique, Raphaëlle, Jean-Jacques Marimbert
jeudi, 09 novembre 2006
La double vie des écrivains
En débat à 18 H 30 ce soir à la salle Pétrarque à Montpellier autour du livre de Bernard Lahire : La double vie des écrivains. En raison des grèves SNCF, l'auteur ne sera pas présent. La présentation sera faite par Michel Crespy, avec Joëlle Wintrebert, Francis Zamponi, Lilian Bathelot et l'association Autour des auteurs.
11:15 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Lahire, la double vie des écrivains, débat, littérature
Ailleurs
"Il est possible que des objets sans importance résistent à l'attraction désastre... bien longtemps après nous.
J'ai commencé à accélérer. Mes battements de coeur surtout, puis mon allure en marchant. Une personne attentive aurait pensé à la bande image qu'on rembobine à toute vitesse. Mais j'étais dans le film, je ne discernais plus les contours ni les limites.
Au bureau, la clim était mal réglée. Une équipe du service technique commençait à démonter le mécanisme. J'ai dit "bonjour" comme j'aurais murmuré "ailleurs". Personne n'a remarqué les yeux rouges ni perçu la voix fissurée... et l'accélération.
Le soir j'ai bouclé ma valise avec mon coeur dedans. Le voyage m'a rappelé la morsure des moments sans importance. Au-dehors les vivants s'estompaient tels des trains fous qui ne s'arrêtent dans aucune gare. J'étais un rail, des champs, la lumière qui couvre les bancs, là-bas, j'étais mille kilomètres qui fonçaient dans l'azur sans assurance vie et... Tellement. J'étais tellement.
C'était ma nature.
Mon premier pas ailleurs a fait taire le voyage. D'un seul coup. Le soir m'a prise dans un café du cinquième, rue des Ecoles, pendant que j'avalais un second coca light. J'ai dévisagé mon reflet dans le miroir qui me faisait face. C'est alors qu'un souvenir a commencé à s'agiter autour de moi. Un collier de chien en cuir usé a glissé de mon sac ouvert. Alors, quelque part sur la terre un barrage a cédé. Un train a déraillé, une enfant a rêvé d'un chien qui gardait ses nuits, ses jours et la douceur contr'elle."
Photo : Michèle Fuxa
00:30 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Mireille Disdero, littérature, photo, Michèle Fuxa
mercredi, 08 novembre 2006
Le catalan universel

Les tableaux de Miro sont des symphonies, des hymnes à la vie. Ciel bleu, céruléen, nuages rouges. Il se voulait catalan universel. Miro, étonnant de simplicité, de clairvoyance, avouant que les mots n’étaient pas sa spécialité. Pourtant : Les choses suivent leur cours naturel. Elles poussent, elles mûrissent. Il faut greffer. Il faut irriguer, comme pour la salade. Ca mûrit dans mon esprit. Aussi je travaille toujours énormément de choses à la fois. Et même dans des domaines différents : peinture, gravure, lithographie, sculpture, céramique. Avec cette idée, de l’impression globale du tableau, qui revient. Pour moi, un tableau doit être comme des étincelles. Il faut qu’il éblouisse comme la beauté d’une femme ou d’un poème. Qu’il ait un rayonnement... Plus que le tableau lui-même, ce qui compte, c’est ce qu’il jette en l’air, ce qu’il répand. Miro, magicien, avec son désir d’être au plus près de la vie, des objets de tous les jours, ramenant de ses promenades sur la plage de Majorque des bouts de bois, de ficelle. Il voulait un art populaire et l’avait trouvé finalement. Partout du rouge, du bleu, de l’indigo, du jaune, la passion, voilà le catalan universel.
Extrait du roman : "Le sourire de Cézanne", à paraître mai 2007, éditions N & B21:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, art, peinture, Miro, Le sourire de Cézanne
Naissance
J'avale la nuit dans un café
Ma tasse résonne de ton éclat
Je sais brûler à corps absent
Remonter
Flamme, le courant
Mais
Des siècles à être toi
À me pencher
A te parler dans un reflet
Et
Foule en place de l'Étoile
Juste à l'endroit du cœur
Touchée
Attablée à ta vie
La nuit
Je te bois dans mon café
Puis
Je rentre
Ici ou nulle part
Mon sommeil dans ta poche
Au fond des caniveaux, le soleil
La pluie des yeux
Nos papiers froissés
Je voudrais ne jamais avoir pleuré
Ne jamais avoir parlé
Etre à naître de nouveau
Juste un bébé
Prendre la vie du début
Et
A corps présent
Te trouver.
Rodin, La Danaïde
00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, Mireille Disdero, Rodin
mardi, 07 novembre 2006
Une horloge où toutes les heures sont égales
« La désorientation est constante, ponctuelle, courbée, systématique, mais n’engendre aucun désordre, au contraire. L’espace est simplement doublé et organisé en reflet, comme un échiquier. Les canaux, les piquets, les ruelles, les quais, les bateaux, les places, les ponts, les puits, le dallage même, orchestrent cette mise en scène géométrique. Le temps, lui, ne peut être, à chaque instant, que vertical, étagé, feuilleté, poudroyant, ouvert. Venise est un entrelacement de chemins qui ne mènent nulle part et qui se suffisent à eux-mêmes ; une horloge où toutes les heures sont égales »
Philippe Sollers, Eloge de l’infini
Photo : Gildas Pasquet
21:45 Publié dans Venise | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Venise, Philippe Sollers, Gildas Pasquet, littérature, photo
Sans doute !
Amusant que l’expression « sans doute » signifie qu’il en existe tout de même un !
16:55 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : doute, papillote
Une perle baroque dans la brume plombagine
Je ne souffle mot. Je regarde par la fenêtre Venise. Venise. Reflets insolites dans l'eau de la lagune. Micassures et reflets glissants dans les vitrines et sur le parquet en mosaïque de la bibliothèque Saint-Marc. Le soleil est comme une perle baroque dans la brume plombagine qui se lève derrière les façades des palais du front de l'eau et annonce du mauvais temps au large, crachin, pluies, vents et tempête. Je ne souffle mot. A la place du vaporetto qui passe devant la Dogana di Mari, appareille une tartane. C'est le 11 novembre 1653...
Blaise Cendrars, Bourlinguer.
Photos de Gildas Pasquet
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, photo, Cendrars, Gildas Pasquet, Venise
lundi, 06 novembre 2006
De l'ombre à la lumière
Venise 2006, photo de Gildas Pasquet
23:26 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photo, Venise, Gildas Pasquet
Venise 2006
Photo : Gildas Pasquet
18:32 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : photo, Gildas Pasquet, Venise
J'aimais bien sa nonchalance
Les chroniques de Bernard Frank dans le Nouvel Obs, c'était la certitude d'une page bien écrite, un peu hors du temps, et ce mélange de nonchalance et de vivacité, de distance et de savoir-faire qu'il réussissait si bien, il y avait aussi ses références constantes à Stendhal, Proust, etc. Une manière d'élégance...
13:05 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, critique, Bernard Frank
Agir à la façon de la Nature
"Ce qui me semble à moi le plus haut dans l'Art (et le plus difficile), ce n'est ni de faire rire, ni de faire pleurer, ni de vous mettre en rut ou en fureur, mais d'agir à la façon de la Nature." : Gustave Flaubert ; cité par Simon Leys : "Poésie et peinture, Aspects de l'esthétique chinoise classique" in Essais sur la Chine, collection Bouquins. Leys cite aussi Picasso qui a écrit presque la même chose : "Il ne s'agit pas d'imiter la nature, mais de travailler comme elle."
Tableau de Frédérique Azaïs
01:20 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, littérature, Picasso, Simon Leys, Frédérique Azaïs, Chine
dimanche, 05 novembre 2006
Cette lumière est divine
"L’être ouvert - à la mort, au supplice, à la joie - sans réserve, l’être ouvert et mourant, douloureux et heureux, paraît déjà dans sa lumière voilée : cette lumière est divine. Et le cri que, la bouche tordue, cet être tord peut-être mais profère est un immense alléluia, perdu dans le silence sans fin."
Georges Bataille
Frédérique Azaïs : "Tous les matins du monde"
19:38 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, Frédérique Azaïs, Georges Bataille
Une expression bouffonne et égarée au possible
"Enfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus étincelle d'or de la lumière nature. De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible."
Rimbaud
Pollock
05:04 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, art, poésie, Rimbaud, Pollock
samedi, 04 novembre 2006
La Belle Équipe en ciné permanent
Vous l'avez compris, ce n'est pas dans nos habitudes, chez Brunetti, de cabotiner ainsi quand depuis des lustres s'est établie entre nous une sorte de hiérarchie toute de tacite et discrète connivence dont les rouages aussi bien huilés qu'une série de tournées au quatre-vingt-et-un font tourniquer notre planète comme sur des roulettes. C'est la treizième tribu notre troquet, La Belle Équipe en ciné permanent ; un profane fait tinter le drelin-drelin de la porte vitrée et vient poser coude au comptoir, il doit aussitôt se mesurer à cent mille paires d'yeux qui par en dessous les sourcils froncés en moins de rien le jaugent. Qu'il affiche une suffisance déplacée, use de ce ton sec que les petits Marius seuls savent prendre entre eux et sa liquette n'aura le temps de s'imprégner des douces effluves de fritons grésillant dans l'huile bouillante ; la messe est dite, on ne le reverra guère. Mais si, pas tartufe pour deux thunes, il veut bien se montrer tel qu'en lui-même, avec ses coquards au coeur, ses illusions au fil du caniveau toutes en allées - comme souvent et comme tant d'autres ici -, s'il apostrophe et questionne à la cantonade pour se donner une contenance et par pudeur masquer sous la plaisanterie quelque chagrin ou le poids de la solitude qui le tourmente alors, que cela lui chante et qu'il y trouve son compte, il se peut bien qu'il devienne tantôt des nôtres. Brunetti, voyez-vous, c'est un de ces bistrots qui parvient quand même à faire tenir debout ensemble un certain nombre de vies.
Pierre Autin-Grenier, extrait de Friterie-Bar Brunetti, Gallimard, col l'Arpenteur, 2005
Soutine, Jour de vent à Auxerre (1939)
21:42 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, Pierre Autin-Grenier, Soutine