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jeudi, 29 septembre 2005

Pourquoi rêver toujours un éternel printemps

Pourquoi rêver toujours un éternel printemps, alors que tout nous est donné, là, maintenant, dans...

Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d'aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui !

Un cygne d'autrefois se souvient que c'est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n'avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l'ennui.

Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l'espace infligée à l'oiseau qui le nie,
Mais non l'horreur du sol où le plumage est pris.

Fantôme qu'à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s'immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l'exil inutile le Cygne.

Mallarmé

Photo : Cecil Beaton


Septembre

Septembre, sentiment de légèreté, danse mauve des feuilles dans l'air du soir, la nature les arbres le ciel si présents, si justes, que le printemps est déjà là

L'union de la terre et de l'eau

 Oui, je crois que c'est à force de mettre les pieds dans le plat que nous déméritons de la vie éternelle. Le temps il faut l'aimer sinon il a honte, il se cache sous des grimaces et on ne sait plus où le trouver, il faut le valser, le danser en tournant mais en se décalant à l'oblique à chaque tour, alors là, quand c'est vraiment parti, on ne touche plus sol, c'est la grande joie !

(Ces mots de Alina Reyes, dans un commentaire d'une de ses notes : l'oblique beauté du temps)

 

mercredi, 28 septembre 2005

La bibliothèque de la chambre obscure

Alberto Savinio était si mécontent des encyclopédies qu’il se fit la sienne pour son usage personnel. Je crois avoir fait la même chose avec la littérature de ce siècle, car chez moi, dans une chambre noire, j’ai réuni tous mes auteurs favoris. Il n’y a pas un matin où, en guise de ce que nous pourrions appeler échauffement, je ne pêche au hasard, dans l’obscurité, un tome et je ne le relise dans mon lit jusqu’à ce que monte l’un de ces désirs irrépressibles de me mettre à écrire. Ensuite, pour bien m’assurer que tout ira pour le mieux, je prends un café, j’allume une cigarette et je vais à la fenêtre depuis laquelle je peux voir toute la ville. Là je fume et je pense à la vie et à la mort, jusqu’à ce que me vienne la sensation, parfois trompeuse, d’être définitivement prêt pour l’écriture. Je ne saurais vivre sans cette bibliothèque que j’ai constituée pour mon usage personnel, ce qui revient à dire que je ne serais rien ni personne sans ma fenêtre. Le roi de la chambre obscure c’est Bartleby, qui pour moi représente la parabole à l’origine de la littérature contemporaine, son étape fondamentale : l’histoire de l’homme exilé dans le monde, l’histoire d’un humble copiste ou employé aux écritures qui me rappelle tant le Kafka qui promenait dans tout Prague son étrange manteau chauve-souris et son chapeau melon noir. Kafka aurait été légèrement différent s’il n’avait pas lu Robert Walser - pour moi, il n’y a pas de livre plus fascinant que son Jakob von Gunten -, l’extravagant écrivain suisse qui ressemble tant au personnage de Bartleby, surtout lorsqu’il se retirait de temps en temps à Zurich, dans la « Chambre d’écriture pour désœuvrés ». Et là, assis sur un vieux tabouret, à la tombée du jour, dans la lumière pâle d’un quiquet à pétrole, il utilisait sa microscopique et élégante calligraphie pour copier des adresses ou faire d’autres menus travaux de ce genre que lui commandaient des entreprises, des associations ou des personnes privées.

Il serait impossible de rencontrer quelqu’un de plus extravagant que Walser si Raymond Roussel n’avait pas existé, lequel vivait enfermé en lui-même, dans sa roulotte aux persiennes baissées, contemplant la lumière incréée qui naissait à l’intérieur de lui, à l’intérieur de son œuvre, consacrée à une espèce de cybernétique appliquée à la littérature et qui aurait produit des œuvres aussi géniales que Locus Solus et Impressions d’Afrique. Ces deux livres sont placés entre l’œuvre de Walser et celle de Flaubert dans ma bibliothèque constituée à mon usage personnel. Flaubert est là parce que sa trajectoire littéraire calculée transforma l’histoire de la littérature et permit l’apparition d’œuvres d’avant-garde comme celles de Roussel et de Walser, ses extravagants compagnons de rayonnage. Flaubert ne fit rien de moins que de hisser à la perfection la plus haute le roman réaliste (Madame Bovary) et ensuite de le dynamiter, de le briser avec cette minutieuse étude de la stupidité humaine qu’est Bouvard et Pécuchet.

Ce roman de Flaubert, non perçu en son temps pour ce qu’il est, un roman extraordinaire, a eu néanmoins de fervents admirateurs, et parmi eux se détache le grand Jorge Luis Borges, son plus grand défenseur. Quand je me suis mis à lire Borges, ce fut pour moi la même chose que, pour saint Paul, tomber de cheval sur le chemin de Damas. Je ne sais pourquoi nommer Borges me ramène toujours à Fernando Pessoa, duquel on disait qu’il mentait ou feignait d’écrire alors que simplement il sentait avec l’imagination et non avec le cœur.

À côté des œuvres complètes de Pessoa, il y a Vladimir Nabokov, qui ne ressemble en rien au poète portugais. Lolita et, surtout, Feu pâle me rappellent qu’en littérature il faut toujours prendre des risques, car comme le disait Michel Leiris, le voisin d’étagère de Nabokov, les tragédies que nous mettons en scène sont des tragédies réelles dans lesquelles le sang est répandu et où l’on joue sa propre vie. Il faut toujours prendre le taureau de la littérature par les cornes, comme le savait très bien Louis-Ferdinand Céline, qui écrivit la plus radicale des descentes aux enfers.

Dans l’obscurité, Voyage au bout de la nuit fait un clin d’œil à James Joyce, non pas à l’auteur d’Ulysse, quand bien même ce livre a changé le destin de la littérature en la libérant de toute sa rhétorique antérieure, mais à l’auteur de Gens de Dublin, que je considère, à côté du Cathédrale de Raymond Carver, comme un livre de lecture incontournable pour quiconque se pose la question d’écrire un jour des récits. Je ne sais plus qui m’a raconté il y a peu que Juan Rulfo fut un grand admirateur du Joyce nouvelliste, bien que, de toute évidence, il soit difficile de le découvrir dans son Pedro Páramo, pour la simple raison que ce bref roman est différent de tout ce qui existe, il me semble, et que c’est le seul livre qui, étant donné l’incroyable surprise nichée entre ses pages, m’a laissé muet, complètement muet pendant des heures.

Puis il y a Witold Gombrowicz — son Journal ne nous aide pas seulement à vivre mais il nous rend intelligents —, et il en reste beaucoup d’autres. Le mystérieux Jan Hydejeck, par exemple, l’auteur de La Passion, selon Rita Malú, livre publié en 1925 dans sa Prague natale, fascinant et très étrange catalogue d’espions de l’eucharistie, c’est-à-dire de voyeurs de l’hostie, Montaigne et Philippe II entre autres. Il y a, évidemment, cet homme minuscule et terrorisé que fut Bruno Schulz et qui parvint, dans Les Boutiques de cannelle, à faire de la lointaine Drohobycz, sa ville natale, la plus belle ville de toute l’histoire de la littérature. Et il reste aussi, bien sûr, les Espagnols, je ne les oublie pas. Pío Baroja, par exemple. Don Pío-Pío, comme l’appelait Ramón Gómez de la Serna, qui depuis des années cohabite admirablement avec un autre Ramón, Valle-Inclán, dans l’obscurité infinie de ma chambre secrète.

Enrique Vila-Matas, figure de proue de la littérature espagnole contemporaine, a déjà publié aux éditions Passage du Nord-ouest la lecture assassine, et Pour en finir avec les chiffres ronds.

Traduit de l’espagnol par Pierre-Olivier Sanchez

Collection : Traductions contemporaines

mardi, 27 septembre 2005

Je suis été

Aujourd’hui vers 13 heures, mardi 26 septembre 2149, je suis arrivé à une telle présence à moi-même et au monde, place de la Canourgue à Montpellier, que j’étais ces roses qui se balancent doucement dans l’air léger de ce début d’automne.

Pierre Autin-Grenier au bistrot de la Fraternelle

Car si l’homme est de ceux qu’on n’oublie pas, l’écrivain est d’envergure : assurément un grand styliste mais surtout un styliste qui a quelque chose à dire en ces temps de verbe creux et de fausse parole...

Lire ici tout l'article sur le blog de Christian Cottet-Emard

lundi, 19 septembre 2005

La poésie ça n'est jamais ça

Un siècle après sa mort, nous ne sommes toujours pas parvenus à fixer Arthur Rimbaud. Nous devons nous contenter de saluer sa prodigieuse vitesse. Une existence littéraire d'environ quarante-deux mois a suffi au jeune ardennais pour épuiser en une centaine de pages tous les possibles de la poésie. Après lui, rien de neuf, rien de plus à dire, tout à recommencer. Telle est sa principale leçon : il démontre, une fois pour toutes, que la poésie ça n'est jamais ça.. En épuisant très vite et tour à tour quantité d'énergies et de formes, Arthur Rimbaud nous prouve que la langue de poésie est une langue où il y a du jeu: entre les différents sens d'un même mot, dans l'emboîtement des mots entre eux, dans la figuration et dans l'identité... Son oeuvre se présente comme une exténuante circulation et comme une distribution généreuse de sens et de sons nouveaux. Sa parole allègre et rapide, qui procède toute par fulgurances, courts-circuits, palinodies et contre-pieds, dépense sans compter des énergies fabuleuses. Rimbaud, de son propre aveu, se donne à lire, "littéralement et dans tous les sens."

Extrait de "La leçon d'Arthur Rimbaud" dans "La poésie malgré tout" ; un passionnant site littéraire à découvrir, celui de Jean-Michel Maulpoix

mardi, 13 septembre 2005

Lumière d'or étagée

 
 

Dans la campagne aixoise, ce début janvier a les couleurs d’un automne tardif. Ocelles claires et limpides des chênes verts, fauve des feuilles caduques, dans les arbres touches mélangées de jaune, ocre, vermillon, rouille, reflets ombrés, aspect frêle des feuilles sur le point de chuter, translucides et légères, puis s’effondrant en poussière.

Partout la végétation, en flot inépuisable, dégorge de gigantesques vasques sur les collines, les combes et les ravines. Bientôt les arbres dessineront des pinceaux, dressant leurs nervures dans le gris du ciel. Au milieu, clairsemés, les oliviers, lumineux et purs comme des incendies, les seuls à irradier de l’éclat quand l’horizon se couvre de gris, décharnés, noueux, rivés à la terre. Le vent se mêle aux forêts dans des vapeurs blanchâtres, traînées de gaze qui couronnent la Sainte-Victoire, ombre volcanique. Miracle, en cette saison les journées sont courtes, rares les promeneurs, lumière d’or étalée, formes étagées en volumes

samedi, 10 septembre 2005

Une génération de kids définitifs

« Ce que nous essayons de créer c'est une humanité factice, frivole, qui ne sera plus jamais accessible au sérieux ni à l'humour, qui vivra jusqu'à sa mort dans une quête de plus en plus désespérée du fun et du sexe ; une génération de kids définitifs. »
Michel Houellebecq, la possibilité d'une île

En attendant les secours

Oh Katrina tchi tchi...


Il n'y a que les bouteilles au bar
qui supportent bien le tangage,
même l'ombre sur le mur
répète le geste de ma main
s'épongeant le front.
Celle qui rêve de passer
l'équateur à dos d'âne
regarde impuissante et incrédule
la Vieille Orléans ruisseler
à travers les barreaux d'un monde noir.
Je ne fraierai pas ma route parmi
les fachos et les gouttes.
Si les chats blancs vont sous les bancs à midi
vérifier que les ombres sont toujours noires,
que l'écho fasse ici résonner,
non pas un chant de l'équateur
mais ma toux de l'antarctique.

Calou

Comme on attend le train

Je ne suis pas un prophète
mais il arrive que je voie ce que
les autres voient comme moi,
mais ne veulent pas voir.
Le monde moderne regorge
aujourd'hui d'hommes d'affaires
et de policiers, mais il a bien
besoin d'entendre quelques
voix libératrices, [...]
Les voix libératrices ne sont pas
les voix apaisantes, les voix
rassurantes. Elles ne se contentent
pas de nous inviter à attendre
l'avenir comme on attend le train.

Georges Bernanos

jeudi, 08 septembre 2005

Fête

Ambrose Bierce, dans son « Dictionnaire du Diable » la définit ainsi : « Célébration. Une fête religieuse se distingue généralement par un abus de nourriture et de boissons, assez souvent en l’honneur de quelque saint personnage qui s’était distingué par son ascétisme ».

Hiatus irrationalis

Choses que coule en vous la sueur ou la sève,

Formes, que vous naissiez de la forge ou du sang,

Votre torrent n’est pas plus dense que mon rêve,

Et si je ne vous bats d’un désir incessant,

 

 

 

 

 

Je traverse votre eau, je tombe vers la grève

Où m’attire le poids de mon démon pensant;

Seul il heurte au sol dur sur quoi l’être s’élève,

Le mal aveugle et sourd, le dieu privé de sens 

 

Mais, sitôt que tout verbe a péri dans ma gorge,

Choses qui jaillissez du sang ou de la forge,

Nature –, je me perds au flux d’un élément :

 

Celui qui couve en moi, le même vous soulève,

Formes que coule en vous la sueur ou la sève,

C’est le feu qui me fait votre immortel amant.

Jacques Lacan

Peinture de Antoine Wiertz : La belle Rosine

mercredi, 07 septembre 2005

Et voici le grand style...

Imaginez qu’à l’été finissant, les camaïeux de verts se disputent le paysage avec les ocres d’un automne qui s’avance à pas lent. La nature est en joie de la vendange qui approche, et les cuvages que l’on aère exhalent les effluves des crus passés. Cette terre de Bourgogne prête à donner son fruit est comme un corps de femme: grasse, toute en courbes et vallons … Ah ! mon amie que j’aime ce pays si plein de délicieux souvenirs de l’enfance que je garde en mon cœur gravés comme autant d’eaux-fortes, témoins d’un temps qui fut et qui fuit.

Voir ce site

mardi, 06 septembre 2005

Petit extrait d'un dictionnaire à venir

Sollers. Après avoir animé la revue " Tel quel ", et écrit des livres plutôt expérimentaux, il a surpris tout le monde avec son roman : " Femmes ", touffu, foisonnant qui balaye et fouille l’histoire contemporaine. Avec cette fameuse phrase (presque) initiale : " Le monde appartient aux femmes. C’est-à-dire à la mort. Là-dessus, tout le monde ment ". " Femmes ", ce sont aussi des portraits devenus célèbres de Lacan, Garaudy, Barthes (étonnantes pages où il décrit les dernières années et la mort de celui-ci). Ensuite avec " Le cœur absolu ", " Portrait du joueur ", " La fête à Venise ", il poursuit une série de romans déroutants, atypiques, mêlant intrigues romanesques, citations et réflexions sur l’histoire passée et en cours. Très riche et moins connu : " Le secret ", confession d’un agent secret travaillant pour le Vatican ; Pas d’armes ni de gadgets, ici il est question de pensée et de stratégie (références nombreuses au Maréchal de Saxe, à Lawrence et Sun Tzu) : " Dans la guerre irrégulière, ce que les hommes font est assez peu important, mais ce qu’ils pensent, en revanche, est capital ". Collaborateur régulier au " Monde des livres ", Sollers a rassemblé ses articles et d’autres contributions ou préfaces dans "La guerre du goût " puis " L’éloge de l’infini " : deux recueils volumineux pour découvrir ou redécouvrir les classiques, aborder la Chine, le XVIII ème, Venise, Rimbaud, la Bible, la peinture, la musique, et interroger la religion, le sexe et la poésie comme axes fondamentaux. Sollers a en outre écrit des livres sur Vivant Denon, Casanova et Mozart. Romans qui ressemblent à des essais, et réciproquement (un peu à la manière des " Fictions " de Borges et fidèles à la leçon magistrale de Guy Debord dans " La société du spectacle " : " Dans le monde réellement renversé, le faux est un moment du vrai "), livres fourre-tout, indéfinissables, truffés de notes, d’aller-retour, de réflexions : une œuvre originale et forte qui a éclairé paradoxalement le désert littéraire français de la fin du XXème siècle.

vendredi, 02 septembre 2005

Le lever du soleil

Le lever du soleil
au couvent du mont Po-chan

"La lumière pure d'une belle matinée pénètre déjà dans le vieux couvent ;
Déjà la cime éclairée des grands arbres annonce le retour du soleil.
C'est par de mystérieux sentiers qu'on arrive à ce lieu solitaire,
Où s'abrite la cellule du bonze, au milieu de la verdure et des fleurs.

Dès que la montagne s'illumine, les oiseaux, tout à la nature, se réveillent joyeux ;
L'œil contemple des eaux limpides et profondes, comme les pensées de l'homme dont le cœur s'est épuré.
Les dix mille bruits du monde ne troublent jamais cette calme retraite ;
La voix harmonieuse des pierres sonores est la seule qui s'élève ici."

Chang Jian

Les classiques de la littérature chinoise sont à lire ici

mercredi, 31 août 2005

Le bonheur

" Jusqu’à présent, l’on a décrit le malheur, pour inspirer la terreur, la pitié. Je décrirai le bonheur pour inspirer leurs contraires ".

Lautréamont, Poésies.

Les inédits de Bukowski (encore)

Au sujet de la première
lecture de l'immortelle
littérature mondiale


 

les écoliers

referment violemment
leurs lourds

livres

et s'encourent
heureux comme jamais
vers la
cour de récré
ou
encore plus
alarmant -    
s'en retournent vers
leurs
horribles
foyers.
il n'est rien d'aussi
ennuyant
que
l'immortalité.

Traduction : Éric Dejaeger

UPON FIRST READING THE        
IMMORTAL LITERATURE           
OF THE WORLD  

                          
the school children           
bang closed                   
their heavy                   
books                         
and run        
ever so gladly 
to the              
yard                
or                    
even more           
alarming-                
back to              
their                  
horrible             
homes.                
there is nothing so
boring    
as           
immortality.  
Charles Bukowski


War All the Time (Poems 1981-1984), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1996, 129.

mardi, 30 août 2005

Quarante

"La vie commence à cinquante ans, c'est vrai ; à ceci près qu'elle se termine à quarante."

Michel Houellebecq, la possibilité d'une île

Les inédits de Bukowski (suite)

Oh, oui
il y a des choses pires que

d'être seul

mais ça prend souvent des décades

pour s'en rendre compte

et le plus souvent

quand vous y arrivez

il est trop tard

et il n'y a rien de pire

que

trop tard.
Traduction : Éric Dejaeger

 

OH, YES                       
there are worse things than   
being alone                   
but it often takes decades    
to realize this               
and most often                
when you do                    
it's too late                 
and there's nothing worse     
than                          
too late.                     
Charles Bukowski
War All the Time (Poems 1981-1984), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1996, 100.