vendredi, 20 janvier 2023
Des fourmis grouillent, c'est tout
Tcheng vivait en Chine au temps des Cinq dynasties et des Dix royaumes. Soldat parfois ombrageux, fier et indiscipliné, il ne dédaignait pas l’alcool de riz, ni courir le jupon. Orphelin dès le plus jeune âge, il avait appris à se défendre, pourtant il ne pouvait cacher longtemps ce qu’il avait sur le cœur. Jamais il n’avait été ni se serait hypocrite, ou vaniteux. L’air de la liberté, il en avait besoin pour vivre ; et surtout il aimait se regarder en face sans honte.
Un jour où il avait trinqué plus que de raison, alors que rien ne le laissait supposer, le rassemblement fut sonné. Pas encore dégrisé, au premier commandement un peu sec, il réagit vivement, s’emporta, traitant ses supérieurs de bons à rien, de profiteurs. Clamant haut et fort que non seulement les soldats étaient les seuls à risquer leur peau, mais qu’ils ne récoltaient jamais que les miettes de la victoire. Les gradés sentirent le danger de laisser se répandre de telles idées. Réplique immédiate : Tcheng fut chassé de l’armée avec pour tout bagage une volée de coups de bâton.
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samedi, 14 janvier 2023
Ricardo Almotasim
12:14 Publié dans Doubles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : doubles
vendredi, 06 janvier 2023
Loin de la vie des marionnettes
Léo marche dans les rues de la ville, c’est le début de l’été. Légèreté partout, les nuages moutonnent. Il imagine les hommes qui vivaient là, il y a trois mille ans. Pas si différents sans doute, avec l’envie d’une caresse sur la peau, d’une fille, du vent…
Là, tout le monde court, la solitude en bandoulière, et des mots improbables s’enfuient dans tous les sens, happés par l’air moite. On dirait qu’ils font semblant. Des somnambules. Leurs corps ne sont pas libres, c’est évident. Ils jouent un rôle, mal pour la plupart. Mâchoires serrées, visages fermés. On les a persuadés qu’en allant vite ils seraient gagnants, mais ils ne savent plus pour qui ils courent, ni pourquoi. Bien déguisés, mais la contrainte, le faux transpirent sous l’uniforme. Nouveauté postmoderne, ils construisent eux-mêmes leur mise en scène. Avec persévérance, détermination : un bel esprit de corps.
Léo a envie de silence. D’ailleurs, tout se ralentit dans sa tête, malgré la vitesse autour. Le silence est magique. Le silence est lumière. Je voudrais voir le soleil rouge sang plonger dans la mer, sentir les embruns fouetter mon visage, le picotement salé de la Méditerranée. Partir. Loin de la vie des marionnettes...
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mercredi, 04 janvier 2023
Inutile !
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mardi, 03 janvier 2023
Drôle de royaume révolutionnaire...
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dimanche, 01 janvier 2023
...
« La vérité porte des masques pour voyager saine et sauve. Elle porte le masque du jeu, celui du rire qui coupe, elle porte celui de la nuit noire et du midi aveuglant. Elle porte aussi celui de la musique, celui de la beauté, celui de la bonté. Elle porte le masque du poème, la joie la plus proche du soleil. Elle porte le masque du secret qui porte lui-même toutes sortes de masques dont ceux de l’invisibilité et de l’omniprésence. Le mensonge lui n’a qu’un seul masque, celui de la pure vérité. (...) Il ne manque rien à celui qui participe à une aventure sans commencement ni fin, à un tout à la fois unique et multiple, à un unique infini. La tâche la plus exigeante est de le concevoir sans commencement. Ensuite il n’y a plus de fin qui tienne. La lumière n’a pas de source si elle est la source. Elles n’ont pas de limite, les vies que la nature inspire. L’apprécier ne suffit pas, il faut se sentir contribuer à sa force. »
Mathieu Terence
Photo de Mark Littlejohn
Tous mes vœux pour l'an nouveau !
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jeudi, 29 décembre 2022
Son aliment c’est admiration, chasse, ambiguïté
« Nul esprit généreux ne s’arrête en soi : il prétend toujours et va outre ses forces ; il a des élans au-delà de ses effets ; s’il ne s’avance et ne se presse et ne s’accule et ne se choque, il n’est vif qu’à demi ; ses poursuites sont sans terme et sans forme ; son aliment c’est admiration, chasse, ambiguïté. »
Montaigne
Photo : Jack Vettriano
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lundi, 26 décembre 2022
Wandering chief
L’homme — un agent des services britanniques, installé dans une maison de thé face au débarcadère, observe le va-et-vient des passants, dans une obscurité de glaïeuls. Lent balancement des jonques en guirlande sur la baie.
Enrôlé dans l’armée hollandaise, il a rejoint Batavia, sur l’île de Java, au mois de juin. Son détachement a été envoyé en pleine jungle. Forêt étouffante, dévorée de palétuviers, banians aux racines tressées dans la glaise mais aussi entraînement, discipline, marches forcées et chaleur suffocante.
Un de ses camarades, français comme lui, n’a pas supporté ce régime. Emporté par la malaria en trois jours, il fallait l’enterrer au plus vite. L’homme, porté volontaire, a lui-même creusé le trou. Par peur des miasmes, l’unique sentinelle se tenait à l’écart. Après avoir pioché sous le soleil ardent, profitant d’un moment d’inattention du garde-chiourme, il a détalé. Huit jours durant, il s’est nourri de bananes, de noix de coco, fuyant les habitations. Enfin, il a atteint Semarang, l’autre port de l’île, où il a établi un contact, fait son rapport.
Il a rendez-vous le soir même dans une fumerie d’opium...
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dimanche, 18 décembre 2022
Comédie humaine
14:35 Publié dans Doubles, Nouvelle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : doubles
samedi, 17 décembre 2022
Vivre c’est être autre
« Vivre c’est être autre. Et sentir n’est pas possible si l’on sent aujourd’hui comme l’on a senti hier. »
Fernando Pessoa
10:49 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fernando pessoa
vendredi, 16 décembre 2022
Un certain charme
20:20 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la fontaine
mercredi, 14 décembre 2022
Être inutile et tranquille définitivement (À Pierre Autin-Grenier)
C’était le mois de juin. On avait mangé dehors. Nos amis partis, on s’est retrouvés, Elena et moi, assis dans le jardin, à seulement goûter le silence. Ensuite, on est montés et on a fait l’amour sans échanger un mot, comme dans un rituel paisible et dérangeant. Elle s’est endormie, puis je suis redescendu. J’ai tout d’un coup ressenti un immense vide.
C’est ce soir-là que je suis parti. Ce qui nous avait rapprochés, Elena et moi, notre désir de liberté, et ces deux ans de vie commune n’avaient fait que le conforter. Elle et moi on le savait depuis le début, l’histoire pouvait et devait s’arrêter d’un moment à l’autre, on était tous les deux indépendants.
Je ne ressentais pas d’émotion particulière, sinon un sentiment de solitude, mais je m’y étais habitué, avec le temps.
Je lui écrivis une lettre, courte mais limpide. J’éprouvais un certain plaisir à voir se dérouler les arguments sur le papier. Jamais je n’avais vécu aussi longtemps avec une femme, c’était la raison de mon désir d’évasion. Pour le reste, peu de choses à lui dire. Une règle tacite entre nous : ne jamais évoquer le passé.
J’ai toujours aimé les situations nettes, détesté les adieux dans les gares. Je lui demandai de venir chercher mes affaires en son absence. Pourquoi pas, si c’est ta volonté, me répondit-elle. Aucune trace chez elle d’impatience ni de ressentiment. Mon amour-propre que je n’attendais pas en si bonne place, reçut sa première pique. Puis, par cette habitude absurde de raisonner qui ne me quitte jamais, j’en conclus à une certaine élasticité du réel, quoiqu’on pense.
Les jours ont passé, un doigt sur les lèvres. À chaque circonstance qui nous mettait en relation, elle affichait la même tempérance, une parfaite urbanité. Au lieu de me rassurer, cette attitude m’exaspérait.
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vendredi, 09 décembre 2022
La nuit, avec ses yeux de masque africain, plombe le ciel
La nuit, avec ses yeux de masque africain, plombe le ciel. Ville fleuve, embuée dans son liquide initial. Réalité floue, organique...
Antonio Vivaldi, seul à la pointe de la Salute, rêve. Femmes allongées, lascives. Corps huilés. Entremêlements. Anna Giro trône, au milieu de ce harem. Vibrante, luisante, épanouie. Elle danse, effrontée, provocante. Antonio est là, près d’elle. D’un geste, elle l’empêche d’approcher. Bientôt il va l’entourer. Lui, le prêtre roux, au visage si fin, si frêle en apparence. Amant incomparable. Ses doigts sont des caresses. Elle s’envole. L’air épouse ses formes.
Quand il la voit, il entend la musique, elle s’écrit. Staccato, bassons, ombres boisées, legato, violoncelles, pizzicato. L’orchestre se déchaîne. Elle ne cesse de tourner. Son rire tinte comme du verre brisé. Ses gestes, furtifs, accomplis, parlent une langue muette : abandon, luxure, jouissance. Elle sera un jouet entre mes mains tout à l’heure, elle joue à donner cette illusion. La netteté d’esprit cause aussi la netteté de la passion ; c’est pourquoi un esprit grand et net aime avec ardeur, et il voit distinctement ce qu’il aime.
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mercredi, 07 décembre 2022
Partir
20:42 Publié dans Doubles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : doubles
Henri Matisse
20:32 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : matisse
samedi, 03 décembre 2022
Doubles : le sommaire
17:25 Publié dans Doubles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : doubles
vendredi, 02 décembre 2022
Parution de mon recueil de nouvelles : Doubles
15:58 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : doubles
mercredi, 30 novembre 2022
Il change à chaque fois
« Qu'est ce qu'un livre si nous ne l'ouvrons pas ? Un simple cube de papier et de cuir avec des feuilles ; mais si nous le lisons, il se passe quelque chose d'étrange, je crois qu'il change à chaque fois »
Jorge Luis Borges
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Baixa, Lisboa
15:45 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baixa
Jardins du Palais Royal de Caserte, La Reggia di Caserta,à côté de Naples
15:44 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : caserta