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mardi, 08 mars 2022

Kandinsky 1938

Kandinsky

à demi-mot

Mark Littlejohn10.jpgLes vérités qui nous importent le plus s'offrent toujours à demi-mot

Baltasar Gracian

Photo de Mark Littlejohn (3 cerfs)

lundi, 07 mars 2022

Ainsi le ciel

Sophie Carr.jpgJe fondais mes rêves dans le bleu délavé de l’horizon, l’amas désordonné des nuages et ce bateau qui filait au milieu de tous ces cataclysmes. La pluie au loin traçait un rideau épais, en grandes orgues joufflues gonflées de nuit. Une trépidation de lames. Le ciel, une lutte, un amas de lances, un combat fratricide. Ainsi le ciel. Une symphonie du nouveau monde. Même si c’est vers l’ancien que je me dirigeais. Terrifiante cette immensité sauvage, encore plus que la Sierra, ces vagues dans le désordre de la nuit, remous effrayants, terrifiante et rassurante à la fois avec le bruit continu du bateau, les odeurs de machines, ce bloc de métal monstrueux, fumant et rugissant, traçant son sillon imperturbable à travers les flots déchaînés. Plaisir redoublé par le sentiment de sécurité, sur ce bâtiment sourd aux hurlements de la tempête. Rêvant que mon âme soit pareille, un bloc insubmersible. Tout ce chemin parcouru en si peu de temps. Comme au Mexique, malgré ou à cause de l’absurdité du lieu, je me sentais à ma place, au cœur de cette rhapsodie bleu nuit de la pluie et du vent. 

Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", roman, 2009, éditions Lucie

Photo : Sophie Carr

dimanche, 06 mars 2022

Portraits de Berthe Morisot par Manet

Berthe Morisot, edouard manetBerthe Morisot, edouard manetBerthe Morisot, edouard manetBerthe Morisot, edouard manet

samedi, 05 mars 2022

« Ordonner une bibliothèque est une façon silencieuse d'exercer l'art de la critique » : Jorge Luis Borges

Marc Riboud2.jpg Photo : Marc Riboud

Désert de Namibie, la Cathédrale du Vent

Dans le désert de Namibie, la Cathédrale du Vent.jpg

08:44 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 04 mars 2022

Pouvoir réfléchissant

2518995047.jpg"De même ceux qui produisent des œuvres géniales ne sont pas ceux qui vivent dans le milieu le plus délicat, qui ont la conversation la plus brillante, la culture la plus étendue, mais ceux qui ont eu le pouvoir, cessant brusquement de vivre pour eux-mêmes, de rendre leur personnalité pareille à un miroir, de telle sorte que leur vie si médiocre d'ailleurs qu'elle pouvait être mondainement et même, dans un certain sens, intellectuellement parlant, s'y reflète, le génie consistant dans le pouvoir réfléchissant et non dans la qualité intrinsèque du spectacle reflété."
Marcel Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleurs

jeudi, 03 mars 2022

« J’accepte absolument le Temps, lui seul est rond et complet. » : Hölderlin

hölderlin

19:25 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hölderlin

mardi, 01 mars 2022

Notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres

Masques du théâtre grec.jpgMais même au point de vue des plus insignifiantes choses de la vie, nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n'a qu'à aller prendre connaissance comme d'un cahier des charges ou d'un testament; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. Même l'acte si simple que nous appelons "voir une personne que nous connaissons" est en partie un acte intellectuel. Nous remplissons l'apparence physique de l'être que nous voyons de toutes les notions que nous avons sur lui, et dans l'aspect total que nous nous représentons, ces notions ont certainement la plus grande part. Elles finissent par gonfler si parfaitement les joues, par suivre en une adhérence si exacte la ligne du nez, elles se mêlent si bien de nuancer la voix comme si celle-ci n'était qu'une transparente enveloppe, que chaque fois que nous voyons ce visage et que nous entendons cette voix, ce sont ces notions que nous retrouvons, que nous écoutons.

Marcel Proust, Du côté de chez Swann

Masques du théâtre grec

lundi, 28 février 2022

Ce blog a dix-sept ans aujourd'hui (on n'est pas sérieux quand on a...)

Domane d'O.jpgVoici le premier Post, du 28 février 2005 :

Nuit claire, temps radouci. Instant magique juste avant le sommeil où l’esprit se promène libre, sans attache particulière, éloigné des pesanteurs de la journée. Jetée d’étoiles dans le ciel bleu nuit. Il fait presque toujours doux à Montpellier. Soudain il comprend à quel point il aime cette ville. Pas de façon exclusive, non, pour son ouverture, son absence, sa légèreté, cette façon de ne pas être vraiment à soi. Rien ici de pesant, de trop enraciné. Liberté indispensable.

15:24 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 27 février 2022

Voix

bernard plossu, Marcel Proust« Rien n’altère les qualités matérielles de la voix comme de contenir de la pensée : la sonorité des diphtongues, l’énergie des labiales en sont influencées. La diction l’est aussi. » : Marcel Proust.

Photo : Bernard Plossu

"Rien ne vaut le soleil rayonnant sur la mer." Baudelaire

baudelaire

samedi, 26 février 2022

 A l’enfance

Rimbaud« A l’enfance, l’herbe, la pluie, le lac sur les pierres, le clair de lune quand le clocher sonnait douze… »

Rimbaud

Maint joyau

baudelaire« Maint joyau dort enseveli

Dans les ténèbres et dans l’oubli. »

Baudelaire

Willem de Kooning, femme assise, 1940

de Kooning

Francis Bacon, étude pour un portrait de Van Gogh, 1957

Francis Bacon, van Gogh

mercredi, 23 février 2022

Ce français...

valère novarina« Ce français qu'on dit parfois inaccentué, sec, raisonneur et gourmé, est une langue très invective, très secrète et très arborescente, faite pour pousser. Très native, très germinative. La plus belle langue du monde, parce que c'est à la fois du grec de cirque, du patois d'église, du latin arabesque, de l'anglais larvé, de l'argot de cour, du saxon éboulé, du picard d'oc, du doux-allemand et de l'italien raccourci. Un grand théâtre d'ombres, de transformismes, de variétés rythmées... » 
Valère Novarina

Photo : Carlos Santoro

Un livre

Victor HugoVous êtes à la campagne, il pleut, il faut tuer le temps, vous prenez un livre, le premier livre venu, vous vous mettez à lire ce livre comme vous liriez le journal officiel de la préfecture ou la feuille d’affiches du chef-lieu, pensant à autre chose, distrait, un peu bâillant. Tout à coup vous vous sentez saisi, votre pensée semble ne plus être à vous, votre distraction s’est dissipée, une sorte d’absorption, presque une sujétion, lui succède, vous n’êtes plus maître de vous lever et de vous en aller. Quelqu’un vous tient. Qui donc ? ce livre.

Un livre est quelqu’un. Ne vous y fiez pas.

Un livre est un engrenage. Prenez garde à ces lignes noires sur du papier blanc ; ce sont des forces ; elles se combinent, se composent, se décomposent, entrent l’une dans l’autre, pivotent l’une sur l’autre, se dévident, se nouent, s’accouplent, travaillent. Telle ligne mord, telle ligne serre et presse, telle ligne entraîne, telle ligne subjugue. Les idées sont un rouage. Vous vous sentez tiré par le livre. Il ne vous lâchera qu’après avoir donné une façon à votre esprit. Quelquefois les lecteurs sortent du livre tout à fait transformés.

Victor Hugo, "Du Génie", Proses philosophiques de 1860-65

20:23 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo

mardi, 22 février 2022

L’acte de voir ne se détermine pas à partir de l’œil mais à partir de l’éclaircie de l’être

1765750081.jpgRien de plus apaisant que les fresques de Piero della Francesca. Comme Cézanne, il a poursuivi un chemin solitaire, sans chercher la gloire ni la protection d’hommes influents, préférant l’œuvre aux intrigues du monde. Reste la plénitude, un sentiment d’éternité. Personne n’a imprimé à ses personnages autant de grâce, de sérénité sur les visages, jamais on n’a pu lire une telle absence d’anxiété jusque dans les scènes de violence, de guerre.

Visages proches de ceux de Cézanne d’ailleurs, hiératiques, paisibles. L’acte de voir ne se détermine pas à partir de l’œil mais à partir de l’éclaircie de l’être, cette phrase de Heidegger, Léonore la met en exergue de son livre.

Raymond Alcovère, extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, 2007, n & b éditions

PIERO DELLA FRANCESCA ; LE DECES D'ADAM ; DETAIL

Chercher à travers ces secrets

Hélène Vallas.jpg"J'ai écrit des récits. Le récit m'est indispensable pour atteindre indirectement à la poésie. C'est la poésie que je cherche, c'est-à-dire la création de fictions, tirées du plus profond de l'âme et dont la vie fictive, observée, analysée avec soin, me permette d'étudier et de connaître cette âme elle-même, par cette sorte de reflet.
Or pour que ces reflets soient bien vivants, pour qu'ils s'animent, il faut mettre l'âme en présence de ces points magnétiques du monde qui, par leurs radiations, excitent le plus intensément les puissances intérieures : la terre, les bêtes, le vent, l'eau, le feu, l'air, certaines créatures privilégiées, intermédiaires étranges entre nous et l'inconnu.
C'est la quête des secrets. Or que nous laissent supposer ces secrets multiples, sinon que tout se tient, que tout voit, que tout communique, que tout a un sens, et qu'on erre à ne pas croire en cette unité de la vie ; bien plus que vie et mort sont deux branches d'un même tronc, et que finalement tout aboutit à l'unité de l'être, qui, lui-même, fondu dans le non-être, est mystérieusement contenu par Dieu. Tout mythe poétique est un mythe religieux.
Chercher à travers ces secrets, découvrir les communications invisibles au commun c'est aller vers ce que j'appelle le Paradis terrestre
."


Henri Bosco - Lettre à Jean Steinmann, Pentecôte 1948, in "Jean Steinmann, Littérature d'hier et aujourd'hui" - Desclée de Brouwer, 1963.

Photo : Hélène Vallas