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vendredi, 31 mars 2023

Tempo impetuoso d'estate

Claude Monet Palazzo Contarini, 1908.jpgLa nuit, avec ses yeux de masque africain, plombe le ciel. Ville fleuve, embuée dans son liquide initial. Réalité floue, organique...

Antonio Vivaldi, seul à la pointe de la Salute, rêve. Femmes allongées, lascives. Corps huilés. Entremêlements. Anna Giro trône, au milieu de ce harem. Vibrante, luisante, épanouie. Elle danse, effrontée, provocante. Antonio est là, près d’elle. D’un geste, elle l’empêche d’approcher. Bientôt il va l’entourer. Lui, le prêtre roux, au visage si fin, si frêle en apparence. Amant incomparable. Ses doigts sont des caresses. Elle s’envole. L’air épouse ses formes.

Quand il la voit, il entend la musique, elle s’écrit. Staccato, bassons, ombres boisées, legato, violoncelles, pizzicato. L’orchestre se déchaîne. Elle ne cesse de tourner. Son rire tinte comme du verre brisé. Ses gestes, furtifs, accomplis, parlent une langue muette : abandon, luxure, jouissance. Elle sera un jouet entre mes mains tout à l’heure, elle joue à donner cette illusion. La netteté d’esprit cause aussi la netteté de la passion ; c’est pourquoi un esprit grand et net aime avec ardeur, et il voit distinctement ce qu’il aime.

Raymond Alcovère, début de la nouvelle "Tempo impetuoso d'estate", extraite du recueil "Doubles", vient de paraître.
Commande auprès de l'éditeur :
138 pages au format 10x15 ; 9 € (3,5 € de port ; prix forfaitaire quel que soit le nombre d'exemplaires)
Claude Monet

09:29 Publié dans Doubles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : doubles, claude monet

mercredi, 29 mars 2023

Georges Brassens jeune... sans sa moustache !

georges brassens

Elliott Erwitt

elliot erwitt

Henri Moret

Henri Moret

Port de Trieste, 1907. Egon Schiele

Port de Trieste, 1907. Egon Schiele.jpg

vendredi, 24 mars 2023

C'est une délicieuse chose que d'écrire !

FaXssIYWIAUSk9Q.jpg« J'ai un casque de fer sur le crâne. Depuis 2 heures de l'après-midi (sauf 25 minutes à peu près pour dîner), j'écris de la Bovary. Je suis à leur Baisade, en plein, au milieu. On sue et on a la gorge serrée. Voilà une des rares journées de ma vie que j'ai passée dans l'Illusion, complètement, et depuis un bout jusqu'à l'autre. Tantôt, à six heures, au moment où j'écrivais le mot attaque de nerfs, j'étais si emporté, je gueulais si fort, et sentais si profondément ce que ma petite femme éprouvait, que j'ai eu peur moi-même d'en avoir une. (...) N'importe, bien ou mal, c'est une délicieuse chose que d'écrire ! que de ne plus être soi, mais de circuler dans toute la création dont on parle. Aujourd'hui, par exemple, homme et femme tout ensemble, amant et maîtresse à la fois, je me suis promené à cheval dans une forêt, par un après-midi d'automne, sous des feuilles jaunes, et j'étais les chevaux, les feuilles, le vent, les paroles qu'ils se disaient et le soleil rouge qui faisait s'entre-fermer leurs paupières noyées d'amour. »

Gustave Flaubert

A Louise Colet. 23 décembre 1853

Piazza d'Italia, 1960. Giorgio de Chirico

Giorgio de Chirico

lundi, 20 mars 2023

Fernand Léger. Les Illuminations Rimbaud

arthur rimbaud, Fernand LégerFernand Léger. Les Illuminations Rimbaud, 1949. Lithographie, Pochoir et gouache. Roth & Sauter, Lausanne

Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre

jean-paul sartre, simone de beauvoir

dimanche, 12 mars 2023

Harmonie

142089615.jpg« A la fin du mois de septembre, les tempêtes d’équinoxe faisaient rage ; leur violence était exceptionnelle. Toute la journée, le vent avait hurlé et la pluie avait battu les fenêtres. Même en plein cœur de Londres, nous étions contraints de hisser nos pensées au-dessus de la routine quotidienne, et de nous soumettre à la présence de ces grandes forces élémentaires qui s’attaquent à l’homme à travers les barreaux de la civilisation. Au fur et à mesure que la nuit approchait, la tempête grandissait : le vent sanglotait dans la cheminée comme un enfant en pénitence. Maussade, Sherlock Holmes était assis à côté du feu et mettait à jour ses notes tandis que je me délectais dans les belles histoires d’aventures en mer de Clark Russel : le grondement de la tempête à l’extérieur s’harmonisait parfaitement avec le texte, et les rafales se pluie se mêlaient au clapotis des vagues. »

Les 5 pépins d’orange, Conan Doyle

19:31 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : conan doyle

samedi, 11 mars 2023

Matisse, autoportrait, 1900

Matisse

Bonne conscience

FqQBYe_WcAIXDuI.jpg« La mauvaise conscience générale permet à chacun de se gratifier d’une bonne conscience individuelle : ce n’est pas moi qui suis responsable, puisque tout le monde l’est. »
Simone Veil

16:08 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : simone veil

jeudi, 09 mars 2023

Nicolas de Staël, "Marine à Dieppe", 1952

Nicolas de Stael, marine à Dieppe, 1952.jpg"Nicolas de Staël nous met en chemise et au vent la pierre fracassée.
Dans l'aven des couleurs, il la trempe, il la baigne, il l'agite, il la fronce.
Les toiliers de l'espace lui offrent un orchestre.
Ô toile de rocher, qui frémis, montrée nue sur la corde d'amour !
En secret un grand peintre va te vêtir, pour tous les yeux, du désir le plus entier et le moins exigeant."
René Char

dimanche, 05 mars 2023

Le sens de la mécanique quantique

Mécanique quantique, Carlo RovelliLes priorités d'un objet sont la façon dont il agit sur d'autres objets. L'objet lui-même est un ensemble d'interactions avec d'autres objets. La réalité est ce réseau d'interactions, en dehors duquel nous ne comprenons même pas de quoi nous sommes en train de parler. Au lieu de considérer le monde physique comme un ensemble d'objets aux propriétés définies, la théorie quantique nous invite à voir le monde physique comme un réseau de relations dont les objets sont les nœuds.

Carlo Rovelli, Helgoland, le sens de la mécanique quantique.

Photo de Paul Almasy

vendredi, 03 mars 2023

Wandering chief

f3185e75ff144af229a1db1b4a6720d8.jpgL’homme — un agent des services britanniques, installé dans une maison de thé face au débarcadère, observe le va-et-vient des passants, dans une obscurité de glaïeuls. Lent balancement des jonques en guirlande sur la baie.
Enrôlé dans l’armée hollandaise, il a rejoint Batavia, sur l’île de Java, au mois de juin. Son détachement a été envoyé en pleine jungle. Forêt étouffante, dévorée de palétuviers, banians aux racines tressées dans la glaise mais aussi entraînement, discipline, marches forcées et chaleur suffocante.
Un de ses camarades, français comme lui, n’a pas supporté ce régime. Emporté par la malaria en trois jours, il fallait l’enterrer au plus vite. L’homme, porté volontaire, a lui-même creusé le trou. Par peur des miasmes, l’unique sentinelle se tenait à l’écart. Après avoir pioché sous le soleil ardent, profitant d’un moment d’inattention du garde-chiourme, il a détalé. Huit jours durant, il s’est nourri de bananes, de noix de coco, fuyant les habitations. Enfin, il a atteint Semarang, l’autre port de l’île, où il a établi un contact, fait son rapport.
Il a rendez-vous le soir même dans une fumerie d’opium. Personne ne l’a suivi. Il grignote des beignets achetés à un marchand ambulant. Dans l’air, flottent des effluves de jasmin et d’ilang-ilang. La ville se serre au bord d’un fleuve qui serpente vers la mer, entre les forêts de mangroves.
Les lanternes s’allument une à une, dessinant la baie. Alignement hétéroclite des sampans. On se faufile à pied de l’un à l’autre. La fumerie est au bout. Et si c’était un piège, le traquenard idéal ? Comment s’échapper au milieu de l’eau ? C’est un risque à courir, il faut y aller.
Raymond Alcovère, début de la nouvelle "Wandering chief", extraite du recueil "Doubles", vient de paraître.
Commande auprès de l'éditeur :
138 pages au format 10x15 ; 9 € (3,5 € de port ; prix forfaitaire quel que soit le nombre d'exemplaires)

14:11 Publié dans Doubles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : doubles

dimanche, 26 février 2023

Du vent dans les branches

Du vent dans les branches de Sassatras... Arbres complètement pliés sous la force du vent - FpzfaGjXgAA_kzh.jpgNouvelle-Zélande (photo:seabird)

Vassily Kandinsky

Vassily Kandinskij.jpg

Baudelaire Ébauche d’un épilogue pour la deuxième édition des Fleurs du Mal

baudelaireTranquille comme un sage et doux comme un maudit,
J’ai dit :
Je t’aime, ô ma très belle, ô ma charmante…
Que de fois…
Tes débauches sans soif et tes amours sans âme,
Ton goût de l’infini
Qui partout, dans le mal lui-même, se proclame,
Tes bombes, tes poignards, tes victoires, tes fêtes,
Tes faubourgs mélancoliques,
Tes hôtels garnis,
Tes jardins pleins de soupirs et d’intrigues,
Tes temples vomissant la prière en musique,
Tes désespoirs d’enfant, tes jeux de vieille folle,
Tes découragements ;
Et tes feux d’artifice, éruptions de joie,
Qui font rire le Ciel, muet et ténébreux.
Ton vice vénérable étalé dans la soie,
Et ta vertu risible, au regard malheureux,
Douce, s’extasiant au luxe qu’il déploie.
Tes principes sauvés et tes lois conspuées,
Tes monuments hautains où s’accrochent les brumes,
Tes dômes de métal qu’enflamme le soleil,
Tes reines de théâtre aux voix enchanteresses,
Tes tocsins, tes canons, orchestre assourdissant,
Tes magiques pavés dressés en forteresses,
Tes petits orateurs, aux enflures baroques,
Prêchant l’amour, et puis tes égouts pleins de sang,
S’engouffrant dans l’Enfer comme des Orénoques,
Tes anges, tes bouffons neufs aux vieilles défroques.
Anges revêtus d’or, de pourpre et d’hyacinthe,
Ô vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir
Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.
Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,
Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.

07:52 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baudelaire

vendredi, 24 février 2023

Le diamant du boa

IMGP0698.JPGSainte-Marie est une petite île oblongue de l’océan Indien, amarrée à Madagascar ; et dans ces années-là, encore oubliée des touristes. Après trois semaines mouvementées dans la Grande Ile, j’étais venu m’y reposer. Toute l’activité s’est développée sur la côte nord-ouest, mieux abritée. Activité réduite, car presque chaque hiver, un cyclone vient ravager la région. Septembre y demeure une saison paisible. Dans les cinq ou six paillotes que compte l’hôtel Atafana, on vit bercé par la mer et le vent dans les frondaisons.
Après deux ou trois jours de farniente, l’envie me reprit de marcher. À Sainte-Marie, les balades sont peu nombreuses. La côte est accidentée, le tour de l’île malaisé. Reste la traversée par le centre pour atteindre l’autre rive, la côte sauvage ; tout le contraire de la première, battue par les vents, la végétation s’y raréfie. Un autre genre de beauté, plus rude, plus dépouillée. On l’évite tant que possible : accostage périlleux, rouleaux dangereux.
Raymond Alcovère, début de la nouvelle "Le diamant du boa", extraite du recueil "Doubles", vient de paraître.
Commande auprès de l'éditeur :
138 pages au format 10x15 ; 9 € (3,5 € de port ; prix forfaitaire quel que soit le nombre d'exemplaires)
Photo : Raymond Alcovère

15:06 Publié dans Doubles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : doubles

Simone Segouin

Simone SegouinSimone Segouin, grande figure féminine de la Résistance vient de décéder à l'âge de 97 ans. En 1944, cette photographie d'elle (où elle posait pour un photographe américain), un pistolet-mitrailleur dans les mains, avait fait le tour du monde.

09:39 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : simone segouin