Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 06 mai 2023

A travers le corps

Doubles, auguste renoirDepuis longtemps je savais qu’un événement incommensurable allait arriver. Puis, un été chassant l’autre, une langueur s’est installée. À présent, me voici étrangement calme. Mais il faut commencer au début…

J’ai vécu longtemps à l’écart du monde. Heureuse atmosphère de l’école, bavardages incessants, rires, rêves, jeux, désirs partagés. J’ai souffert de quitter mes parents puis j’ai aimé cet enseignement magique, les histoires qu’on nous racontait, tous ces récits merveilleux, et la musique. La musique est comme la rêverie, la pensée, un supplément d’âme, un univers où se déploie, libre, convulsive, passionnée, la beauté du monde.

Ici, le temps n’est jamais froid. Les étés sont brûlants mais les murs épais apportent une bienfaisante fraîcheur, ondulations du vélarium sous le vent tiède. Et la terre regorge de fruits délicieux sous le soleil bouton d'or.

Ma mère jouait de la harpe avant que je m’endorme, ses mains étaient des mouettes, un froissement d’ailes. J’apercevais la mer et la côte en échancrures, les oliviers vert tendre sur la terre rouge, les grenadiers, lilas et sycomores en taches plus sombres sur l’horizon. J’aimais ce dialogue des couleurs, le vol écarquillé des papillons et les senteurs fuchsia de l’été.

J’ai vécu dans cette école à l’abri de la misère du monde. Étrange et sculpturale paix. J’ai lu, des années durant, les vieux textes, écouté les légendes et les épopées vertigineuses. Les témoignages de mes ancêtres, leurs voyages merveilleux...

Sur cette mer qui n’en est pas une, les nuits de lune, j’aimais glisser sur une barque et rêver aux étoiles. Flotter sur l’onde comme un nénuphar,  fleur de lotus détachée du monde et pourtant reliée à lui.

Et puis, de loin en loin, un je ne sais quoi d'autre traversait mon corps, mon corps et mon âme mêlés, j'aimais bien cette sensation, là je me sentais vivre.

Raymond Alcovère, début de la nouvelle "A travers le corps", extraite du recueil "Doubles", vient de paraître.
Commande auprès de l'éditeur :
138 pages au format 10x15 ; 9 € (3,5 € de port ; prix forfaitaire quel que soit le nombre d'exemplaires)
Également disponible à la librairie Sauramps à Montpellier
 
A écouter ici en podcast sur Radio Clapas une interview à propos du recueil : https://audmns.com/ZMeUgEL

10:22 Publié dans Doubles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : doubles, auguste renoir

vendredi, 21 avril 2023

Rêve de Erwin von Steinbach

Erwin von Steinbach

Il restera de toi ce que tu as semé

"Il restera de toi une larme tombée, Un sourire germé sur les yeux de ton cœur. Il restera de toi ce que tu as semé Que tu as partagé aux mendiants du bonheur."

Simone Weil

Alberto Giacometti photographié par Arnold Newman dans son atelier, mai 1954

Alberto Giacometti photographié par Arnold Newman dans son atelier, mai 1954.jpg

Le moment

 don kirby, StendhalLa plupart des hommes ont un moment dans leur vie où ils peuvent faire de grandes choses, c'est celui où rien ne leur semble impossible.

Stendhal

Photo de Don Kirby

J'ai été fait pour être un cerf-volant

frida kahlo"J'ai été fait pour être un cerf-volant. Je suis sûr ... En moi il y a des nuages ​​et du ciel. Et le vent, parfois froid et vif, d'autres fois douce, comme une haleine chaude."

Frida Kahlo

Henri Cartier-Bresson, Square du Vert-Galant, Paris , 1955

henri cartier-bresson

Newcastle 1970

Newcastle 1970.jpg

Sylvana Mangano au MOMA, 1956, photo de Eve Arnold

Sylvana Mangano, eve arnold

samedi, 15 avril 2023

Le Mystère des cathédrales

doublesJe cherchais depuis des mois Le Mystère des cathédrales de Fulcanelli quand je le trouvai enfin dans une échoppe de la galerie Vivienne. Ce livre me fascinait par son aura, mais je débutais seulement à l’époque mes recherches sur l’ésotérisme, et une grande partie de l'ouvrage me resta incompréhensible. Une note d’une page au milieu du livre retint tout de même mon attention.
C'était une allusion à une philosophie, un courant de pensée, le « littérisme », qui m'était inconnu. Un ouvrage était cité en référence. L'aspect nouveau, original, inédit en tout cas pour moi, de ce mouvement, m'intrigua et je partis à la recherche du livre indiqué.
Plusieurs semaines d'investigation chez les bouquinistes furent nécessaires pour mettre la main dessus. Après l'avoir lu, c'est encore en appendice et presque par hasard, que je découvris des détails nouveaux sur le littérisme et ses arcanes. Son origine remonterait pour certains au devin aveugle Tirésias, qui connut sept vies et fut successivement homme et femme. Les premières sources avérées sont pourtant d'Apollonios de Tyane, qui établit une école pythagoricienne à Ephèse où il fut adoré comme un dieu. Saint-Augustin y fait référence mais la trace se perd ensuite avant de réapparaître grâce à Raymond Lulle, à Majorque, puis se répand à travers toute l'Europe, notamment par René d’Anjou, de manière confidentielle, vraisemblablement kabbalistique. On croise, dans les méandres de ce mouvement le Secret des Templiers, l’ombre de Raymond VII de Toulouse et des Cathares et celle de Christian Rosenkreutz. Le mouvement se détacha ensuite de l’ésotérisme et de plus en plus d’écrivains s’en sont emparés.
Raymond Alcovère, début de la nouvelle "Le Mystère des cathédrales", extraite du recueil "Doubles", vient de paraître.
Commande auprès de l'éditeur :
138 pages au format 10x15 ; 9 € (3,5 € de port ; prix forfaitaire quel que soit le nombre d'exemplaires)

12:07 Publié dans Doubles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : doubles

mercredi, 12 avril 2023

La jeune polonaise, Chaïm Soutine, 1929

Soutine

vendredi, 07 avril 2023

Lee Miller, Man Ray, Paris, 1944

lee Miller, man ray

Mémoire

Wajdi Mouawad"Ce qui est ennuyeux avec la mémoire, c'est qu'elle croit toujours savoir quand elle ne fait que raconter des histoires."
Mère, Wajdi Mouawad

dimanche, 02 avril 2023

Édouard Manet, assis, tenant son chapeau, par Degas, vers 1865

edouard manet, edgar degas

vendredi, 31 mars 2023

Tempo impetuoso d'estate

Claude Monet Palazzo Contarini, 1908.jpgLa nuit, avec ses yeux de masque africain, plombe le ciel. Ville fleuve, embuée dans son liquide initial. Réalité floue, organique...

Antonio Vivaldi, seul à la pointe de la Salute, rêve. Femmes allongées, lascives. Corps huilés. Entremêlements. Anna Giro trône, au milieu de ce harem. Vibrante, luisante, épanouie. Elle danse, effrontée, provocante. Antonio est là, près d’elle. D’un geste, elle l’empêche d’approcher. Bientôt il va l’entourer. Lui, le prêtre roux, au visage si fin, si frêle en apparence. Amant incomparable. Ses doigts sont des caresses. Elle s’envole. L’air épouse ses formes.

Quand il la voit, il entend la musique, elle s’écrit. Staccato, bassons, ombres boisées, legato, violoncelles, pizzicato. L’orchestre se déchaîne. Elle ne cesse de tourner. Son rire tinte comme du verre brisé. Ses gestes, furtifs, accomplis, parlent une langue muette : abandon, luxure, jouissance. Elle sera un jouet entre mes mains tout à l’heure, elle joue à donner cette illusion. La netteté d’esprit cause aussi la netteté de la passion ; c’est pourquoi un esprit grand et net aime avec ardeur, et il voit distinctement ce qu’il aime.

Raymond Alcovère, début de la nouvelle "Tempo impetuoso d'estate", extraite du recueil "Doubles", vient de paraître.
Commande auprès de l'éditeur :
138 pages au format 10x15 ; 9 € (3,5 € de port ; prix forfaitaire quel que soit le nombre d'exemplaires)
Claude Monet

09:29 Publié dans Doubles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : doubles, claude monet

mercredi, 29 mars 2023

Georges Brassens jeune... sans sa moustache !

georges brassens

Elliott Erwitt

elliot erwitt

Henri Moret

Henri Moret

Port de Trieste, 1907. Egon Schiele

Port de Trieste, 1907. Egon Schiele.jpg

vendredi, 24 mars 2023

C'est une délicieuse chose que d'écrire !

FaXssIYWIAUSk9Q.jpg« J'ai un casque de fer sur le crâne. Depuis 2 heures de l'après-midi (sauf 25 minutes à peu près pour dîner), j'écris de la Bovary. Je suis à leur Baisade, en plein, au milieu. On sue et on a la gorge serrée. Voilà une des rares journées de ma vie que j'ai passée dans l'Illusion, complètement, et depuis un bout jusqu'à l'autre. Tantôt, à six heures, au moment où j'écrivais le mot attaque de nerfs, j'étais si emporté, je gueulais si fort, et sentais si profondément ce que ma petite femme éprouvait, que j'ai eu peur moi-même d'en avoir une. (...) N'importe, bien ou mal, c'est une délicieuse chose que d'écrire ! que de ne plus être soi, mais de circuler dans toute la création dont on parle. Aujourd'hui, par exemple, homme et femme tout ensemble, amant et maîtresse à la fois, je me suis promené à cheval dans une forêt, par un après-midi d'automne, sous des feuilles jaunes, et j'étais les chevaux, les feuilles, le vent, les paroles qu'ils se disaient et le soleil rouge qui faisait s'entre-fermer leurs paupières noyées d'amour. »

Gustave Flaubert

A Louise Colet. 23 décembre 1853