mardi, 08 mars 2022
à demi-mot
Les vérités qui nous importent le plus s'offrent toujours à demi-mot
Baltasar Gracian
Photo de Mark Littlejohn (3 cerfs)
11:06 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mark littlejohn, baltasar gracian
lundi, 07 mars 2022
Ainsi le ciel
Je fondais mes rêves dans le bleu délavé de l’horizon, l’amas désordonné des nuages et ce bateau qui filait au milieu de tous ces cataclysmes. La pluie au loin traçait un rideau épais, en grandes orgues joufflues gonflées de nuit. Une trépidation de lames. Le ciel, une lutte, un amas de lances, un combat fratricide. Ainsi le ciel. Une symphonie du nouveau monde. Même si c’est vers l’ancien que je me dirigeais. Terrifiante cette immensité sauvage, encore plus que la Sierra, ces vagues dans le désordre de la nuit, remous effrayants, terrifiante et rassurante à la fois avec le bruit continu du bateau, les odeurs de machines, ce bloc de métal monstrueux, fumant et rugissant, traçant son sillon imperturbable à travers les flots déchaînés. Plaisir redoublé par le sentiment de sécurité, sur ce bâtiment sourd aux hurlements de la tempête. Rêvant que mon âme soit pareille, un bloc insubmersible. Tout ce chemin parcouru en si peu de temps. Comme au Mexique, malgré ou à cause de l’absurdité du lieu, je me sentais à ma place, au cœur de cette rhapsodie bleu nuit de la pluie et du vent.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", roman, 2009, éditions Lucie
Photo : Sophie Carr
18:53 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 mars 2022
Portraits de Berthe Morisot par Manet
19:29 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : berthe morisot, edouard manet
samedi, 05 mars 2022
« Ordonner une bibliothèque est une façon silencieuse d'exercer l'art de la critique » : Jorge Luis Borges
Photo : Marc Riboud
08:52 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : borges, marc riboud
Désert de Namibie, la Cathédrale du Vent
08:44 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 04 mars 2022
Pouvoir réfléchissant
19:37 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
jeudi, 03 mars 2022
« J’accepte absolument le Temps, lui seul est rond et complet. » : Hölderlin
19:25 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hölderlin
mardi, 01 mars 2022
Notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres
Mais même au point de vue des plus insignifiantes choses de la vie, nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n'a qu'à aller prendre connaissance comme d'un cahier des charges ou d'un testament; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. Même l'acte si simple que nous appelons "voir une personne que nous connaissons" est en partie un acte intellectuel. Nous remplissons l'apparence physique de l'être que nous voyons de toutes les notions que nous avons sur lui, et dans l'aspect total que nous nous représentons, ces notions ont certainement la plus grande part. Elles finissent par gonfler si parfaitement les joues, par suivre en une adhérence si exacte la ligne du nez, elles se mêlent si bien de nuancer la voix comme si celle-ci n'était qu'une transparente enveloppe, que chaque fois que nous voyons ce visage et que nous entendons cette voix, ce sont ces notions que nous retrouvons, que nous écoutons.
Marcel Proust, Du côté de chez Swann
Masques du théâtre grec
19:33 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
lundi, 28 février 2022
Ce blog a dix-sept ans aujourd'hui (on n'est pas sérieux quand on a...)
Voici le premier Post, du 28 février 2005 :
Nuit claire, temps radouci. Instant magique juste avant le sommeil où l’esprit se promène libre, sans attache particulière, éloigné des pesanteurs de la journée. Jetée d’étoiles dans le ciel bleu nuit. Il fait presque toujours doux à Montpellier. Soudain il comprend à quel point il aime cette ville. Pas de façon exclusive, non, pour son ouverture, son absence, sa légèreté, cette façon de ne pas être vraiment à soi. Rien ici de pesant, de trop enraciné. Liberté indispensable.
15:24 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 27 février 2022
Voix
« Rien n’altère les qualités matérielles de la voix comme de contenir de la pensée : la sonorité des diphtongues, l’énergie des labiales en sont influencées. La diction l’est aussi. » : Marcel Proust.
Photo : Bernard Plossu
02:07 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bernard plossu, marcel proust
"Rien ne vaut le soleil rayonnant sur la mer." Baudelaire
01:56 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baudelaire
samedi, 26 février 2022
A l’enfance
« A l’enfance, l’herbe, la pluie, le lac sur les pierres, le clair de lune quand le clocher sonnait douze… »
Rimbaud
18:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud
Maint joyau
« Maint joyau dort enseveli
Dans les ténèbres et dans l’oubli. »
Baudelaire
18:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baudelaire
Willem de Kooning, femme assise, 1940
18:20 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de kooning
Francis Bacon, étude pour un portrait de Van Gogh, 1957
10:17 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : francis bacon, van gogh
mercredi, 23 février 2022
Ce français...
« Ce français qu'on dit parfois inaccentué, sec, raisonneur et gourmé, est une langue très invective, très secrète et très arborescente, faite pour pousser. Très native, très germinative. La plus belle langue du monde, parce que c'est à la fois du grec de cirque, du patois d'église, du latin arabesque, de l'anglais larvé, de l'argot de cour, du saxon éboulé, du picard d'oc, du doux-allemand et de l'italien raccourci. Un grand théâtre d'ombres, de transformismes, de variétés rythmées... »
Valère Novarina
Photo : Carlos Santoro
20:38 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : valère novarina
Un livre
Vous êtes à la campagne, il pleut, il faut tuer le temps, vous prenez un livre, le premier livre venu, vous vous mettez à lire ce livre comme vous liriez le journal officiel de la préfecture ou la feuille d’affiches du chef-lieu, pensant à autre chose, distrait, un peu bâillant. Tout à coup vous vous sentez saisi, votre pensée semble ne plus être à vous, votre distraction s’est dissipée, une sorte d’absorption, presque une sujétion, lui succède, vous n’êtes plus maître de vous lever et de vous en aller. Quelqu’un vous tient. Qui donc ? ce livre.
Un livre est quelqu’un. Ne vous y fiez pas.
Un livre est un engrenage. Prenez garde à ces lignes noires sur du papier blanc ; ce sont des forces ; elles se combinent, se composent, se décomposent, entrent l’une dans l’autre, pivotent l’une sur l’autre, se dévident, se nouent, s’accouplent, travaillent. Telle ligne mord, telle ligne serre et presse, telle ligne entraîne, telle ligne subjugue. Les idées sont un rouage. Vous vous sentez tiré par le livre. Il ne vous lâchera qu’après avoir donné une façon à votre esprit. Quelquefois les lecteurs sortent du livre tout à fait transformés.
Victor Hugo, "Du Génie", Proses philosophiques de 1860-65
20:23 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo
mardi, 22 février 2022
L’acte de voir ne se détermine pas à partir de l’œil mais à partir de l’éclaircie de l’être
Rien de plus apaisant que les fresques de Piero della Francesca. Comme Cézanne, il a poursuivi un chemin solitaire, sans chercher la gloire ni la protection d’hommes influents, préférant l’œuvre aux intrigues du monde. Reste la plénitude, un sentiment d’éternité. Personne n’a imprimé à ses personnages autant de grâce, de sérénité sur les visages, jamais on n’a pu lire une telle absence d’anxiété jusque dans les scènes de violence, de guerre.
Visages proches de ceux de Cézanne d’ailleurs, hiératiques, paisibles. L’acte de voir ne se détermine pas à partir de l’œil mais à partir de l’éclaircie de l’être, cette phrase de Heidegger, Léonore la met en exergue de son livre.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, 2007, n & b éditions
PIERO DELLA FRANCESCA ; LE DECES D'ADAM ; DETAIL
17:52 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le sourire de cézanne, piero della francesca
Chercher à travers ces secrets
"J'ai écrit des récits. Le récit m'est indispensable pour atteindre indirectement à la poésie. C'est la poésie que je cherche, c'est-à-dire la création de fictions, tirées du plus profond de l'âme et dont la vie fictive, observée, analysée avec soin, me permette d'étudier et de connaître cette âme elle-même, par cette sorte de reflet.
Or pour que ces reflets soient bien vivants, pour qu'ils s'animent, il faut mettre l'âme en présence de ces points magnétiques du monde qui, par leurs radiations, excitent le plus intensément les puissances intérieures : la terre, les bêtes, le vent, l'eau, le feu, l'air, certaines créatures privilégiées, intermédiaires étranges entre nous et l'inconnu.
C'est la quête des secrets. Or que nous laissent supposer ces secrets multiples, sinon que tout se tient, que tout voit, que tout communique, que tout a un sens, et qu'on erre à ne pas croire en cette unité de la vie ; bien plus que vie et mort sont deux branches d'un même tronc, et que finalement tout aboutit à l'unité de l'être, qui, lui-même, fondu dans le non-être, est mystérieusement contenu par Dieu. Tout mythe poétique est un mythe religieux.
Chercher à travers ces secrets, découvrir les communications invisibles au commun c'est aller vers ce que j'appelle le Paradis terrestre."
Henri Bosco - Lettre à Jean Steinmann, Pentecôte 1948, in "Jean Steinmann, Littérature d'hier et aujourd'hui" - Desclée de Brouwer, 1963.
Photo : Hélène Vallas
17:46 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : henri bosco, hélène vallas
lundi, 21 février 2022
Femme à la cravate noire, Modigliani, 1917
18:06 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : modigliani