mardi, 30 août 2005
Les inédits de Bukowski (suite)
il y a des choses pires que
d'être seul
mais ça prend souvent des décades
pour s'en rendre compte
et le plus souvent
quand vous y arrivez
il est trop tard
et il n'y a rien de pire
que
trop tard.Traduction : Éric Dejaeger
OH, YES
there are worse things than
being alone
but it often takes decades
to realize this
and most often
when you do
it's too late
and there's nothing worse
than
too late.
Charles Bukowski
War All the Time (Poems 1981-1984), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1996, 100.
13:03 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Un inédit de Charles Bukowski
quand les femmes cesseront de
transporter des miroirs avec
elles partout où elles vont
peut-être qu'alors
elles pourront me parler
de
libération.
Traduction : Éric Dejaeger
A BEGINNING
when women stop carrying
mirrors with them
everyplace they go
maybe then
they can talk to me
about
liberation.
Charles Bukowski
War All the Time (Poems 1981-1984), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1996, 66.
12:21 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 29 août 2005
Une manière d’adopter l’affirmation
"A vrai dire, tout être est autre, tout être est soi-même. Cette vérité ne se voit pas à partir de l’autre, mais se comprend à partir de soi-même. Ainsi il est dit : l’autre sort de soi-même, mais soi-même dépend aussi de l’autre. On soutient la doctrine de la vie, mais en réalité la vie est aussi la mort, et la mort est aussi la vie. Le possible est aussi impossible, et l’impossible est aussi possible. Adopter l’affirmation, c’est adopter la négation ; adopter la négation, c’est adopter l’affirmation. Ainsi le saint n’adopte aucune opinion exclusive et s’illumine au Ciel. C’est là aussi, une manière d’adopter l’affirmation."
Tchouang-Tseu
23:55 Publié dans Taoisme | Lien permanent | Commentaires (0)
Sur l'île déserte
J'emporterais :
Le Yi King, Homère, la Bible, Tchouang-Tseu, La Fontaine, Pascal, La Bruyère, La Rochefoucauld, Voltaire, Novalis, Chateaubriand, Hugo, Stendhal, Baudelaire, Flaubert, Rimbaud, Lautréamont, Nietzsche, Proust, Kafka, Joyce, Giono, Valéry, Pessoa, Camus, Hemingway, Borges, Kerouac, Debord, Sollers.
Et s'il n'en restait que trois : Le Yi King, la Bible et Rimbaud
Et un seul : Rimbaud.
09:42 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (9)
dimanche, 28 août 2005
La nuit
Notre époque est comparable au II ou III ème siècle après JC. Cinq siècles de merveilles athéniennes puis la nuit. Cinq siècles de splendeurs italo-françaises puis brouillard et brouillage hyper-techniques...
10:57 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (18)
Quelque chose de grand
"Le monde reste toujours le même, et ce qu'il ne supporte pas, c'est d'être contemporain de quelque chose de grand"
Kierkegaard
09:41 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (5)
samedi, 27 août 2005
On finit tous par mourir d’amour
"J’ai compris que j’allais aimer Esther, que j’allais l’aimer avec violence, sans précaution ni espoir de retour. J’ai compris que cette histoire serait si forte qu’elle pourrait me tuer, qu’elle allait même probablement me tuer dès qu’Esther cesserait de m’aimer parce que quand même il y a certaines limites, chacun d’entre nous a beau avoir une certaine capacité de résistance on finit tous par mourir d’amour, ou plutôt d’absence d’amour, c’est au bout du compte inéluctablement mortel. "
17:33 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (23)
mercredi, 24 août 2005
Brautigan's inédit
LA MAISON DES PETITS VIEUX
La seule chose
que vous puissiez faire
pour regagner
un peu de dignité humaine
après avoir chié
au lit comme un bébé,
est de prétendre que
vous êtes Hannibal
en train de franchir les Alpes.
THE OLD FOLK'S HOME
The only thing
that you can do
to gain back
some human dignity
after you crap
in bed like a baby,
is to pretend that
you are Hannibal
crossing the Alps.
Richard Brautigan
Extrait inédit en français de The Octopus Frontier
Traduction : Éric Dejaeger
10:12 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 22 août 2005
La vague
De Gustave Courbet, Cézanne dira : "Son grand apport, c’est l’entrée lyrique de la nature, de l’odeur des feuilles mouillées, des parois moussues de la forêt, dans la peinture du dix-neuvième siècle, le murmure des pluies, l’ombre des bois, la marche du soleil sous les arbres. La mer"
21:45 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2)
La chose à faire
La grande chose, c'est de durer, de faire son travail, de voir, d'entendre, d'apprendre et de comprendre; et écrire lorsqu'on sait quelque chose, et non avant; ni trop longtemps après. Laissez faire ceux qui veulent sauver le monde si vous, vous pouvez arriver à le voir clairement et dans son ensemble. Alors chaque détail que vous exprimerez représentera le tout, si vous l'avez exprimé en vérité. La chose à faire, c'est de travailler et d'apprendre à exprimer."
Hemingway
17:00 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 20 août 2005
Du haut des Pyramides
Le soleil se levant en face de moi, toute la vallée du Nil, baignée dans le brouillard, semblait une mer blanche immobile, et le désert, derrière avec ses monticules de sable, comme un autre Océan d'un violet sombre, dont chaque vague eût été pétrifiée. Cependant, le soleil montait derrière la chaîne arabique, le brouillard se déchirait en grandes gazes légères, les prairies coupées de canaux étaient comme des tapis verts arabesqués de galon.
Gustave Flaubert
13:10 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Les inédits de Brautigan (le retour)
LA FRONTIÈRE PIEUVRE
1
Un palais de plaisir
sur la frontière pieuvre.
Peut-être est-ce
la réponse.
Une prostituée à huit bras
dans la cabine
d'un bateau coulé,
les murs couverts d'images
de pieuvres obscènes.
Elle me fait signe.
Passion et gin.
Pourquoi pas ?
2
Une exploitation agricole
sur la frontière pieuvre.
Peut-être est-ce
la réponse.
Une bande de poulets
devant une cabine
au fond
de l'océan.
Ils ont l'air contents
de gratter dans le sable
à la recherche d'huîtres.
THE OCTOPUS FRONTIER
1
A pleasure palace
on the octopus frontier.
Perhaps that's
the answer.
An eight-armed whore
in the cabin
of a sunken ship,
the walls covered
with obscene octopus pictures.
She beckons to me.
Passion and gin.
Why not?
A homestead
on the octopus frontier.
Perhaps that's
the answer.
A flock of chickens
in front of a cabin
at the bottom
of the ocean.
They seem contented
scratching in the sand
for oysters
Richard Brautigan, extrait de The Octopus Frontier, Carp Press, 1960. Inédit en français. Traduction : Éric Dejaeger
10:24 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 15 août 2005
Les penseurs
« La plupart des penseurs écrivent mal parce qu’ils ne nous communiquent pas seulement leurs pensées, mais aussi le penser de leurs pensées » Nietzsche. Humain trop humain.
11:03 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (0)
Funambule
« Se mettre toujours dans des situations où il ne soit pas permis d’avoir de fausses vertus, mais où, comme le funambule sur sa corde, on ne puisse que tomber ou tenir – ou s’en sortir… » Nietzsche, le crépuscule des idoles
10:17 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 14 août 2005
La beauté
« Tout passe et tout lasse, les nations, les individus qui les composent, autant en emporte le vent… Il ne reste que la beauté, transmise par les artistes. » Ernest Hemingway (Les vertes Collines d’Afrique).
16:43 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 13 août 2005
Liberté
Ne pas être dupe, c’est finalement le plus difficile aujourd’hui. Le monde moderne ne fonctionne plus sous la contrainte, mais par la persuasion. C’est là qu’est l’enjeu. D’où l’intérêt de ne pas se laisser emporter par le flot des messages qui nous assaillent, souvent contradictoires. Pour donner aux gens l’impression qu’ils sont libres, on leur fait croire que leur avis est important, on demande à tout le monde son point de vue sur tout, alors que sur la plupart de ces sujets ils n’ont pas vraiment les moyens de se faire une opinion, mais peu importe, ce qui compte c’est qu’ils aient l’illusion que leur "opinion" compte, qu’ils aient l’impression d’être libres. Aujourd’hui, dans les relations sociales, tout le monde est censé avoir un avis sur tout, la plupart du temps c’est désespérant. Mon prof de philo de terminale, nous répétait sans cesse : "On n’est jamais plus aliéné que quand on se croit libre".
21:25 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 09 août 2005
Fragments
Ecrire par fragments : les fragments sont alors des pierres sur le pourtour du cercle : je m’étale en rond : tout mon petit univers en miettes ; au centre, quoi ?
Roland Barthes.
00:37 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 08 août 2005
Dans un roman
Cette phrase de Jim Harrisson, trouvée sur le blog de Alina Reyes , qui dit-elle, l'a aidée à avancer : « Dans un roman, il faut tout remettre en question, et l’écrivain doit faire comme si le monde n’avait jamais été décrit avant lui"... Il y a une grande prétention à écrire, après tous les livres déjà écrits, et tous les chefs d’œuvre. Et pourtant la création continue, à la seule condition peut-être de tout jeter dans la bataille comme l’écrit Harrisson
05:30 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (9)
vendredi, 05 août 2005
Aucun fondement logique
Il était une fois deux châteaux qui se faisaient la guerre.
Malheureusement, ces derniers étaient situés trop près l'un de l'autre, de sorte qu'aucune des parties n'osait bombarder l'ennemi de peur de voir la forteresse adverse s'effondrer sur son propre édifice.
Les deux seigneurs décidèrent donc un jour de déplacer leur château respectif afin d'augmenter la distance entre eux.
Il fallut des efforts surhumains, des années de travaux pharaoniques pour démonter les citadelles pierre par pierre. Beaucoup d'ouvriers moururent. Cela fit bien plus de dégâts qu'une guerre.
Finalement, l'on arriva au bout de l'ouvrage : une vaste plaine séparait désormais les belligérants. Il était temps de reprendre les hostilités.
Mais lorsque la bataille s'engagea, on s'aperçut, ô surprise, que les boulets de canon n'atteignaient plus la forteresse d'en face : les adversaires se trouvaient bel et bien trop loin les uns des autres.
Opérer un nouveau rapprochement supposait de nouveaux travaux pharaoniques. On n'en eut pas le courage de part et d'autre.
Ainsi prit fin un conflit qui, du reste, n'avait aucun fondement logique.
Gilles Bailly, publié dans la revue Casse n° 19-20, été 1996
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mardi, 02 août 2005
1939 (L'auto-stoppeur de Galilée - 3)
Baudelaire avait l'habitude de venir
chez nous et de me regarder
moudre du café.
C'était en 1939
et nous vivions dans les taudis
de Tacoma.
Ma mère mettait
les grains de café dans le moulin.
J'étais enfant
et tournais la poignée,
faisant comme si c'était
un orgue de Barbarie,
et Baudelaire faisait comme si
il était un singe,
sautant de tous côtés
en présentant
une tasse en fer blanc.
Baudelaire used to come
to our house and watch
me grind coffee.
That was in 1939
and we lived in the slums
of Tacoma.
My mother would put
the coffee beans in the grinder.
I was a child
and would turn the handle,
pretending that it was
a hurdy-gurdy,
and Baudelaire would pretend
that he was a monkey,
hopping up and down
and holding out
a tin cup.
RICHARD BRAUTIGAN
Extrait inédit du recueil Lay The Marble Tea - San Francisco, Carp Press, 1959
16 pages. Tiré à 500 exemplaires.
Traduction Eric Dejaeger
07:25 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)