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vendredi, 23 septembre 2005

Extraits inédits de "Friterie-bar Brunetti" - 8

Oh! vous n’êtes du tout coupé, comme seuls les imbéciles voudraient le croire, de l’âpre et inextricable réalité quotidienne ; non, légèrement en retrait pour ainsi dire et relié à l’univers précisément par ce silence subtil et si particulier qui caractérise certains cafés de quartier à mi-matinée, vous envisagez d’un regard audacieux et reconsidérez un instant la vie, la vôtre comme celle d’autrui, telle qu’elle est, telle aussi qu’il suffirait de peu pour lui rendre l’âme à nouveau. Quand même le ciel reste de suie et l’horizon fermé, les pensées les plus folles vous habitent, les voyages les plus inespérés vous les faites.

Oui, des siècles sans crainte peuvent s’écouler ainsi et l’éternité n’est plus inutile à celui qui de confiance s’abandonne au cœur des cafés pour y naviguer tout à loisir ; son regard au hasard s’échappant par-dessus les petits rideaux bonne femme de la boutique, l’ombre d’un instant il pourra découvrir alors des ailleurs peuplés d’incroyables Éthiopies, bienheureux Rimbaud de bistrot tout le mystère de la vie d’un coup s’offre à lui.

Il n’est, voyez-vous, d’aventures et de vagabondages vraiment souverains que par les cafés et par le vin et jamais ne pourra rivaliser avec de tels enchantements aucune des absurdes chevauchées ou cavalcades-polaroïd des petits Marius avaleurs de fuseaux horaires et amateurs de grands déménagements. Il n’y a pas à tortiller là-dessus, depuis que le monde est monde c’est comme je vous le dis.

 

(Extrait de "Friterie-bar Brunetti" : Pierre Autin-Grenier, à paraître le 6 octobre chez l'Arpenteur)

Photo : Robert Doisneau

21:50 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (5)

Extraits inédits de "Friterie-bar Brunetti" - 7

 

Maintenant écoutez-moi, voici une vérité dont je puis vous assurer pour l’avoir de longtemps éprouvée : on ne voyage bien en fait qu’au café, en compagnie d’un panaché, d’une verte, d’un Cinzano ou d’un petit noir arrosé si vous préférez ; un modeste reginglard de charbonnier ferait d’ailleurs tout aussi bien l’affaire. Table de bois, pichet auquel se réfère la main même si l’on n’a pas soif, chaleur enveloppante de la discrète musique du zinc souvent en sourdine sur le coup des neuf heures du matin, froissement des pages du journal que susurre un vieux de la vieille tout en lisant tandis qu’à ses côtés et l’air réfléchi un autre bourre avec application sa pipe à gros fourneau d’un paquet de gris. Économie de paroles, échanges fugaces, comme en aparté et juste pour dire que le temps va changer ou qu’Ils ont encore augmenté la baguette. Assis un peu à l’écart en équilibre sur un bord de tabouret un carabin révise à la va-vite le dernier cours, s’encourageant pour cela d’un grand crème et d’une bout dorée. La patronne au pas lourd et qu’on imagine presque en robe de chambre et chaussons tant on se sent ici chez soi, vous sert sur un simple signe de tête le verre désiré, une seconde votre écot tinte en tournoyant telle une minuscule toupie dans la soucoupe de fer-blanc ; vous avez fait l’appoint, le compte est bon. Vous pouvez appareiller.

Qu’importe alors le temps qu’il fait sur les boulevards; voyageur sans valise livré à la méditation et à de multiples découvertes, seul, vous explorez la profondeur intime du monde à l’abri des gesticulations insensées du dehors qui sans cesse l’efface au profit de mille grimaces. Posé là, immobile au milieu des petites gens au parler économe dont vous vous faites le silencieux complice, l’air absent dans l’atmosphère feutrée des lieux, avec pour armes et bagages seulement votre blanc sec et un journal sans raison déplié sur la table, vous voici, emporté par le cours de votre rêverie, doucement devenant capitaine de toutes les espérances.

(Extrait de "Friterie-bar Brunetti" : Pierre Autin-Grenier, à paraître le 6 octobre chez l'Arpenteur)

 

18:50 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (15)

Le spectacle est la reconstruction matérielle de l'illusion religieuse

La philosophie, en tant que pouvoir de la pensée séparée, et pensée du pouvoir séparé, n'a jamais pu par elle-même dépasser la théologie. Le spectacle est la reconstruction matérielle de l'illusion religieuse. La technique spectaculaire n'a pas dissipé les nuages religieux où les hommes avaient placé leurs propres pouvoirs détachés d'eux : elle les a seulement reliés à une base terrestre. Ainsi c'est la vie la plus terrestre qui devient opaque et irrespirable. Elle ne rejette plus dans le ciel, mais elle héberge chez elle sa récusation absolue, son fallacieux paradis. Le spectacle est la réalisation technique de l'exil des pouvoirs humains dans un au-delà ; la scission achevée à l'intérieur de l'homme.

Guy Debord, La société du spectacle

Tout part à vélo

Rita approchant, les plates-formes pétrolières et les raffineries ferment, et le cours du baril s'envole. Avec un parcours qui l'amène droit sur le coeur de l'Amérique pétrolière, l'ouragan ravive les craintes d'explosion des cours et de pénurie d'essence.

La suite à lire ici

13:12 Publié dans Actu | Lien permanent | Commentaires (1)

Une conjuration générale

" Il y a de par le monde une conjuration générale contre deux choses, à savoir la poésie et la liberté "

Flaubert

11:40 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (3)

jeudi, 22 septembre 2005

Avant de prendre une décision importante

Ronald Reegan, ancien président des Etats-Unis, avant de prendre une décision importante, se demandait toujours : Qu'est-ce que John Wayne aurait fait à ma place ?

17:45 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (15)

Ceux qui ont tourné le dos

Méfiez-vous de ceux qui tournent le dos à l’amour, à l’ambition, à la société. Ils se vengeront d’y avoir renoncé. (Cioran)

17:10 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (4)

Truc de prophète

Truc de prophète. – Pour deviner à l’avance les façons d’agir d’hommes ordinaires, il faut admettre qu’ils font toujours la moindre dépense d’esprit pour se libérer d’une situation désagréable. (Nietzsche)

16:42 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (1)

Un penseur ?

  • C’est un penseur : cela signifie qu’il s’entend à prendre les choses avec plus de simplicité qu’elles n’en ont. (Nietzsche)

15:35 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (0)

Si clone

Soucieux d'éviter une nouvelle crise, les services du président ont fait en sorte qu'il puisse se rendre le plus tôt possible dans les zones sinistrées en laissant son agenda de samedi et dimanche vide de rendez-vous.(Apprend-on dans Le Monde, ça s'appelle prendre des mesures...)
 

11:42 Publié dans Actu | Lien permanent | Commentaires (0)

Ce sont des choses qui règnent

Le faux choix dans l'abondance spectaculaire, choix qui réside dans la juxtaposition de spectacles concurrentiels et solidaires comme dans la juxtaposition des rôles (principalement signifiés et portés par des objets) qui sont à la fois exclusifs et imbriqués, se développe en luttes de qualités fantomatiques destinées à passionner l'adhésion à la trivialité quantitative. Ainsi renaissent de fausses oppositions archaïques, des régionalismes ou des racismes chargés de transfigurer en supériorité ontologique fantastique la vulgarité des places hiérarchiques dans la consommation. Ainsi se recompose l'interminable série des affrontements dérisoires mobilisant un intérêt sous-ludique, du sport de compétition aux élections. Là où s'est installé la consommation abondante, une opposition spectaculaire principale entre la jeunesse et les adultes vient en premier plan des rôles fallacieux : car nulle part il n'existe d'adulte, maître de sa vie, et la jeunesse, le changement de ce qui existe, n'est aucunement la propriété de ces hommes qui sont maintenant jeunes, mais celle du système économique, le dynamisme du capitalisme. Ce sont des choses qui règnent et qui sont jeunes ; qui se chassent et se remplacent elles-mêmes. 

Guy Debord, la société du spectacle

Texte en entier ici


  
  
  
 

       

La blessure la plus proche du soleil

La lucidité est la blessure la plus proche du soleil

René Char

09:12 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (3)

mercredi, 21 septembre 2005

Où tu dois installer ton vouloir ardent

Distingue clairement qu'il y a deux consciences en toi. Celle de la dense matière de ta chair et celle de ton être essentiel qui a la faculté d'être attentif à cette chair. Voilà où se situe le centre de ton attention où tu dois installer ton vouloir ardent.

Hermès Trismégiste Tables d'Emeraude, TABLETTE XV : LE SECRET DES SECRETS 

22:06 Publié dans Hermès | Lien permanent | Commentaires (0)

Peut-on faire une omelette avec un seul oeuf ?

De quelqu’un qui aime les commérages ou fait toute une histoire de peu de chose, on dit parfois qu’il est capable de faire une omelette avec un seul oeuf. Jolie expression que José Bové, en sage paysan, affectionne particulièrement. Mais jusque-là cette formule rustique n’était pas destinée à être prise au pied de la lettre. Avec la mésaventure de Laurent Fabius, samedi à la fête de l’Humanité, les choses ont changé...

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21:28 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (11)

Une négation de la vie qui est devenue visible

Le concept de spectacle unifie et explique une grande diversité de phénomènes apparents. Leurs diversités et contrastes sont les apparences de cette apparence organisée socialement, qui doit être elle-même reconnue dans sa vérité générale. Considéré selon ses propres termes, le spectacle est l'affirmation de l'apparence et l'affirmation de toute vie humaine, c'est-à-dire sociale, comme simple apparence. Mais la critique qui atteint la vérité du spectacle le découvre comme la négation visible de la vie ; comme une négation de la vie qui est devenue visible.

Guy Debord, la société du spectacle

Texte en entier ici

Jeu des forces et ondes des forces

Savez-vous comment je vois le monde ? Des forces partout. Jeu des forces et ondes des forces. Il est un et multiple. S’accumulant ici tandis qu’il se réduit là-bas. Mer de forces agitées dont il est la propre tempête. Transformation éternelle dans un éternel va-et-vient avec d’énormes années de retour, flots perpétuel de formes, du plus simple au plus compliqué, allant du plus calme, du plus rigide et du plus froid au plus ardent, au plus sauvage, au plus contradictoire. Ce monde, qui est le monde tel que je le conçois, ce monde dionysien de l’éternelle création de soi-même, de l’éternelle destruction de soi-même, ce monde mystérieux des voluptés doubles... qui donc a l’esprit assez lucide pour le contempler sans désirer être aveugle ?"

Nietzsche, Fragments posthumes

16:42 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (0)

Sublime, forcément sublime

La nuit est sublime, le jour est beau. Ceux qui possèdent le sentiment du sublime sont portés aux sentiments élevés de l'amitié, de l'éternité, du mépris du monde, par le silence d'une nuit d'été, lorsque les tremblantes lueurs des étoiles traversent la nuit brune et que la lune solitaire paraît à l'horizon.

Emmanuel Kant, Observations sur le sentiment du beau et du sublime

12:48 Publié dans Sublime | Lien permanent | Commentaires (8)

L'énormité des mensonges

  • L’infériorité de l’esprit se mesure à la grandeur apparente des objets et des circonstances dont il a besoin pour s’émouvoir. Et surtout à l’énormité des mensonges et des fictions dont il a besoin pour ne pas voir l’humilité de ses moyens et de ses désirs. (Valéry)

11:09 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (0)

Débats

  • Les débats les plus violents ont toujours eu lieu entre les doctrines ou les dogmes très peu différents. (Valéry)

10:23 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (1)

Méfiez-vous !

"Méfiez-vous de ceux dont l'instinct de punir est puissant !"

Nietzsche

09:41 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (0)