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samedi, 24 septembre 2005

Le langage

N'est-ce pas, chez Freud, charité que d'avoir permis à la misère des êtres parlants de se dire qu'il y a - puisqu'il y a l'inconscient - quelque chose qui transcende, qui transcende vraiment, et qui n'est rien d'autre que ce qu'elle habite, cette espèce, à savoir le langage? N'est-ce pas, oui, charité que de lui annoncer cette nouvelle que dans ce qui est sa vie quotidienne, elle a avec le langage un support de plus de raison qu'il n'en pouvait paraître, et que, de la sagesse, objet inatteignable d'une poursuite vaine, il y en a déjà là? (Lacan)

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Cindy Sheehan est devenue l'icône du mouvement contre la guerre

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Extraits inédits de "Friterie-bar Brunetti" - 10

Tout ce petit monde se croisait un moment l’autre de la journée au comptoir de Chez Brunetti, pour le croissant-crème du matin, au Ricard mominette sur le coup des midi, aux petites mousses fraîches d’après sieste et discutait boutique en passant, échangeait à la va-vite des points de vue à l’emporte-pièce sur quelques faits insignifiants ou se fixait rapido d’impérieux rendez-vous d’affaires pour d’improbables autres fois, ainsi sans discontinuer jusqu’en début de soirée où, une certaine accalmie succédant au remue-ménage de la ruche, nous nous retrouvions le plus souvent entre habitués sous l’œil bienveillant du père Joseph encore affairé aux fourneaux pour son ultime bassine de frites tandis que Renée emplissait les verres et distribuait les chopines, chacun y allant de son commentaire sur les menus événements du jour, le grand Raymond déjà tirant des plans sur la comète pour des lendemains qui, c’était à n’en point douter, pour tous se mettraient certainement à chanter, Fort et pas qu’un peu! comme il disait toujours.

 

À l’heure qu’il est le grand Raymond arrondit sans doute son ardoise à lamper quelques tardives mauresques ou gangadines glacées au bar de chez Saint Pierre en compagnie peut-être, allez savoir!, de Ginette toujours dans les nuages, d’un ou deux vieux ronchons du temps jadis, du père Carmet, pourquoi pas ?, et de toute la famille Duraton au grand complet cependant que les lendemains, devenus subitement des aujourd’huis sans saveur, en loques se traînent, essoufflés, au cul du capital suçotant du bout de pailles en plastoc des canettes de coca-cola dans la lumière carcérale d’anonymes cafétérias.

 

Le complot des banques et des beaufs, si vous voulez que je vous dise, est d’en finir une bonne fois pour toutes avec ces petits estancos à camarades où, dès la première tournée, on fraternisait d’emblée à tout partager et dans l’effervescence de discussions bien arrosées chacun à sa manière remodelait alors le monde de fond en comble jusqu’à deux heures du matin heure à laquelle, la solution de l’anarchie solidement établie, dans le bienfaisant engourdissement des flacons éclusés nous gagnait lentement une certaine somnolence qui nous portait peu à peu à une parfaite sérénité. De cela ils ne veulent pas. De cela ils ne veulent plus entendre parler, jamais. Plus jamais ça!, c’est leur devise, sans rigoler.

(Extrait de "Friterie-bar Brunetti" : Pierre Autin-Grenier, à paraître le 6 octobre chez l'Arpenteur)

Photo : Robert Doisneau

14:05 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (7)

Extraits inédits de "Friterie-bar Brunetti" - 9

La Friterie-Bar Brunetti, fondée en 1906 au 9 de la rue Moncey, comme je vous l’ai dit, et dont j’ai entrepris par fantaisie de célébrer ici le souvenir, rapport à mes à-valoir surtout, n’oubliez pas!, occupait dans le quartier de la Guille une position hautement stratégique puisque située à deux pas à peine de la Place du Pont et de son légendaire magasin Prisunic, lui-même ouvert début des années trente sur l’emplacement de la Grande Brasserie Charroin où se retrouvaient alors les enragés du Damier Lyonnais pour de terribles tournois, mais aussi et déjà les marlous à rouflaquettes et casquettes à pont immigrés du Piémont, les zouaves à couteaux des casernements tout proches et quelques Casque d’Or au petit pied en congé des maisons de la rue Turenne, Marignan ou alentour.

La Friterie Brunetti des années soixante qui fut la mienne, c’est de tous ces cocos-bel-œil, manilleurs aux enchères, petites gens à la débrouille, marchands de chansons et coquettes de la barrière qu’ elle a pris le relais avec, en prime, la clientèle assidue et siroteuse des smicards du Prisunic, celle bambocheuse et forte en gueule des chauffeurs de taxis pour qui le zinc tenait le plus souvent lieu de borne et aussi les séfarades tout juste débarqués de Casa ou Tanger, de Tunis et Tabarka, la plupart négociants en tissus chamarés de faux or et lourdes broderies débités au petit métrage ou bradés par coupons entiers dans le clair-obscur d’échoppes étriquées ou alors ciseleurs de bagues, bracelets et pendeloques tarabiscotés en invraisemblables turqueries que lorgnaient avec gourmandise les matrones du coin.

À ce florilège de tous les petits boulots de tous les faubourgs de l’univers il fallait ajouter les arrivants d’Alger, Blida ou Constantine, les Mohamed qui levaient le rideau des premières boucheries halal, les Ali tenant étal d’épices, pistaches, pois chiches et semoule à couscous, d’autres ouvrant des bazars trouve-tout où s’entremêlaient pêle-mêle poêles à paella, tapis de prière, shampoings au henné et tout un fourbi défiant le moindre inventaire, cependant que les plus mal lotis d’entre eux quittaient tôt le matin leur meublé pour s’en aller à pied à l’autre bout de la ville se faire briser l’échine par les gardes-chiourmes de chez Pénnaroya pour le plus grand profit du patronat.

(Extrait de "Friterie-bar Brunetti" : Pierre Autin-Grenier, à paraître le 6 octobre chez l'Arpenteur)

Photo : Robert Doisneau

10:05 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (2)

vendredi, 23 septembre 2005

Extraits inédits de "Friterie-bar Brunetti" - 8

Oh! vous n’êtes du tout coupé, comme seuls les imbéciles voudraient le croire, de l’âpre et inextricable réalité quotidienne ; non, légèrement en retrait pour ainsi dire et relié à l’univers précisément par ce silence subtil et si particulier qui caractérise certains cafés de quartier à mi-matinée, vous envisagez d’un regard audacieux et reconsidérez un instant la vie, la vôtre comme celle d’autrui, telle qu’elle est, telle aussi qu’il suffirait de peu pour lui rendre l’âme à nouveau. Quand même le ciel reste de suie et l’horizon fermé, les pensées les plus folles vous habitent, les voyages les plus inespérés vous les faites.

Oui, des siècles sans crainte peuvent s’écouler ainsi et l’éternité n’est plus inutile à celui qui de confiance s’abandonne au cœur des cafés pour y naviguer tout à loisir ; son regard au hasard s’échappant par-dessus les petits rideaux bonne femme de la boutique, l’ombre d’un instant il pourra découvrir alors des ailleurs peuplés d’incroyables Éthiopies, bienheureux Rimbaud de bistrot tout le mystère de la vie d’un coup s’offre à lui.

Il n’est, voyez-vous, d’aventures et de vagabondages vraiment souverains que par les cafés et par le vin et jamais ne pourra rivaliser avec de tels enchantements aucune des absurdes chevauchées ou cavalcades-polaroïd des petits Marius avaleurs de fuseaux horaires et amateurs de grands déménagements. Il n’y a pas à tortiller là-dessus, depuis que le monde est monde c’est comme je vous le dis.

 

(Extrait de "Friterie-bar Brunetti" : Pierre Autin-Grenier, à paraître le 6 octobre chez l'Arpenteur)

Photo : Robert Doisneau

21:50 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (5)

Extraits inédits de "Friterie-bar Brunetti" - 7

 

Maintenant écoutez-moi, voici une vérité dont je puis vous assurer pour l’avoir de longtemps éprouvée : on ne voyage bien en fait qu’au café, en compagnie d’un panaché, d’une verte, d’un Cinzano ou d’un petit noir arrosé si vous préférez ; un modeste reginglard de charbonnier ferait d’ailleurs tout aussi bien l’affaire. Table de bois, pichet auquel se réfère la main même si l’on n’a pas soif, chaleur enveloppante de la discrète musique du zinc souvent en sourdine sur le coup des neuf heures du matin, froissement des pages du journal que susurre un vieux de la vieille tout en lisant tandis qu’à ses côtés et l’air réfléchi un autre bourre avec application sa pipe à gros fourneau d’un paquet de gris. Économie de paroles, échanges fugaces, comme en aparté et juste pour dire que le temps va changer ou qu’Ils ont encore augmenté la baguette. Assis un peu à l’écart en équilibre sur un bord de tabouret un carabin révise à la va-vite le dernier cours, s’encourageant pour cela d’un grand crème et d’une bout dorée. La patronne au pas lourd et qu’on imagine presque en robe de chambre et chaussons tant on se sent ici chez soi, vous sert sur un simple signe de tête le verre désiré, une seconde votre écot tinte en tournoyant telle une minuscule toupie dans la soucoupe de fer-blanc ; vous avez fait l’appoint, le compte est bon. Vous pouvez appareiller.

Qu’importe alors le temps qu’il fait sur les boulevards; voyageur sans valise livré à la méditation et à de multiples découvertes, seul, vous explorez la profondeur intime du monde à l’abri des gesticulations insensées du dehors qui sans cesse l’efface au profit de mille grimaces. Posé là, immobile au milieu des petites gens au parler économe dont vous vous faites le silencieux complice, l’air absent dans l’atmosphère feutrée des lieux, avec pour armes et bagages seulement votre blanc sec et un journal sans raison déplié sur la table, vous voici, emporté par le cours de votre rêverie, doucement devenant capitaine de toutes les espérances.

(Extrait de "Friterie-bar Brunetti" : Pierre Autin-Grenier, à paraître le 6 octobre chez l'Arpenteur)

 

18:50 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (15)

Le spectacle est la reconstruction matérielle de l'illusion religieuse

La philosophie, en tant que pouvoir de la pensée séparée, et pensée du pouvoir séparé, n'a jamais pu par elle-même dépasser la théologie. Le spectacle est la reconstruction matérielle de l'illusion religieuse. La technique spectaculaire n'a pas dissipé les nuages religieux où les hommes avaient placé leurs propres pouvoirs détachés d'eux : elle les a seulement reliés à une base terrestre. Ainsi c'est la vie la plus terrestre qui devient opaque et irrespirable. Elle ne rejette plus dans le ciel, mais elle héberge chez elle sa récusation absolue, son fallacieux paradis. Le spectacle est la réalisation technique de l'exil des pouvoirs humains dans un au-delà ; la scission achevée à l'intérieur de l'homme.

Guy Debord, La société du spectacle

Tout part à vélo

Rita approchant, les plates-formes pétrolières et les raffineries ferment, et le cours du baril s'envole. Avec un parcours qui l'amène droit sur le coeur de l'Amérique pétrolière, l'ouragan ravive les craintes d'explosion des cours et de pénurie d'essence.

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13:12 Publié dans Actu | Lien permanent | Commentaires (1)

Une conjuration générale

" Il y a de par le monde une conjuration générale contre deux choses, à savoir la poésie et la liberté "

Flaubert

11:40 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (3)

jeudi, 22 septembre 2005

Avant de prendre une décision importante

Ronald Reegan, ancien président des Etats-Unis, avant de prendre une décision importante, se demandait toujours : Qu'est-ce que John Wayne aurait fait à ma place ?

17:45 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (15)

Ceux qui ont tourné le dos

Méfiez-vous de ceux qui tournent le dos à l’amour, à l’ambition, à la société. Ils se vengeront d’y avoir renoncé. (Cioran)

17:10 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (4)

Truc de prophète

Truc de prophète. – Pour deviner à l’avance les façons d’agir d’hommes ordinaires, il faut admettre qu’ils font toujours la moindre dépense d’esprit pour se libérer d’une situation désagréable. (Nietzsche)

16:42 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (1)

Un penseur ?

  • C’est un penseur : cela signifie qu’il s’entend à prendre les choses avec plus de simplicité qu’elles n’en ont. (Nietzsche)

15:35 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (0)

Si clone

Soucieux d'éviter une nouvelle crise, les services du président ont fait en sorte qu'il puisse se rendre le plus tôt possible dans les zones sinistrées en laissant son agenda de samedi et dimanche vide de rendez-vous.(Apprend-on dans Le Monde, ça s'appelle prendre des mesures...)
 

11:42 Publié dans Actu | Lien permanent | Commentaires (0)

Ce sont des choses qui règnent

Le faux choix dans l'abondance spectaculaire, choix qui réside dans la juxtaposition de spectacles concurrentiels et solidaires comme dans la juxtaposition des rôles (principalement signifiés et portés par des objets) qui sont à la fois exclusifs et imbriqués, se développe en luttes de qualités fantomatiques destinées à passionner l'adhésion à la trivialité quantitative. Ainsi renaissent de fausses oppositions archaïques, des régionalismes ou des racismes chargés de transfigurer en supériorité ontologique fantastique la vulgarité des places hiérarchiques dans la consommation. Ainsi se recompose l'interminable série des affrontements dérisoires mobilisant un intérêt sous-ludique, du sport de compétition aux élections. Là où s'est installé la consommation abondante, une opposition spectaculaire principale entre la jeunesse et les adultes vient en premier plan des rôles fallacieux : car nulle part il n'existe d'adulte, maître de sa vie, et la jeunesse, le changement de ce qui existe, n'est aucunement la propriété de ces hommes qui sont maintenant jeunes, mais celle du système économique, le dynamisme du capitalisme. Ce sont des choses qui règnent et qui sont jeunes ; qui se chassent et se remplacent elles-mêmes. 

Guy Debord, la société du spectacle

Texte en entier ici


  
  
  
 

       

La blessure la plus proche du soleil

La lucidité est la blessure la plus proche du soleil

René Char

09:12 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (3)

mercredi, 21 septembre 2005

Où tu dois installer ton vouloir ardent

Distingue clairement qu'il y a deux consciences en toi. Celle de la dense matière de ta chair et celle de ton être essentiel qui a la faculté d'être attentif à cette chair. Voilà où se situe le centre de ton attention où tu dois installer ton vouloir ardent.

Hermès Trismégiste Tables d'Emeraude, TABLETTE XV : LE SECRET DES SECRETS 

22:06 Publié dans Hermès | Lien permanent | Commentaires (0)

Peut-on faire une omelette avec un seul oeuf ?

De quelqu’un qui aime les commérages ou fait toute une histoire de peu de chose, on dit parfois qu’il est capable de faire une omelette avec un seul oeuf. Jolie expression que José Bové, en sage paysan, affectionne particulièrement. Mais jusque-là cette formule rustique n’était pas destinée à être prise au pied de la lettre. Avec la mésaventure de Laurent Fabius, samedi à la fête de l’Humanité, les choses ont changé...

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21:28 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (11)

Une négation de la vie qui est devenue visible

Le concept de spectacle unifie et explique une grande diversité de phénomènes apparents. Leurs diversités et contrastes sont les apparences de cette apparence organisée socialement, qui doit être elle-même reconnue dans sa vérité générale. Considéré selon ses propres termes, le spectacle est l'affirmation de l'apparence et l'affirmation de toute vie humaine, c'est-à-dire sociale, comme simple apparence. Mais la critique qui atteint la vérité du spectacle le découvre comme la négation visible de la vie ; comme une négation de la vie qui est devenue visible.

Guy Debord, la société du spectacle

Texte en entier ici

Jeu des forces et ondes des forces

Savez-vous comment je vois le monde ? Des forces partout. Jeu des forces et ondes des forces. Il est un et multiple. S’accumulant ici tandis qu’il se réduit là-bas. Mer de forces agitées dont il est la propre tempête. Transformation éternelle dans un éternel va-et-vient avec d’énormes années de retour, flots perpétuel de formes, du plus simple au plus compliqué, allant du plus calme, du plus rigide et du plus froid au plus ardent, au plus sauvage, au plus contradictoire. Ce monde, qui est le monde tel que je le conçois, ce monde dionysien de l’éternelle création de soi-même, de l’éternelle destruction de soi-même, ce monde mystérieux des voluptés doubles... qui donc a l’esprit assez lucide pour le contempler sans désirer être aveugle ?"

Nietzsche, Fragments posthumes

16:42 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (0)