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jeudi, 22 septembre 2005

Un penseur ?

  • C’est un penseur : cela signifie qu’il s’entend à prendre les choses avec plus de simplicité qu’elles n’en ont. (Nietzsche)

15:35 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (0)

Si clone

Soucieux d'éviter une nouvelle crise, les services du président ont fait en sorte qu'il puisse se rendre le plus tôt possible dans les zones sinistrées en laissant son agenda de samedi et dimanche vide de rendez-vous.(Apprend-on dans Le Monde, ça s'appelle prendre des mesures...)
 

11:42 Publié dans Actu | Lien permanent | Commentaires (0)

Ce sont des choses qui règnent

Le faux choix dans l'abondance spectaculaire, choix qui réside dans la juxtaposition de spectacles concurrentiels et solidaires comme dans la juxtaposition des rôles (principalement signifiés et portés par des objets) qui sont à la fois exclusifs et imbriqués, se développe en luttes de qualités fantomatiques destinées à passionner l'adhésion à la trivialité quantitative. Ainsi renaissent de fausses oppositions archaïques, des régionalismes ou des racismes chargés de transfigurer en supériorité ontologique fantastique la vulgarité des places hiérarchiques dans la consommation. Ainsi se recompose l'interminable série des affrontements dérisoires mobilisant un intérêt sous-ludique, du sport de compétition aux élections. Là où s'est installé la consommation abondante, une opposition spectaculaire principale entre la jeunesse et les adultes vient en premier plan des rôles fallacieux : car nulle part il n'existe d'adulte, maître de sa vie, et la jeunesse, le changement de ce qui existe, n'est aucunement la propriété de ces hommes qui sont maintenant jeunes, mais celle du système économique, le dynamisme du capitalisme. Ce sont des choses qui règnent et qui sont jeunes ; qui se chassent et se remplacent elles-mêmes. 

Guy Debord, la société du spectacle

Texte en entier ici


  
  
  
 

       

La blessure la plus proche du soleil

La lucidité est la blessure la plus proche du soleil

René Char

09:12 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (3)

mercredi, 21 septembre 2005

Où tu dois installer ton vouloir ardent

Distingue clairement qu'il y a deux consciences en toi. Celle de la dense matière de ta chair et celle de ton être essentiel qui a la faculté d'être attentif à cette chair. Voilà où se situe le centre de ton attention où tu dois installer ton vouloir ardent.

Hermès Trismégiste Tables d'Emeraude, TABLETTE XV : LE SECRET DES SECRETS 

22:06 Publié dans Hermès | Lien permanent | Commentaires (0)

Peut-on faire une omelette avec un seul oeuf ?

De quelqu’un qui aime les commérages ou fait toute une histoire de peu de chose, on dit parfois qu’il est capable de faire une omelette avec un seul oeuf. Jolie expression que José Bové, en sage paysan, affectionne particulièrement. Mais jusque-là cette formule rustique n’était pas destinée à être prise au pied de la lettre. Avec la mésaventure de Laurent Fabius, samedi à la fête de l’Humanité, les choses ont changé...

La suite à lire ici

21:28 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (11)

Une négation de la vie qui est devenue visible

Le concept de spectacle unifie et explique une grande diversité de phénomènes apparents. Leurs diversités et contrastes sont les apparences de cette apparence organisée socialement, qui doit être elle-même reconnue dans sa vérité générale. Considéré selon ses propres termes, le spectacle est l'affirmation de l'apparence et l'affirmation de toute vie humaine, c'est-à-dire sociale, comme simple apparence. Mais la critique qui atteint la vérité du spectacle le découvre comme la négation visible de la vie ; comme une négation de la vie qui est devenue visible.

Guy Debord, la société du spectacle

Texte en entier ici

Jeu des forces et ondes des forces

Savez-vous comment je vois le monde ? Des forces partout. Jeu des forces et ondes des forces. Il est un et multiple. S’accumulant ici tandis qu’il se réduit là-bas. Mer de forces agitées dont il est la propre tempête. Transformation éternelle dans un éternel va-et-vient avec d’énormes années de retour, flots perpétuel de formes, du plus simple au plus compliqué, allant du plus calme, du plus rigide et du plus froid au plus ardent, au plus sauvage, au plus contradictoire. Ce monde, qui est le monde tel que je le conçois, ce monde dionysien de l’éternelle création de soi-même, de l’éternelle destruction de soi-même, ce monde mystérieux des voluptés doubles... qui donc a l’esprit assez lucide pour le contempler sans désirer être aveugle ?"

Nietzsche, Fragments posthumes

16:42 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (0)

Sublime, forcément sublime

La nuit est sublime, le jour est beau. Ceux qui possèdent le sentiment du sublime sont portés aux sentiments élevés de l'amitié, de l'éternité, du mépris du monde, par le silence d'une nuit d'été, lorsque les tremblantes lueurs des étoiles traversent la nuit brune et que la lune solitaire paraît à l'horizon.

Emmanuel Kant, Observations sur le sentiment du beau et du sublime

12:48 Publié dans Sublime | Lien permanent | Commentaires (8)

L'énormité des mensonges

  • L’infériorité de l’esprit se mesure à la grandeur apparente des objets et des circonstances dont il a besoin pour s’émouvoir. Et surtout à l’énormité des mensonges et des fictions dont il a besoin pour ne pas voir l’humilité de ses moyens et de ses désirs. (Valéry)

11:09 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (0)

Débats

  • Les débats les plus violents ont toujours eu lieu entre les doctrines ou les dogmes très peu différents. (Valéry)

10:23 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (1)

Méfiez-vous !

"Méfiez-vous de ceux dont l'instinct de punir est puissant !"

Nietzsche

09:41 Publié dans Maximes | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 20 septembre 2005

Une Bible moderne

Le spectacle, compris dans sa totalité, est à la fois le résultat et le projet du mode de production existant. Il n'est pas un supplément au monde réel, sa décoration surajoutée. Il est le coeur de l'irréalisme de la société réelle. Sous toute ses formes particulières, information ou propagande, publicité ou consommation directe de divertissements, le spectacle constitue le modèle présent de la vie socialement dominante. Il est l'affirmation omniprésente du choix déjà fait dans la production, et sa consommation corollaire. Forme et contenu du spectacle sont identiquement la justification totale des conditions et des fins du système existant. Le spectacle est aussi la présence permanente de cette justification, en tant qu'occupation de la part principale du temps vécu hors de la production moderne.

Guy Debord, la société du spectacle

Nettoyage du blog

Ayant dépassé les 10 Méga impartis (ou sinon au-delà c'est payant) j'ai nettoyé le blog ce matin. Supprimé un certain nombre de notes, notamment mes nouvelles et ce qui m'avait semblé le moins intéressant. Si certains d'entre vous dont les textes ont été publiés souhaitent que je les supprime je le ferai bien sûr. J'ai enlevé aussi pas mal d'images (ce qui est le plus lourd bien sûr), sachant qu'on peut facilement les retrouver sur le net - A ce propos, pour ceux qui ne le sauraient pas, sur Google on peut sélectionner "images" et ainsi retrouver facilement les images recherchées. A bientôt.

14:14 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (5)

Extraits inédits de "Friterie-bar Brunetti" - 6

Je rêve, voyez-vous, qu’en ce moment-même où nous bavardons de tout et de rien, comme ça, sans souci autre que remettre la tournée, quelque jeune agitateur à joues creuses et tignasse drue, vivotant fort serré de menus expédients et d’amours illicites, le regard perdu dans son petit noir et baignant tout entier dans la lourde atmosphère d’un bistroquet de banlieue ne soit tout bêtement en train de porter la tempête en ses flancs. Possédé jusqu’à l’os par le sentiment sacré de la révolte, je l’imagine méditant devant sa tasse un projet de manifeste susceptible d’enflammer les faubourgs, de rallier à la fronde les plus sceptiques sur l’issue heureuse d’un grand chambardement et, dans un même élan de foi et d’enthousiasme, par sa seule énergie peuplant la poussière grise des boulevards d’une multitude criant à l’oppression et réclamant justice sous l’étendard de l’anarchie. Croyez-moi, on aurait bien besoin du chaos que nous promet ce jeune Bakounine, conspirant à deux tables de la nôtre si ça se trouve, pour remettre un peu d’ordre dans le bordel ambiant, rendre son âme au prolétaire et faire danser les maîtres sur la musique manouche. Gageons qu’il s’engage sans retour dans son entreprise de salut public et vienne au triple galop combler notre attente. Pourquoi voudriez-vous qu’il fasse les choses à moitié et traîne en route ? Il a vingt ans sans doute, des espérances qui vont de là à là et un cœur gros comme ça ; comptons sur lui pour faire voler le vieux monde en éclats!

(Extrait de "Friterie-bar Brunetti" : Pierre Autin-Grenier, à paraître le 6 octobre chez l'Arpenteur)

13:25 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (23)

Extraits inédits de "Friterie-bar Brunetti" - 5

Pourtant, voulez-vous que je vous dise ?, les fripouillards d’en haut, les petites crapules du capital et leurs ridicules roquets, fricoteurs de l’immobilier et boursicoteurs de bas étage, feraient bien de se méfier et redouter de devoir rire demain à dents serrées. C’est que s’accrochent encore et malgré tout, voyez-vous, ici ou là, ouverts sur de minuscules placettes pavées, donnant sur de mesquines avenues, baillant aux trottoirs d’anguleuses ruelles voire se cramponnant au fond de suintantes impasses, les derniers bistrots à populo et autres Friterie-bar Brunetti qui n’ont du tout dit leur dernier mot, aux zincs desquels s’aiguisent à l’heure de l’apéro — À la tienne, Étienne! — les théories révolutionnaires les plus audacieuses, aussi les couteaux. Vieille Garde limonadière traquée par les bigots et leur triste époque, mais qui ne se rend pas ; non plus ne meurt! Et merdre! eût dit le Père Ubu.
    
Toutes les révolutions qui ont fait avancer le monde, vous le savez bien, ont été accouchées dans des salles de cafés, par des buveurs inspirés, à même des tables à vin poisseuses de lourd picrate et encombrées de litrons. Fieffé petit farceur qui me prouvera le contraire! Regardez Robespierre, attablé, jeune loup aux yeux brillants et dents blanches, dans les bouges alentour le Palais Royal, y rêvant liberté, égalité, concoctant jusqu’à la minutie échafauds et charrettes à venir. Avec Danton, Marat — l’ami du peuple—, au Procope fignolant la doctrine. Camille Desmoulins, retour de Versailles, sautant sur une table du Café de Foy, le 13 juillet 89, pour haranguer les citoyens, sonnant le tocsin d’une Saint-Barthélémy des patriotes et appelant aux armes. La prise de la Bastille, il faut le savoir, s’est d’abord faite avec des gens un peu pompettes et qui grimpaient sur les comptoirs des cafés parisiens. Voilà tout.

À peine finie sa promenade parc Montsouris, Vladimir Illitch Oulianov enfourchait son vélo et, de la rue Marie-Rose, giclait au Café d’Orléans mijoter devant une verte son grand badaboum aux petits oignons. À La Rotonde, parfois Au Dôme, il retrouvait Soutine, Modigliani, Cendrars, Fujita, les immigrés du Montparno, tout ce beau monde trinquant cul sec et gambergeant plein pot sous la casquette. À La Closerie des Lilas où il avait sa table, oui madame!, il disputait d’infernales parties d’échecs avec son ami Trotski et transformait la société à la six-quatre-deux avant de faire un sort à la dernière bouteille et changer de crémerie. Et je ne vous surprendrai pas, certes, si je vous dis que c’est attablé devant un bock de bière et sans bouger une fesse de sa banquette, une pile de journaux sous le nez, qu’il apprend l’abdication du tsar, le 16 mars 17, au Café de La Terrasse, à Zurich, pour être précis. Alors, après, la traversée de l’Allemagne, le wagon plombé, le retour en héros à Saint-Petersbourg, tout ça c’est histoire d’aller arroser l’affaire sur place au Café Pouchkine avec les copains et entrer un peu plus tard pépère au Palais d’Hiver.  Sans le secours et l’assistance des bistrots, croyez-le bien : Lénine il n’était plus rien. C’est historique, c’est tout.

(Extrait de "Friterie-bar Brunetti" : Pierre Autin-Grenier, à paraître le 6 octobre chez l'Arpenteur)

10:15 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (1)

Extraits inédits de "Friterie-bar Brunetti" - 4

 Salut! fringants petits Rimbaud d’à peine vingt ans se roulant à pleins poils dans la poésie au profond des rouges moleskines des bouis-bouis de banlieue, composant les doigts dans le nez d’extravagants limericks sur de minuscules carnets quadrillés, rêvant de fleuves aux eaux vertes et d’Indiens Spokanes des bords de Marne ou alors s’inventant d’aveuglantes amours, l’été, dans le frais clair-obscur des tavernes, on ne vous reverra plus tirer sur vos pipes en écume à tête de mort et prendre des poses de parnassiens pour une postérité de carnaval, ils vous auront balayés avec les derniers clopinards du faubourg et condamnés à un avenir de grouillots ou d’apprentis pharmaciens. Il ne vous restera plus, dès lors, qu’à aller téter sous les néons d’anonymes drugstores l’amer chicotin du capital et vous purger avec cette mixture de toutes vos chimères.      
       Adieu aussi gentils pochards en perpétuel manque de piccolo, Cep Vermeil ou divin Grappe Exquise, qui débarquiez dès l’ouverture, le corps rompu, la guibolle déjà titubante et le tarin violacé pour vous arrimer au navire, y trouver l’écoute bienveillante du bistroquet ou de quelque habitué de la maison, suivre d’un œil hagard les parties de zanzi en bout de bar et oublier un temps détresse et solitude en vous insérant dans la grande famille des tâte-vin du coin. Avec le canon de rouge, parfois de rosé pour frimer, il arrivait qu’un brave type vous paye en passant l’œuf dur à casser sur le comptoir d’étain en guise de trompe-faim et, d’une fraternelle bourrade, vous rende votre fierté d’être humain vous rabibochant ainsi un instant avec la vie ; votre trogne alors un peu plus s’enluminant telle, en proie à l’émotion, celle d’un gamin. Ces havres de grâce tombés dans les filets d’aigrefins de la finance, sabordés par leurs promoteurs pour être aussitôt transformés en nickel salons de thé, boîtes à fringues ou cabinets d’affaires, vous n’aurez d’autre issue qu’aller pleurer misère dans la rue et, les jours à crever de froid, aux portes cochères cacher sous un amas de cartons le malheur crasse des parias qui tant offense la délicatesse du bourgeois.

       Ciao Domi, Joseph, Loulou, Frédo!… Séfarades de la cotonnade chamarrée, Arabes du couscous mouton, taxis de la place du Pont!… Le torchon toujours négligemment jeté sur l’épaule et sans cesse râlant contre ce satané robinet du bac à vaisselle qui goutte et goutte sans qu’on puisse rien y faire, Renée déjà se doutait bien que tout cela allait s’enfuir  comme dans un mauvais rêve et tourner pour finir à la totale déconfiture. Funeste prémonition de fin du monde!

(Extrait de "Friterie-bar Brunetti" : Pierre Autin-Grenier, à paraître le 6 octobre chez l'Arpenteur)

Tableau de Ibrahim Shahda (1929-1991) : Portrait de Pierre Autin-Grenier sur fond bleu : voir ici son site

      

00:10 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (2)

lundi, 19 septembre 2005

La forme est sans forme

Maintenant tu sais que la forme est sans forme. La forme n'existe que pour les yeux.

Hermès Trismégiste

(Un site à découvrir ici)

22:05 Publié dans Taoisme | Lien permanent | Commentaires (5)

La poésie ça n'est jamais ça

Un siècle après sa mort, nous ne sommes toujours pas parvenus à fixer Arthur Rimbaud. Nous devons nous contenter de saluer sa prodigieuse vitesse. Une existence littéraire d'environ quarante-deux mois a suffi au jeune ardennais pour épuiser en une centaine de pages tous les possibles de la poésie. Après lui, rien de neuf, rien de plus à dire, tout à recommencer. Telle est sa principale leçon : il démontre, une fois pour toutes, que la poésie ça n'est jamais ça.. En épuisant très vite et tour à tour quantité d'énergies et de formes, Arthur Rimbaud nous prouve que la langue de poésie est une langue où il y a du jeu: entre les différents sens d'un même mot, dans l'emboîtement des mots entre eux, dans la figuration et dans l'identité... Son oeuvre se présente comme une exténuante circulation et comme une distribution généreuse de sens et de sons nouveaux. Sa parole allègre et rapide, qui procède toute par fulgurances, courts-circuits, palinodies et contre-pieds, dépense sans compter des énergies fabuleuses. Rimbaud, de son propre aveu, se donne à lire, "littéralement et dans tous les sens."

Extrait de "La leçon d'Arthur Rimbaud" dans "La poésie malgré tout" ; un passionnant site littéraire à découvrir, celui de Jean-Michel Maulpoix

Extraits inédits de "Friterie-bar Brunetti - 3

Maintenant si vous n’y voyez pas d’inconvénient je peux vous révéler aussi, toujours en aparté bien sûr, comment dans leurs petits projets à la Pol Pot taquiner la bouteille dans un bistrot va devenir tantôt crime à justifier la corde. La gent épicière ne se pintant aux alcools forts qu’en famille ou en tribu, calfeutrée le soir au coin du feu et vautrée dans de vastes sofas, après s’être copieusement régalée devant la télé de hamburgers mayonnaise arrosés au whisky coca, pourquoi voudriez-vous que le premier tartempion venu reste autorisé à étaler aux yeux de tous son humble bonheur à trinquer entre copains aux comptoirs du quartier, voire — Catastrophe! — lever avec insolence son verre à un avenir meilleur ? C’est mettre, voyez-vous, dans cette façon de se conduire bien de la provocation face aux tartufes et on comprend que cela leur devienne vite intolérable. Ainsi dans l’un de ses accès de délirium tremens dont nous le savons maintenant coutumier, le clan des alcooliques mondains a sorti de son chapeau claque la grosse ficelle de l’éthylotest lequel, enfourné de force par ses flics dans le bec du buveur de bordeaux au sortir du café, tranchera dans le vif pour dire si le pékin peut poursuivre peinard son chemin ou, c’est beaucoup plus probable, être illico embarqué au poste sans autre forme de procès pour s’y faire à coups de trique remettre les idées du bon côté. Voilà tout bêtement le satanique stratagème qu’ont inventé ces pharisiens et leurs acolytes pour faire passer au bon bougre toute envie de se réjouir le cœur en bonne compagnie et aller peut-être puiser dans la profonde sagesse du vin un nouvel esprit de révolte. Quand il sera formellement interdit de fumer dans nos bars-tabacs et qu’on ne pourra plus s’y enivrer qu’à l’eau de javel du robinet ou au pepsi-cola, alors le complot des bourgeois, des beaufs, des banques et des charognards de l’immobilier aura bel et bien abouti et, à Dieu ne plaise!, les bourgeois, les beaufs, les banques et les charognards de l’immobilier auront finalement fait la peau à nos derniers bistrots.

(Extrait de "Friterie-bar Brunetti" : Pierre Autin-Grenier, à paraître le 6 octobre chez l'Arpenteur)

18:50 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (0)