mercredi, 05 octobre 2005
Ne pas dire
Le difficile en littérature est de savoir quoi ne pas dire. (Flaubert)
16:39 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (11)
L'être idéal ? Un ange dévasté par l'humour
- L'essentiel surgit souvent au bout d'une longue conversation. Les grandes vérités se disent sur le pas de la porte.
- Quand on rencontre quelqu'un de vrai, la surprise est telle qu'on se demande si on n'est pas victime d'un éblouissement.
- Compté en vain sur l'aubaine d'être seul. Toujours escorté par soi-même !
- Quand on sait que tout problème est un faux problème, on est dangereusement près du salut.
- Nous sommes tous des farceurs : nous survivons à nos problèmes.
- Un homme ennuyeux est un homme incapable de s'ennuyer.
- Ce n'est pas la peur d'entreprendre, c'est la peur de réussir, qui explique plus d'un échec.
- Il est évident que Dieu était une solution, et qu'on n'en trouvera jamais une autre qui soit aussi satisfaisante.
- Je donnerais tous les paysages du monde pour celui de mon enfance.
- La vérité ? Une marotte d'adolescent, ou un symptôme de sénilité.
- L'être idéal ? Un ange dévasté par l'humour.
- Le fait que j'existe prouve que le monde n'a pas de sens.
- L'homme est libre, sauf en ce qu'il a de plus profond. A la surface il fait ce qu'il veut; dans ses couches obscures, "volonté" est vocable dépourvu de sens.
- N'a de conviction que celui qui n'a rien approfondi.
- Se méfier des penseurs dont l'esprit ne fonctionne qu'à partir d'une citation.
- À quoi bon fréquenter Platon, quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un autre monde ?
- Ce qui n'est pas déchirant est superflu, en musique tout au moins.
- La philosophie hindoue poursuit la délivrance, la grecque à l'exception de Pyrrhon, d'Épicure et de quelques inclassables est décevante : elle ne cherche que la vérité.
- Oeuvrer de toutes ses forces pour le seul amour du travail, tirer de la joie d'un effort qui ne mène qu'à de accomplissements sans valeur, estimer qu'on ne peut se réaliser autrement que par le labeur incessant- voilà une chose révoltante et incompréhensible.
- Tous les êtres sont malheureux; mais combien le savent?
Cioran
11:45 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (4)
Assez d'entames !
11:20 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (0)
Humour involontaire
10:56 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 04 octobre 2005
Au zoo
"Au zoo. - Toutes ces bêtes ont une tenue décente, hormis les singes. On sent que l'homme n'est pas loin"
Cioran
22:49 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (8)
Prolétaires de tous
"Prolétaires de tous les pays, PUNISSEZ-VOUS ! Vous n'avez toujours rien compris." (Éric Dejaeger)
22:26 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (2)
Prétexte
"L'histoire est un prétexte pour continuer à tromper l'humanité"
Ramon Gomez de la Serna, Greguerias
20:55 Publié dans Greguerias | Lien permanent | Commentaires (7)
Balzacien
"C'est un personnage balzacien, comme tout le monde"
Scutenaire
20:41 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)
Nuit
"Se coucher tard nuit"
Raymond Devos
20:35 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)
Une page belge
N'oublions pas que nos maîtres ont des âmes d'esclave
Vous dormez pour un patron
Quand j'étais tout jeune, les accidents de travail étaient si fréquents dans mon pays que les gens, au passage d'un mort suivi du train de ses funérailles, ne demandaient pas : Qui est-ce ? mais, avec leur noire ironie : Quel trou ? ce qui voulait dire : Dans quelle carrière a-t-il été tué ? Comme si toutes ces morts n'eussent point suffi, aux grèves les gendarmes venaient tirer sur les ouvriers
Il est regrettable pour l'éducation de la jeunesse que les souvenirs sur la guerre soient toujours écrits par des gens que la guerre n'a pas tués
Prolétaires de tous les pays, je n'ai pas de conseil à vous donner
Un grand travailleur est un pauvre diable qui s'ennuie
Après avoir œuvré dans la nonchalance, je me suis converti dans l'oisiveté
Louis Scutenaire
Morceux choisis extraits de Mes Inscriptions (1943-1944), Allia, 1982, 276p. - Mes Inscriptions (1945-1963), Allia, 1984, 298p. - Louis Scutenaire par Raoul Vaneigem, Seghers, 1991, 186p.
17:06 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (1)
Trop long !
"Les romans sont trop longs"
Louis Scutenaire
16:48 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (27)
Brasil or not Brasil
12:11 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
Au moment le plus inattendu
Les herbes de la nuit, vastes, sombres, fluides, tournent autour de moi, ombre errante, placide merry go round, avancées de l’esprit sur la matière, au moment le plus inattendu l’unité se fait…
11:55 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Je me précédais normalement
LA PROVINCE
Dans le salon en sac arabe, nous regardions passer le dimanche.
Il avait une échelle sous le bras et une truelle en bandoulière.
L 'horloge sonnait précieusement, dans une odeur de poires conservées.
Sur un fauteuil traînait un bout de fil : c'était la semaine.
Paul Colinet (1898-1957) Extrait de « Oeuvres », s.l., Éditions Lebeer Hossmann, 1980, 22.
LA ZONE DE RECUL
Je me rassasiais de misérables et je m'emboîtais le pas.
Quand la cage sortait de l'oiseau, j'arrivais à ma rencontre.
Quand la niche mangeait le chien, je confondais corps et biens.
Mais, au grand jour, je reprenais mes distances et me précédais normalement.
Paul Colinet (1898-1957) Extrait de « Oeuvres », s.l., Éditions Lebeer Hossmann, 1980, 43-44.
"Paul Colinet, probablement le moins connu et le plus discret des membres du "groupe des surréalistes bruxellois". C'était un grand ami de Scutenaire" nous dit Eric Dejaeger, qui envoie ces textes (merci à lui)
02:45 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 03 octobre 2005
La robe de cloches
Ses cheveux sont dorés, ses fenêtres unies croisent leurs regards.
L'image en couleurs d'un grand chien, un joli panier de rosée, un long fusil de cristal la gardent.
Sur le seuil, un buisson secoue ses médailles.
La porte est ouverte, mais le buisson hésite depuis toujours: il ne voit pas qu'il est invité.
Tout doucement, la maison se creuse, fait tinter sa robe, bruire son cœur : le buisson ébloui ne comprend pas.
C'est un jeu très compliqué.
De temps en temps, le fusil de verre parle tout seul et casse une tuile.
Paul Colinet (1898-1957)
Extrait de « Œuvres », s.l., Éditions Lebeer Hossmann, 1980, 19-20.
10:21 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (1)
Trop d’importations viennent de l’étranger
09:32 Publié dans Sauce piquante | Lien permanent | Commentaires (1)
Série, je me sens rajeunir
05:55 Publié dans Edition | Lien permanent | Commentaires (15)
L'été et les frasques de la neige
L'été, après s'être épuisé en poussières blanches sur les routes et en myrtilles dans les bois, le grand été débraillé et fourbu est rentré, par le toit, dans son château d'osier dont la forme est celle d'une nasse.
Maintenant, il se néglige: des oeufs de fourmis lui bouchent le nez et jusqu'à la fente de ses yeux une barbe malade lui pousse, une barbe de feuillages pourrissants qu'on appelle l'automne.
Paul Colinet (1898-1957)
Extrait de «Oeuvres », s.l., Éditions Lebeer Hossmann, 1980, 14.
LES FRASQUES DE LA NEIGE
La neige est rouge. La neige, c'est l'été, un rouet en croupe.
La neige est joyeuse comme du verre cassé, un doigt sur la bouche, ses petits pieds nus derrière l'oreille.
La neige est verte. Elle est folle comme un losange et sage comme la pointe de ses petits yeux.
Elle joue et elle déjoue, courbe et pensive, soudaine et mate.
La neige court toute nue, avec ses genoux chatouillés d'hirondelles.
La neige rit, voyage et meurt, sur le vent qui est tendu comme une voile.
La neige est blanche.
La neige ne sait plus le temps ni le pays.
Elle a mis son bras sur ses yeux. Elle aime.
Paul Colinet (1898-1957)
Extrait de «Oeuvres », s.l., Éditions Lebeer Hossmann, 1980, 15-16.
"Paul Colinet, probablement le moins connu et le plus discret des membres du "groupe des surréalistes bruxellois". C'était un grand ami de Scutenaire" nous dit Eric Dejaeger, qui envoie ces textes (merci)
04:50 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 02 octobre 2005
Son incapacité à accepter le compromis
Nous sommes tous en apparence capables de vivre parce que nous avons eu un jour ou l’autre recours au mensonge, à l’aveuglement, à l’enthousiasme, à l’optimisme, à une conviction ou à une autre, au pessimisme ou à quoi que ce soit. Mais lui est incapable de mentir, tout comme il est incapable de s’enivrer. Il est sans le moindre refuge, sans asile. C’est pourquoi il est exposé, là où nous sommes protégés. Il est comme un homme nu au milieu de gens habillés. C’est une manière d’être qui est déterminée, qui existe en elle-même, débarrassée de tout l’accessoire, de tout ce qui pourrait l’aider à qualifier la vie – beauté ou misère, peu importe. Et son ascétisme est totalement dépourvu d’héroïsme, ce qui le rend, à vrai dire, plus grand et plus noble. Tout « héroïsme » est mensonge et lâcheté. Ce n’est pas un homme qui construit son ascétisme comme un moyen d’accéder à un but, c’est un homme qui est contraint à l’ascétisme par sa terrible lucidité, par sa pureté, par son incapacité à accepter le compromis.
Lettre de Milena à Max Brod, août 1920
17:46 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (5)
Nocturne
Plongé dans la nuit. Tout comme on penche parfois la tête pour réfléchir, être ainsi profondément plongé dans la nuit. Tout autour dorment les hommes. Une petite comédie, une innocente illusion qu’ils dorment dans des maisons, dans des lits solides, sous des toits solides, étendus ou blottis sur des matelas, dans des draps, sous des couvertures ! Ils se sont en réalité rassemblés comme jadis et comme plus tard dans le désert, un camp en plein vent, un nombre incalculable d’hommes, une armée, un peuple sous un ciel froid, sur la terre froide ; des hommes que le soleil avait jetés à terre à l’endroit même où ils se trouvaient, le front pressé sur le bras, le visage contre le sol, respirant tranquillement… Et toi, tu veilles, tu es un des veilleurs, tu aperçois le plus proche à la lueur de la torche que tu brandis du feu brûlant à tes pieds… Pourquoi veilles-tu ? Il faut que l’un veille, dit-on ! Il en faut un !
Kafka
03:05 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (15)