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lundi, 12 septembre 2005

La vie des idées

"La nature n'est pas en surface ; elle est en profondeur. Les couleurs sont l'expression, à cette surface, de cette profondeur. Elles montent des racines du monde. Elles en sont la vie, la vie des idées" : Cézanne

21:05 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (3)

Votre couleur préférée ? "L'harmonie générale"

 

Votre couleur préférée ? : « L’harmonie générale » a répondu Cézanne. On est assailli de flèches contradictoires, certaines vous atteignent, d’autres pas, arrive une toile, une symphonie, un livre et tout s’éclaire.  « Si ma toile est saturée de cette vague religiosité cosmique qui m’émeut, moi, qui me rend meilleur, elle va toucher les autres en un point peut-être qu’ils ignorent de leur sensibilité », écrira-t-il. « Je joins les mains errantes de la nature »

12:45 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (4)

dimanche, 11 septembre 2005

L'ultime musique n'est pas entendue

C'était une rivière dans les montagnes, je suppose qu'il y a beaucoup de rivières dans les montagnes, s'écoulant à travers nos rêves dans la mort et de profonds trous d'eau. L'eau était si claire que je voyais les expressions sur leurs visages comme ils me regardaient depuis leurs cercueils de verre. Je regardai sous l'eau et vit une vieille dame qui souriait, elle n'avait ni dents ni cheveux, je pense qu'elle était la soeur de Jésus, et je vis une jolie fille dans son cercueil, elle s'accrochait à un jouet  desséché alors que des truites nageaient devant son visage. Il devait y avoir cinq mille personnes inhumées dans des cercueils de verre sous la rivière, et je marchais le long de la berge, le regard baissé vers eux comme s'ils étaient des doigts de ma main gauche.


The last music is not heard
It was a river in the mountains, I guess there are many rivers in the mountains, flowing through our dreams into death and deep pools. The water was so clear that I could see the expressions on their faces as they looked up at me from their glass coffins. I looked under the water and saw an old lady smiling, she had no teeth nor hair, I think she was the sister of Jesus, and I saw a beautiful girl in her coffin, she was holding onto a dry toy while trout swam across her face. There must have been five thousand people buried in glass coffins under the river, and I walked along the bank, looking down at them as if they were fingers on my left hand.
Richard Brautigan.

Texte inédit en français.

Traduction : Éric Dejaeger.

Peinture de Vieira da Silva

22:00 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (6)

Peintre chinois

Le peintre chinois Zao Wou-Ki a écrit : « Picasso m’avait appris à dessiner comme Picasso, mais Cézanne m’apprit à regarder la nature chinoise. J’avais admiré Modigliani, Renoir, Matisse. Mais c’est Cézanne qui m’aida à me retrouver moi-même, à me retrouver peintre chinois »

20:00 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

Zao Wou Ki

Les tableaux de Zao Wou-Ki sont des giboulées de couleurs affrontées, la création de la terre racontée, jaillissement, effraction, on a percé un secret. Des arbres accrochés aux montagnes, feu rampant, glissant sur la toile, parfois on discerne en échos lointains l’œuvre de Corot, Le Lorrain ou Degas, cieux de neige, ouragans en formation, toujours une fête de l’esprit. Une peinture qui parle de l’âme, de ses dérangements, en pointillés. Emotions, rêve, brisures mais épanouissement, vertige atteints, perte du sens, plongée dans le plaisir - voilà la leçon de Cézanne à Zao Wou-Ki -, le plaisir guide et on est sauvé, on découvre des portes, de nouveaux horizons, ceux d’avant étaient factices, des images s’instillent, glissent, surgissent, un dévoilement progressif, un opéra, une musique symphonique, mélodies entrecroisées, légèreté, l’énergie de la matière concentrée en si peu de temps, les deux dimensions du tableau sont largement dépassées, oubliées, rien à voir.

10:40 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (10)

samedi, 10 septembre 2005

Conjurer les noeuds sinistres du destin

Françoise Gilot, compagne de Picasso, et peintre : « Ces dernières années, j’ai peint par terre de grandes toiles sur lesquelles je rampe, je m’étends, des toiles que je bénis en les aspergeant de couleurs, des toiles qui m’englobent, des toiles sidérales. Elles m’emmènent en voyage. Ce sont des marques fastes faites pour conjurer les fortunes adverses, les nœuds sinistres du destin ».

22:45 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (10)

Pour P.A.G.

"Quand je n'aurai plus qu'une paire de fesses pour penser, j'irai l'asseoir à l'Académie Française"

Georges Bernanos

14:45 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0)

Une génération de kids définitifs

« Ce que nous essayons de créer c'est une humanité factice, frivole, qui ne sera plus jamais accessible au sérieux ni à l'humour, qui vivra jusqu'à sa mort dans une quête de plus en plus désespérée du fun et du sexe ; une génération de kids définitifs. »
Michel Houellebecq, la possibilité d'une île

En attendant les secours

Oh Katrina tchi tchi...


Il n'y a que les bouteilles au bar
qui supportent bien le tangage,
même l'ombre sur le mur
répète le geste de ma main
s'épongeant le front.
Celle qui rêve de passer
l'équateur à dos d'âne
regarde impuissante et incrédule
la Vieille Orléans ruisseler
à travers les barreaux d'un monde noir.
Je ne fraierai pas ma route parmi
les fachos et les gouttes.
Si les chats blancs vont sous les bancs à midi
vérifier que les ombres sont toujours noires,
que l'écho fasse ici résonner,
non pas un chant de l'équateur
mais ma toux de l'antarctique.

Calou

Comme on attend le train

Je ne suis pas un prophète
mais il arrive que je voie ce que
les autres voient comme moi,
mais ne veulent pas voir.
Le monde moderne regorge
aujourd'hui d'hommes d'affaires
et de policiers, mais il a bien
besoin d'entendre quelques
voix libératrices, [...]
Les voix libératrices ne sont pas
les voix apaisantes, les voix
rassurantes. Elles ne se contentent
pas de nous inviter à attendre
l'avenir comme on attend le train.

Georges Bernanos

vendredi, 09 septembre 2005

Une bonne leçon d'humidité

"- Mon fils, commença-t-il sans s'embarrasser de préliminaires, ne va jamais faire confiance à quelqu'un qui ne boit pas. C'est probablement aussi quelqu'un qui se croit meilleur que les autres, quelqu'un qui croit tout savoir. Parmi ces gens-là, tu trouveras peut-être des hommes de bien, mais songe que c'est précisément au nom de ce bien qu'ils attirent bien des calamités sur le pauvre monde. Car ils se posent en juges et se mêlent toujours de ce qui ne les regarde pas. Méfie-toi particulièrement de ceux qui boivent en faisant bien attention de ne jamais se saouler ; la plupart du temps, ils agissent ainsi parce qu'ils redoutent de libérer ce qu'ils gardent en leur cœur. Ce peut être la lâcheté, la bêtise, la méchanceté ou la violence. Quoi qu'il en soit, il n'est pas bon d'accorder sa confiance à un homme qui se craint lui-même. Mais parfois fils, parfois, tu pourras faire confiance à celui qui s'agenouille devant une cuvette de WC. Il y a une chance pour qu'il prenne là une bonne leçon d'humilité, une chance qu'il comprenne la vanité de sa condition et qu'il apprenne à vivre en se supportant. Car, vois-tu, il n'est pas facile de se prendre au sérieux quand on est en train de cracher tripes et boyaux dans une vieille cuvette de WC toute sale. Il resta une longue minute sans rien dire, puis ajouta : - Et surtout, fils, prends bien garde de ne jamais faire confiance à un ivrogne, à moins de le trouver dans cette posture.

Quand je levai les yeux, je le vis qui souriait d'un sourire étrange, celui de l'homme qui vient d'entrevoir son avenir, et qui sait l'accepter sans se plaindre."

James CRUMLEY, Fausse piste, 10-18, 1997, 336-337. Traduction : Ata.

20:20 Publié dans alcool | Lien permanent | Commentaires (0)

Houellebecq ou le paradoxe gigogne

Propos d'un libraire de proximité :

A la librairie, nous en avons vendu 4 ou 5, alors qu'il s'en ait tiré 250 000 exemplaires et que ça marche du tonerre ailleurs. Certes, c'est souvent comme ça à Lirabur. Notre clientèle ne répond pas à l'exigence médiatique (sauf pour Harry Potter, mais bon, lui, c'est un sorcier...). Nous vendons les romans que nous conseillons, parce que nous les avons aimé, c'est vraiment ce que les gens attendent. Mais là, pour Houellebecq, ça coince. Mon gros coup de coeur pour le livre ne vaut pas tripette face à ce que les gens sont sûrs de savoir dessus, à savoir la diarrhée médiatique de tous les critiques frustrés de n'avoir pas reçu les épreuves cet été. C'est la première fois que ça m'arrive en un an de librairie, une telle violence et une telle certitude dans les réactions. Je n'en tire pas de conclusions sur mes clients, je serai forcément dans l'erreur, mais je regrette que pour une fois, les médias aient raison face à la sincérité d'une libraire de proximité.

La suite à lire ici

14:31 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (4)

jeudi, 08 septembre 2005

Fête

Ambrose Bierce, dans son « Dictionnaire du Diable » la définit ainsi : « Célébration. Une fête religieuse se distingue généralement par un abus de nourriture et de boissons, assez souvent en l’honneur de quelque saint personnage qui s’était distingué par son ascétisme ».

Hiatus irrationalis

Choses que coule en vous la sueur ou la sève,

Formes, que vous naissiez de la forge ou du sang,

Votre torrent n’est pas plus dense que mon rêve,

Et si je ne vous bats d’un désir incessant,

 

 

 

 

 

Je traverse votre eau, je tombe vers la grève

Où m’attire le poids de mon démon pensant;

Seul il heurte au sol dur sur quoi l’être s’élève,

Le mal aveugle et sourd, le dieu privé de sens 

 

Mais, sitôt que tout verbe a péri dans ma gorge,

Choses qui jaillissez du sang ou de la forge,

Nature –, je me perds au flux d’un élément :

 

Celui qui couve en moi, le même vous soulève,

Formes que coule en vous la sueur ou la sève,

C’est le feu qui me fait votre immortel amant.

Jacques Lacan

Peinture de Antoine Wiertz : La belle Rosine

mercredi, 07 septembre 2005

Cézanne toujours

"Il faut être incorruptible sur son art, et pour l'être dans son art, il faut s'entraîner à l'être dans sa vie" "En somme il y a le savoir-faire et le faire-savoir. Quand on sait faire, on n'a pas besoin de faire savoir. Ca se sait toujours".

Cézanne

22:40 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (8)

Les Vénitiens et les Espagnols

Cézanne visitant le Louvre, à propos des Vénitiens et des Espagnols : "Quand on ne sait pas, on croit que ce sont ceux qui savent qui vous arrêtent. Alors qu'au contraire, si on les fréquente, au lieu de vous encombrer, ils vous prennent par la main et vous font gentiment balbutier votre petite histoire".

Joachim Gasquet, Cézanne

21:58 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

Et voici le grand style...

Imaginez qu’à l’été finissant, les camaïeux de verts se disputent le paysage avec les ocres d’un automne qui s’avance à pas lent. La nature est en joie de la vendange qui approche, et les cuvages que l’on aère exhalent les effluves des crus passés. Cette terre de Bourgogne prête à donner son fruit est comme un corps de femme: grasse, toute en courbes et vallons … Ah ! mon amie que j’aime ce pays si plein de délicieux souvenirs de l’enfance que je garde en mon cœur gravés comme autant d’eaux-fortes, témoins d’un temps qui fut et qui fuit.

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mardi, 06 septembre 2005

Petit extrait d'un dictionnaire à venir

Sollers. Après avoir animé la revue " Tel quel ", et écrit des livres plutôt expérimentaux, il a surpris tout le monde avec son roman : " Femmes ", touffu, foisonnant qui balaye et fouille l’histoire contemporaine. Avec cette fameuse phrase (presque) initiale : " Le monde appartient aux femmes. C’est-à-dire à la mort. Là-dessus, tout le monde ment ". " Femmes ", ce sont aussi des portraits devenus célèbres de Lacan, Garaudy, Barthes (étonnantes pages où il décrit les dernières années et la mort de celui-ci). Ensuite avec " Le cœur absolu ", " Portrait du joueur ", " La fête à Venise ", il poursuit une série de romans déroutants, atypiques, mêlant intrigues romanesques, citations et réflexions sur l’histoire passée et en cours. Très riche et moins connu : " Le secret ", confession d’un agent secret travaillant pour le Vatican ; Pas d’armes ni de gadgets, ici il est question de pensée et de stratégie (références nombreuses au Maréchal de Saxe, à Lawrence et Sun Tzu) : " Dans la guerre irrégulière, ce que les hommes font est assez peu important, mais ce qu’ils pensent, en revanche, est capital ". Collaborateur régulier au " Monde des livres ", Sollers a rassemblé ses articles et d’autres contributions ou préfaces dans "La guerre du goût " puis " L’éloge de l’infini " : deux recueils volumineux pour découvrir ou redécouvrir les classiques, aborder la Chine, le XVIII ème, Venise, Rimbaud, la Bible, la peinture, la musique, et interroger la religion, le sexe et la poésie comme axes fondamentaux. Sollers a en outre écrit des livres sur Vivant Denon, Casanova et Mozart. Romans qui ressemblent à des essais, et réciproquement (un peu à la manière des " Fictions " de Borges et fidèles à la leçon magistrale de Guy Debord dans " La société du spectacle " : " Dans le monde réellement renversé, le faux est un moment du vrai "), livres fourre-tout, indéfinissables, truffés de notes, d’aller-retour, de réflexions : une œuvre originale et forte qui a éclairé paradoxalement le désert littéraire français de la fin du XXème siècle.

Dissection de la réalité contemporaine

Houellebecq, c’est sa force, dépasse le seul domaine de la littérature, ou se sert de la littérature pour une œuvre bien plus fondamentale de dissection de la réalité contemporaine, et, à sa façon, de moraliste, qu’il poursuivra peut-être désormais sous une forme cinématographique. Il a su décrypter, incarner et assumer le malheur du monde moderne, le concentrer en lui et le rendre sous une forme accessible à un grand nombre. (...) Houellebecq est rejeté principalement par ceux-là qu’il dénonce, dont il décrit les ridicules et l’ignominie, et qui accaparent tous les pouvoirs : cette génération issue de 68 de libertaires alliés aux libéraux et qui tiennent la quasi totalité des médias, qui règlent la vie culturelle et universitaire. Qui font la loi – et la police de la pensée.

Article à lire en entier sur le blog de Jean-Jacques Nuel

09:50 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (13)

lundi, 05 septembre 2005

Pour George Bush, les pauvres n'existent pas

Pour la première fois, la pauvreté n'était plus une statistique mais des personnes qui ont faim, qui pleurent, qui sont en colère, qui sont obèses, qui sont vieilles, des mères célibataires avec des enfants, qui n'ont pas d'assurance médicale (comme 44 millions d'Américains), ni d'assurance pour leur maison. Et même pas de voiture. Ces images resteront dans la mémoire collective, comme celles de la répression des manifestations noires pour les droits civiques en 1963. Elles resteront comme un symbole de la présidence Bush. Elles forceront l'Amérique à regarder la pauvreté d'une autre manière. Cela prendra peut-être plusieurs années, mais c'est le début d'une prise de conscience. Les gouvernements seront obligés de s'intéresser à la santé, à l'éducation, au logement, aux moyens de transport de ces populations. Et à l'environnement. Les attaques du 11 septembre avaient rendu l'Amérique plus patriote, plus militariste et plus conservatrice. Là, c'est le contraire. L'horreur de La Nouvelle-Orléans va nous forcer à regarder en face nos problèmes intérieurs de pauvreté et d'inégalité. Et à faire quelque chose...

L'article entier à lire ici

09:41 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)