samedi, 01 octobre 2005
Les longs muscles du fleuve
Tous les matins Antonio se mettait nu. D'ordinaire, sa journée commençait par une lente traversée du gros bras noir du fleuve. Il se laissait porter par les courants ; il tâtait les noeuds de tous les remous ; il touchait avec le sensible de ces cuisses les longs muscles du fleuve et , tout en nageant, il sentait, avec son ventre, si l'eau portait, serrée à bloc, ou si elle avait tendance à pétiller. De tout ça il savait s'il devait prendre le filet à grosses mailles, la petite maille, la navette, la gaule à fléau, ou s'il devait pêcher à la main dans les ragues du gué.
Jean Giono, Le chant du monde
17:55 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Ah, Giono... Une sacrée plume !
Écrit par : Roland Fuentès | samedi, 01 octobre 2005
"Le chant du monde" et "Le serpent d'étoiles" : deux joyaux !
Écrit par : Ray | samedi, 01 octobre 2005
Tu peux en rajouter d'autres ! Je prends tout.
Écrit par : Roland Fuentès | samedi, 01 octobre 2005
J'accroche pas à ceux d'après guerre, quelque chose s'est cassé à mon avis
Écrit par : Ray | samedi, 01 octobre 2005
Ouais : la pipe, pardi!
Écrit par : P.A.G | dimanche, 02 octobre 2005
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