lundi, 11 juillet 2005
De Laurence Parisot
«Les entrepreneurs peuvent être à ce siècle ce que les instituteurs ont été à la IIIe République.»
12:02 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (9)
Iacobus
Prenez un peu de Umberto Eco, ajoutez une dose de Perez-Reverte, plus une pincée de Dan Brown, et vous aurez "Iacobus" de Matilde Asensi. L'action se passe en 1319 : un moine-soldat, va partir à la recherche du Trésor des templiers sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle ; au fur et à mesure, d'autres (lourds) secrets de l'Histoire vont émerger, les fausses pistes vont se multiplier, bref un bon polar ésotère, pour les amateurs du genre.
Folio policier
11:51 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 07 juillet 2005
La France qui cagne
'Extrait d'un article du Monde diplomatique de juillet' :
Le 6 juillet, à Singapour, le Comité international olympique (CIO) va attribuer l’organisation des Jeux olympiques de 2012 à l’une des cinq villes encore en lice : Londres, Madrid, Moscou, New York et Paris, qu’oppose une féroce compétition de lobbying international. En France, une importante campagne d’opinion, fondée sur des arguments souvent fallacieux et financée en partie par de très grands industriels, appuie la candidature de Paris. Est-ce vraiment raisonnable ?
La concurrence pour les Jeux de 2012 a été l’illustration parfaite du slogan actuel de la mondialisation néolibérale : le monde est une marchandise, et l’olympisme, avec ses cinq anneaux, son logo commercial. La Ville de Paris s’est lancée dans la course en organisant une opération de marketing politique sans précédent. Quelle que soit l’issue du vote, la candidature française a déjà provoqué de nombreuses protestations, malgré un matraquage publicitaire impulsé par la mairie de Paris, le gouvernement et le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) qui n’a pas été sans rappeler l’insistante propagande d’Etat en faveur du traité constitutionnel européen.
« Toute la France assemblée derrière les Jeux » : ce slogan de l’union sacrée signé par les présidents des quatre grands groupes parlementaires UMP, Parti socialiste, UDF et Parti communiste avait donné le ton de la déferlante organisée comme une campagne unanimiste de mobilisation patriotique. Tout y est passé : illuminations de l’Assemblée nationale, des bâtiments publics, de la tour Eiffel et des ponts avec le logo « Paris 2012 », oriflammes publicitaires omniprésentes, affichages massifs, spots télé permanents, transports en commun transformés en véhicules de communication olympique, sportifs de renom, personnalités du show-biz, de la politique et des médias, et bien entendu constitution d’un consortium de parrains officiels, le « Club des entreprises Paris 2012 » comprenant notamment Lagardère, Lafarge, Bouygues, Carrefour, Suez, Accor, c’est-à-dire des « humanistes » adeptes des licenciements boursiers et partisans des mérites de l’« esprit sportif », frère jumeau de l’« esprit d’entreprise ».
Carrefour clamait ainsi : « Effort, respect, partage, esprit d’équipe, solidarité, ces valeurs de l’olympisme guident aussi l’action de notre groupe au quotidien. » Le groupe hôtelier Accor, bien connu pour son « respect » des conditions de travail exploitation de la sous-traitance, salaires (...)
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mercredi, 06 juillet 2005
Punis les français !
Voilà ce qu'il en coûte de voter non ! punis les petits français, le grand vent libéral a clairement montré le chemin !
21:45 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (7)
La liberté de penser
"La liberté de penser s'arrête là où commence le droit du travail" : c'est de la nouvelle patronne des patrons, joli non ?
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mardi, 05 juillet 2005
Servitude
Un état totalitaire vraiment "efficient" serait celui dans lequel le tout-puissant comité exécutif des chefs politiques et leur armée de directeurs auraient la haute main sur une population d'esclaves qu'il serait inutile de contraindre, parce qu'ils auraient l'amour de leur servitude.
Aldous Huxley
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Je regarde le ciel clair et profond
Personne encore n'a défini, dans un langage pouvant être compris de ceux-là mêmes qui n'en ont jamais fait l'expérience, ce qu'est l'ennui. Ce que certains appellent l'ennui n'est que de la lassitude; ou bien ce n'est qu'une sorte de malaise; ou bien encore, il s'agit de fatigue. Mais l'ennui, s'il participe en effet de la fatigue, du malaise et de la lassitude, participe de tout cela comme l'eau participe de l'hydrogène et de l'oxygène dont elle se compose. Elle les inclut, sans toutefois leur être semblable.
Si la plupart donnent ainsi à l'ennui un sens restreint et incomplet, quelques rares esprits lui prêtent une signification qui, d'une certaine façon, le transcende: c'est le cas lorsqu'on appelle ennui ce dégoût intime et tout spirituel qu'inspirent la diversité et l'incertitude du monde. Ce qui nous fait bâiller, et qui est la lassitude; ce qui nous fait changer de position, et qui est le malaise; ce qui nous empêche de bouger, et qui est la fatigue - rien de tout cela n'est vraiment l'ennui; mais ce n'est pas non plus le sens profond de la vacuité de toute chose, grâce auquel se libère l'aspiration frustrée, se relève le désir déçu et se forme dans l'âme le germe d'où naîtra le mystique ou le saint.
L'ennui est bien la lassitude du monde, le malaise de se sentir vivre, la fatigue d'avoir déjà vécu; l'ennui est bien, réellement, la sensation charnelle de la vacuité surabondante des choses. Mais plus que tout cela, l'ennui c'est aussi la lassitude d'autres mondes, qu'ils existent ou non; le malaise de devoir vivre, même en étant un autre, même d'une autre manière, même dans un autre monde; la fatigue, non pas seulement d'hier et d'aujourd'hui, mais encore de demain et de l'éternité même, si elle existe - ou du néant, si c'est lui l'éternité.
Ce n'est pas seulement la vacuité des choses et des êtres qui blesse l'âme, quand elle est en proie à l'ennui; c'est aussi la vacuité de quelque chose d'autre, qui n'est ni les choses ni les êtres, c'est la vacuité de l'âme elle-même qui ressent ce vide, qui s'éprouve elle-même comme du vide, et qui, s'y retrouvant, se dégoûte elle-même et se répudie.
L'ennui est la sensation physique du chaos, c'est la sensation que le chaos est tout. Le bâilleur, le maussade, le fatigué se sentent prisonniers d'une étroite cellule. Le dégoûté par l'étroitesse de la vie se sent ligoté dans une cellule plus vaste. Mais l'homme en proie à l'ennui se sent prisonnier d'une vaine liberté, dans une cellule infinie. Sur l'homme qui bâille d'ennui, sur l'homme en proie au malaise ou à la fatigue, les murs de la cellule peuvent s'écrouler, et l'ensevelir. L'homme dégoûté de la petitesse du monde peut voir ses chaînes tomber, et s'enfuir; il peut aussi se désoler de ne pouvoir les briser et, grâce à la douleur, se revivre lui-même sans dégoût. Mais les murs d'une cellule infinie ne peuvent nous ensevelir, parce qu'ils n'existent pas; et nos chaînes ne peuvent pas même nous faire revivre par la douleur, puisque personne ne nous a enchaînés.
Voilà ce que j'éprouve devant la beauté paisible de ce soir qui meurt, impérissablement. Je regarde le ciel clair et profond, où des choses vagues et rosées, telles des ombres de nuages, sont le duvet impalpable d'une vie ailée et lointaine. Je baisse les yeux vers le fleuve, où l'eau, seulement parcourue d'un léger frémissement, semble refléter un bleu venu d'un ciel plus profond. Je lève de nouveau les yeux vers le ciel, où flotte déjà, parmi les teintes vagues qui s'effilochent sans former de lambeaux dans l'air invisible, un ton endolori de blanc éteint, comme si quelque chose aussi dans les choses, là où elles sont plus hautes et plus frustes, connaissait un ennui propre, matériel, une impossibilité d'être ce qu'elles sont, un corps impondérable d'angoisse et de détresse.
Quoi donc? Qu'y a-t-il d'autre, dans l'air profond, que l'air profond lui-même, qui n'est rien? Qu'y a-t-il d'autre dans le ciel qu'une teinte qui ne lui appartient pas? Qu'y a-t-il dans ces traînées vagues, moins que des nuages et dont je doute déjà, qu'y a-t-il de plus que les reflets lumineux, matériellement incidents, d'un soleil déjà déclinant? Dans tout cela, qu'y a-t-il d'autre que moi? Ah, mais l'ennui c'est cela, simplement cela. C'est que dans tout ce qui existe - ciel, terre, univers -, dans tout cela, il n'y ait que moi!
Fernando Pessoa
Texte extrait du recueil Le livre de l'intranquillité
traduit du portugais par Françoise Laye
381 - 28 septembre 1932
14:28 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 01 juillet 2005
Le pic de la déesse
Parmi ceux qui agitent leur mouchoir en signe d'adieu
Laquelle retire rapidement la main
Pour s'en couvrir les yeux?
Quand les voyageurs se dispersent
Laquelle se tient longuement à la poupe
La jupe flottant comme un nuage bouillonnant?
Les flots
Mugissent...
Murmurent...
De beaux rêves laissent de beaux chagrins
En ce bas monde comme dans le ciel
C'est une loi perpétuelle, mais le coeur
Se métamorphose-t-il vraiment en pierre
Pour attendre les messagers du ciel et
Laisser passer tant de lunes humaines?
Le long des pics qui dominent la rivière Bleue
Le courant de chrysanthèmes d'or et de graines de
troène
Engendre une nouvelle trahison
Mieux vaut pleurer une nuit sur l'épaule de l'amant
Que de s'exposer mille ans, sur le pic
Shu Ting, Juin 1981, sur le Yangtsé
Shu Ting est née en 1952 à Quanzhou, Fujian. Elle a publié quatre recueils de poèmes et un recueil de textes en prose.
14:42 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (1)
Les cerises à l’eau de vie
Voici la recette des cerises à l’eau de vie de Pierre Dac (1893 - 1975)
Voici l'époque où les cerises vont se trouver en abondance sur nos marchés; profitons de leur prix abordable pour préparer de délicieuses cerises à l'eau-de-vie. Pour cette préparation, employez de préférence la cerise anglaise, la Montmorency, la griotte d'Etampes ou la tardive de Saint-Quentin. Enlevez les queues, dénoyautez. Prendre un litre de bonne eau-de-vie à 45° et procédez de la façon suivante : absorber une dizaine de cerises d'un seul coup, boire immédiatement la valeur d'un verre à bordeaux d'eau-de-vie et continuer ainsi jusqu'à épuisement des cerises et de l'eau-de-vie. Cette méthode, qui laisse à la cerise toute sa saveur, évite l'emploi toujours fastidieux des pèse-sirop et des bocaux de verre.
14:00 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (9)
Carnets de route pour les gourmands
"Prenez un mot prenez-en deux
faites-les cuir’ comme des œufs
prenez un petit bout de sens
puis un grand morceau d’innocence
faites chauffer à petit feu
au petit feu de la technique
versez une sauce énigmatique
saupoudrez de quelques étoiles
poivrez et puis mettez les voiles…"
Raymond Queneau
Sur ce site, des carnets gourmands, recettes, images et écrits...
09:42 Publié dans Loisirs | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 30 juin 2005
Musique : bulletin d'inscription
MUSIQUE !
EXPOSITION du 27 au 30 Octobre 2005
ESPACE JEAN TEISSIER Rue Général Berthézène VENDARGUES
BULLETIN d’INSCRIPTION
Cette exposition consiste donc à réaliser une œuvre en DUO sur le thème très large de la MUSIQUE.
Un peintre ou un photographe, un sculpteur ou un dessinateur s’associe avec
un écrivain pour créer un travail sur ce thème.
Le but est de croiser le texte et l’image à la manière de la revue L’INSTANT du MONDE.
Texte et image peuvent être mêlés sur un même support ou distincts sur deux supports.
Seuls impératifs :
- le FORMAT de 73 cm par 60 cm (30F) sachant que ces dimensions correspondent au support et que l’œuvre peut ne pas prendre tout l’espace. Il n’est pas nécessaire d’encadrer.
Cas particulier pour les sculpteurs….
- NOIR & BLANC : les réalisations doivent être en noir & blanc.
- Le texte doit être court et inédit, maximum 2000 signes espaces compris.
Contact Ecrivains : Raymond ALCOVÈRE 06 87 21 09 41 raymond.alcovere@neuf.fr
Contact Peintres & Organisation : Frédérique AZAÏS 04 67 87 54 56 / 06 87 27 62 91
Pour vous inscrire :
- vous êtes déjà en « DUO » : vous envoyez votre bulletin d’inscription commun
- vous êtes en attente « de l’autre » en ce cas, à réception de votre inscription,
nous vous mettrons en relation et le travail commun pourra commencer.
- une participation de 12€ par personne est demandée (frais imprimerie et vernissage)
DEPÔT des œuvres : Mercredi 26 Octobre de 18h à 20h
VERNISSAGE : Vendredi 28 Octobre 19h (des invitations vous seront envoyées)
RETRAIT des œuvres : Dimanche 30 Octobre 18h/19h
Le soir du vernissage les écrivains seront invités à dédicacer leurs livres.
NOM : Prénom : PEINTRE /PHOTOGRAPHE/SCULPTEUR
ADRESSE / TÉLÉPHONE / e-mail :
NOM : Prénom :
ECRIVAIN
ADRESSE / TÉLÉPHONE / e-mail :
Joindre un chèque de 12€ à l’ordre de Présence des Arts
1 enveloppe format A5 timbrée à 1,92€ + 1 enveloppe à 0,53€
1 mini CV/ bibliographie/photos de votre travail habituel
ADRESSE : Présence des Arts Place de la Mairie Maison Serre 34 740 VENDARGUES
INSCRIPTIONS OUVERTES du 1ER JUILLET au 15 SEPTEMBRE 2005.
16:48 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
Le Dao
"Il habite le sans aspect,
Il réside dans le sans lieu,
Il se meut dans le sans forme,
Il se tient en repos dans l’incorporel,
Il existe comme s’il n’était pas, vit comme s’il était mort,
Sort du sans intervalle et y pénètre.
Le Dao est si haut que rien ne lui est supérieur,
Si profond que rien ne lui est inférieur,
Il est plus plan que le niveau, plus droit que le cordeau,
Ses cercles sont plus ronds que ceux des compas,
Ses angles plus précis que ceux de l’équerre,
Il embrasse l’espace-temps si bien que rien ne lui est intérieur ni extérieur,
Il communique avec le ciel et la terre sans rencontrer d’obstacle.
Aussi celui qui fait corps avec lui n’éprouve-t-il ni peine ni joie
Ne contient ni contentement ni colère,
Il veille sans inquiétude et dort sans rêve,
Quand les êtres apparaissent il les nomme
Quand les événements se produisent il leur répond"
12:55 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (35)
mercredi, 29 juin 2005
L'arrivée du californien
"Un homme venait d'être pendu, et en était mort.
- D'où arrivez-vous ? demanda Saint-Pierre à l'homme, qui se présentait aux portes du Paradis.
- De Californie, répondit le candidat.
- Entrez, mon fils, entrez ; vous apportez d'heureuses nouvelles.
Quand l'homme eut disparu à l'intérieur, Saint-Pierre sortit son petit carnet et écrivit :
16 février 1893. Les chrétiens occupent la Californie."
Ambrose Bierce, Fables suivies de Aesope revu et corrigé, Paris, Éditions Clancier-Guenaud, 1988, 64. (Traduit de l’américain par Jérôme Vérain)
(Envoyé par Eric Dejaeger, qui précise : Ambrose Bierce, bien qu'il ait disparu en 1917 alors qu'âgé de plus de 70 ans, était parti seul et à cheval à la recheche des troupes de Pancho Villa pour faire la révolution avec eux (Pancho et ses troupes) ; Bierce, un peu oublié, était le rival de Mark Twain en son temps. C'est un précurseur du conte bref. Et un cynique pas possible. Pire que Cioran)
23:34 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (5)
Un peu de Woody
"Si les soucoupes proviennent d'une autre planète, pourquoi leurs pilotes n'ont-ils pas tenté d'entrer en contact avec nous au lieu de tourner en rond autour des contrées désertiques ?"
"Ce n'est pas que j'aie vraiment peur de mourir, mais je préfère ne pas être là quand ça arrivera."
"L'homme est une créature prédestinée à exister dans son époque, même si ce n'est pas là qu'on rigole le plus."
"La plupart du temps, je ne rigole pas beaucoup. Et le reste du temps je ne rigole pas du tout."
"Je ne crois pas en l'au-delà mais j'emmènerai quand même des sous-vêtements de rechange."
"Selon les astronomes modernes, l'espace est limité. Voilà une pensée très réconfortante, particulièrement pour les gens qui ne se rappellent jamais où ils ont mis les choses."
"J'aurais voulu être espion, mais il fallait avaler des microfilms et mon médecin me l'a interdit."
"Quand j'écoute trop Wagner, j'ai envie d'envahir la Pologne."
"Je suis abasourdi par le nombre de personnes qui veulent "connaître" l'univers alors qu'il est déjà suffisamment difficile de se repérer dans le quartier chinois de New York."
"Mon cerveau ? C'est mon second organe préféré."
"Ses baisers laissaient à désirer... son corps tout entier."
"L'avantage d'être intelligent, c'est qu'on peut toujours faire l'imbécile, alors que l'inverse est totalement impossible."
"J'ai des questions à toutes vos réponses."
"La première fois que j'ai vu une femme nue, j'ai cru que c'était une erreur."
12:21 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2)
Messages personnels
"Nul ne s'égare dans le ciel de l'esprit" Wang Wei
"Les calculs de côté, l'inévitable descente du ciel, et la visite des souvenirs et la séance des rythmes occupent la demeure, la tête et le monde de l'esprit" Rimbaud
"Le corps obéit à la causalité, l'esprit saute les degrés de l'éveil" Wang Wei
"Dans la pensée toute chose devient solitaire et lente" Heidegger
03:40 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 28 juin 2005
Rendant visite à un moine de la montagne et ne le trouvant pas
"Le chemin de pierre pénètre dans un val rouge
le portail en sapin est recouvert de mousse
sur les marches désertes des traces d'oiseau
personne dans la salle de méditation
je regarde par la fenêtre,
et distingue une longue brosse blanche,
accrochée au mur, couverte de poussière
je pousse un long soupir,
et avant de repartir, décide de rester ici un moment
de la montagne s'élèvent des nuages parfumés,
une pluie de fleurs tombe du ciel
j'entends maintenant la musique du ciel,
résonnent les cris des singes
j'en oublie soudain les affaires du monde,
acordé ici au paysage alentour"
Li Po
13:44 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 26 juin 2005
L'émotion du départ
"La connaissance intime du paysage dissout l'émotion du départ"
Wang Wei
21:16 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (3)
samedi, 25 juin 2005
Une oeuvre ailée
On peut passer des dizaines de fois devant un tableau de Poussin et ne rien voir. A son ami Chantelou : "Les choses esquelles il y a de la perfection ne se doivent pas voir à la hâte, mais avec temps, jugement et intelligence. Il faut user des mêmes moyens à les bien juger comme à les bien faire". L’émotion tisse son œuvre. L’espace est baigné d’une douce lumière, transfiguré, présence de la volupté, mais aussi de la volonté farouche des hommes, touches graciles de vert dans le jade du ciel. Une perfection qu’on devinait confusément est là, manifeste, sur la toile. Lumière romaine, tour à tour triomphante et souple, sensualité des corps, justes, voluptueux, jamais idéalisés, tout précise l’harmonie, la souplesse, l’éternel retour...
Cette œuvre : Le temps calme. Le bleu de l’eau et des météores se contemplent, enserrent le paysage, un rêve entre les deux, lui aussi dédoublé par son reflet. Sinon presque rien, des animaux paisibles, la montagne se fond dans l’architecture des nuages, les feuilles de l’arbre sur la droite s’effilochent irréelles, ténues, graciles, les nuages s’envolent vers le haut du ciel, la sensation de calme est rassemblée, ramenée partout, innervée.
Un homme au premier plan s’appuie sur une canne, près de lui un chien mais leur regard flotte indifférent à cette beauté, ils en sont tellement pénétrés qu’ils n’ont pas besoin de la regarder. Le mouvement de leur corps est le lever de rideau de la scène. D’autres personnages, minuscules, des cavaliers, l’un d’entre eux lance sa monture à toute vitesse, il va quitter le tableau, il n’a pas place ici, son départ imminent le montre, la tranquillité va reprendre sa place.
Partout dans l’œuvre de Poussin, ces nuances de teintes qui sculptent le paysage, répandues sur les contours, cieux déchirés, adamantins, douceur infinie des regards, apaisante. Souvent, les personnages sont pris de frénésie, c’est l’orage, le grand vent de l’Histoire, la Bible, rien n’échappe à ce déferlement. Toujours les météores, les nuées décrivent l’action, les sentiments, la palette est infinie. Son but, la délectation, la sensualité pure, l’arrondi des corps, cette chair que l’on respire. Plus on regarde un tableau de Poussin, plus on y décèle d’harmonie, plus la vue s’éclaire, prend de l’expansion, devient assurée. La fièvre subtile qui se dégage de la composition gagne le spectateur.
Ainsi dans le Paysage avec les funérailles de Phocion, la lumière du soir est posée subreptice, dans une fureur printanière, multitude des plans entrelacés. Un arbre torturé berce sa palme avec indolence. A un moment il y a résonance entre la composition, le motif, les émotions décrites. Des tableaux comme des opéras. Une œuvre ailée.
(Extrait de "Le sourire de Cézanne", roman)
23:30 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (5)
Faire oublier l’histoire dans la culture
« L’art est une vaste histoire de chaque instant. La prétendue histoire de l’art est faite, le plus souvent, pour oblitérer cette science possible des moments. Elle parle du spectateur, pas du créateur, elle travaille à la mise en spectacle de l’acte, à sa consommation passive. Elle évacue l’histoire hors de l’art, elle fait de celui-ci une activité prévisible rejoignant sans fin le ciel des idées, c’est-à-dire sa mise à prix. Picasso a une conscience aiguë et dramatique de l’irréversibilité du temps. Or « la classe des possesseurs de l’économie, qui ne peut pas rompre avec l’histoire économique, doit aussi refouler comme une menace immédiate tout autre emploi irréversible du temps » (Debord). Il en résulte que « le spectacle a la fonction de faire oublier l’histoire dans la culture » (id). Le spectacle procédera donc par rituels de commémoration, sur fond de programmation amnésique.»
Extrait de Picasso le héros, dans L’éloge de l’infini (Philippe Sollers)
11:11 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 24 juin 2005
Je suis peintre
"La couleur me possède. Je n'ai plus besoin de la rechercher. Voici ce que signifie ce moment heureux : moi et la couleur nous ne formons plus qu'un. Je suis peintre."
Paul Klee, Journal
10:10 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1)