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mercredi, 23 mars 2005

Ciel

Ciel de pagodes,
Lumière effilochée,
Vide parfait.

Tôt

Fleurs ouvertes, épanouies,
Tôt levé,
Journée parmi les nuages.

Matin

Matin gris et bleu,
Ombre portée des nuages,
Ciel de neige.

mardi, 22 mars 2005

Une ombre sur tes yeux


Ton sourire
Le délié de ton corps
Une ombre sur tes yeux

dimanche, 20 mars 2005

Un retournement

"le baroque est un retournement permanent"
P Sollers dans "Mystérieux Mozart"

L'art baroque

"Il est impossible d’oublier que la découverte de l’Extrême-Orient et le développement de l’art baroque au 17 è et 18 è siècle ont été synchroniques et que c’est de la première que le second a probablement reçu l’accentuation définitive"
Paul Claudel

samedi, 19 mars 2005

La lecture

Etre ivre de silence, de mots… Les mots sont pareils au silence, les mots quand ils sont justes et beaux renvoient au silence, tout d’un coup le calme dégage de la page, s’insinue tout autour, on rentre en soi, et miracle le monde est là, pas comme on l’avait abusivement cru dans le continuel tapage ambiant, non c’est autre chose, une certaine épaisseur de vérité, une épaisseur curieusement légère, extraordinairement dense, vivace, vivante, épanouie, durable pour peu qu’on lui prête vie, là, maintenant, une présence à soi, aux autres et au monde.

vendredi, 18 mars 2005

La lettre du voyant

"La poésie ne rythmera plus l'action; elle sera en avant. Ces poètes seront ! Quand sera brisé l'infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l'homme - jusqu'ici abominable, - lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l'inconnu ! Ses mondes d'idées différeront-ils des nôtres ? - Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons."

Rimbaud

La profonde éternité...

"La douleur dit : Passe !
Mais toute joie veut l'éternité -,
Veut la profonde, profonde éternité !"

Nietzsche

Etincelle d'or...

"J'écartais du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d'or, de la lumière nature"

Rimbaud

mercredi, 16 mars 2005

Les radis bleus

Après "Toute une vie bien ratée" et "Je ne suis pas un héros", notre futur académicien publie un nouveau Folio ces jours-ci :
Les radis bleus
Lundi 15 août
Assomption

Est-il parfaitement utile d’occuper ses journées à la conquête du monde, alors qu’à nos pieds jouent de jeunes enfants à écorcher de leurs rires libres les morales et les lois du jour ? Le législateur comme le philosophe ne voudront admettre jamais qu’ils sont l’un et l’autre ce cheval vide, lancé au galop vers rien du tout et dont demain dévore déjà le ventre.

Oh ! le dérisoire de toute ambition quand le regard faussement candide d’un garnement suffit pour qu’aussitôt toutes vos certitudes frôlent la catastrophe ! Orgueil, agonie méconnue, qui fait qu’on croit pouvoir solidement raisonner dans la pérennité des choses, alors que la chute d’une feuille, l’ébréchure d’une porcelaine ...

En cela le privilège du poète est immense de pouvoir, d’un mot qui à peine murmuré déjà ne lui appartient plus, longtemps après saisons et ébréchures, un instant encore faire trembler imperceptiblement une âme.

P.A.G


extrait de « Les Radis bleus », folio n° 4163 / 336 pages - 6,20 €.

Noces à Tipasa

Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. A certaines heures, la campagne est noire de soleil. Les yeux tentent vainement de saisir autre chose que des gouttes de lumière et de couleurs qui tremblent autour des cils. L’odeur volumineuse des plantes aromatiques racle la gorge et suffoque dans la chaleur énorme.A peine, au fond du paysage, puis-je voir la masse noire du Chenoua qui prend racine dans les collines autour du village, et s’ébranle d’un rythme sûr et pesant pour aller s’accroupir dans la mer.

Albert Camus

mardi, 15 mars 2005

Un aller retour perpétuel

Je ne puis vivre personnellement sans mon art. Mais je n’ai jamais placé cet art au-dessus de tout. S’il m’est nécessaire au contraire, c’est qu’il ne me sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous. L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes. Il oblige donc l’artiste à ne pas s’isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d’artiste parce qu’il se sentait différent, apprend bien vite qu’il ne nourrira son art, et sa différence, qu’en avouant sa ressemblance avec tous. (…) L’artiste se forge dans cet aller retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s’arracher

Albert Camus, discours de Suède, 10 décembre 1957

Brûler tous les livres

L’homme qui ordonna la construction, aux frontières de la Chine, d’une muraille presque infinie, fut ce même empereur, Chi Hoang-ti, qui fit également brûler tous les livres antérieurs à lui

Borges

Le livre des transformations

Confucius déclara à ses disciples que si le destin lui avait accordé cent années supplémentaires de vie, il en aurait occupé la moitié à l’étude du Yi-king, et l’autre moitié à celle de ses commentaires

Borges

Je me suis soudain senti américain

Ce matin au réveil, longtemps avant l'aube, les choses allaient bien ; chaque chose avait pris tout de suite sa juste place dans ma tête – celles qui devaient être à l'ombre, à l'ombre ; celles qui demandaient du soleil étaient déjà au soleil – tout semblait vouloir bien se présenter pour la journée à venir et ça, il faut le dire, c'est plutôt rare. D'ordinaire des charrettes remplies de chiens enragés font la course sur les pavés disjoints de ma cervelle, ou alors d'une oreille l'autre une tringle de fer rouillée vient me perforer les idées et, dans de telles conditions, devoir exister encore jusqu'au soir c'est comme tenter l'impossible. Mais ce matin, hop ! allons-y, vivre démarrait très fort et, pour une fois, c'était tant mieux. C'est en arrivant dans la salle de bains que, comment dire ?, je me suis soudain senti américain.

Pierre Autin-Grenier

lundi, 14 mars 2005

Une visite dans la galerie virtuelle de Frédérique Azaïs ?

http://www.comediainternet.com/cgi-local/CIVoirCVPeintre2...

12:21 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1)

Chaque nouvelle page...

Supposons que je sois sur le point d’écrire une fable, et que deux arguments s’offrent à moi ; ma raison reconnaît que le premier est très supérieur ; le second est résolument médiocre, mais il m’attire. Dans ce cas-là, j’opte toujours pour le second. Chaque page nouvelle est une aventure dans laquelle nous devons nous mettre en jeu

Borges

Le chien qui boitait

Nous revenions d’une promenade en forêt. Sur le bord du chemin les mûres teintaient nos doigts et nos lèvres de joie. Un chien soudain boitant traversa nos regards, en un clin d’oeil à peine un fourré le gomma. Déjà les fleurs fragiles accaparaient nos rires, minuscules et fines, aux couleurs mêlées. Quelque insecte parfois, coccinelle, abeille, libellule, attirait notre amour, la vie s’y étant logée, gracile, têtu défi lancé aux éboulis de roches. Ta main serrait la mienne d’une étrange façon. Du tréfonds de ton corps, la peur d’un ancien corps perdu et soudain ravivé s’était mise à vibrer. Je tentais vainement de fixer ton profil qui sur l’herbe pentue glissait à perdre haleine. Tu parlais par bribes écornées, mots cassés, hoquets de souvenirs, jusqu’à ce qu’un tapis de mousse ensoleillé nous accueille en un souffle étonnés. Tu m’as alors tout dit de ce corps retrouvé en un chien clopinant.

Je me souviens du chien écrasé devant l’école, de cette bonne femme sortie de sa voiture noire, pleine de bijoux et de vêtements noirs, avec un chapeau noir à large bord et qui, voyant que ce n’est pas un enfant, s’est écriée “Ah bon ! Ce n’est qu’un chien !”, est remontée dans la voiture sans jeter un regard sur l’animal mourant sur le bitume rouge et noir. Je l’ai haïe toute ma vie. Le chien avait poussé un effroyable cri de douleur, de conscience de la mort surgissant devant lui, pneu dur et puant, — il aurait mieux valu que ce soit moi. C’était moi.

Le silence bruissant alentour, peu à peu, nous fit retrouver l’harmonie des êtres affamés


Jean-Jacques Marimbert

dimanche, 13 mars 2005

"Nous allons vers une reféodalisation du monde"

INTERVIEW - Jean Ziegler : sur le site de "Courrier International", à lire ici :
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=4...

12:15 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (5)