lundi, 14 février 2005
Allons enfants de l'apathie !
L’affaire des lycéens n’est pas terminée. Ne pas oublier que malgré l’aspect ubuesque de certains de ses représentants ce gouvernement s’est toujours montré extrêmement habile pour annihiler toute forme d’opposition. A l’image de ce président qui a toujours eu l’intelligence de se faire passer pour plus bête qu’il n’est. Ajoutez à ça une apathie générale et une absence de réaction devant cette stratégie des petits pas, et vous aurez le processus de décomposition en cours. Un nouveau siècle des lumières est indispensable aujourd’hui, mais est-ce encore possible ?
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dimanche, 13 février 2005
A Rome
A Rome, le temps, l’histoire sont tellement inscrits dans le marbre, les rues, les mœurs, les corps, qu’un beau matin on se réveille différent. Subrepticement, on a glissé hors du temps. Avec lui peines et remords sont envolés, c’est infiniment surprenant et voluptueux. Dans une luminosité tour à tour acide ou veloutée, les contours des êtres se dessinent mieux, un univers mouvant émerge. Le reste du monde peut s’écrouler et il s’écroule d’ailleurs, comme toujours depuis les siècles des siècles, peu importe, un abîme s’est creusé, une certaine lassitude n’a plus lieu d’être, inutile de rejouer la sempiternelle comédie. Début du mouvement, andante, aurore, or du temps, les chemins balisés sont des impasses. La partition se joue scherzo ou adagio, l’essentiel est ailleurs, à Rome le regard sur l’autre, tour à tour perçant, léger, ironique ou rêveur, reste distancié. Le jeu est conscient, quintessence de l’esprit latin.
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samedi, 12 février 2005
Petit retour sur L'instant du monde, revue de passerelles artistiques
Huit numéros sont parus de 2002 à 2004. Sans forfanterie, je crois qu’on peut dire - malgré quelques imperfections ci ou là - qu’ils sont réussis. Ce fut une belle aventure, pleine de rencontres, de belles surprises, d’inattendu, de déceptions aussi bien sûr mais elles sont aujourd’hui oubliées, au vu de l’ensemble. La seule vraie déception d’ailleurs est l’arrêt définitif, au nom de la rationalité évidemment. C’était une aventure justement, basée sur la passion, l’envie, l’enthousiasme, et ils furent présents, et les retours de ce point de vue ont été immédiats ; tous ceux qui ont travaillé avec moi pourront en témoigner, on s’est sentis portés, suivis, entourés. Il a manqué donc un soutien financier et logistique : sans doute au nom de la dite rationalité aurait-il fallu commencer par là, mais l’aventure aurait-elle été aussi belle, peut-être pas…
Je ne pourrai pas citer tout le monde mais je voudrais remercier ici Sandrine Daudé, dont l’enthousiasme, la volonté, l’énergie ont permis la réalisation de ce rêve, Fabien Charreton avec qui j’ai porté ce projet au début, Catherine Marchasson fidèle et efficace lectrice, Jean-Yves Ténaud « le » maquettiste qui a apporté la touche esthétique essentielle, Cécile Beray-Claude la rigueur alliée à la décontraction tout simplement, et parmi ceux qui nous ont rejoint en cours de route Nadia Belhabchi à l’aide précieuse et toujours souriante et Valérie Canat de Chizy, excellente lectrice et écrivain prometteur aussi…
Rien n’aurait été possible bien sûr sans tous les écrivains, peintres et photographes qui ont prêté leur concours, leur temps et leur créativité : parmi eux je voudrais mentionner en particulier Jean-Jacques Marimbert, l’ami fidèle, toujours à l’écoute, Gildas Pasquet, talent et générosité réunis ainsi que Frédérique Azaïs au soutien et à la sympathie sans faille. A tous merci ! et l’aventure continue, c’est la plus belle des récompenses…
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vendredi, 11 février 2005
Clair déluge
A la lisière de la forêt, - les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent, - la fille à lèvre d’orange, les genoux croisés dans le clair déluge qui sourd des prés, nudité qu’ombrent, traversent et habillent les arcs-en-ciel, la flore, la mer.
Rimbaud
07:30 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Noir pirate
La nuit vient, noir pirate, aux cieux d’or débarquant
Rimbaud
07:15 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
L'arrivée à Montpellier
Avant qu’on construise ce palais de béton, l’arrivée à Montpellier par Nîmes était une pure merveille. On apercevait de loin l’arrondi des pins, la balustrade des Beaux-Arts se dessiner à l’horizon, c’était un peu d’Italie, un miracle, la lumière romaine, toute mon enfance a été bercée par cette image. Quand j’étais gamin, le musée ici ressemblait encore à celui du dix-neuvième, poussiéreux mais plein de mystère, de détours, de poésie, maintenant il est froid, impersonnel, avec du Plexiglas partout, comme tout le reste. Et les tableaux, sous une lumière crue, on les voit moins finalement, des chromos, alors que ce Zurbaran ou ce Courbet qu’on découvrait au hasard d’une pénombre, dans le recoin d’une salle perdue, tout à coup s’illuminait, c’était un cadeau, on l’avait pour soi seul, le dialogue pouvait commencer…
07:00 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 10 février 2005
Anesthésie générale
Le mouvement couve sous la cendre... Le referendum sur l'Europe comme cristallisation des mécontentements, frustrations... France maillon faible, ça s'est déjà vu ! Est-ce qu'une utopie est encore possible aujourd'hui ? Et si c'était vraiment la fin de l'histoire ? Anesthésie générale, parfaitement réussie... Dossier suivant ?
06:05 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
Sensations
Cézanne n’a jamais voulu donner de leçon, sa peinture flotte dans un au-delà de couleurs, de sensations. Hors de tout pathos, c’est presque incompréhensible. Des arbres, un coin de ciel safran, des branches de pins se balancent dans l’air doré, corps suspendus flottant au dessus du vide, vert sauge de la végétation, baigneurs, baigneuses, chaque tableau fait partie de l’unité du monde, une parcelle de l’univers, détachée pour mieux le rejoindre. Il y a toujours une relation d’amour, de fusion dans sa composition. C’est comme si chaque point du tableau avait connaissance de tous les autres, écrira Rilke à propos de La femme au gilet rouge, Madame Cézanne. Les sensations formant le fond de mon affaire, je crois être impénétrable.
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mercredi, 09 février 2005
Courage
Même le plus courageux d’entre nous a rarement le courage d’assumer tout ce qu’il sait
Nietzsche
06:28 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Le son se mêle à la lumière
Elle se déshabillait brutalement, arrachant le lacet mince de son corset qui sifflait autour de ses hanches comme une couleuvre qui glisse.
Flaubert
06:12 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Rouge roman : un tableau de Frédérique Azaïs
L’univers était d’abord incandescent. Puis la matière s’est concentrée un instant. Une fraction de seconde l’univers s’est rassemblé en un point qui en contenait toute l’énergie. Et là a eu lieu l’explosion, laquelle n’est pas terminée. Nous sommes aujourd’hui encore en train de dériver, de nous éloigner du centre, pulvérisés hors de nous-mêmes, échappée belle ou tragique, c’est selon… Mais sans doute n’y a-t-il pas de direction, l’univers tourne et retournera jusqu’à la fin des temps – battements de cœur d’un organisme plus grand ? - et peut-être le temps comme l’espace sont infinis, c’est le plus difficile à imaginer pour nous pauvres mortels, et qui sait ne sommes-nous même pas mortels, le peu qui nous est donné pour vivre ne nous permet pas d’appréhender ce sans limites, trop habitués à circonscrire le monde, le découper, l’ordonner, l’oublier en définitive, vivre à côté… Comme si on pouvait enfermer la beauté alors qu’elle est la plus grande dispersion, qu’elle est jaillissement, effraction, explosion, bouleversement... Etre bouleversé, au comble de l’émotion… Le roman comme la peinture c’est cela, aller au plus profond, plus loin, dans le désordre du monde, dans toutes les directions en même temps, explorer, détourner, puiser, vibrer, détruire, plonger dans l’univers des possibles, dans la vie même et trouver un chemin, tortueux, étroit même, mais peu à peu limpide, évident, immuable…
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mardi, 08 février 2005
Fleurs
Tel qu'un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.
Arthur Rimbaud
02:43 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Un clin d'oeil à Pierre Autin-Grenier
Par le poète chinois Lieou Ling (221-300) :
Pour le maître parfait
Ciel et Terre ne durent qu’un matin
Les dix mille temps, un seul instant.
Soleil et Lune sont ses fenêtres,
Les huit déserts forment sa cour.
Ses pas ne laissent nulle trace,
Nulle part il ne demeure.
Plafond du ciel, tapis de la terre,
Il suit son bon plaisir.
Son repos : saisir la coupe.
Son mouvement : vider la cruche.
Le vin est son seul travail ;
Il ne sait rien d’autre.
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lundi, 07 février 2005
Pensées et sentiments
Nos pensées sont les ombres de nos sentiments, elles sont toujours plus obscures, plus vides, plus simples que ceux-ci.
Nietzsche
11:28 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Turquoise
Bleu pâle, turquoise. Reflets, eau luisante. Le jour descend, la mer se retire. Ondes renouvelées de plaisir. L’humidité - fines gouttelettes - se mêle à l’eau qui dort. Ton corps est là, dans la ligne d’horizon. Immobile. Bleu. Turquoise.
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La lumière de Cézanne
Voir c’est capter l’esprit du monde, le sensible, peindre, saisir du regard l’ensemble, le devenir. Ce sera la lumière chez Cézanne, l’amour ingénu chez Chagall, la sensualité, sa finesse chez Titien, la compassion chez Greco, l’harmonie chez Poussin. Regard qui perce l’univers, trouve le lien, le point nodal. La force centrale, agissante. Rembrandt l’ombre, Caravage la rage, Fragonard la volupté... Cézanne la plénitude. Il échafaude, construit, lentement, pièce après pièce, le puzzle de la lumière. Posée comme équation fondamentale, elle vibre, éclatante, jubilatoire, sur la toile. Aucun peintre ne s’en est approché autant, peut-être.
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dimanche, 06 février 2005
Brillants soleils
Le succès de Da Vinci code nous ramène à la ritournelle du complot. Il ne s’agit là au demeurant que d’une version habile et forcément édulcorée. Sagesse populaire qui pressent l’hypocrisie, la fausseté fondamentale du monde ? Le vrai détournement est ailleurs bien sûr, pas dans le fait que Marie-Madeleine était la femme de Jésus (n’importe quoi !) ni même que la religion chrétienne ait perverti la féminité du monde (tiens, tiens nous y voilà justement !). Le vrai complot est à plus grande échelle, généralisé, constant… C’est un détournement du temps, de l’instant, de la pensée, de la sensation, des corps... Le monde d’aujourd’hui n’est que l’extension généralisée et rationalisée de ce détournement qui traverse l’histoire, entrecoupé ça et là de quelques brillants soleils…
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Tiepolo
Dans un plafond de Tiepolo, le ciel se poursuit dans la peinture et la peinture dans le ciel. Anges bondissant, bleu, or, vert, pourpre, turquoise, superposés, enlacés. Le rose, l’or et le vert se mêlent, ronde magique. Les drapés se fondent dans les nuages, corps aimés, gestes amples, souples, sourires, mains tendues. Eros n’est ni dans le ciel, ni sur cette terre, il est dans cet entre-deux et nous y sommes, tout d’un coup, un coup de baguette magique, celle du peintre. L’amour est un désir de littérature…
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samedi, 05 février 2005
L'année radieuse
Que serait une musique qui ne nous emporterait pas au-delà de toutes les musiques ? Le Larghetto du Quintette avec clarinette en la nous plonge immédiatement dans l’envers du monde, du bruit et de la fureur. Directement en prise avec le bonheur d’exister. 1789 est l’année radieuse de Mozart, celle aussi de Cosi fan tutte. Deux ans avant de mourir. Il y aura encore La flûte enchantée.
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Le cardinal Mazarin mourant...
On raconte que le cardinal Mazarin mourant, le flambeau à la main, en larmes, se fit porter en chaise à porteur parmi ces cinq cent quarante-six peintures suspendues sur les murs de son palais de la rue de Richelieu.
Pascal Quignard
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