mercredi, 19 août 2015
Dico de bord
"Ma méthode sera très simple. Je dirai ce que j'ai aimé; et tout le reste, à cette lumière, se montrera et se fera bien suffisamment comprendre."
Guy Debord, Panégyrique, exergue de "Dico de bord", à paraître.
Lisbonne, été 1993
21:50 Publié dans Dico de bord | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dico de bord, lisbonne
Alchimie du verbe
"À moi. L'histoire d'une de mes folies.
Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.
J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.
Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.
J'inventai la couleur des voyelles ! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. - Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.
Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges"
Arthur Rimbaud Alchimie du verbe.
12:54 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arthur rimbaud
mardi, 18 août 2015
Un autre corps
A la longue, la main qui écrit vient d'un autre corps qui enveloppe et comprend le corps, ses déplacements, sa flexibilité, ses respirations, ses courbures, ses oublis, ses ondes, sa buée d'ondes. La durée, comme un orage, est mise à distance.
Philippe Sollers, Le secret
04:33 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
ils vont être contraints de l'aimer
"Chacun est le fils de ses œuvres, et comme la passivité fait son lit, elle se couche. Le plus grand résultat de la décomposition catastrophique de la société de classes, c'est que, pour la première fois dans l'histoire, le vieux problème de savoir si les hommes, dans leur masse, aiment réellement la liberté, se trouve dépassé: car maintenant ils vont être contraints de l'aimer."
Guy Debord, Préface à la quatrième édition italienne de " La Société du Spectacle "
Photo de Lionel André, la forêt des Carroz, mars 2009
04:31 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberté, guy debord, lionel andré
lundi, 17 août 2015
le vrai est un moment du faux
"Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux."
Guy Debord
Jacques Villeglé
05:57 Publié dans illuminations, Politique, Société du spectacle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guy debord, jacques villeglé
il n’y a pas de vie tranquille, pour personne
"Les corps engourdis commençaient à s’ébrouer, au ralenti. Une aube semblable à tous les matins du monde. Pour la plupart c’était la fin des vacances, d’autres partaient en voyage, hors temps scolaires. Lui n’appartenait à aucun de ces univers balisés. Si les gens savaient, se dit-il. Il les regardait avec tendresse se déplacer maladroitement dans la carlingue. Sans doute vaut-il mieux ne pas savoir. Il rêva un instant d’une petite vie tranquille, d’ « expat » comme on les appelle, puis il se dit, bien sûr que non, il n’y a pas de vie tranquille, pour personne."
Extrait de "Rien compris au rock and roll", Raymond Alcovère, 2011, Clairdeplume34editions
Photo de Sam Pujol Greif
04:15 Publié dans Rien compris au rock and roll | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 16 août 2015
Penseurs
« La plupart des penseurs écrivent mal parce qu’ils ne nous communiquent pas seulement leurs pensées, mais aussi le penser de leurs pensées » Nietzsche. Humain trop humain.
05:59 | Lien permanent | Commentaires (0)
Désirs
Augmenter les désirs jusqu'à l'insoutenable tout en rendant leur réalisation de plus en plus inaccessible, tel était le principe unique sur lequel reposait la société occidentale.
Michel Houellebecq, La possibilité d'une île
05:57 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0)
Tous
La société repose sur un crime commis par tous
Freud
05:47 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 08 août 2015
Wang Wei
Du vallon broussailleux, des rochers blancs émergent ;
Épars dans le ciel froid, quelques feuillages rouges...
Sur le sentier de la montagne, il n'a pas plu ;
Mais l'azur de l'espace inonde mes habits.
Wang Wei
21:13 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : wang wei
La joie des poissons
Tchouang-tseu et Houei-tseu se promenaient sur un pont de la rivière Hao. Tchouang-tseu dit : " Voyez comme les vairons se promènent tout à leur aise ! C'est là la joie des poissons.
— Vous n'êtes pas un poisson, dit Houei-tseu. Comment savez-vous ce qui est la joie des poissons ?
— Vous n'êtes pas moi, répondit Tchouang-tseu. Comment savez-vous que je ne sais pas ce qui est la joie des poissons ?
— Je ne suis pas vous, dit Houei-tseu, et assurément je ne sais pas ce que vous savez ou non. Mais comme assurément vous n'êtes pas un poisson, il est bien évident que vous ne savez pas ce qui est la joie des poissons.
— Revenons, dit Tchouang-tseu, à notre première question. Vous m'avez demandé : comment savez-vous ce qui est la joie des poissons ? Vous avez donc admis que je le savais, puisque vous m'avez demandé comment. Comment le sais-je ? Par voie d'observation directe sur le pont de la rivière Hao ".
Tchouang-tseu (Traduit du chinois par Liou Kia-hway)
05:02 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 07 août 2015
Le grand pow-wow de la lumière
La neige vint cet hiver-là, en brouillard qui apaise les contours. La mer était grise, grise et blanche. Des nuées de mouettes voletaient en rangs serrés au dessus de l’eau. Quelques pas derrière, les flamants, suspendus, jetaient des taches roses sur le vert des étangs. Je marchais de longues heures jusqu’à la cathédrale de Maguelone. Les étangs offraient leur placidité sauvage, le silence retenu de ce qu’était le rivage autrefois, maintenant oublié, à peine ridé par le vent du Nord. Puis arrivait un soleil éclatant, avec les passants, incongrus, lointains dans ce décor de couleurs. Le grand pow-wow de la lumière.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", 2009, éditions Lucie
Photo : Ni Houzel Belliappa
01:00 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ni houzel belliapa
mercredi, 05 août 2015
Clandestinité
« Je suis persuadé qu’il ne se passe jamais rien d’intéressant entre un homme et une femme, sauf quelque chose qui implique immédiatement la clandestinité. » : Philippe Sollers
20:58 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
Le mal
"Le mal, arrivé à un certain point, s'égorge lui-même"
Joseph de Maistre
Photo : Helmut Newton
20:02 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : joseph de maistre; helmut newton
Corps
Mon corps est plus dans mon âme que mon âme n'est dans mon corps
Maître Eckhart
04:58 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 04 août 2015
"Still Life with a Gilt Cup", Willem Claesz. Heda, 1635.
11:45 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)
Hölderlin et Tiepolo
"Les dieux viennent sans être devinés, seuls les enfants s'efforcent vers eux, le bonheur est trop aveuglant, trop clair."
"Les souffles d'Italie l'accompagnent, la mer envoie avec lui ses nuages, ses plus beaux soleils."
"Les jours se mêlent dans un ordre plus audacieux."
"Tous les visages semblent parents."
"Le Nil s'avance et tend ses bras pleins de désirs."
"Permets à mon âme d'aller au fond de ton abîme, souvenir de ta Tranquillité."
"La fête passe, et tout reprendra demain son chemin sur l'étroite terre."
"Une Loi veut que tout se glisse comme des serpents au coeur des choses."
"Les murs se dressent, silencieux et glacés, les girouettes crient dans le vent."
"La Nature est plus vieille que le temps, elle domine les dieux de l'Orient et ceux du soir."
Hölderlin
Tiepolo, Neptune offre des présents à Venise
04:56 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hölderlin, tiepolo
Albert Camus chez son ami et éditeur Michel Gallimard
04:37 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : albert camus
mercredi, 29 juillet 2015
Les tableaux de Miro sont des symphonies
Les tableaux de Miro sont des symphonies, des hymnes à la vie. Ciel bleu, céruléen, nuages rouges. Il se voulait catalan universel. Miro, étonnant de simplicité, de clairvoyance, avouant que les mots n’étaient pas sa spécialité. Pourtant : "Les choses suivent leur cours naturel. Elles poussent, elles mûrissent. Il faut greffer. Il faut irriguer, comme pour la salade. Ca mûrit dans mon esprit. Aussi je travaille toujours énormément de choses à la fois. Et même dans des domaines différents : peinture, gravure, lithographie, sculpture, céramique." Avec cette idée, de l’impression globale du tableau, qui revient. Pour moi, un tableau doit être comme des étincelles. Il faut qu’il éblouisse comme la beauté d’une femme ou d’un poème. Qu’il ait un rayonnement... Plus que le tableau lui-même, ce qui compte, c’est ce qu’il jette en l’air, ce qu’il répand. Miro, magicien, avec son désir d’être au plus près de la vie, des objets de tous les jours, ramenant de ses promenades sur la plage de Majorque des bouts de bois, de ficelle. Il voulait un art populaire et l’avait trouvé finalement. Partout du rouge, du bleu, de l’indigo, du jaune, la passion, voilà le catalan universel.
Raymond Alcovère, Extrait du roman : "Le sourire de Cézanne", 2007, éditions N & B
01:44 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : miro, le sourire de cézanne
mardi, 28 juillet 2015
Caractère
"Quand on a du caractère, il est toujours mauvais"
Georges Clémenceau
03:03 Publié dans illuminations, Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : georges clémenceau, caractère