Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 22 mai 2015

Mogambo !

Annex - Gardner, Ava (Mogambo)_NRFPT_01.jpg

17:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mogambo

lundi, 18 mai 2015

Les Ibères sont rudes

ADA_AuteursenLecture_comedie2015.jpgJe participerai à une lecture sur le thème de l'Ibérie, à la Comédie du livre, dimanche 31 mai à 15 H, salle Pétrarque à Montpellier, avec d'autres auteurs, entrée libre

vendredi, 15 mai 2015

Rien compris au rock and roll

405651_499120453459197_212150643_n.jpgL’espionnage fonctionne de cette façon, ça me rappelle une des plus grandes opérations de l’histoire, qui a permis à la Russie soviétique naissante d’asseoir son pouvoir, tu en as entendu parler ?
- Non, raconte !
- C’est un certain Dzerjinski, espion de Lénine, qui l’a montée, dans les années 20. Un groupe de dissidents, avec des membres du gouvernement, annonçaient la fin prochaine du régime. Ils se firent peu à peu connaître, au point de devenir une référence et un passage obligé pour tous les opposants, y compris à l’extérieur du pays. C’était en fait un coup monté de toutes pièces ; par ce moyen, ils faisaient passer tout un tas de fausses infos aux services secrets des pays occidentaux qu’ils infiltrèrent. Et à l’intérieur, ils réunirent autour d’eux tout ce qui se faisait en termes d’adversaires du communisme. Au bout de longues années, le subterfuge a été découvert, mais trop tard, la plupart des « contre-révolutionnaires » identifiés et mis hors d’état de nuire, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Le leurre avait parfaitement fonctionné. Le nouveau régime s’était ainsi constitué une base très solide, qui allait lui permettre de durer si longtemps.
Raymond Alcovère, extrait de "Rien compris au rock and roll"
Polar, Clairdeplume34 éditions, nov 2011

jeudi, 14 mai 2015

L'or du temps

1549448687.jpgUne frondaison blanche s’est répandue, annonciatrice de temps nouveaux.

 

Qui sait, la fin des temps est peut-être venue, ici, à la limite de l’océan, sur cet arrondi de la terre, archipel de hasard, de roc, de vent et de sable, noyé.

 

Déchaînement des éléments.

 

La terre va s’engloutir, revenir à sa vérité première.

 

Matière, fusion, évanouissements.

 

L’homme disparaîtra, lui le passager clandestin, l’invité de la dernière heure.

 

Il s’en ira sur la pointe des pieds après avoir coloré d’un peu de poésie l’or du temps.

Raymond Alcovère, extrait de L'aube a un goût de cerise, N&B éditions, 2010

dimanche, 10 mai 2015

Le dernier homme sur terre

shining-1980-01-g.jpgC'est le dernier homme sur la terre. Il entre dans un bar et dit : "Verre, un autre barman !"

17:33 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2)

vendredi, 08 mai 2015

Non agir

Wu_Zhen._Fisherman._ca.1350._Metropolitan_Museum_N-Y.jpg« Ne pas agir ne signifie en aucun cas ne rien faire mais plutôt ne rien saisir. (…) Ce que désigne wu-wei a donc bien plus à voir avec la non-saisie que le non-agir. Et la voie que découvre Zhuangzi, à mesure que se développe son œuvre, consister précisément à montrer comment se desserre notre désir de mainmise sur l’immaîtrisable et comment une vie renouvelée se déploie hors de cette crispation de fond. »

Alexis Lavis, Le Monde des religions N° 63

Shanshui : Un pêcheurWu Zhen ca.1350

mercredi, 06 mai 2015

San Nicolo dei Mendicoli

san-nicolo-dei-mendicoli-1.jpgUne des plus belles églises de Venise, tout au bout du Dorsoduro, vous n'y croiserez pas beaucoup de touristes...

mardi, 05 mai 2015

Les femmes de Manet

manet.railroad.jpg"Chez Manet, les femmes sont partout : Victorine Meurent, Berthe Morisot, Méry Laurent, etc. (...) C'est très difficile de peindre une femme qui tient le coup ! C'est extraordinairement difficile !"

Philippe Sollers, La Révolution Manet

Obscénités

"C'est ainsi que les personnes du monde disent les mêmes obscénités que le peuple, mais en termes ternes, élégants et différés."

Paul Valéry

14:41 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul valéry

lundi, 04 mai 2015

Le bleu du Titien

wpc52e4434_05_06.jpgDétail de La Vierge à l'enfant avec Sainte-Catherine et le jeune Saint-Jean Baptiste, National Gallery

01:55 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : titien

vendredi, 01 mai 2015

Dico de bord (extrait 31)

280px-Giorgione_019.jpg

Giorgone

 

Il a peint ce tableau étonnant : La Tempête, à l’Académie à Venise, aux interprétions toujours ouvertes, pour lequel on a décelé de nombreux repentirs, repentirs dont il est à l’origine : « Deux innovations ouvrent la voie à une deuxième révolution dans la peinture à l’huile à Venise : l’emploi d’un support de toile et la mise en place préalable des ombres et des lumières grâce à un dessous. C’est Giorgone (1477-1510) qui accomplit cette révolution. Il peint directement sur la toile et inverse l’ordre des gradations de teintes. Au lieu de modeler les volumes en appliquant des glacis transparents sur un fond clair, il ajoute sur des tons relativement foncés des touches de blanc opaque qui forment saillie, et donnent du relief à la surface modulée. Cette méthode autorise des modifications radicales en cours d’exécution, car il suffit de gratter la peinture ou de la dissimuler sous une autre couche. L’acte de peindre devient une opération plus évolutive et expérimentale. Ainsi sont jetées les bases de l’esthétique moderne. » : David Rosand, L’art plus fort que la nature. Titien fut son élève.

Raymond Alcovère, extrait de Dico de bord, à paraître

lundi, 27 avril 2015

Venise

Venise, Sabine Laporte-AlcovèreVeni itiam (reviens toujours)

Photo de Sabine Laporte-Alcovère

dimanche, 12 avril 2015

La surprise

Surprise_1771.jpg« Quand on le déroule, ce livre remplit l’univers dans toutes ses directions, et, quand on l’enroule, il se retire et s’enfouit dans son secret. Sa saveur est inépuisable, tout y est réelle étude. Le bon lecteur, en l’explorant pour son plaisir, y a accès ; dès lors, jusqu’à la fin de ses jours, il en fait usage, sans jamais pouvoir en venir à bout. »
Texte chinois cité par Philippe Sollers dans Passion fixe
Jean-Honoré Fragonard, La Surprise, 1771

vendredi, 10 avril 2015

Oiseau

CCObL44UAAEbT7k.jpgL'enseignement consiste à méditer sans répit sur l'oiseau

Hamsa Upanishad

Photo : Lionel André

mercredi, 08 avril 2015

Kafka à Milena

Kafka, Annie Caizergues"Je t'aime comme la mer aime le gravier de ses profondeurs"

Peinture de Annie Caizergues parue dans la revue L'instant du monde

dimanche, 05 avril 2015

L'écriture penchée des nuages

l'aube a un goût de cerise, Paul KleeJe voudrais être au plus près du monde mais il m’échappe toujours. Une ombre de banyan s’étend mollement sur la mer.

Tout est entré dans le ciel. La nuit est musicale, heureusement. On y lit la portée du jour, nervures, entrelacs, déchirures, reconquêtes, fractures, apaisement.

Les bateaux sont des libellules d’eau. Le navire décrit une courbe pour éviter les îles qui avancent, promontoires menaçants.

Je vois les reflets d’une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil. François-René, ta langue est un paroxysme, cet océan aussi le tien.

La sirène du steamer mugit. La fumée s’échappe à gros bouillons et rejoint les nuages, effacées leurs traces. Le sillon se dévide dans une infinie lenteur.L’horizon s’enflamme de jets saccadés, monstrueux, barbaresques. Le ciel est une lutte, un amas de lances, un combat fratricide. Ainsi le ciel. De grandes orgues joufflues gonflées de nuit. Une symphonie du nouveau monde.

Lumière plombagine. Les éclairs  ouvrent des plaies, un écrin d’enluminures. Reflets zinzolins de l’aurore, devant.

A un moment il  ne reste que la fuite, se dissimuler. Fixer des silences, des pauses, masquer le tumulte, l’arrogance, la brutalité du monde.

Pluie incessante et chaude. Écriture penchée des nuages. Flaques grises dans les sous-bois de la nuit. Des arbres si haut qu’on en décèle à peine la hauteur.

Les bruits émeraude parviennent étouffés. La chouette est seule dans le silence à ignorer l’obscur. Pour elle l’univers brille d’une étrange lumière, argentée, déployée par une main invisible mais partout présente, l’or du temps.

Ce n’est pas un départ, mais une suite. Présence, présence seule. Tisser les mots, le silence et les notes de la pluie. Tisser tout fragment de l’univers.

Voici les grandes plaines de l’ombre. Ce gris me plaît. J’arpente des frondaisons. L’obscur est éphémère. Les nuages sont l’architecture du monde.

Les variations Goldberg s’inscrivent dans le contour bleu du ciel, le pli de la mer, ses ondulations. Constellations blanches, irisées, qui flottent, tout autour.

Paul ton œuvre est devant mes yeux. Un repos, une paix de l’âme. Lés immenses, tendus de soleil. Les couleurs crient, répondent, se repoussent, ce dialogue entre elles est notre viatique, nous qui ne savons rien, qu’interroger le silence, à grands traits rageurs, impatients. J’aurais voulu décrire ta palette, son scintillement, comme toi éclairer la nuit. Elle parle de l’innocence, elle remonte loin dans l’histoire. Parfois on y distingue une obscurité de caverne, une profondeur d’ébène, chaude, puis éclate un fraternel printemps.

On ne construit pas de palais sur la mer. Ce sont pourtant les seuls visibles, le réel un rideau de fumée.

Ici, là, une trouée, halo argenté, portée musicale. Le reflet d’un poisson volant. L’ombre de Walt Whitman. Lourds nuages cendrés. Point d’interrogation.

Raymond Alcovère, extrait de L'aube a un goût de cerise, N&B éditions, 2010

Paul Klee, Rues principales, secondaires, 1929

vendredi, 03 avril 2015

Tranches napolitaines

napoli-palazzo-dello-spagnuolo-cortile-600x397.jpgJ’ouvre la fenêtre ; une lumière tamisée ondule en arabesques sur les collines et les maisons chaulées. Vert paradis, univers de sensations. La lumière pénètre en moi, flots de langueur, rosée qui me baigne, me submerge. Fenêtre grande ouverte, lumière ombrée, descendante. Languide, sucrée. Un amour insensé coule à flot, je suis arrachée par cette vague lourde et trépidante. Avec l’odeur de la nuit, je me retrouve.

Bord de l’eau, vie neigeuse et azurée de l’écume, reflets fauves de la végétation en taches rousses sur le poli de l’eau, ondulant en papillotes de feu. Pins parasols, flaques mauves dans les eaux brunes de la baie, air tiède, fragrances marines. Sommeil enchanteur, réparateur.

Réveil incertain, bleuâtre. Soleil tonitruant, écrasant, irradiant. Légère indolence, l’air a changé de saveur.

Infinie douceur de l’été, rivages lointains de l’enfance, envie de les retenir un peu, mais ils s’éloignent, horizon bleu. Restent des fanaux qui clignotent. Tous ces souvenirs remontent, lent reflux, indigo de la mer. Pendant ces quelques jours, je n’attends rien, ne m’attends à rien. Marches sur l’île, odeurs de sauvagine, bleu pulvérulent de la Méditerranée. Sur un îlot, hors du temps.

Sur le bateau vers Naples, par Pozzuoli, Gaète, Cumes, traversée de l’antiquité... La route tournoie et s’enroule comme un serpent, avant de se lover dans le chaudron. Voitures, bruits, odeurs, fournaise, pantomimes, vitesse. Jamais je n’ai senti une telle envie de vivre dans les regards, les gestes des gens, cette passion, l’insouciance. La saison du San Carlo n’est pas commencée. La Galleria Umberto I, voûte tournante, en forme de croix, monde à l’intérieur du monde. Pâtisserie Scaturchio, face à San Domenico, délires sucrés, florilège de saveurs, meringues neigeuses, icebergs de sucre, mûres pulpeuses et boursouflées, fraises fondantes acidulées, pistaches croquantes, abricots blonds veloutés, melons confits, fines lamelles d’amandes, fleurs d’oranger aux saveurs aériennes, marrons glacés...

Spaccanapoli. Merveilles du baroque, les escaliers de San Felice, le bien nommé. À l’image de la ville, vastes, ronds comme des coquilles, tournoyants, espace perdu mais peu importe, beauté, rondeurs, plaisir... Les églises ressemblent à des bonbonnières, des biscuits, écrins parfumés, bariolés, lardés de marbre, de stucs, blancs, écrus, roses, verts, pendeloques, niches, tableaux, gris-gris, tout est fait pour que l’esprit chavire, se perde. Ici les plus belles choses sont cachées, les napolitains préfèrent les garder pour eux. Souvent rien ne signale l’entrée d’une cour superbe, d’un escalier virevoltant, d’une église étincelante. Sans doute un des secrets du bonheur, vivre caché...

L’art à Naples n’est pas séparé de la vie, tous ces édifices sont habités, occupés, une statue soutient un fil à étendre le linge, dans cette cour des vespas sont entassées. Invasion rassurante, au contraire de ces villes-musées, léchées, sans aspérités, froides. Commerciales.

Rien de plus étranger aux napolitains que le rendement, l’efficacité. Les glaces qu’ils ont inventées, ils ont laissé aux milanais le soin de les commercialiser, de s’enrichir. Le plaisir de l’instant l’emporte sur tout.

Ciel d’une limpidité infinie, sans nuages. Jours vides, comme si rien ne pouvait être révélé, bains de mer, repos, attente. Sommeil, sommeil profond. Je n’aimerais pas qu’il dure, ce ciel si bleu, si pur. J’ai envie de temps menaçant maintenant, instable, l’esprit y a plus de latitude. J’aime un ciel en mouvement, où l’âme erre, battue par les vents, sans trouver sa place, comme ces nuages qui défilent, chiens pris de folie.

Rien à faire, toujours ce soleil, insatiable.

J’aime regarder les napolitains. Un mystère, une harmonie indéfinissable règnent dans ce peuple, un mélange de cruauté, d’indolence, d’énergie et d’abandon. La ville est rebelle, irréductible aux lois, aucun pouvoir n’a pu la mettre au pas longtemps.

Bains de mer, parfum de jasmin qui flotte sur l’île, senteurs plus entêtantes des géraniums. Odeur du soleil sur la peau, cette sensation de brûlure inonde le corps tout entier.

En attendant, promenades dans Procida, figues de barbarie, pétunias éclatants, odeurs de mimosas, de genêts, frémissement de tout le corps.

Ça y est, le grand jour est arrivé, l’aliscafo fend les flots, bondit sur les vagues. Je laisse le reflet de l’eau me brûler les yeux, la fraîcheur irradier mes poumons. Le Vésuve apparaît en statue du commandeur, avec les fumées d’usines à ses pieds, un halo blanc dans le ciel pâle. La ville déborde la baie et les collines alentour. Une chaleur aiguë jaillit dans ma poitrine, mon ventre, ma peau nourrie de soleil, caressée par les embruns.

Naples surgit, tapie contre la mer et semblant s’en repaître.

Taxi pour la Mergellina...

Le kaléidoscope défile, bariolé, vibrionnant, gestes coupés par la vitesse, visages scandés, couleurs qui suivent de leur cortège le taxi fendant la ville.

Ça y est, la Mergellina, bourdonnante de bateaux, le bleu de la mer est limpide, presque évanescent, couche parfaite de bleu, tranche napolitaine, féerique. Je suis plongée dans les couleurs, assise, paisible, l’âme secouée, les yeux fixés sur le lointain du port.

Sous un micocoulier, les feuilles vert-pâle se trémoussent dans un bruit d’orgues puis lampées plus basses, fondantes, andante avec cette rafale ardente, pianissimo vent coulis, trémulement des frondaisons, poussées plus lascives des basses encore par les côtés, se laisser bercer, musique qui revient et ne s’arrête jamais, roulis de cloches, coulée mauve dans le crépitement du soleil, ondoiement sonore en diagonale se faufilant entre les maisons, lignes croisées qui se brisent, parterre de roses roses devant moi, feu sous le soleil, balancement léger, vivifiant.

La musique, c’est le sang dans mes veines ! J’écoute La Bohème de Puccini. Transportée, je suis la musique, cette voix qui taraude l’âme. Mon âme filtrée par l’émotion, lavée, défaite des mesquineries, des incohérences qui l’envahissent à tout instant. Je vole par-dessus la ville, le cratère du Vésuve, gouffre béant, vire, dessine des courbes. Pareille à la chaleur du soleil, l’émotion qui me nourrit s’insinue partout.

Silence, contrepoint à l’agitation des dernières heures. Arrivée au port. Lent balancement, quiétude, vague clapotis de l’eau. Respiration, à peine... Marche éthérée, les rues sont noires de monde, il y a comme une beauté essentielle dans les gestes des gens, venue du fond des âges, la finesse grecque...

L’agitation en moi s’est reposée. Je ne pense à rien, c’est bon de s’abandonner... Embrasement soudain. Je suis transie de désir. Désir voluptueux et en même temps sérénité. Sens électrisés. Nuit de caresses, ondes de plaisir. Parcourue, débordée. Mon esprit flotte au-dessus de la pièce. Moment où tout est facile, donné.

Béatitude enivrante. Ma vie, si calme pendant longtemps, a pris une brutale accélération.

La nuit est douce encore, les bruits de la ville feutrés par un vent sec qui les emporte loin et se faufile entre les rues, sous un ciel noir paisible, et sculpte des grottes de silence dans la nuit noire.

On est allés au Musée National, voir les fresques de Pompéi, les statues antiques. Assis sur des marches, deux hommes en train de parler. Avec émotion, passion. Ils n’ont pas l’air d’intellectuels. Partout les gens parlent ici. Ce n’est pas cette parole froide, distancée des pays du Nord. Au contraire, il y entre tout l’être, son histoire, ses désirs, sa passion. J’aime cette parole qui tisse la vie.

Départ pour la côte amalfitaine. Echancrures dorées, précipices vertigineux sur une mer d’opale. La roche comme une pâte dessine des courbes, des replis. Sur les crêtes des villages comme des défis à la mer, perchés. De là-haut elle paraît presque irréelle, paisible. Le vent du large vient se frotter aux arêtes dentelées de la presqu’île. Végétation paradisiaque, orangers, citronniers face à l’immensité bleue.

Positano et les rochers des sirènes. C’est ici qu’elles vivaient. De n’avoir pu attirer par leurs chants Ulysse et ses compagnons, elles se sont jetées à la mer de désespoir. Leucosia aux bras blancs a échoué sur la plage de Paestum, Ligeia la mélodieuse en Calabre, Parthénope, celle qui est restée vierge, ici. Naples y trouve son origine.

Retour dans la ville chaudron. Santa-Chiara. Bois d’orangers, végétation grimpante, bancs en quinconce recouverts de majoliques, florilège de scènes de chasse, pêche, vie quotidienne, ou mythologiques. Luxe et raffinement. Pas d’austérité, au contraire, dans cette vie recluse. La sensualité ruisselle. Un calme apaisant, de hauts murs protègent de la ville et de sa rumeur... Cette ambivalence du plaisir et de la claustration est bien napolitaine, stendhalienne même !

Hauteurs de la ville encore. Une fine poudre de nuages, légers comme l’air, stagnent suspendus au-dessus de la côte. Tout est arrêté dans la chaleur de midi, les heures contraires, celles du crime.

Procida est un joyau posé sur la mer. Seule la fraîcheur de l’eau fait oublier un moment la bouillante étuve. Chaleur de septembre. Aujourd’hui rien n’annonce l’arrivée de l’automne.

Raymond Alcovère, extraits de Fugue baroque, roman, n & b éditions, 1998

mardi, 31 mars 2015

Dico de bord (extrait 30)

dico de bord, Watteau#‎Dicodebord‬ extrait 30
Watteau (Antoine)
Peintre musical, subtil, profond. Le Pèlerinage à l’île de Cythère (1717), du Louvre, ressemble à une portée musicale, les lignes se croisent, se multiplient, se fondant dans les couleurs chaudes, mais aussi vertes et bleues, formant un ensemble unique, vivant, terminé par une envolée d’anges. Tout dans son œuvre porte à l’envol, la sensualité, l’hédonisme. Avec toujours, cette part de mystère, les personnages arrivent-ils ou quittent-il ce paradis ? Ils y sont tout simplement. Mort à trente-sept ans (1684-1721), son art ne ressemble en rien à ce qui l’a précédé. « L’ingénuité métaphysicienne de Novalis, la tendresse fiévreuse de Chopin, le sourire parfois tragique de Laforgue, la beauté idéaliste de Mozart, la passion pastorale de Schubert, tout cela est situé dans le pays que Watteau a extrait de la nature, et au fond duquel, avec une émotion indicible, on entend le murmure de l’Invitation au voyage. » Camille Mauclair (Revue Bleue, 1904). André Breton a écrit : « L’étoile qui fait oublier la boue, c’est la personnalité angélique de Watteau. » Et puis il y a le fameux Gilles, que l’on appelle maintenant Pierrot : il fait partie de ces grandes œuvres énigmatiques de la peinture, dont les interprétations n’épuisent jamais le sujet. (Vivant Denon l’a acheté pour le Louvre 150 ou 300 francs, place du Carrousel, en 1804).
(Raymond Alcovère : ce livre de bord, construit sous la forme d’un abécédaire, fait le tour de tout ce qui me tient à cœur, m’a construit : noms communs, mais aussi lieux, femmes et hommes célèbres, écrivains, peintres, musiciens. Les « définitions », nourries de nombreuses citations, ont des dimensions très variables : entre une ligne et trois pages)

samedi, 28 mars 2015

Dico de bord (extrait 29)

brassens2.jpg‪#‎Dicodebord‬ extrait 29
Oncques
Ce délicieux adverbe trop compliqué pour notre époque (il signifie quelquefois et jamais accompagné d’une négation !) a probablement vécu ces derniers instants avec Georges Brassens, dans Les Oiseaux de passage : « Ô vie heureuse des bourgeois / Qu’avril bourgeonne ou que décembre gèle, / Ils sont fiers et contents/ Ce pigeon est aimé, / Trois jours par sa pigeonne / Ça lui suffit il sait / Que l’amour n’a qu’un temps (…) Elle a fait son devoir / C’est-à-dire que oncques / Elle n’eut de souhait impossible elle n’eut / Aucun rêve de lune aucun désir de jonque / L’emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu. » Le poème est extrait de La Chanson des gueux, de Jean Richepin (1849-1926), qui valut à son auteur un mois de prison et 500 francs d’amende.
(Raymond Alcovère : ce livre de bord, construit sous la forme d’un abécédaire, fait le tour de tout ce qui me tient à cœur, m’a construit : noms communs, mais aussi lieux, femmes et hommes célèbres, écrivains, peintres, musiciens. Les « définitions », nourries de nombreuses citations, ont des dimensions très variables : entre une ligne et trois pages)

vendredi, 27 mars 2015

Dico de bord (extrait 28)

mains.jpg‪#‎Dicodebord‬ extrait 28
Prendre
Le soleil, l’air, la température, ses marques, les devants, date, la fuite, pied, racine, effet, femme, à témoin, sur soi, sa source, à son jeu, son pied, la mouche, un verre, un train en marche, en main son destin…
(Raymond Alcovère : ce livre de bord, construit sous la forme d’un abécédaire, fait le tour de tout ce qui me tient à cœur, m’a construit : noms communs, mais aussi lieux, femmes et hommes célèbres, écrivains, peintres, musiciens. Les « définitions », nourries de nombreuses citations, ont des dimensions très variables : entre une ligne et trois pages)