mardi, 28 juillet 2015
Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul
"Car je puis dire que la victoire m'est acquise: les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais!
Il faut être absolument moderne.
Point de cantiques: tenir le pas gagné. Dure nuit! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau!. . . Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.
Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
Que parlais-je de main amie! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps."
Rimbaud, Une Saison en enfer (fin du texte)
02:57 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arthur rimbaud
dimanche, 26 juillet 2015
Pierre Bonnard, Normandie, 1920
03:34 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pierre bonnard
samedi, 25 juillet 2015
La Salute, à Venise
Deux coupoles, deux campaniles, mais l’église est ronde, elle tourne sur elle-même à l’intérieur, alors qu’à l’extérieur elle donne l’impression d’atterrir puissamment, comme le char céleste d’une divinité.
La Salute a ses oeuvres d’art (Titien, Tintoret), mais, bizarrement, n’en a pas besoin. Elle se suffit à elle-même (grand lustre comme un pendule d’observatoire).
C’est le seul monument vénitien qu’on peut admirer pour lui-même et son vide.
Philippe Sollers
23:26 Publié dans Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : salute, venise, philippe sollers
jeudi, 23 juillet 2015
Une photographie de Georges Souche
23:05 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : georges souche
Paul Klee, "Parterre de fleurs" 1913
23:03 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul klee
mercredi, 22 juillet 2015
Ben oui quoi ! Un vrai métier !
15:06 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 19 juillet 2015
Traces
« Le monde et moi-même nous nous rencontrons en esprit, et les traces se transforment. »
Shi Tao (Shih T'ao) 1640-1718?
Peinture de Jacki Maréchal
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Le verbe
"Le verbe est au-dessus de la pensée et la pensée doit y remonter"
Philippe Sollers, extrait de Paradis
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mardi, 14 juillet 2015
À voir changer la couleur des pierres
À voir changer la couleur des pierres, surgir la lumière crue et acide du Sud, l’âpreté qui annonce les rivages de la Méditerranée, je revivais. L’odeur des aiguilles de pin brûlées, leur bruit sec, craquant sous le pas, la torpeur sous la canicule, l’attente interminable des siestes sans sommeil de l’enfance, le temps arrêté, puis le soir, vent marin qui s’insinue, rédemption, flots de fraîcheur à travers les rues, fluidité et mouvement partout, toutes ces sensations remontaient à la surface. J’étais heureux du chemin parcouru. S’y mêlaient l’apaisement du retour, une envie de quiétude. Michel était le meilleur ami de mon oncle. Il m’hébergea le temps que je m’installe. C’était bon de parler ma langue, entendre son accent, retrouver les phrases, les intonations de l’enfance. Pendant toute une semaine, temps humide et doux, partir à la pêche au petit matin, casser la croûte avec un verre de vin clairet à la première chaleur, puis rentrer dès que le vent tourne au Nord, la mer devenue plaque incandescente, criblée de moutons bondissants, respirer les odeurs de sel comme un peu de soi, imaginer cette côte encore sauvage, avec les moustiques, les macreuses aux reflets myosotis qui glissent sous leurs flancs le bleu du ciel, les étangs regorgeant d’anguilles, sans le bruit des avions, des voitures et des bateaux à moteur.
Raymond Alcovère, Le Bonheur est un drôle de serpent, roman, Lucie éditions, 2009, extrait
22:11 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 13 juillet 2015
Quelques détails sans importance
Marguerite Duras m'a adressé la parole avec sa voix cassée, pour me demander d'éteindre ma cigarette ; la fumée la gênait. C'était au Festival international du jeune cinéma à Hyères, en 1980. J'ai accédé à sa demande, bien sûr
J'ai traversé l'Angleterre en stop en une journée, comme une fusée, n'attendant pas plus de cinq minutes à chaque fois, sur la route de l'Ecosse, en août 1974
J'ai serré la main de Youri Garagine ; c'était à Port-de-Bouc, dans les Bouches du Rhône, ville communiste où ma mère était directrice d'école. Le cosmonaute avait un magnifique regard bleu et effectuait une tournée en France, dans les années soixante
J'ai assisté à la conférence de presse de Silvio Berlusconi, en 1985 à Paris, au Pavillon Gabriel, pour le lancement de la première chaîne de télévision privée non cryptée, la 5. C'est le président Mitterrand qui en avait pris l'initiative et donc introduit le Cavaliere en France. J'ai dû me pincer pour me dire que je ne rêvais pas quand je l'ai vu apparaître avec son air satisfait, béat et sûr de lui
J'ai décidé de me mettre vraiment à l'écriture, un soir d'octobre 1987, en marchant dans une banlieue de Paris, seul et triste, au bout de nulle part
Souvent, face à la Méditerranée, je me dis "c'est la mer d'Uysse" et cette idée me rend heureux
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dimanche, 12 juillet 2015
Baroque
L’art baroque — peinture et musique — qu’il faudrait d’ailleurs appeler l’art catholique, passe volontiers, on le sait, du sacré au profane sans contradiction : « Le plus souvent, on feint hypocritement de s’étonner d’un paradoxe irritant : Vierge Marie d’un côté ; prolifération voluptueuse de l’autre. Remarque de bon sens, donc de très courte vue. C’est précisément à cause de l’Une qu’on obtient les autres. Titien ou Rubens auraient trouvé dépourvu de sens qu’on leur demande de choisir, de se limiter, de s’en tenir à la Vierge ou à Vénus. Les deux, chers puritains, les deux ! » (Philippe Sollers, Eloge de l’infini).
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samedi, 11 juillet 2015
Eté
"Voici l'été, épousez une femme ombrageuse !"
Jules Jouy
Photo : Jacques-Henri Lartigues
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vendredi, 10 juillet 2015
Ray's Day : fêtons la lecture, les auteurs et les lecteurs le 22 août!
22:04 Publié dans Evénements, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ray's day
mardi, 07 juillet 2015
Paradis perdu
" - Pour toi, ce jardin, qu'est-ce que c'est ?
- Une sorte de paradis perdu à Naples, le lieu où l'on pense au paradis perdu.
- Et où se trouve l'arbre de la science du bien et du mal ?
- N'importe quel arbre peut être appelé ainsi : cela dépend de ce que chaque femme promet sous son feuillage. "
La femme d'ambre / Ramón Gómez de la Serna
12:43 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : naples
lundi, 06 juillet 2015
Tout le temps ?
"On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps."
Psdt Lincoln
03:12 | Lien permanent | Commentaires (0)
Tromperie
"Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire"
George Orwell.
03:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 05 juillet 2015
Génie de la langue
« Le génie de chaque langue se meut comme un animal pour trouver de tous côtés ce qui lui convient. »
Joseph de Maistre
00:33 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : joseph de maistre
mercredi, 01 juillet 2015
Titien, l'assomption des Frari, détail
"on voit la névrose dans l’œil du voisin et pas la nécrose dans le sien"
Philippe Sollers Paradis
20:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : titien
dimanche, 28 juin 2015
La Madone Sixtine
[...] Pour revenir au tableau préféré, il y en aurait deux : La Madone Sixtine de Raphaël qui maintenant est à Dresde, et La Joconde, de Léonard de Vinci. Je ne parlerai aujourd’hui que de La Madone Sixtine.
C’est un tableau d’autel peint par Raphaël en 1516, je crois, qui représente la Vierge tenant l’Enfant sur des nuages, avec à sa gauche sainte Barbe et à sa droite saint Sixte. En haut du tableau, vous avez deux rideaux verts entrouverts, et en bas deux petits angelots qui regardent d’un air un peu mélancolique ce qui se passe au-dessus d’eux. Ce tableau a été l’un des plus admirés de l’histoire de la peinture à partir du moment où il est allé à Dresde. Avant il était dans une église à Plaisance, on savait qu’il était beau mais on n’en parlait pas trop. On allait le voir, mais ce n’était pas un grand tableau. Dès lors qu’il est à Dresde, il devient l’un des tableaux mythes de l’histoire de la peinture, et moi-même je le percevais comme un tableau mythe lorsque j’ai étudié Raphaël. Et puis je suis allé à Dresde, j’ai vu La Madone Sixtine et j’ai été extrêmement déçu car on était en train de restaurer le musée : il y avait une plaque de verre devant le tableau, et ce que je voyais depuis ma place assise c’était les néons qui se reflétaient sur la plaque de verre, je devais bouger pour deviner la peinture. J’étais extrêmement déçu, mais comme j’étais venu jusqu’à Dresde pour voir cette Madone, je ne voulais pas repartir déçu. Donc, je suis resté à peu près une heure, à me déplacer, et à un moment le tableau s’est « levé ». Et là, tout d’un coup, j’ai vu La Madone Sixtine, et je dois dire que j’ai vu l’un des tableaux intellectuellement les plus profonds de l’histoire de la peinture européenne et, si on aime et connaît Raphaël, l’un de ses tableaux les plus émouvants. Pourquoi l’un des plus profonds ? Eh bien, je crois — et c’est ce que Walter Benjamin n’a pas voulu voir ou qu’il a vu mais dont il n’a pas voulu parler — que La Madone Sixtine présente très exactement le moment de la révélation du dieu vivant, c’est-à-dire que c’est un tableau qui montre le dieu brisant le voile, le dieu s’exposant. Et ce qui pour moi le rend extrêmement bouleversant c’est en particulier la présence des deux petits anges situés en bas du tableau. Au fond, que font-ils là ? On n’en sait rien. On a imaginé les histoires les plus extravagantes sur ces deux petits anges : par exemple, qu’ils étaient les portraits des enfants que Raphaël aurait eus avec la Fornarina. En fait, je suis persuadé, pour des raisons iconographiques sérieuses, historiques et théologiques, qu’ils sont la figuration chrétienne des chérubins gardant le voile du temple dans la religion juive. Ce à quoi ils assistent eux mêmes, c’est au fait qu’ils ne sont plus les gardiens du secret et du dieu invisible : le dieu s’est rendu visible. Cette espèce d’extraordinaire tragédie — car le dieu se rendant visible signifie qu’il va mourir — est confiée à des visages d’enfants. Je trouve cela d’une puissance extraordinaire. Et depuis, je n’ai plus besoin de voir La Madone Sixtine ; elle s’est « levée », et je garde en moi cette émotion.
Daniel Arasse, Histoires de peintures, folio essais 469, 2004, p. 27-29.
22:50 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raphaël, daniel arasse
samedi, 27 juin 2015
Je vous vois
« Je baisse les feux du lustre, je me jette sur le lit, et tourné du côté de l’ombre je vous vois, mes filles ! mes reines ! »
Rimbaud, Les Illuminations
Edouard Manet, Bouquet de violettes
12:27 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, edouard manet