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vendredi, 12 juin 2015

Prémonitions

dr-strangelove.jpeg« La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c'est-à-dire l'ensemble des rapports sociaux. Le maintien sans changement de l'ancien mode de production était, au contraire, pour toutes les classes industrielles antérieures, la condition première de leur existence. Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux, figés et couverts de rouille, avec leur cortège de conceptions et d'idées antiques et vénérables, se dissolvent; ceux qui les remplacent vieillissent avant d'avoir pu s'ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d'envisager leurs conditions d'existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés. Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s'implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations. Par l'exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l'industrie sa base nationale. Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. Elles sont supplantées par de nouvelles industries, dont l'adoption devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, industries qui n'emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe. A la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. A la place de l'ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations. Et ce qui est vrai de la production matérielle ne l'est pas moins des productions de l'esprit Les œuvres intellectuelles d'une nation deviennent la propriété commune de toutes. L'étroitesse et l'exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles et de la multiplicité des littératures nationales et locales naît une littérature universelle. Par le rapide perfectionnement des instruments de production et l'amélioration infinie des moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu'aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les murailles de Chine et contraint à la capitulation les barbares les plus opiniâtrement hostiles aux étrangers. Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production ; elle les force à introduire chez elle la prétendue civilisation, c'est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image. La bourgeoisie a soumis la campagne à la ville. Elle a créé d'énormes cités; elle a prodigieusement augmenté la population des villes par rapport à celles des campagnes, et par là, elle a arraché une grande partie de la population à l'abrutissement de la vie des champs. De même qu'elle a soumis la campagne à la ville, les pays barbares ou demi-barbares aux pays civilisés, elle a subordonné les peuples de paysans aux peuples de bourgeois, l'Orient à l'Occident. La bourgeoisie supprime de plus en plus l'émiettement des moyens de production, de la propriété et de la population. Elle a aggloméré la population, centralisé les moyens de production et concentré la propriété dans un petit nombre de mains. La conséquence totale de ces changements a été la centralisation politique. Des provinces indépendantes, tout juste fédérées entre elles, ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été réunies en une seule nation, avec un seul gouvernement, une seule loi, un seul intérêt national de classe, derrière un seul cordon douanier. La bourgeoisie, au cours de sa domination de classe à peine séculaire, a créé des forces productives plus nombreuses; et plus colossales que l'avaient fait toutes les générations passées prises ensemble. La domestication des forces de la nature, les machines, l'application de la chimie à l'industrie et à l'agriculture, la navigation à vapeur, les chemins de fer, les télégraphes électriques, le défrichement de continents entiers, la régularisation des fleuves, des populations entières jaillies du sol - quel siècle antérieur aurait soupçonné que de pareilles forces productives dorment au sein du travail social ? »

Marx et Engels, Le Manifeste du Parti communiste, 1848

12:59 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : karl marx

dimanche, 07 juin 2015

Vue de Collioure

Matisse, CollioureMatisse, 1905

03:35 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : matisse, collioure

samedi, 06 juin 2015

Je peux suivre tous les élans de mon cœur

mqdefault.jpg« À quinze ans, je m’appliquais à l’étude. À trente ans, mon opinion était faite. À quarante ans, j’ai surmonté mes incertitudes. À cinquante ans, j’ai découvert la volonté du ciel. À soixante ans, nul propos ne pouvait plus me troubler. Maintenant, à soixante-dix ans, je peux suivre tous les élans de mon cœur sans jamais sortir du droit chemin. » : Les Entretiens de Confucius (Lunyu), traduit par Pierre Ryckmans.

17:19 Publié dans Chine, illuminations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : confucius

lundi, 01 juin 2015

L'homme du Tao

Xu_Wei_1.jpg"L'homme du Tao est vacuité, équanimité, limpidité, souplesse, simplicité. La vacuité est sa demeure, l'équanimité sa nature, la limpidité son miroir, la souplesse son agir, le retour sa constante. Chez lui, la souplesse est dure, la faiblesse forte, la simplicité pilier.»

Écrits de Maître Wen

Xu Wei, le joueur de cerf-volant (détail)

Illumination

« Les calculs de côté, l’inévitable descente du ciel, et la visite des souvenirs et la séance des rythmes occupent la demeure, la tête et le monde de l’esprit. »
Rimbaud

01:57 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud

La joie du ciel

zhuangzi« Celui qui connaît la joie du ciel, sa vie est l’action du ciel, sa mort n’est qu’une métamorphose, son repos s’identifie à l’obscurité, son mouvement à la lumière, il ne connaît ni la colère du ciel, ni la critique des hommes, ni l’entrave des choses, ni le reproche des morts. »

Zhuangzi

Paysage. Portion de rouleau de Tchao Mong-fou de la dynastie des Yuan copiée d'une peinture de Wang Wei. Bristish Museum.

01:48 Publié dans Chine, illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : zhuangzi

dimanche, 24 mai 2015

La nature est une splendeur d’ironie

Fiesta_campestre.jpgEn rentrant par la place des Prêcheurs, les peintres défilent dans sa tête. Greco, l’émotion brute ; corps, visages étirés, tendus par la douleur, une forme d’humanité rarement atteinte. Vélasquez, Les Menines, phénoménal tableau, le plus extraordinaire de tous peut-être, et  La Vénus au miroir,  sa sensualité absolue, lisse, froide, brûlante. Rembrandt, ses autoportraits, l’ironie, la nature est une splendeur d’ironie. Caravage, les corps taillés, sculptés par la lumière. Poussin, l’harmonie ; là tout est résumé, compris, entré dans la peinture. Rubens, la perpétuité colorée du sang, écrira Cézanne. Fragonard, l’exaltation, le désir. Delacroix, le feu, la passion. Picasso, à lui seul tout le XX ème siècle, ses chocs, ses ruptures. Et Titien, si fascinant ; talent inouï de coloriste, énergie et raffinement, longévité hors du commun, et son art de déjouer tous les pièges, sa vie durant ; le seul devant qui Charles Quint se soit baissé, pour ramasser ses pinceaux. Et il était l’ami de l’Arétin.

Raymond Alcovère, Le Sourire de Cézanne, extrait, roman, éditions n&b, 2007

Titien, le concert champêtre, 1509, Le Louvre

vendredi, 22 mai 2015

Mogambo !

Annex - Gardner, Ava (Mogambo)_NRFPT_01.jpg

17:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mogambo

lundi, 18 mai 2015

Les Ibères sont rudes

ADA_AuteursenLecture_comedie2015.jpgJe participerai à une lecture sur le thème de l'Ibérie, à la Comédie du livre, dimanche 31 mai à 15 H, salle Pétrarque à Montpellier, avec d'autres auteurs, entrée libre

vendredi, 15 mai 2015

Rien compris au rock and roll

405651_499120453459197_212150643_n.jpgL’espionnage fonctionne de cette façon, ça me rappelle une des plus grandes opérations de l’histoire, qui a permis à la Russie soviétique naissante d’asseoir son pouvoir, tu en as entendu parler ?
- Non, raconte !
- C’est un certain Dzerjinski, espion de Lénine, qui l’a montée, dans les années 20. Un groupe de dissidents, avec des membres du gouvernement, annonçaient la fin prochaine du régime. Ils se firent peu à peu connaître, au point de devenir une référence et un passage obligé pour tous les opposants, y compris à l’extérieur du pays. C’était en fait un coup monté de toutes pièces ; par ce moyen, ils faisaient passer tout un tas de fausses infos aux services secrets des pays occidentaux qu’ils infiltrèrent. Et à l’intérieur, ils réunirent autour d’eux tout ce qui se faisait en termes d’adversaires du communisme. Au bout de longues années, le subterfuge a été découvert, mais trop tard, la plupart des « contre-révolutionnaires » identifiés et mis hors d’état de nuire, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Le leurre avait parfaitement fonctionné. Le nouveau régime s’était ainsi constitué une base très solide, qui allait lui permettre de durer si longtemps.
Raymond Alcovère, extrait de "Rien compris au rock and roll"
Polar, Clairdeplume34 éditions, nov 2011

jeudi, 14 mai 2015

L'or du temps

1549448687.jpgUne frondaison blanche s’est répandue, annonciatrice de temps nouveaux.

 

Qui sait, la fin des temps est peut-être venue, ici, à la limite de l’océan, sur cet arrondi de la terre, archipel de hasard, de roc, de vent et de sable, noyé.

 

Déchaînement des éléments.

 

La terre va s’engloutir, revenir à sa vérité première.

 

Matière, fusion, évanouissements.

 

L’homme disparaîtra, lui le passager clandestin, l’invité de la dernière heure.

 

Il s’en ira sur la pointe des pieds après avoir coloré d’un peu de poésie l’or du temps.

Raymond Alcovère, extrait de L'aube a un goût de cerise, N&B éditions, 2010

dimanche, 10 mai 2015

Le dernier homme sur terre

shining-1980-01-g.jpgC'est le dernier homme sur la terre. Il entre dans un bar et dit : "Verre, un autre barman !"

17:33 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2)

vendredi, 08 mai 2015

Non agir

Wu_Zhen._Fisherman._ca.1350._Metropolitan_Museum_N-Y.jpg« Ne pas agir ne signifie en aucun cas ne rien faire mais plutôt ne rien saisir. (…) Ce que désigne wu-wei a donc bien plus à voir avec la non-saisie que le non-agir. Et la voie que découvre Zhuangzi, à mesure que se développe son œuvre, consister précisément à montrer comment se desserre notre désir de mainmise sur l’immaîtrisable et comment une vie renouvelée se déploie hors de cette crispation de fond. »

Alexis Lavis, Le Monde des religions N° 63

Shanshui : Un pêcheurWu Zhen ca.1350

mercredi, 06 mai 2015

San Nicolo dei Mendicoli

san-nicolo-dei-mendicoli-1.jpgUne des plus belles églises de Venise, tout au bout du Dorsoduro, vous n'y croiserez pas beaucoup de touristes...

mardi, 05 mai 2015

Les femmes de Manet

manet.railroad.jpg"Chez Manet, les femmes sont partout : Victorine Meurent, Berthe Morisot, Méry Laurent, etc. (...) C'est très difficile de peindre une femme qui tient le coup ! C'est extraordinairement difficile !"

Philippe Sollers, La Révolution Manet

Obscénités

"C'est ainsi que les personnes du monde disent les mêmes obscénités que le peuple, mais en termes ternes, élégants et différés."

Paul Valéry

14:41 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul valéry

lundi, 04 mai 2015

Le bleu du Titien

wpc52e4434_05_06.jpgDétail de La Vierge à l'enfant avec Sainte-Catherine et le jeune Saint-Jean Baptiste, National Gallery

01:55 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : titien

vendredi, 01 mai 2015

Dico de bord (extrait 31)

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Giorgone

 

Il a peint ce tableau étonnant : La Tempête, à l’Académie à Venise, aux interprétions toujours ouvertes, pour lequel on a décelé de nombreux repentirs, repentirs dont il est à l’origine : « Deux innovations ouvrent la voie à une deuxième révolution dans la peinture à l’huile à Venise : l’emploi d’un support de toile et la mise en place préalable des ombres et des lumières grâce à un dessous. C’est Giorgone (1477-1510) qui accomplit cette révolution. Il peint directement sur la toile et inverse l’ordre des gradations de teintes. Au lieu de modeler les volumes en appliquant des glacis transparents sur un fond clair, il ajoute sur des tons relativement foncés des touches de blanc opaque qui forment saillie, et donnent du relief à la surface modulée. Cette méthode autorise des modifications radicales en cours d’exécution, car il suffit de gratter la peinture ou de la dissimuler sous une autre couche. L’acte de peindre devient une opération plus évolutive et expérimentale. Ainsi sont jetées les bases de l’esthétique moderne. » : David Rosand, L’art plus fort que la nature. Titien fut son élève.

Raymond Alcovère, extrait de Dico de bord, à paraître

lundi, 27 avril 2015

Venise

Venise, Sabine Laporte-AlcovèreVeni itiam (reviens toujours)

Photo de Sabine Laporte-Alcovère

dimanche, 12 avril 2015

La surprise

Surprise_1771.jpg« Quand on le déroule, ce livre remplit l’univers dans toutes ses directions, et, quand on l’enroule, il se retire et s’enfouit dans son secret. Sa saveur est inépuisable, tout y est réelle étude. Le bon lecteur, en l’explorant pour son plaisir, y a accès ; dès lors, jusqu’à la fin de ses jours, il en fait usage, sans jamais pouvoir en venir à bout. »
Texte chinois cité par Philippe Sollers dans Passion fixe
Jean-Honoré Fragonard, La Surprise, 1771