vendredi, 28 août 2015
Le ciel infusé
Il peignait la mer, l'eau épaisse, la clarté humide, le ciel infusé. Il la suspendait, à l'horizon, massive et bleue, comme elle apparaît parfois des hauteurs de l'Estaque, lorsqu'entre la paroi des roches on débouche brusquement devant elle. Il lui faisait surplomber le cadre pierreux de ces roches comme un grand miroir renversé.
Joachim Gasquet, Cézanne, éditions encre marine
21:46 | Lien permanent | Commentaires (1)
Où la Grande Muraille de Chine se jette dans la mer
21:39 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : muraille de chine
But
"La littérature a pour but de découvrir la Réalité en énonçant des choses contraires aux vérités usuelles."
Proust à Paul Morand
21:27 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 27 août 2015
Beauté
"Tant qu'il existera des fragments de beauté, on pourra encore comprendre quelque chose au monde."
Guido Ceronetti
13:14 Publié dans Art, Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guido ceronetti
Rancune
"On m'a si souvent ramené à la raison, on m'a si souvent prévenu contre ma fantaisie que j'ai gardé rancune à la logique."
Joë Bousquet
12:17 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : joë bousquet
Un jour
"Ecoute le silence et écris, pour faire de ton amour un jour au lieu d'un songe."
Charlotte Jousseaume
12:10 Publié dans écriture, Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 26 août 2015
J’ai une maladie : je vois le langage.
L’écriture de Barthes se reconnaît aussitôt : elle frappe visiblement l’oreille. Découpée, mate, retenue, elle semble s’éloigner de ce qu’elle dit en l’annulant par avance. « J’ai une maladie : je vois le langage. »
Philippe Sollers
http://www.pileface.com/sollers/spip.php?article812
03:48 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roland barthes, philippe sollers
mardi, 25 août 2015
Zone obscure
"Écrire consiste donc le plus souvent à remplacer l’objet de notre émotion par un objet qui nous appartienne en propre et dont nous soyons, comme auteur, la zone obscure. L’inexprimé se trouve maintenant en nous par rapport à notre ouvrage, et non plus en notre modèle par rapport à nous. On écrit pour changer le mystère de place, le transplanter en soi, en transformer le contenant, pour être soi-même le prolongement de ce qu’on exprime à grand-peine, pour se débarrasser de tout le reste (qui est donc littérature)."
Philippe Sollers, Une curieuse solitude
14:55 Publié dans écriture, Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
Lecture
« Lorsque mon cœur oppressé me demande du repos, la lecture vient à mon secours. Tous mes livres sont là sous ma main : il m’en faut peu, car je suis depuis longtemps bien convaincu de la parfaite inutilité d’une foule d’ouvrages qui jouissent encore d’une grande réputation… »
Joseph de Maistre
14:52 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : joseph de maistre
Faites-vous animal !
De Maistre joue sur les trois registres, ce qui est très rare ; il passe avec aisance du latin au grec, et du grec à l’hébreu. Cette agilité, dans notre langue, est à peu près unique à ce niveau d’élaboration. Ce nom propre ne pouvait dès lors qu’être rejeté passionnément par la corporation des ignorants. « Le génie de chaque langue, dit le Savoyard, se meut comme un animal pour trouver de tous côtés ce qui lui convient. » J’aime beaucoup cette déclaration, dont je me sens solidaire. Faites-vous animal, et vous comprendrez mieux la langue. Voilà ce qu’il faudrait à chaque humain, pour contrecarrer la tendance à blablater à côté. Voltaire est un animal impressionnant, lui aussi.
Philippe Sollers, L'infini n°130 Hiver 2015
14:48 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : joseph de maistre
Tout le monde !
Tout le monde est d'accord pour critiquer la pensée unique !
Gustave Parking
13:50 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gustave parking
lundi, 24 août 2015
sans le vrai deux, il n’y a pas de vrai trois
" Je crois que la Chine peut amener quelque chose à l’Occident avec son intuition ternaire. L’Occident a privilégié la logique duelle, ce qui constitue sa grandeur. Cette séparation du sujet et de l’objet fut sa démarche originale. Cela étant, maintenant qu’on a conquis la matière et le monde entier, il est peut-être temps de valoriser la dimension ternaire. La Chine n’a peut-être pas assez privilégié le deux, qui représente le droit, le respect de l’autre, la démocratie et la liberté. Or sans le vrai deux, il n’y a pas de vrai trois."
François Cheng
13:53 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 22 août 2015
Imagination
Special dedicace pour le Ray's Day
"Mon imagination, qui était mon seul organe pour jouir de la beauté." : Marcel Proust
Santa Maria della Pietà, Rocca Calascio (Abruzzi)
03:24 Publié dans Grands textes, illuminations | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : imagination, marcel proust
jeudi, 20 août 2015
Mémoires
« J’ai observé que la plupart de ceux qui ont laissé des Mémoires ne nous ont bien montré leurs mauvaises actions ou leurs penchants que quand, par hasard, ils les ont pris pour des prouesses ou de bons instincts, ce qui est arrivé quelquefois. » : Alexis de Tocqueville.
12:06 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexis de tocqueville
mercredi, 19 août 2015
Dico de bord
"Ma méthode sera très simple. Je dirai ce que j'ai aimé; et tout le reste, à cette lumière, se montrera et se fera bien suffisamment comprendre."
Guy Debord, Panégyrique, exergue de "Dico de bord", à paraître.
Lisbonne, été 1993
21:50 Publié dans Dico de bord | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dico de bord, lisbonne
Alchimie du verbe
"À moi. L'histoire d'une de mes folies.
Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.
J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.
Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.
J'inventai la couleur des voyelles ! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. - Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.
Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges"
Arthur Rimbaud Alchimie du verbe.
12:54 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arthur rimbaud
mardi, 18 août 2015
Un autre corps
A la longue, la main qui écrit vient d'un autre corps qui enveloppe et comprend le corps, ses déplacements, sa flexibilité, ses respirations, ses courbures, ses oublis, ses ondes, sa buée d'ondes. La durée, comme un orage, est mise à distance.
Philippe Sollers, Le secret
04:33 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
ils vont être contraints de l'aimer
"Chacun est le fils de ses œuvres, et comme la passivité fait son lit, elle se couche. Le plus grand résultat de la décomposition catastrophique de la société de classes, c'est que, pour la première fois dans l'histoire, le vieux problème de savoir si les hommes, dans leur masse, aiment réellement la liberté, se trouve dépassé: car maintenant ils vont être contraints de l'aimer."
Guy Debord, Préface à la quatrième édition italienne de " La Société du Spectacle "
Photo de Lionel André, la forêt des Carroz, mars 2009
04:31 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberté, guy debord, lionel andré
lundi, 17 août 2015
le vrai est un moment du faux
"Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux."
Guy Debord
Jacques Villeglé
05:57 Publié dans illuminations, Politique, Société du spectacle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guy debord, jacques villeglé
il n’y a pas de vie tranquille, pour personne
"Les corps engourdis commençaient à s’ébrouer, au ralenti. Une aube semblable à tous les matins du monde. Pour la plupart c’était la fin des vacances, d’autres partaient en voyage, hors temps scolaires. Lui n’appartenait à aucun de ces univers balisés. Si les gens savaient, se dit-il. Il les regardait avec tendresse se déplacer maladroitement dans la carlingue. Sans doute vaut-il mieux ne pas savoir. Il rêva un instant d’une petite vie tranquille, d’ « expat » comme on les appelle, puis il se dit, bien sûr que non, il n’y a pas de vie tranquille, pour personne."
Extrait de "Rien compris au rock and roll", Raymond Alcovère, 2011, Clairdeplume34editions
Photo de Sam Pujol Greif
04:15 Publié dans Rien compris au rock and roll | Lien permanent | Commentaires (0)