mercredi, 06 mars 2019
Le grand pow-wow de la lumière
La neige vint cet hiver-là, en brouillard qui apaise les contours. La mer était grise, grise et blanche. Des nuées de mouettes voletaient en rangs serrés au-dessus de l’eau. Quelques pas derrière, les flamants, suspendus, jetaient des taches roses sur le vert des étangs. Je marchais de longues heures jusqu’à la cathédrale de Maguelone. Les étangs offraient leur placidité sauvage, le silence retenu de ce qu’était le rivage autrefois, maintenant oublié, à peine ridé par le vent du Nord. Puis arrivait un soleil éclatant, avec les passants, incongrus, lointains dans ce décor de couleurs. Le grand pow-wow de la lumière.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", 2009, éditions Lucie
Photo : Ni Houzel Belliappa
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vendredi, 07 août 2015
Le grand pow-wow de la lumière
La neige vint cet hiver-là, en brouillard qui apaise les contours. La mer était grise, grise et blanche. Des nuées de mouettes voletaient en rangs serrés au dessus de l’eau. Quelques pas derrière, les flamants, suspendus, jetaient des taches roses sur le vert des étangs. Je marchais de longues heures jusqu’à la cathédrale de Maguelone. Les étangs offraient leur placidité sauvage, le silence retenu de ce qu’était le rivage autrefois, maintenant oublié, à peine ridé par le vent du Nord. Puis arrivait un soleil éclatant, avec les passants, incongrus, lointains dans ce décor de couleurs. Le grand pow-wow de la lumière.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", 2009, éditions Lucie
Photo : Ni Houzel Belliappa
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samedi, 14 mars 2015
Dico de bord (extrait 21)
#Dicodebord extrait 21
Incipit
« Les commencements ont des charmes inexprimables. » : Molière. Autre amateur, Joseph Joubert : « Les commencements sont ordinairement plus beaux que les développements. » Wan Yu, qui vécut en Chine au troisième siècle, est plus explicite : « Deux moments cruciaux dans l’exécution : le commencement et la fin. Le commencement doit être à l’image d’un cavalier au galop ; celui-ci éprouve la sensation de pouvoir à tout moment freiner le cheval sans l’arrêter tout à fait. La fin, elle, doit ressembler à une mer qui reçoit tous les cours d’eau qui se déversent en elle ; celle-ci donne l’impression de pouvoir tout contenir, tout en étant menacée de débordement. » Ces phrases qui vous empoignent pour ne plus vous faire lâcher le livre sont fascinantes ; certaines sont devenues des expressions adverbiales, parfois des lieux communs. Elles ont un supplément d’âme : « Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature; et cet homme ce sera moi. » : Rousseau, Les Confessions. « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. » : Aden Arabie, Paul Nizan « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France... Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison.» Charles de Gaulle, Mémoires de guerre. « Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon.» : Anna Karénine, Léon Tolstoï. « Je hais les voyages et les explorateurs. » : Tristes Tropiques, Claude Levi-Strauss. « Aujourd’hui, Maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » : L'Étranger, Albert Camus. « Longtemps je me suis couché de bonne heure. » : Du côté de chez Swann, Marcel Proust. « La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide.» : Aurélien, Louis Aragon. Quant à celui-ci, il est magique par la sonorité, le parfait équilibre ternaire, et signé Gustave Flaubert dans Salammbô : « C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. »
(Raymond Alcovère : ce livre de bord, construit sous la forme d’un abécédaire, fait le tour de tout ce qui me tient à cœur, m’a construit : noms communs, mais aussi lieux, femmes et hommes célèbres, écrivains, peintres, musiciens. Les « définitions », nourries de nombreuses citations, ont des dimensions très variables : entre une ligne et trois pages)
Photo de Ni Houzel Belliappa
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mercredi, 28 janvier 2015
Alphabets
Le monde abonde en alphabets hors d'usage, dont le code est perdu.
Roger Caillois
Photo : Ni Houzel Belliapa
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