samedi, 14 mars 2015
Dico de bord (extrait 21)
#Dicodebord extrait 21
Incipit
« Les commencements ont des charmes inexprimables. » : Molière. Autre amateur, Joseph Joubert : « Les commencements sont ordinairement plus beaux que les développements. » Wan Yu, qui vécut en Chine au troisième siècle, est plus explicite : « Deux moments cruciaux dans l’exécution : le commencement et la fin. Le commencement doit être à l’image d’un cavalier au galop ; celui-ci éprouve la sensation de pouvoir à tout moment freiner le cheval sans l’arrêter tout à fait. La fin, elle, doit ressembler à une mer qui reçoit tous les cours d’eau qui se déversent en elle ; celle-ci donne l’impression de pouvoir tout contenir, tout en étant menacée de débordement. » Ces phrases qui vous empoignent pour ne plus vous faire lâcher le livre sont fascinantes ; certaines sont devenues des expressions adverbiales, parfois des lieux communs. Elles ont un supplément d’âme : « Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature; et cet homme ce sera moi. » : Rousseau, Les Confessions. « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. » : Aden Arabie, Paul Nizan « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France... Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison.» Charles de Gaulle, Mémoires de guerre. « Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon.» : Anna Karénine, Léon Tolstoï. « Je hais les voyages et les explorateurs. » : Tristes Tropiques, Claude Levi-Strauss. « Aujourd’hui, Maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » : L'Étranger, Albert Camus. « Longtemps je me suis couché de bonne heure. » : Du côté de chez Swann, Marcel Proust. « La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide.» : Aurélien, Louis Aragon. Quant à celui-ci, il est magique par la sonorité, le parfait équilibre ternaire, et signé Gustave Flaubert dans Salammbô : « C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. »
(Raymond Alcovère : ce livre de bord, construit sous la forme d’un abécédaire, fait le tour de tout ce qui me tient à cœur, m’a construit : noms communs, mais aussi lieux, femmes et hommes célèbres, écrivains, peintres, musiciens. Les « définitions », nourries de nombreuses citations, ont des dimensions très variables : entre une ligne et trois pages)
Photo de Ni Houzel Belliappa
03:56 Publié dans Dico de bord, Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dico de bord, incipit, ni houzel belliapa