vendredi, 27 octobre 2006
Textes peu sérieux, de Max Laire
Les rêves choisissent leur compagnie une gomme à la main
J’ai tellement de rêves que parfois j’ai la sensation de vivre en dormant
Ne donnez des conseils éclairés que le soir
Max Laire,
Roy Lichtenstein, Spray
Lisez d'autres perles de cet auteur, ici sur le blog de la revue Casse, qui l'a publié
18:30 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, art, casse, Max Laire, Lichtenstein
jeudi, 26 octobre 2006
Si écrire ne pouvait pas me servir à aimer, autant tout arrêter
Je n'étais pas faite pour abattre des cartes, je n'étais pas stratège, je n'étais pas séductrice, je n'y arrivais pas. Ou je ne disais rien ou j'étais trop directe. La seule chose qui me convenait c'était le poker, écrire, tout écrire, et faire lire, ça je savais le faire, tout jouer d'un coup. Miser tout sur un seul chiffre qui a peu de chances de sortir, mais s'il sort c'est mieux que tout. C'était le chiffre que j'avais choisi.
« Rendez-vous » de Christine Angot est un roman déroutant : vif, efficace, percutant. Dès les premières pages on est emporté. Son écriture ne ressemble à aucune autre, surtout, rarement on aura été aussi loin dans le regard au scalpel sur soi-même, dans le désir, le désir d'une vérité des choses. Sa quête est éperdue, elle déstabilise le lecteur, par moments on reste à l’extérieur, sur la défensive, puis on est bousculé, happé, l’émotion est là, la machine s’emballe: Si écrire ne pouvait pas me servir à aimer, autant tout arrêter. Elle va jusqu'au bout, la littérature et la vie, tout s'entrecroise, les époques, sa vie réelle. Le livre est circulaire, les personnages réapparaissent, au fur et à mesure le regard du lecteur se précise, s'affine. L'utilisation des temps est surprenante, celle de l'imparfait, à contretemps en apparence, mais qui questionne, transforme la lecture. Il y a de l’extrême, on est toujours à la limite de la folie, de l’inconcevable ici dans la relation amoureuse et le livre va toujours plus loin que ce qu’on avait imaginé : c’est sa force . On peut ne pas entrer dans cet univers, le refuser, mais une chose est sûre, il n’est pas ce qu’il semble être. Pas de stratégie d'évitement ici, de contournement, et pourtant (justement plus que jamais) on est dans la littérature, de celle qui bouscule, bouleverse, la seule vraie en quelque sorte.
Quand j’écris, je vois bien moi, la syntaxe n’a pas d’importance, les négations, les conditionnels, les conjonctions, ce n’est que des présentations pour masquer plus ou moins ce qu’on pense, les si, les bien que, pour amoindrir les mots, atténuer les valeurs. Ca ne change pas le contenu, le sens ni les images qui viennent avec. Il n’y a pas de conditions, pas de si dans la vérité.11:00 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, roman, Angot, critique
mercredi, 25 octobre 2006
Jusqu’à ce que jaillisse le plaisir
Chaleur humide, couchée nue sur le lit. Caresse des arums, délicats pétales blancs sur ma peau, aurores de plaisir. La pointe recourbée parcourt ma cheville, ma jambe, ma cuisse, coule sur mon ventre lisse où un léger duvet se réveille, titillé par cet effleurement, glisse dans la vallée magique, remonte jusqu’au mamelon, monticule soyeux, puis se pose sur mes lèvres. Main dans mes cheveux, puis sur tout le corps, rondeurs, velouté turgide, blondeur de l’épiderme, pianotement des doigts sur la peau. Usant de la tige ensuite, entre mes cuisses ouvertes, jusqu’à ce que jaillisse le plaisir.
17:55 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, art, arum, fugue baroque, naples
Comme des outils divinatoires
"La parole appelle, ne nomme pas. Le français le dit : nous ne nommons pas les choses, nous les appelons. Nous les appelons parce qu'elles ne sont pas là, parce que nous ne savons pas leur nom." "La pensée n'utilise pas les mots, ne cherche pas ses mots. Ce sont les mots qui cherchent, qui traquent la pensée. Nous nous dépouillons des mots en parlant. Celui qui parle, celui qui écrit, c'est un qui jette ses mots comme des outils divinatoires, comme des dés lancés."
Valère Novarina
Image : Jeff Koons
00:20 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, parole, Novarina, Jeff Koons, peinture, art
mardi, 24 octobre 2006
Les statistiques
Si l’on en croit les statistiques, on peut avancer que depuis l’irruption sur la terre de l’homme, ce mammifère intelligent, le nombre des naissances est à peu près équivalent à celui des décès parmi sa race. A noter toutefois un très léger excédent des naissances, dû probablement à leur antériorité sur les décès ; il aurait fallu en effet que l’agent recenseur comptabilise par anticipation les morts à intervenir pour ne pas fausser la balance.
Mais le lecteur aura rectifié de lui-même.
Jean-Jacques Nuel
10:05 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Littérature, Casse, Jean-Jacques Nuel, statistiques
Et délice d’aimer une pure exigence...
Ce n’est pas dans les géographies
Qu’il faut chercher cette île
Où nous avons vécu.
Délice de sentir celle
Qui jamais ne repose
Effacer sur le sable
Des mots jamais écrits.
Délice d’oublier
Des formes absentes
Et d’attendre un vent
Qui ne veut pas qu’on le nomme.
Et délice d’aimer
Une pure exigence.
Une île qui n’existe pas
Des plages qui s’évanouissent
Un estuaire
Et un cœur qui pourrait se taire.
Un silence
Qui s’enroule dans un coquillage
Au nom tarabiscoté
Et ce pronom
Qui marche de travers
Comme un crabe
Et qu’on écrase !
Bernard Lesfargues, extrait de "La plus close nuit", éditions Fédérop
00:35 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, poésie, Bernard Lesfargues
lundi, 23 octobre 2006
Borges toujours
Exposition "Dans la nébuleuse de Borges"
par El Colectivo à El Sur
du 23 octobre 2006 au 22 janvier 2007
El Sur
35 Bvd St Germain 75005 Paris
Tel: 01 43 25 58 28
13:27 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, littérature, Borges, exposition, Ricardo Mosner
L'automne fait les bruits froissés
L'automne fait les bruits froissés
De nos tumultueux baisers.
Dans l'eau tombent les feuilles sèches
Et sur ses yeux, les folles mèches.
Voici les pêches, les raisins,
J'aime mieux sa joue et ses seins.
Que me fait le soir triste et rouge,
Quand sa lèvre boudeuse bouge ?
Le vin qui coule des pressoirs
Est moins traître que ses yeux noirs.
Charles Cros
04:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, automne, Charles Cros
dimanche, 22 octobre 2006
Bernard Lesfargues
Ce soir le ciel est doré
comme un parchemin du seizième siècle
J'essaie de lire ce que les branches
écrivent minutieusement à l'encre noire
sur la splendeur d'un ouest illuminé.
Ce n'est pas facile à lire
ce sont lettres d'un alphabet inconnu.
Le ciel pâlit peu à peu.
Un ange claudiquant souffle la chandelle
et baisse le rideau. Alors
la loutre de la nuit caresse mes jambes,
la loutre qui danse dans la nuit des ruisseaux
jusqu'aux impuretés de l'aube.
Bernard Lesfargues, l'or du ciel, extrait de "La plus close nuit", éditions Fédérop
Poète, traducteur, critique littéraire et fondateur des éditions Fédérop, Bernard Lesfargues est né à Bergerac en 1924. Agrégé d’espagnol en 1954 et diplômé en sociologie américaine, il enseigne pendant 30 ans l’espagnol à Lyon, puis se retire dans son village d’Église-Neuve-d’Issac, en Dordogne, où il vit toujours.
Passionné par le monde hispano-américain et spécialiste du catalan, il est le traducteur en français des plus grands écrivains castillans et catalans du XXe siècle : Jorge Luis Borges, Julio Llamazares, Mario Vargas Llosa, Ramón Sender, Juan Goytisolo, Jesús Moncada, Quim Monzó, Mercè Rodoreda.
Bibliographie et extraits à lire ici
Avec beaucoup de constance
et un tas d'imperfections
j'écris
des poèmes, qui, peut-être,
après ma mort,
trouveront un lecteur.
J'aimerais que ce soit un homme jeune
et qu'en refermant le recueil
il dise : Bigre !
Ce Lesfargues.
Je suis certain
qu'il aurait pu être un bon poète.
06:29 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, poésie, lenga d'oc, bernard lesfargues
samedi, 21 octobre 2006
Est-ce le début ou la fin ?
Tombée de la nuit. Le vent a poussé les nuages vers le couchant. Crescendo de musique. Des camions, longs stylets gris, s’effilochent sur le ruban de l'horizon. La mer est là, proche, ses effluves, vitres ouvertes... J'accélère toujours, les souvenirs accourent, pluie drue, précipitation.
Ce rêve, une nuit qui n’en finit pas, ne se termine pas par une aurore vague, le grand réveil de la vie, matutinale, fébrile, industrieuse... Plutôt rouler, toujours plus vite, avec la musique, légère ou opaque, peu importe. Jauge près de zéro. Plus envie de m'arrêter. Au loin, comme une station orbitale, une station-service, tous feux allumés dans la nuit vide, ouverte. Est-ce le début ou la fin ?
Au lieu de ralentir, j'accélère encore, fonce dans sa direction. Les allées de voitures sont désertes, je vise les pompes à essence, ça va être un grand feu d'artifice, la féerie, enfin !
Raymond Alcovère, Extrait de "Fugue baroque", Roman, n & b éditions
12:35 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : fugue baroque, littérature, roman, autoroute
jeudi, 19 octobre 2006
Positano et les rochers des sirènes
Positano et les rochers des sirènes. C’est ici qu’elles vivaient. De n’avoir pu attirer par leurs chants Ulysse et ses compagnons, elles se sont jetées à la mer de désespoir. Leucosia aux bras blancs a échoué sur la plage de Paestum, Ligeia la mélodieuse en Calabre, Parthenope, celle qui est restée vierge, ici. Naples y trouve son origine.
Raymond Alcovère, Extrait de "Fugue baroque", Roman, n & b éditions
00:25 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, positano, fugue baroque, sirènes, naples
mercredi, 18 octobre 2006
Toute ma vie je me suis arraché le cœur à écrire : Jack Kerouac
On était dans les montagnes ; il y avait une merveille de soleil levant, des fraîcheurs mauves, des pentes rougeoyantes, l’émeraude des pâturages dans les vallées, la rosée et les changeants nuages d’or. (…) Bientôt ce fut l’obscurité, une obscurité de raisins, une obscurité pourprée sur les plantations de mandariniers et les champs de melons ; le soleil couleur de raisins écrasés, avec des balafres rouge bourgogne, les champs couleur de l’amour et des mystères hispaniques. Je passais ma tête par la fenêtre et aspirais à longs traits l’air embaumé. C’étaient les plus magnifiques de tous les instants. Rarement sans doute un livre a aussi bien “ collé ” à un génération, servi de révélateur à une époque. Sur la route, écrit en 1951 (publié en 1957) sera un phénomène. Il va incarner la “ Beat Generation ”, mouvement né de la rencontre en 1943-44 entre Jack Kerouac, Allan Ginsberg et William Burroughs, tous trois écrivains et poètes.
Beat au départ signifie vagabond, puis renvoie au rythme de l’écriture, proche de celle du jazz, et même à béatitude (Kerouac sera très influencé par sa rencontre avec Gary Snider qui l’initiera au bouddhisme et à la spiritualité, expérience qu’il racontera dans Les clochards célestes). Ainsi vont naître les beatniks. Une déferlante que Kerouac incarnera malgré lui et qui le dépassera. Mais c’est une autre histoire. Reste le livre. Et sa force, sa puissance, la sincérité qui s’en dégage. Ecrit en trois semaines, sur un unique rouleau de papier. On y croise des centaines de personnages, de lieux, poussés par une écriture rythmée, endiablée, frénétique. Une écriture comme un souffle, une pulsation, un battement, un “ beat ”. Je veux être considéré comme un poète de jazz soufflant un long blues au cours d’une jam-session un dimanche après-midi, écrira-t-il. Comme le souligne Yves Le Pellec, Kerouac est nettement plus préoccupé de rythme, de relief, d’intensité que de pensée. (…) Son texte laisse toujours une large place au hasard et à l’arbitraire. En effet, son écriture est physique. Il mouillait sa chemise, au sens propre du terme. Comme un musicien se sert de son corps, il utilisait les mots comme des notes.
Avant tout, Sur la route, c’est le portrait d’un personnage invraisemblable et pourtant bien réel, Neal Cassidy (Dean ” dans le roman), qui fut l’ami et l’inspirateur de Kerouac “ : Un gars de la race solaire, tel était Dean. Ma tante avait beau me mettre en garde contre les histoires que j’aurais avec lui, j’allais entendre l’appel d’une vie neuve, voir un horizon neuf, me fier à tout ça en pleine jeunesse ; et si je devais avoir quelques ennuis, si même Dean devait ne plus vouloir de moi comme copain et me laisser tomber, comme il le ferait plus tard, crevant de faim sur un trottoir ou sur un lit d’hôpital, qu’est-ce que cela pouvait me foutre ? … Quelque part sur le chemin je savais qu’il y aurait des filles, des visions, tout, quoi ; quelque part sur le chemin on me tendrait la perle rare.
En pleine période du maccarthysme, d’Einsenhower, une autre Amérique se dessine : Un soir de lilas, je marchais, souffrant de tous mes muscles, parmi les lumières de la Vingt-septième Rue et de la Welton, dans le quartier noir de Denver, souhaitant être un nègre, avec le sentiment que ce qu’il y avait de mieux dans le monde blanc ne m’offrait pas assez d’extase, ni assez de vie, de joie, de frénésie, de ténèbres, de musique, pas assez de nuit. Je m’arrêtais devant une petite baraque où un homme vendait des poivrons tout chauds dans des cornets de papier ; j’en achetai et tout en mangeant, je flânai dans les rues obscures et mystérieuses. J’avais envie d’être un mexicain de Denver, ou même un pauvre Jap accablé de boulot, n’importe quoi sauf ce que j’étais si lugubrement, un “ homme blanc ” désabusé.
Une Amérique dont les lieux mythiques sont le Mississipi : Une argile délavée dans la nuit pluvieuse, le bruit mat d’écroulements le long des berges inclinées du Missouri, un être qui se dissout, la chevauchée du Mascaret remontant le lit du fleuve éternel, de brunes écumes, un être naviguant sans fin par les vallons les forêts et les digues et San Francisco bien sûr : Soudain, parvenus au sommet d’une crête, on vit se déployer devant nous la fabuleuse ville blanche de San Francisco, sur ces onze collines mystiques et le Pacifique bleu, et au-delà son mur de brouillard comme au-dessus de champs de pommes de terre qui s’avançait, et la fumée et l’or répandu sur cette fin d’après-midi.
Cette Amérique-là ne peut trouver son point d’orgue qu’au Mexique, la terre promise : Derrière nous s’étalait toute l’Amérique et tout ce que Dean et moi avions auparavant appris de la vie, et de la vie sur la route. Nous avions enfin trouvé la terre magique au bout de la route et jamais nous n’avions imaginé le pouvoir de cette magie. Un peu plus loin : Chacun ici est en paix, chacun te regarde avec des yeux bruns si francs et ils ne disent mot, ils regardent juste, et dans ce regard toutes les qualités humaines sont tamisées et assourdies et toujours présentes. Même si la frustration, le désespoir ne sont jamais absents, un sentiment de jubilation, de frénésie traverse tout le livre. Tout semble toujours possible, et cette route qui défile et ne s’arrête jamais (à l’image de ce rouleau de papier lui aussi ininterrompu), c’est le grand courant de la vie qui la traverse de part en part.
Le plus étonnant dans tout ça, c’est que tout est vrai, rien n’est inventé. Kerouac a bourlingué (comme Cendrars), observé et il a une mémoire extraordinaire. Yves Le Pellec le résume bien, Kerouac est un prodigieux badaud, il est obsédé de la totalité, il voudrait tout faire entrer dans ses phrases tentaculaires, entêtées : Il a expliqué lui-même sa technique : Ne pars pas d’une idée préconçue de ce qu’il y a à dire sur l’image mais du joyau au cœur de l’intérêt pour le sujet de l’image au moment d’écrire et écris vers l’extérieur en nageant dans la mer du langage jusqu’au relâchement et à l’épuisement périphérique. Kerouac est avant tout un écrivain. Avant son succès foudroyant il venait d’écrire 12 livres en 7 ans (1950-1957), sans répit, sans aide, sans confort, sans argent et sans reconnaissance. Aussi il vivra mal le succès, le vedettariat qui va l’assaillir d’un coup. Il sombrera dans l’alcool, la paranoïa. Toute ma vie, écrira-t-il en 1957 dans un bref résumé autobiographique à la demande d’un éditeur, je me suis arraché le cœur à écrire.
Sur la route, Les clochards célestes ainsi que la plupart des romans de Jack Kerouac sont disponibles en Folio Gallimard.
On pourra consulter aussi : Jack Kerouac. Le verbe vagabond. Yves Le Pellec. Belin, collections voix américaines. L’ange déchu, vie de Jack Kerouac illustrée, Steve Turner, aux éditions Mille et une nuits
(Article paru dans la revue "Sol'Air" n° 23, janvier 2003
09:35 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, Kerouac, beat generation
lundi, 16 octobre 2006
Chroniques d'une élection (2)
03:20 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politiques, présidentielles 2007, littérature, Jacques Sternberg
samedi, 14 octobre 2006
Chroniques d'une élection (1)
Jean-Hugues Oppel revient avec ce roman sur l'élection présidentielle de 2002 ; sa version des événements mérite le détour. Un an avant l'élection, des études précises montrent que, au deuxième tour, Chirac est battu par Jospin. Le président en exercice sera alors entre les mains de la justice : incacceptable pour lui. Seule solution, éliminer Jospin au premier tour, pour amener Chirac à une victoire facile contre Le Pen au deuxième. Pour ça des équipes se mettent en place, et vont travailler pendant un an le thème de l'insécurité dans l'opinion (presse, radio et télé) pour en faire le thème majeur de la campagne. Pour appuyer encore le dispositif, un spécialiste manipulera un pauvre type qui fera un massacre, un mois avant l'élection, en plein conseil municipal en région parisienne. On se souvient que, arrêté par la police, laissé sans surveillance et sans menottes dans une pièce à la fenêtre ouverte, le lendemain, au 36 quai des Orfèvres, il se suicida fort opportunément ! Alors un roman ?
12:45 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politiques, présidentielles 2007, littérature, polar, Oppel
La mer de Marmara
Le navire s’élance sur la mer de Marmara, perlée de lumières. La nuit tombe, enfin le silence. Un vent puissant, roboratif, soulève l’écume. Il est heureux dans cette solitude étoilée. Devant ses yeux elle danse toujours.
Les reflets de la lune courent sur le glacis des vagues. Il imagine les criques brûlées de soleil, l’odeur des pins, des cyprès, des crépuscules amarante et puis l’histoire, puissante, majestueuse, inscrite dans les paysages. Mais ces sensations le laissent de marbre aujourd’hui. Il retourne près d’elle.
Extrait du roman : Le sourire de Cézanne, à paraître, mai 2007, éditions n & b
02:15 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Marmara, le sourire de Cézanne, photo
vendredi, 13 octobre 2006
Ce qui est plus intéressant que le péché
« Le péché est une invention. Ce qui est plus intéressant que le péché, c’est ce qui effraie tout le monde : c’est l’innocence. »
Entretien 5 :
Extrait de L’Evangile de Nietzsche, Philippe Sollers, le Cherche midi (vient de sortir)
20:06 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, Sollers, Nietzsche
jeudi, 12 octobre 2006
Pourquoi ces portes n’ouvrent sur rien
Elle commence d’aimer Montpellier, la ville étrangère, le jour où ils sont allés jusqu’à la mer proche. Immense plage sablonneuse, courbes des dunes, tons de gris incendiés le soir, douceur des lignes et humidité de l’atmosphère. Gaétan est parti se baigner, seul dans l’eau grise et la brume du couchant. Léonore, les pieds dans le sable, joue avec les galets. Il revient, se sèche vigoureusement, dans un ciel pâle, aux contours pistache. Elle le regarde : “ Gaétan, je vais rentrer à Aix ”. Le ciel se couvre, en grosses masses spongieuses, absurdes, menaçantes. Gaétan ne comprend pas, pourquoi ils sont là tous les deux, si bien ensemble et puis un abîme s’ouvre, pourquoi ces portes n’ouvrent sur rien ?
Extrait du roman "Le sourire de Cézanne", à paraître mai 2007, N & B éditions
Photo : Michèle Fuxa
15:09 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photo, littérature, Le sourire de Cézanne, Michèle Fuxa
La vérité sur Moby Dick
Le corps à corps entre le capitaine et le cachalot est un affrontement de mâles. « Et dans l’ensemble du texte, les métaphores masculines l’emportent. L’homosexualité est un thème récurrent chez Melville, par des voies détournées bien entendu » observe le traducteur. Il est vrai que dès le titre… En argot, « Dick » désigne le membre viril. « Trique » est son meilleur équivalent. L’écrivain ne l’a pas choisi au hasard. D’autant qu’en anglais, le lexique marin est généralement féminin.
08:10 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Melville, Moby Dick, littérature
mercredi, 11 octobre 2006
Plaisirs des Lumières
Week-end Vauvenargues/Voltaire Au Château de la Roche-Guyon
Infos ici
12:01 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Art, Siècle des lumières, La Roche-Guyon, Voltaire, Ironie
mardi, 10 octobre 2006
Les choses esquelles il y a de la perfection
On peut passer des dizaines de fois devant un tableau de Poussin et ne rien voir. A son ami Chantelou : Les choses esquelles il y a de la perfection ne se doivent pas voir à la hâte, mais avec temps, jugement et intelligence. Il faut user des mêmes moyens à les bien juger comme à les bien faire. L’émotion tisse son œuvre. L’espace est baigné d’une douce lumière, transfiguré, présence de la volupté, mais aussi de la volonté farouche des hommes, touches graciles de vert dans le jade du ciel. Une perfection qu’on devinait confusément est là, manifeste, sur la toile. Lumière romaine, tour à tour triomphante et souple, sensualité des corps, justes, voluptueux, jamais idéalisés, tout précise l’harmonie, la justesse, l’éternel retour...
Extrait du roman : Le sourire de Cézanne, à paraître mai 2007, N & B éditions.
09:12 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, art, Poussin, Le sourire de Cézanne