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vendredi, 06 octobre 2006

L'infini à la portée des caniches ?

Parution du Dictionnaire Céline de Philippe Alméras

A lire la chronique de JLK ici

jeudi, 05 octobre 2006

Je les aime beaucoup

« Ma mère me mit au monde à Venise, le 2 avril, jour de Pâques, de l’an 1725. Elle eut la veille une forte envie d’écrevisses. Je les aime beaucoup. »

Casanova

Force et faiblesse

Sur la notion de force et de faiblesse, à lire cet extrait du Journal sur le web de Alina Reyes : medium_Bacon_1984.jpg« Pour le dire plus précisément, notre faute est de ne savoir écrire sans adopter une posture. De ne savoir chercher notre force qu’en faisant usage de la force, alors que c’est dans la faiblesse reconnue que se trouve toute force transcendante. Kafka a la force du faible, Shakespeare ou Dostoïevski ou Faulkner aussi, qui se retirent d’eux-mêmes pour faire don de toute leur humanité à leurs personnages, Montaigne aussi qui s’autopsie comme on s’offre en précis et tendre holocauste, ou encore Céline ou Sade qui se livrent à la haine et à l’abîme en bourreaux expiatoires de l’infinie mauvaiseté humaine… Ceux-là comme tous les grands poètes sont des humbles, dussent-ils afficher l’orgueil démesuré d’un Nietzsche, qui ne nous parlerait pas s’il n’était en réalité la marque d’une extrême compassion, celle, en définitive, d’un « Crucifié », ainsi qu’en l’ultime moment il (se) signa. Ayant fait le chemin jusqu’au tombeau de soi-même, ce n’est pas seulement du chemin et du tombeau que l’on pourra témoigner, c’est aussi de la résurrection. La vie d’un artiste est faite de mille morts et de mille résurrections, mais il ne saurait atteindre la vie éternelle s’il ne savait se laisser piétiner, y compris et d’abord par lui-même. (Où il ne faut évidemment voir aucun masochisme, mais au contraire la joie et l’orgueil « transhumains » de l’Ubermensch nietzschéen, ou du trasumanar du voyageur dantesque). »

Ce point de vue me semble parfaitement illustré par l'oeuvre du peintre Francis Bacon : Photo de Francis Bacon à 75 ans, prise par le photographe John Edwards en 1984 : lire ici l'extrait des "Passions de Francis Bacon" par Philippe Sollers dont elle est tirée.

mercredi, 04 octobre 2006

Voie mystérieuse

medium_Gildas1.jpg« Tombent les fleurs, coule l’eau, voie mystérieuse. »

Li Bai (702-762)

Cité par Philippe sollers dans son prochain livre : Fleurs, lire ici

Photographie : Gildas Pasquet

Selon sa nature, l'odeur dilate ou rétrécit l'espace.

Les gestes à eux seuls forment une treille dont la terre a besoin. Chaque coupeur choisit une rangée et le travail commence. Les feuilles des sarments sont imprégnées des odeurs de la nuit. Selon sa nature, l'odeur dilate ou rétrécit l'espace.

Roch-Gérard Salager, De voix, de silence et d'eau. La Dragonne, 2003

Voir aussi cet article

Ici le site Cardabelle, photos de Georges Souche et Sylvie Berger

Rien de plus apaisant que les fresques de Piero della Francesca

medium_flagellation.2.jpgRien de plus apaisant que les fresques de Piero della Francesca. Comme Cézanne il a poursuivi un chemin solitaire, sans chercher la gloire ni la protection d’hommes influents, préférant la poursuite de l’œuvre aux intrigues du monde. Reste la plénitude, un sentiment d’éternité, l’ensorcellement. Personne n’a imprimé à ses personnages autant de grâce, de sérénité sur les visages, jamais on n’a pu lire une telle absence d’anxiété jusque dans les scènes de violence, de guerre.

Extrait du roman : Le sourire de Cézanne, à paraître

Piero della Francesca, La flagellation

 

mardi, 03 octobre 2006

Si le monde signifie quelque chose, c’est qu’il ne signifie rien - sauf qu’il est

« Je suis maintenant un vieil homme, et, comme beaucoup d’habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été assez mouvementée : j’ai été témoin d’une révolution, j’ai fait la guerre dans des conditions particulièrement meurtrières (j’appartenais à l’un de ces régiments que les états-majors sacrifient froidement à l’avance et dont, en huit jours, il n’est pratiquement rien resté), j’ai été fait prisonnier, j’ai connu la faim, le travail physique jusqu’à l’épuisement, je me suis évadé, j’ai été gravement malade, plusieurs fois au bord de la mort, violente ou naturelle, j’ai côtoyé les gens les plus divers, aussi bien des prêtres que des incendiaires d’églises, de paisibles bourgeois que des anarchistes, des philosophes que des illettrés, j’ai partagé mon pain avec des truands, enfin j’ai voyagé un peu partout dans le monde... et cependant, je n’ai jamais encore, à 72 ans, découvert aucun sens à tout cela, si ce n’est, comme l’a dit, je crois, Barthes, après Shakespeare, que « si le monde signifie quelque chose, c’est qu’il ne signifie rien - sauf qu’il est ». »

Claude Simon, discours de Stockholm, extrait de "Pourquoi j'aime Claude Simon", article de Philippe Sollers à lire ici

Les claires-voies de la toiture

medium_lUedrjj5yTGTUYBpghjtqPquZc.jpgJe me jetais sur les livres comme s'il devaient nécessairement me livrer la clef de moi-même. Et la serrure avec. Lisant à bride abattue. Dans le métro. Dans la rue. Au bistrot. Dans mon lit. Sur les bancs des squares, au milieu des pigeons et des cris d'enfants, les soirs d'été ou le dimanche après-midi. Et jusque dans les chiottes des usines qui m'employaient, culottes baissées, accroupi au-dessus du trou, une branche nouvelle de marronnier en bourgeons ventrus se balançant au-dessus de ma tête sur le ciel blanc bleuté qui tapissait les claires-voies de la toiture.

Louis Calaferte – Septentrion – 1963

Sculpture de Giacometti


Librairie Terre des Livres, à Lyon

Mercredi 4 octobre, 18 h 30

Rencontre-débat avec Philippe Corcuff

(Maître de conférences de science politique à l’IEP de Lyon, membre du Conseil Scientifique d’ATTAC, co-animateur de l’Université Populaire de Lyon)

 

Le temps présent peut-il se passer des Lumières comme expérience de la pensée critique et comme esprit politique ? Après les critiques des Lumières au cours du XXème siècle, comment réinventer une place pour cette tradition intellectuelle et politique, pourquoi ? Le dossier du n°17 de ContreTemps (éditions Textuel, septembre 2006), intitulé «Lumières, actualité d’un esprit», pose donc le problème de l’actualité des Lumières en notre époque brouillée. Mais pas l’actualité de n’importe quelles Lumières, mais de Lumières radicales pour lesquelles les ordres sociaux existants ne sont pas indépassables, pour lesquelles changer le monde demeure une tâche à reprendre infiniment et de manière urgente. Philippe Corcuff a coordonné ce dossier avec l’historienne de la Révolution française Sophie Wanich.

la librairie Terre des livres

86, rue de Marseille 69007 Lyon
tel & fax : 04 78 72 84 22
Par courrier électronique : terre.des.livres@free.fr

La librairie vous propose une sélection d'ouvrages de Littérature, jeunesse, BD
& Sciences humaines, ainsi que des CD et des cartes postales.

Elle comprend un important fonds spécialisé sur le monde arabe et l'Afrique,
des livres en langues arabe, anglaise, espagnole, portugaise, italienne, allemande, etc.

Enfin, elle vous propose, dans tous domaines, un grand nombre de LIVRES d'OCCASION.

lundi, 02 octobre 2006

Passage du mortel

medium_Email0362.2.jpgEnfin le temps passe décousant les troènes

L'automne s'en revient coiffé de pailles

Des dogres somnolent sur l'eau rousse

Eclatent les rires poudrés des laniers

et les fiacres sont à la peine dans les chemins herbeux

Enfin le temps passe

Nous sommes alors nombre d'or

Il n'est plus possible de tricher sans se regarder

Jean Azarel, Extrait de "Passage du mortel", texte original 1977, réécriture 2005

Tableau : Frédérique Azaïs, petit format, 2006

dimanche, 01 octobre 2006

Une bonne phrase de prose doit être comme un bon vers

« Quelle chienne de chose que la prose ! Ça n'est jamais fini ; il y a toujours à refaire. Je crois pourtant qu'on peut lui donner la consistance du vers. Une bonne phrase de prose doit être comme un bon vers, inchangeable, aussi rythmée, aussi sonore. Voilà du moins mon ambition (il y a une chose dont je suis sûr, c'est que personne n'a jamais eu en tête un type de prose plus parfait que moi ; mais quant à l'exécution, que de faiblesses, que de faiblesses, mon Dieu !).

Flaubert, A Louise Colet. 22 juillet 1852.

C'est une délicieuse chose que d'écrire !

« J'ai un casque de fer sur le crâne. Depuis 2 heures de l'après-midi (sauf 25 minutes à peu près pour dîner), j'écris de la Bovary. Je suis à leur Baisade, en plein, au milieu. On sue et on a la gorge serrée. Voilà une des rares journées de ma vie que j'ai passée dans l'Illusion, complètement, et depuis un bout jusqu'à l'autre. Tantôt, à six heures, au moment où j'écrivais le mot attaque de nerfs, j'étais si emporté, je gueulais si fort, et sentais si profondément ce que ma petite femme éprouvait, que j'ai eu peur moi-même d'en avoir une. (...) N'importe, bien ou mal, c'est une délicieuse chose que d'écrire ! que de ne plus être soi, mais de circuler dans toute la création dont on parle. Aujourd'hui, par exemple, homme et femme tout ensemble, amant et maîtresse à la fois, je me suis promené à cheval dans une forêt, par un après-midi d'automne, sous des feuilles jaunes, et j'étais les chevaux, les feuilles, le vent, les paroles qu'ils se disaient et le soleil rouge qui faisait s'entre-fermer leurs paupières noyées d'amour. »

Gustave Flaubert

A Louise Colet. 23 décembre 1853.

Il y a 150 ans, jour pour jour...

medium_photo_2031_20for_20photo_20page.jpgDébutait dans la presse la parution de Madame Bovary, peut-être le seul roman de toute la littérature absolument parfait...

"...comme si la plénitude de l'âme ne débordait pas quelquefois par les métaphores les plus vides, puisque personne, jamais, ne peut donner l'exacte mesure de ses besoins, ni de ses conceptions, ni de ses douleurs, et que la parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. "

deuxième partie, Chapitre 12

Photo : Madame Bovary, ballet, 1996, Indiana University

samedi, 30 septembre 2006

Quel plaisir

"Quel plaisir de pleuvoir, dit-il avant de s'évanouir"

Musicien masque de mots

17:54 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

Chaud le vin noir !

Ambiance chaude et sensuelle au VIN NOIR ce midi, Nathalie Yot y a lu ses poèmes érotiques...
Je rappelle que Jackie a donné son nom à sa boutique à cause du Texte de Pierre Autin-Grenier : "Le vin noir" paru dans  la revue "L'instant du monde" n° 6 ; le voici :
"Âge tendre, femmes faciles et bonbons acidulés, toute une jeunesse, nez en l’air et mains aux poches, très vite s’envole qui nous est dérobée par le travail aux pièces, le capital et sa sordide industrie, les guerres de cent ans aussi. Le temps de l’adolescence à l’adultère et déjà nous voici en salopette courant dans les brouillards matinaux vers des pointeuses anonymes; le cœur serré, trop tôt souillé par la suie des usines.
Elles ont fait long feu les fracassantes utopies de nos vingt ans qui devaient nous conduire, flamberge au vent, aux rivages de nouvelles Ethiopies. Quelqu’un, un jour d’été, a brisé une bouteille au flanc du navire, l’espoir un instant a pétillé dans nos yeux et sans nous le navire s’en est allé. Depuis, des manigances de voyou ont meublé nos rêves, on a chiné des bribes de souvenirs aux brocantes de l’aube; mais tout en vain et, telle l’eau s’écoule, s’est enfuie l’inutile éternité.
Quand même il en faudrait parfois bien peu pour qu’on se laisse distraire une seconde du quotidien, que nous enflamme alors à nouveau le souffle de la révolte. Un verre de vin noir certains soirs y suffirait.
"
Pierre Autin-Grenier
Le Vin noir, c'est aussi, en ce moment :
  • Le retour des Mathilles, du domaine Faurmarie
  • Du Tradition de Lavabre
  • A prévoir dans les nouveautés :
  • Le Domaine Archimbaut à St saturnin
  • Un terrible Corbières de Cucugnan
  • Un vrai Madiran d’hiver
  • Et quelques surprises…   
LE VIN NOIR, 3 BD RENOUVIER,  MONTPELLIER

A quel excès se porte le zèle de la religion dans les dames!

medium_picasso.3.jpgIl s'adressa ensuite à un homme qui venait de parler tout seul une heure de suite sur la charité dans une grande assemblée. Cet orateur, le regardant de travers, lui dit: «Que venez-vous faire ici? y êtes-vous pour la bonne cause? - Il n'y a point d'effet sans cause, répondit modestement Candide; tout est enchaîné nécessairement, et arrangé pour le mieux. Il a fallu que je fusse chassé d'auprès de mademoiselle Cunégonde, que j'aie passé par les baguettes, et il faut que je demande mon pain, jusqu'à ce que je puisse en gagner; tout cela ne pouvait être autrement. - Mon ami, lui dit l'orateur, croyez-vous que le pape soit l'Antéchrist? - je ne l'avais pas encore entendu dire, répondit Candide; mais, qu'il le soit ou qu'il ne le soit pas, je manque de pain. - Tu ne mérites pas d'en manger, dit l'autre; va, coquin; va, misérable, ne m'approche de ta vie.» La femme de l'orateur ayant mis la tête à la fenêtre, et avisant un homme qui doutait que le pape fût antéchrist, lui répandit sur le chef un plein . . . O ciel! à quel excès se porte le zèle de la religion dans les dames!

Voltaire, Candide
Picasso, Les Demoiselles d'Avignon

vendredi, 29 septembre 2006

Le pays est peu fréquenté par les voyageurs

Comme il n'y a pas sur ces heureux bords de grandes routes commodes pour les voitures, le pays est peu fréquenté par les voyageurs, mais il est intéressant pour des contemplatifs solitaires qui aiment à s'enivrer à loisir des charmes de la nature, et à se recueillir dans un silence que ne trouble aucun autre bruit que le cri des aigles, le ramage entrecoupé de quelques oiseaux, et le roulement des torrents qui tombent de la montagne !

Rousseau, cinquième promenade

Picasso, medium_picasso.2.jpg1932, Le rêve, Collection privée, New York

Jouir

« Voltaire me fait jouir »

Céline

Sans plus m'occuper de l'avenir

Dès ma jeunesse j'avais fixé cette époque de quarante ans comme le terme de mes efforts pour parvenir et celui de mes prétentions en tout genre. Bien résolu, dès cet âge atteint et dans quelque situation que je sois, de ne plus me débattre pour en sortir et de passer le reste de mes jours à vivre au jour le jour sans plus m'occuper de l'avenir.

J.J. Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, troisième promenade

Pour me faire sentir avec plaisir mon existence sans prendre la peine de penser

medium_Email0354.jpgQuand le soir approchait je descendais des cimes de l'île et j'allais volontiers m'asseoir au bord du lac sur la grève dans quelque asile caché ; là le bruit des vagues et l'agitation de l'eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m'en fusse aperçu. Le flux et reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence sans prendre la peine de penser. De temps à autre naissait quelque faible et courte réflexion sur l'instabilité des choses de ce monde dont la surface des eaux m'offrait l'image : mais bientôt ces impressions légères s'effaçaient dans l'uniformité du mouvement continu qui me berçait, et qui sans aucun concours actif de mon âme ne laissait pas de m'attacher au point qu'appelé par l'heure et par le signal convenu je ne pouvais m'arracher de là sans effort.

J.J. Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire, cinquième promenade

Frédérique Azaïs, petits formats, 2006