lundi, 19 novembre 2012
Le Midi
Te voici dans ton Midi! Te voici libre!
Là de Nîmes à Pau et de Limoges à Foix, avec Albi, Cahors, Toulouse, est un territoire qui de tout temps se montra accueillant aux doctrines extrêmes, aux dogmes spécieux et durs. Un peuple étrange l'habite, maigre et dru, sensuel et fin, tourmenté, tourmenteur, amèrement passionné. On y parle une langue grosse et brillante, faite pour l'injure et pour le soupir. Les mœurs y sont rauques, triviales et pessimistes, le cœur volontiers charnel. Un climat brusque, angoissant et fier. C'est par excellence le Paradis de l'hérésie. C'est le Midi.
On dit le Midi. Il y a mille Midis. Du moins en gros, il y en a deux la Provence et l'Occitanie. La Provence est toute gréco-romaine, bien ancrée dans l'ordre de la nature, dans les lois de l'esprit. L'Occitanie au contraire me paraît essentiellement anarchique, excentrique, l'âme inquiète et rêveuse, l'imagination vagabonde. Elle est livrée sans merci aux souffles de l'esprit, lequel souffle où il veut. Je l'ai toujours vue, je la vois de plus en plus très wisigothe, avec de forts apports arabes et juifs. Les Wisigoths ont occupe Carcassonne pendant trois siècles (413-719) - trois siècles marquent un pays.
Joseph Delteil, Extrait de Le vert Galant (1931), Editions des Portiques
Watteau, Embarquement pour l'île de Cythère, détail
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lundi, 12 novembre 2012
Seul
« J’aime écrire, tracer les lettres et les mots, l’intervalle toujours changeant entre les lettres et les mots, seule façon de laisser filer, de devenir silencieusement et à chaque instant le secret du monde. N’oublie pas, se dit avec ironie ce fantôme penché, que tu dois rester réservé, calme, olympien, lisse, détaché ; tibétain en somme… Tu respires, tu fermes les yeux, tu planes, tu es en même temps ce petit garçon qui court avec son cerf-volant dans le jardin et le sage en méditation quelque part dans les montagnes vertes et brumeuses, en Grèce ou en Chine… Socrate debout toute la nuit contre son portique, ou plutôt Parménide sur sa terrasse, ou encore Lao-Tseu passant, à dos de mulet, au-delà de la grande muraille, un soir… Les minutes se tassent les unes sur les autres, la seule question devient la circulation du sang, rien de voilé qui ne sera dévoilé, rien de caché qui ne sera révélé, la lumière finira bien par se lever au cœur du noir labyrinthe. Le roman se fait tout seul, et ton roman est universel si tu veux, ta vie ne ressemble à aucune autre dans le sentiment d’être là, maintenant, à jamais, pour rien, en détail. Ils aimeraient tellement qu’on soit là pour. Qu’on existe et qu’on agisse pour. Qu’on pense en fonction d’eux et pour. Tu dois refuser, et refuser encore. Non, non et non. Ce que tu sais, tu es le seul à le savoir. »
Philippe Sollers, Le Secret
Roy Lichtenstein
14:24 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0)
Je n'y suis pour Bergson
« Nous tendons instinctivement à solidifier nos impressions, pour les exprimer par le langage. De là vient que nous confondons le sentiment même, qui est dans un perpétuel devenir, avec son objet extérieur permanent, et surtout le mot qui exprime cet objet. »
Henri Bergson
Peinture Gildas Pasquet
14:18 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bergson, gildas pasquet
jeudi, 08 novembre 2012
Paresse...
" C'est la paresse des gens d'esprit que j'aime. Mais les sots paresseux ressemblent à des valets dans une antichambre ; ils y deviennent menteurs, médisants, curieux et insolents. "
Pensées et Fragments / Prince de Ligne / arléa / 2000
Nicolas Poussin
02:26 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas poussin, prince de ligne
jeudi, 01 novembre 2012
L'irruption du divin
"Ce qui est habituel, c'est ce à quoi l'autre s'attend. Ce qui est insolite, imprévu, c'est l'irruption du divin que l'autre n'a pas su prévoir. Ne jamais être où l'on voudrait que je sois."
Philippe Sollers, Guerres secrètes
Edouard Manet
01:16 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : edouard manet
Sacré
"Regardez chaque heure comme un chiffre sacré."
Philippe Sollers, Grand beau temps.
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dimanche, 28 octobre 2012
Une "traduction Arletty"
Comme les traductions fifties ont mal résisté au temps ! A l'époque d'Albert Simonin, l'argot de Pigalle tient le haut du pavé. Si, dans l'Introuvable, Hammett écrit : "C'était une jeune femme, vêtue d'un tailleur bleu", cela devient : "C'était une poulette, le châssis moulé dans un tailleur bleu." Entre eux, les "polardeux" appellent cela une "traduction Arletty".
A lire ici ce passionnant article sur les traductions de la Série Noire
09:20 | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 23 octobre 2012
Ce Week-end à Elan d'Art
J'y serai avec mes livres, samedi et dimanche : Elan d'Art c'est un salon vivant, plein de surprises, d'artistes intéressants, convivial et ouvert, entrée libre !
23:56 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : elan d'art
mercredi, 17 octobre 2012
Salon du livre de Pignan dans l'Hérault
16:13 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : salon du livre, pignan
Participation à la ZAL, ce samedi, place Petrarque, écriture en direct
14:42 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : zal
mercredi, 10 octobre 2012
« Nous n'avons pas assez de raison pour employer toute notre force. »
Que dit La Rochefoucaud ? « Nous n'avons pas assez de force pour suivre toute notre raison. » Correction de la fille de Madame de Sévigné : « Nous n'avons pas assez de raison pour employer toute notre force. » C'est une femme qui le dit à une autre femme. Ce que je vois se dessiner là, c'est une tout autre conception de la raison et de la force. Lautréamont dans Poésies ne fait pas autre chose que de retourner Pascal, La Bruyère...
13:00 Publié dans Interview | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
dimanche, 07 octobre 2012
L'ultime Cène du Tintoret
17:37 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tintoret
François Meyronnis
04:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : françois meyronnis
Hugo Urlacher
04:04 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hugo urlacher
mercredi, 03 octobre 2012
Aux Automnales
Samedi 6 et dimanche 7 octobre, je serai avec mes livres aux Automnales, à Sète, Passage du Dauphin ou boulevard Gambetta.
Programme complet ici
16:51 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sète, automnales
mardi, 02 octobre 2012
Tohu-bohu
« Soubdain la mer commença à s'enfler et tumultuer du bas abysme... » J'aime les tempêtes chez Rabelais, tous les moments de fort tohu-bohu. J'aime m'y retremper. Il me rappelle que ma langue (que j'ai à désapprendre, réapprendre et oublier tous les jours, que je n'ai jamais possédée), ce français qu'on dit parfois inaccentué, raisonneur et guindé, est une langue très invective, très germinative, très native, très secrète et très arborescente, faite pour pousser. Le français, c'est la plus belle langue du monde, parce que c'est à la fois du grec de cirque, du patois d'église, du latin arabesque, de l'anglais larvé, de l'argot de cour, du saxon éboulé, du batave d'oc, du doux-allemand, et de l'italien raccourci. Celle qui résonne le mieux au monde, la plus sonore de toutes avec ses dix-sept voyelles, trois semi-voyelles, dix-neuf consonnes et quatre-vingt-dix-huit suffixes, très souple, très rythmique, très impure et très croisée. On entend ses racines qui viennent de partout, à peine visibles, très usées, très avalées, très fines, seulement présentes en silhouettes. Un grand théâtre d'ombres, de transformismes, de variétés rythmées...
Valère Novarina, extrait de "théâtre des paroles"
Portrait de Victor Choquet
Cézanne 1876-77
00:54 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : valère novarina, cezanne
vendredi, 28 septembre 2012
Baltasar !
" Le JE NE SAIS QUOI, qui est l'âme de toutes les bonnes qualités, qui orne les actions, qui embellit les paroles, qui répand un charme inévitable sur tout ce qui vient de lui est au-dessus de nos pensées et de nos expressions ; personne ne l'a encore compris, et apparemment personne ne le comprendra jamais. Il est le lustre même du brillant, qui ne frappe point sans lui ; il est l'agrément de la beauté, qui sans lui ne plaît point ; c'est à lui de donner, pour me servir de ces termes, la tournure et la façon à toutes les qualités qui nous parent ; il est, en un mot, la perfection de la perfection même ( c'est moi qui souligne ), et l'assaisonnement de tout le bon et de tout le beau. "
Le Héros / Baltasar Gracián
00:59 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baltasar gracian
jeudi, 27 septembre 2012
Le Magazine Autour des auteurs n° 29 est en ligne
Le Magazine Autour des auteurs n° 29 est en ligne avec des inédits de Jean Azarel, Jean-Jacques Marimbert, Pascal Nyiri notamment (ici une de ses photos), chroniques, arts plastiques, etc.
http://www.autour-des-auteurs.net/magazine/new_mag.html
02:42 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : autour des auteurs
mercredi, 19 septembre 2012
A lire dans Rien compris au rock and roll
Voilà les résultats d'une intéressante étude menée en secret par des chercheurs sur les OGM, aujourd'hui révélée, qui rappelle fortement ce qui est raconté dans "Rien compris au rock and roll" !
http://tempsreel.nouvelobs.com/ogm-le-scandale/20120918.O...
10:10 Publié dans Rien compris au rock and roll | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 10 septembre 2012
Surtout pour la vache en plastique
13:23 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : renoir