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vendredi, 28 décembre 2012

Ils croient que parler est gratuit

Freud, psychanalyse, Philippe Sollers"Qu'est-ce que Freud a découvert ? Il a trouvé que si les gens voulaient aller dans la vérité de leur discours, pas dans une vérité abstraite, dans la vérité vraie, il fallait qu'ils disent ce qui leur passait par la tête, qu'ils racontent leurs rêves, mais aussi qu'ils payent, pour le dire. (...) Autrement dit, ça signifie que les gens ne savent pas ce qu'ils disent, parce qu'ils croient que parler est gratuit."

Philippe Sollers
Peinture du Titien, détail

jeudi, 27 décembre 2012

Honnête homme

734940_442978552423213_1918368901_n.jpg"Avec un rare génie d'intrigues, qui le rendait l'égal des plus forts intrigants, il était resté honnête homme."
Monsieur de Tréville, "Les trois mousquetaires", Alexandre Dumas

mercredi, 26 décembre 2012

j’ai tout vu, tout fait, tout usé

images.jpg" Ô bizarre suite d’événements ! Comment cela m’est-il arrivé ? Pourquoi ces choses et non pas d’autres ? Qui les a fixées sur ma tête ? Forcé de parcourir la route où je suis entré sans le savoir, comme j’en sortirai sans le vouloir, je l’ai jonchée d’autant de fleurs que ma gaieté me l’a permis ; encore je dis ma gaieté, sans savoir si elle est à moi plus que le reste, ni même quel est ce Moi dont je m’occupe : un assemblage informe de parties inconnues ; puis un chétif être imbécile ; un petit animal folâtre ; un jeune homme ardent au plaisir, ayant tous les goûts pour jouir, faisant tous les métiers pour vivre ; maître ici, valet là, selon qu’il plaît à la fortune ! ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux… avec délices ! orateur selon le danger ; poète par délassement ; musicien par occasion ; amoureux par folles bouffées, j’ai tout vu, tout fait, tout usé. "

Figaro, scène 3 de l’acte V du Mariage de Figaro de Beaumarchais.

mardi, 25 décembre 2012

Coeur

"Les grandes pensées viennent du coeur"

Vauvenargues (citation chère à Stendhal)

22:37 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : vauvenargues

Tous les 24 décembre, à minuit,

san_rocco_tintoret_resurrection_du_christ.jpg"Tous les 24 décembre, à minuit, l’enfant divin vous salue, ainsi que Joseph, Marie, le boeuf, l’âne, les Rois Mages. Qui contrôle le coup du bébé dirige le Temps. Toutes les femmes le comprennent, ce sont elles qui favorisent la chose."

A lire ici, ce texte de Philippe Sollers : L'événenement Jésus

Tintoret, La Résurrection du Christ, Scuoala grande di San Rocco

dimanche, 23 décembre 2012

Jusqu'au plus profond de l'obscurité

kafka.jpg« J'écris autrement que je

ne parle, je parle

autrement que je ne

pense, je pense

autrement

que je ne devrais penser,

et ainsi jusqu'au plus

profond de l'obscurité. »

Kafka

05:55 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kafka

samedi, 22 décembre 2012

Incipit

Le-Guepard-Bal.jpgJ’étais plongé dans une de ces rêveries profondes qui saisissent tout le monde, même un homme frivole, au sein des fêtes les plus tumultueuses. Minuit venait de sonner à l’horloge de l’Elysée-Bourbon. Assis dans l’embrasure d’une fenêtre, et caché sous les plis onduleux d’un rideau de moire, je pouvais contempler à mon aise le jardin de l’hôtel où je passais la soirée. Les arbres, imparfaitement couverts de neige, se détachaient faiblement du fond grisâtre que formait un ciel nuageux, à peine blanchi par la lune. Vus au sein de cette atmosphère fantastique, ils ressemblaient vaguement à des spectres mal enveloppés de leurs linceuls, image gigantesque de la fameuse Danse des morts. Puis, en me retournant de l’autre côté, je pouvais admirer la danse des vivants ! un salon splendide, aux parois d’argent et d’or, aux lustres étincelants, brillant de bougies. Là, fourmillaient, s’agitaient et papillonnaient les plus jolies femmes de Paris, les plus riches, les mieux titrées, éclatantes, pompeuses, éblouissantes de diamants ! des fleurs sur la tête, sur le sein, dans les cheveux, semées sur les robes, ou en guirlandes à leurs pieds. C’était de légers frémissements de joie, des pas voluptueux qui faisaient rouler les dentelles, les blondes, la mousseline autour de leurs flancs délicats. Quelques regards trop vifs perçaient çà et là, éclipsaient les lumières, le feu des diamants, et animaient encore des cœurs trop ardents. On surprenait aussi des airs de tête significatifs pour les amants, et des attitudes négatives pour les maris. Les éclats de voix des joueurs, à chaque coup imprévu, le retentissement de l’or se mêlaient à la musique, au murmure des conversations ; pour achever d’étourdir cette foule enivrée par tout ce que le monde peut offrir de séductions, une vapeur de parfums et l’ivresse générale agissaient sur les imaginations affolées. Ainsi à ma droite la sombre et silencieuse image de la mort ; à ma gauche, les décentes bacchanales de la vie : ici, la nature froide, morne, en deuil ; là, les hommes en joie. Moi, sur la frontière de ces deux tableaux si disparates, qui, mille fois répétés de diverses manières, rendent Paris la ville la plus amusante du monde et la plus philosophique, je faisais une macédoine morale, moitié plaisante, moitié funèbre. Du pied gauche je marquais la mesure, et je croyais avoir l’autre dans un cercueil. Ma jambe était en effet glacée par un de ces vents coulis qui vous gèlent une moitié du corps tandis que l’autre éprouve la chaleur moite des salons, accident assez fréquent au bal.

Balzac, Sarrasine, début du texte

22:04 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : balzac, sarrasine

Gratuit

bb36c281ba46bf9cf70d0a9d72e2f0dd.jpgJe ne crois pas à une séparation bien nette entre la vie et la mort, entre Lucie et moi, entre ce qui me serait arrivé si Elle n’avait pas été là et... Parfois j’ai cette sensation qu’il n’y a qu’une réalité, la même tout le temps, que rien ne change vraiment. Un flot continu, peut-être sans commencement ni fin et nous sommes ce flot, ni plus ni moins. La joie et la tristesse ne sont que celles des  poètes. Les poètes qui écrivent des livres, mais aussi ceux de tous les jours,  dont les actes sont gratuits, cachés, qui embellissent le monde autour d’eux. Là est le vrai don, la poésie. Peut-être n’y a-t-il rien de vraiment beau qui ne soit complètement gratuit, n’appelle aucune reconnaissance, aucune  restitution.

Raymond Alcovère, extrait de "Fugue baroque", édtions n & b, 1998

vendredi, 21 décembre 2012

promenade

pancarte.jpg

12:44 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 20 décembre 2012

Le monde s’arrête d’être multiple

1656061039.jpgUne semaine plus tard, la chair de Léonore bien présente, chez lui. Le feu crépite dans la cheminée. Gaétan contemple son corps endormi pigmenté de rouge par les reflets incandescents.

 

Son regard est si intense, scrutateur, gourmand, qu’il craint de la réveiller. Elle est sublime, dos nu jusqu’aux reins, on devine l’arrondi des hanches. La dénuder complètement, il en a furieusement envie. Il dévoile les fesses, les cuisses. Clarté rougeoyante. Pas un pouce de son corps qu’il ne vénère. Le monde s’arrête d’être multiple, il s’est envolé, résumé en elle, sa chair.

Il n’aime rien tant chez les femmes que l’effet du repos sur le visage, le relâchement, cette grâce dans l’abandon. La sensualité, visible, palpable, dans le granulé de la peau, les lignes du geste inachevé, la respiration du sommeil. Certaines femmes laissent flotter cette ondulation en permanence autour d’elles, à la lisière. Alors, la rudesse du monde s’estompe. 

Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Sourire de Cézanne", N & B éditions, 2007

Goya, La Maja nue

ce qui effraie tout le monde

innocence,philippe sollers« Le péché est une invention. Ce qui est plus intéressant que le péché, c’est ce qui effraie tout le monde : c’est l’innocence.  »

Extrait de L’Evangile de Nietzsche, Philippe Sollers, le Cherche midi

Edouard Manet

mardi, 18 décembre 2012

Appel à textes pour le Magazine Autour des auteurs

Il est grand temps d'envoyer vos textes, billets ou chroniques pour le prochain mag, numéro 31.

Envoyer vos propositions à : renaudfran@free.fr avant le 20 janvier

Nous sommes preneurs en matière d’INEDITS, de BILLETS, de CHRONIQUES LIVRES dans les formats habituels (autour de 1500 signes ou moins), également en  ARTS PLASTIQUES

voir le Mag ici :

http://www.autour-des-auteurs.net/magazine/new_mag.html

Rappel : tout le monde peut envoyer des textes !

vendredi, 14 décembre 2012

Waiting for Tina

tina-aumont.jpgC'est le titre du livre que Jean Azarel prépare sur cette actrice, écoutez un extrait ici : http://jeanazarel.bandcamp.com/track/waiting-for-tina-i-f...

Amour...

" Il a des gens qui n'auraient jamais été amoureux s'ils n'avaient jamais entendu parler de l'amour. " 

La Rochefoucauld

lundi, 10 décembre 2012

Le Magazine Autour des auteurs n°30 est en ligne

1_inedit.jpgLe Magazine en ligne Autour des auteurs, n° 30 est en ligne ici, à découvrir

Texte et acrylique sur toile de Jacki Marechal

vendredi, 07 décembre 2012

Temper

les_voyageurs_du_temps.jpg« Cela n’est jamais dit mais le petit Bach a été un enfant particulièrement joueur, espiègle, effronté, fugueur. En dehors de sa passion précoce pour la musique et de son sérieux aux offices, on l’a beaucoup vu courir dans la campagne, aux environs d’Eisenach. Qui ne l’a pas observé démarrer, détaler, s’envoler, s’arrêter brusquement, repartir comme un dératé, s’allonger les bras en croix dans l’herbe, se relever, courir à perdre haleine, puis s’asseoir et méditer longuement, avant de reprendre ses virevoltes qui ont tant inquiété sa mère, ne peut rien comprendre à sa façon de tempérer, ou plus exactement de temper. Régler la tempête et cette atroce histoire de crucifixion, ressusciter les spirales, voilà le voyage. Et c’est bien ce qui assombrit le visage du roi : la joie étourdissante et enfantine, là, du vieux Bach, sur laquelle le temps n’a aucune prise, sa prière ininterrompue, son mouvement d’adoration perpétuelle, bref son amour. »

Philippe Sollers, les Voyageurs du temps, 2009.

mardi, 04 décembre 2012

Un grand calme enfin

Palazzo_dello_Spagnuolorampa_di_scale_672-458_resize.jpgLes délires baroques de Spaccanapoli, eux aussi, sont là de toute éternité. Ils figurent l’autre côté des choses, la folie, la mort, l’amour fou. 

Ils sont avec moi, ils sont moi, ces frontons d’église, ces figures alambiquées, torsadées, sculptures aériennes, fluides, qui défient le temps, la logique, la mesure. Cette folie-là, je m’y suis lové, comme on se glisse entre les draps pour y trouver le repos, ne plus agir, ne plus être envahi du désordre et de l’incongruité du monde. Un grand calme enfin.

J’aime ces ruelles sombres où clabaude la vie, ces cours, ces palais de marbre, ces rives de l’Italie... Plus envie de retourner en France, je voudrais être une de ces pierres, le bras de cette statue dont le doigt pointe vers la mer, sentir le matin les odeurs de l’aube, sécher au soleil de midi et m’effriter lentement de la vie qui va... La rouille comme une délivrance.

Raymond Alcovère, extrait de Fugue baroque, prix 98 de la ville de Balma, éditions n & b

lundi, 03 décembre 2012

Les autoportraits d'Elisabeth Vigée le Brun

On sait qu'elle les a multipliés : ici le lien rectifié qui permet de les voir tous

dimanche, 02 décembre 2012

Prologue

h.jpg"Dans la forêt des livres, et ses recoins obscurs

Faites donc un essai, cherchez, voyez combien

De lettrés de génie vous trouverez ! Eh bien !

De deux puissants mobiles ils n'eurent jamais cure :

La gloire et le profit - vaines futilités,

Glace taillée, neige coupée, lames dans l'eau !

Et de l'Histoire, éternel jeu de grands couteaux

Ils s'entretinrent en la plus grande hilarité !"

Prologue de "Au bord de l'eau"

Bibliothèque de la Pléiade

mercredi, 28 novembre 2012

Roman

107.jpgCe qui est intéressant, dans la vie, c'est quand elle se met à ressembler au roman qu'on est en train d'écrire... Magie ? Oui. A partir du moment où on commence un livre, le paysage bouge... Ballet insidieux... Les personnages réels, là, se déplacent... C'est comme s'ils essayaient d'échapper à ce qu'ils soupçonnent qu'on est en train d'écrire d'eux... Comme s'ils s'engageaient dans des diversions parallèles... Pour rectifier votre mémoire... Dans un sens plus favorable, plus flatteur... Les femmes ont sur ce point une plasticité particulière... Un radar... Un neuvième sens... Elles sentent le récit possible... L'écriture... Elles viennent s'interposer... S'inter-proposer...

Philippe Sollers,

Photo de Ralph Gibson

21:28 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ralph gibson