lundi, 18 février 2008
Prophétie
Là
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11:16 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, littérature, Aimé Césaire, Gildas Pasquet
jeudi, 14 février 2008
Est-ce qu'on tue le Remords
Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas
l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot
mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?
Aimé Césaire
20:54 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Aimé Césaire, Gildas Pasquet, littérature, poésie, photo
vendredi, 24 novembre 2006
Le passager clandestin
L’homme disparaîtra, lui le passager clandestin, l’invité de la dernière heure. Il s’en ira sur la pointe des pieds après avoir coloré d’un peu de poésie l’or du temps.
Extrait de "L'or du temps" (Raymond Alcovère, 2002) Photo de Gildas Pasquet
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jeudi, 23 novembre 2006
Les ailes du désir
Tout a été dit et il reste des mots encore. Tout a été dit et le clair-obscur se recompose. Le feu est à la terre ce que la nuit est au ciel, cet instant ayant été. Pour toujours.
Perche appressando se al suo disire
Nostro intelleto si profonda tanto
Che dietro la memoria non puo ire.
La vie n’est qu’une incarnation passagère, un instant de lumière. L’écriture frôle les ailes du désir.
Extrait de "Une cathédrale de songes" (Raymond Alcovère, 2002) Photo de Gildas Pasquet
02:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, poésie
mardi, 21 novembre 2006
Le brochet
Immobile à l'ombre d'un saule, c'est le poignard dissimulé au flanc du vieux bandit
Jules Renard, Histoires naturelles
16:23 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, Jules Renard, Histoires naturelles
Sous le ciel en flammes
16:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, haïku, photo, Gildas Pasquet
Un pin sur un pic
Lune claire
Si je renais je voudrais être
Un pin sur un pic
Ryôta
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jeudi, 16 novembre 2006
Un certain sens de l’apostolat horticole
Je bichonne mes géraniums. À la tombée du soir, je bassine le tilleul, qu’il profite au maximum de la fraîcheur toute relative de nos nuits d’été. Midi est d’une barbarie qui brûle tout par ici ; minuit, guère plus amène, offre parfois le bref répit d’une manière de courant d’air. C’est un tourment quotidien et quasi permanent dans cette encoignure de province où ne poussent que des cailloux et crève tout le reste que s’acharner à faire fleurir un bégonia ou vouloir conserver un peu de son éclat au feuillage du tilleul. Je m’y emploie cependant avec beaucoup d’abnégation et même un certain sens de l’apostolat horticole. Ne voyez dans cet aveu nulle prétention de ma part ; ce serait là, j’en ai parfaite conscience, surajouter à l’inutile de mon existence sottise et ridicule.
Pierre Autin-Grenier, extrait de 11 inédits pour le Banquet, éditions Verdier
Photo : Gildas Pasquet
16:50 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, photo, Pierre Autin-Grenier, Gildas Pasquet
Ardeur
Elle aimait les libellules et les crayons pastel ses ocres calcinées estomper sur sa peau la foudre des couleurs d'une ardeur violette, transformer les Sienne naturelles en lavis nus
Et surtout elle ardorait l'odeur des voix le toucher bruissantes caresses qu'elles abandonnaient dans une pièce longtemps après le départ de celui qui avait parlé, offert ses mots.
Attentive, elle recueillait cérémonieusement leurs éclats dans une boîte translucide et, de ses airs de libellule enfiévrée, elle inspirait leur parfum, le visage penché vers l'intérieur.
Chaque parfum de voix avait sa couleur... Alice eau de fushia, Leïla huile profonde nuit... marine.
Quand elle avait suffisamment joui des parfums de voix, elle refermait la boîte chut, sommeil rose-indien et n'y pensait plus, jusqu'à la prochaine marée de couleurs.
Parfois pourtant, en approchant de la boîte avant l'heure bleue, elle découvrait les rêves de voix endormies, lovées les unes dans les autres, comme des bébés chats. Leur seul frémissement éveillait ses ailes de chasseur. Alors, sans prendre garde au feu de garance de ses joues, elle plongeait dans les voix, en apnée.
Quand elle fendait la surface, longtemps après, sa vie était couverte de grands bleus. Elle penchait son visage nuage, découvrait l'horizon à l'envers, le ciel dans ses racines. Enfin, elle repliait ses ailes dans ses poches et se mêlait aux turbulences de la ville.
Un pays des voix naissait sous ses pas, prenait feu en couleurs et odeurs vives. Il inventait les marches instinctives et passionnées, l'ardeur où nul mur, jamais, ne pourrait transformer en ruines le profond des voix.
A l'oreille de Van Gogh, elle écoutait...
13:41 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, poésie, Mireille Disdero, photo, Gildas Pasquet
lundi, 13 novembre 2006
Cargos de silence
Lumière odeurs du sommeil. Quand l'étoile au bleu plonge les rêves, en affleurement.
Couleurs nues le matin. Au moment d'ouvrir les yeux.
Puis une respiration, très loin. Seulement un battement d'ailes. Cambrure en haute mer.
Présence encore, mais en pointillés. On bascule vers le jour. Traversant des zones libres. Evitant d'approfondir, pour virer de bord au midi.
Absence. Les paroles ne servent à rien quand elle vient.
Seulement les couleurs. Juste un silence. La fêlure de l'éveil.
Au tréfonds des mots se cherche en apnée la respiration d'écrire.
Mais aujourd'hui, rien. L'absence. Seulement les couleurs en nappes insensées, l'estompe d'un sillon de mots feux qui passent, s'effacent... vers le large... en cargos de silence.
Photo de Michèle Fuxa
00:29 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, art, poésie, Mireille Disdero
samedi, 11 novembre 2006
Et le bouleverser, d'un claquement de cœur le bouleverser !
Avant l’enfance au rêve
Andalouse danser
du pied frapper la lumière
rouge carmin de Goya tournoyer
et le bouleverser, d'un claquement de cœur le bouleverser !
00:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, art, photomontage, Claude Corbier, Mireille Disdero, poésie
jeudi, 09 novembre 2006
Ailleurs
"Il est possible que des objets sans importance résistent à l'attraction désastre... bien longtemps après nous.
J'ai commencé à accélérer. Mes battements de coeur surtout, puis mon allure en marchant. Une personne attentive aurait pensé à la bande image qu'on rembobine à toute vitesse. Mais j'étais dans le film, je ne discernais plus les contours ni les limites.
Au bureau, la clim était mal réglée. Une équipe du service technique commençait à démonter le mécanisme. J'ai dit "bonjour" comme j'aurais murmuré "ailleurs". Personne n'a remarqué les yeux rouges ni perçu la voix fissurée... et l'accélération.
Le soir j'ai bouclé ma valise avec mon coeur dedans. Le voyage m'a rappelé la morsure des moments sans importance. Au-dehors les vivants s'estompaient tels des trains fous qui ne s'arrêtent dans aucune gare. J'étais un rail, des champs, la lumière qui couvre les bancs, là-bas, j'étais mille kilomètres qui fonçaient dans l'azur sans assurance vie et... Tellement. J'étais tellement.
C'était ma nature.
Mon premier pas ailleurs a fait taire le voyage. D'un seul coup. Le soir m'a prise dans un café du cinquième, rue des Ecoles, pendant que j'avalais un second coca light. J'ai dévisagé mon reflet dans le miroir qui me faisait face. C'est alors qu'un souvenir a commencé à s'agiter autour de moi. Un collier de chien en cuir usé a glissé de mon sac ouvert. Alors, quelque part sur la terre un barrage a cédé. Un train a déraillé, une enfant a rêvé d'un chien qui gardait ses nuits, ses jours et la douceur contr'elle."
Photo : Michèle Fuxa
00:30 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Mireille Disdero, littérature, photo, Michèle Fuxa
mercredi, 08 novembre 2006
Naissance
J'avale la nuit dans un café
Ma tasse résonne de ton éclat
Je sais brûler à corps absent
Remonter
Flamme, le courant
Mais
Des siècles à être toi
À me pencher
A te parler dans un reflet
Et
Foule en place de l'Étoile
Juste à l'endroit du cœur
Touchée
Attablée à ta vie
La nuit
Je te bois dans mon café
Puis
Je rentre
Ici ou nulle part
Mon sommeil dans ta poche
Au fond des caniveaux, le soleil
La pluie des yeux
Nos papiers froissés
Je voudrais ne jamais avoir pleuré
Ne jamais avoir parlé
Etre à naître de nouveau
Juste un bébé
Prendre la vie du début
Et
A corps présent
Te trouver.
Rodin, La Danaïde
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jeudi, 02 novembre 2006
Fil
Il y a ce fil
Où s’accrochent les plumes
Fil aux facettes miroitantes
La couleur jette des flaques
Sur d’invisibles murs
Et les ballerines dansent
Au vertige
Nénuphar issu des limbes
Le cœur en offrande
Tendre comme une chair de figue
Aux ailes
Cède la nuque
Une mèche glisse
Valérie Canat de Chizy
Andrea Mantegna
00:35 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, Valérie Canat de Chizy, Mantegna
lundi, 30 octobre 2006
Cristaux de roche
Les heures,
Tu les traînes dans ton sillage
Dans l’attente
D’une prochaine éclipse.
Le sucre te mange.
Se fige le temps
Couleur de caramel.
Sous ta peau
Se forment
Les cristaux
Et les morceaux de roche
Dévalent
Des sommets.
Valérie Canat de Chizy
Yves Klein
00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, poésie, Valérie Canat de Chizy, Yves Klein
dimanche, 29 octobre 2006
"Tu m'as tué... mais, comme toi, j'ai oublié de mourir."
Arabian love song: "Mahmoud Darwich, malade d'espoir!"
02:33 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, Mahmoud Darwich
samedi, 28 octobre 2006
La profondeur du sentiment pour sillon
Une fois le chandail ôté, l'offrande d'une poitrine rouge
Conséquence possible d'un coup de soleil,
Trace probable d'une vieille peinture de guerre
Une fois notre chant sur pilotis
suspendu entre brume et feutre
la profondeur du sentiment pour sillon
Que savoir d'autre de la vie ?
Jean Azarel, extrait de Passage du mortel
Yves Klein
21:20 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, Jean Azarel, Yves Klein
mardi, 24 octobre 2006
Et délice d’aimer une pure exigence...
Ce n’est pas dans les géographies
Qu’il faut chercher cette île
Où nous avons vécu.
Délice de sentir celle
Qui jamais ne repose
Effacer sur le sable
Des mots jamais écrits.
Délice d’oublier
Des formes absentes
Et d’attendre un vent
Qui ne veut pas qu’on le nomme.
Et délice d’aimer
Une pure exigence.
Une île qui n’existe pas
Des plages qui s’évanouissent
Un estuaire
Et un cœur qui pourrait se taire.
Un silence
Qui s’enroule dans un coquillage
Au nom tarabiscoté
Et ce pronom
Qui marche de travers
Comme un crabe
Et qu’on écrase !
Bernard Lesfargues, extrait de "La plus close nuit", éditions Fédérop
00:35 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, poésie, Bernard Lesfargues
dimanche, 22 octobre 2006
Bernard Lesfargues
Ce soir le ciel est doré
comme un parchemin du seizième siècle
J'essaie de lire ce que les branches
écrivent minutieusement à l'encre noire
sur la splendeur d'un ouest illuminé.
Ce n'est pas facile à lire
ce sont lettres d'un alphabet inconnu.
Le ciel pâlit peu à peu.
Un ange claudiquant souffle la chandelle
et baisse le rideau. Alors
la loutre de la nuit caresse mes jambes,
la loutre qui danse dans la nuit des ruisseaux
jusqu'aux impuretés de l'aube.
Bernard Lesfargues, l'or du ciel, extrait de "La plus close nuit", éditions Fédérop
Poète, traducteur, critique littéraire et fondateur des éditions Fédérop, Bernard Lesfargues est né à Bergerac en 1924. Agrégé d’espagnol en 1954 et diplômé en sociologie américaine, il enseigne pendant 30 ans l’espagnol à Lyon, puis se retire dans son village d’Église-Neuve-d’Issac, en Dordogne, où il vit toujours.
Passionné par le monde hispano-américain et spécialiste du catalan, il est le traducteur en français des plus grands écrivains castillans et catalans du XXe siècle : Jorge Luis Borges, Julio Llamazares, Mario Vargas Llosa, Ramón Sender, Juan Goytisolo, Jesús Moncada, Quim Monzó, Mercè Rodoreda.
Bibliographie et extraits à lire ici
Avec beaucoup de constance
et un tas d'imperfections
j'écris
des poèmes, qui, peut-être,
après ma mort,
trouveront un lecteur.
J'aimerais que ce soit un homme jeune
et qu'en refermant le recueil
il dise : Bigre !
Ce Lesfargues.
Je suis certain
qu'il aurait pu être un bon poète.
06:29 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, poésie, lenga d'oc, bernard lesfargues
dimanche, 24 septembre 2006
Passage du mortel
Enfin la lutte épaisse apaisée
Tant de haine égouttée des têtes tranchées sèchant au soleil têté
Nos rêves cois sont cuits
Ombres de chats restées dans le parc
Sous le heaume des lampadaires de peau
Soirées inscrites sur les anneaux d'ondes
Lues en respirations amples
Ombres de los hombres sur tes bras lus
Corps écossés au rite ancien/ Ombres lues en lotus
....
Qu'avons-nous fait de ces espaces miracles
Caresses des épaules de quartz sous la fraîcheur des robes
Soir tombant/ dérobé/ marmonne/ calmant de houle mormon,
langue épilée lactique
L'épileptique abandon de soi modulé pour le sacrement
"je ne suis pas un amuseur"
Des enfants gazouillant près des pompes à huiles essentielles
excommunient les causeries tardives
Jean Azarel, extrait de Passage du mortel
Peinture sur bois, petit format : Frédérique Azaïs
18:44 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jean Azarel, poésie