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| L’Art commence quand... »
lundi, 18 février 2008
Prophétie
| Là où l'aventure garde les yeux clairs là où les femmes rayonnent de langage là où la mort est belle dans la main comme un oiseau saison de lait là où le souterrain cueille de sa propre génuflexion un luxe de prunelles plus violent que des chenilles là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs végétaux là où les abeilles des étoiles piquent le ciel d'une ruche plus ardente que la nuit là où le bruit de mes talons remplit l'espace et lève à rebours la face du temps là où l'arc-en-ciel de ma parole est chargé d'unir demain à l'espoir et l'infant à la reine, d'avoir injurié mes maîtres mordu les soldats du sultan d'avoir gémi dans le désert d'avoir crié vers mes gardiens d'avoir supplié les chacals et les hyènes pasteurs de caravanes je regarde la fumée se précipite en cheval sauvage sur le devant de la scène ourle un instant la lave de sa fragile queue de paon puis se déchirant la chemise s'ouvre d'un coup la poitrine et je la regarde en îles britanniques en îlots en rochers déchiquetés se fondre peu à peu dans la mer lucide de l'air où baignent prophétiques ma gueule ma révolte mon nom. Aimé Césaire Photos de Gildas Pasquet |
Commentaires
nice !
Écrit par : lam | lundi, 18 février 2008
J'aime ce texte plein d'une révolte qui n'exclut pas la vision de la beauté. Tu fais des choix qui me touchent. Je t'embrasse.
Écrit par : ariaga | lundi, 18 février 2008
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