jeudi, 16 novembre 2006
Un certain sens de l’apostolat horticole
Je bichonne mes géraniums. À la tombée du soir, je bassine le tilleul, qu’il profite au maximum de la fraîcheur toute relative de nos nuits d’été. Midi est d’une barbarie qui brûle tout par ici ; minuit, guère plus amène, offre parfois le bref répit d’une manière de courant d’air. C’est un tourment quotidien et quasi permanent dans cette encoignure de province où ne poussent que des cailloux et crève tout le reste que s’acharner à faire fleurir un bégonia ou vouloir conserver un peu de son éclat au feuillage du tilleul. Je m’y emploie cependant avec beaucoup d’abnégation et même un certain sens de l’apostolat horticole. Ne voyez dans cet aveu nulle prétention de ma part ; ce serait là, j’en ai parfaite conscience, surajouter à l’inutile de mon existence sottise et ridicule.
Pierre Autin-Grenier, extrait de 11 inédits pour le Banquet, éditions Verdier
Photo : Gildas Pasquet
16:50 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, photo, Pierre Autin-Grenier, Gildas Pasquet
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