mardi, 16 juin 2009
Je me souviens de Georges Perec
“ Ces Je me souviens ne sont pas exactement des souvenirs, et surtout pas des souvenirs personnels, mais des petits morceaux de quotidien, de choses que, telle ou telle année, tous les gens d'un même âge ont vues, ont vécues, ont partagées, et qui ensuite ont disparu, ont été oubliées ; elles ne valaient pas la peine d'être mémorisées, elles ne méritaient pas de faire partie de l'Histoire, ni de figurer dans les Mémoires des hommes d'État, des alpinistes et des monstres sacrés. Il arrive pourtant qu'elles reviennent, quelques années plus tard, intactes et minuscules, par hasard ou parce qu'on les a cherchées, un soir, entre amis : c'était une chose qu'on avait apprise à l'école, un champion, un chanteur ou une starlette qui perçait, un air qui était sur toutes les lèvres, un hold-up ou une catastrophe qui faisait la une des quotidiens, un best-seller, un scandale, un slogan, une habitude, une expression, un vêtement ou une manière de le porter, un geste, ou quelque chose d'encore plus mince, d'inessentiel, de tout à fait banal, miraculeusement arraché à son insignifiance, retrouvé pour un instant, suscitant pendant quelques secondes une impalpable petite nostalgie. ” G.P.
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lundi, 15 juin 2009
l'amitié, l'amour, la joie
19:32 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : humour
La Chine se met au vert
00:29 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, écologie
Les quatre commandements de Courbet (épinglés dans son atelier)
1 Ne fais pas ce que je fais
2 Ne fais pas ce que les autres font
3 Si tu faisais ce que faisait Raphaël, tu n’aurais pas d’existence propre. Suicide
4 Fais ce que tu vois et ce que tu ressens, fais ce que tu veux
Les quatre commandements de Courbet (épinglés dans son atelier)
00:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gustave courbet, nina houzel
dimanche, 14 juin 2009
Un voyage en Chine ancienne
Ce tableau a été peint vers 1085-1145, puis repeint pendant la Dynastie Qing. Il mesure 5m28 de large et 24,8 cm en hauteur. Il est considéré comme un des Grands Trésors de Chine et a été exposé dans le Musée de Hong-Kong d'Art l'année dernière. Contrôlez la vitesse de déplacement avec votre souris. N'oubliez pas de cliquer à l'intérieur des carrés blancs et allumez votre son.
http://www.npm.gov.tw/exh96/orientation/flash_4/index.html
21:06 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine
Je remplace
"Je remplace la mélancolie par le courage, le doute par la certitude, le désespoir par l’espoir, la méchanceté par le bien, les plaintes par le devoir, le scepticisme par la foi, les sophismes par la froideur du calme et l’orgueil par la modestie."
Lautréamont, Poésies, phrase en exergue
Courbet, Bacchante
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : lautréamont, gustave courbet
samedi, 13 juin 2009
Qu’on l’invoque par le mot juste
Il est parfaitement concevable que la splendeur de la vie se tienne prête à côté de chaque être et toujours dans sa plénitude, mais qu’elle soit voilée, enfouie dans les profondeurs, invisible, lointaine. Elle est pourtant là, ni hostile, ni malveillante, ni sourde ; - qu’on l’invoque par le mot juste, par son nom juste, et elle vient. C'est là l'essence de la magie, qui ne crée pas, mais invoque.
Franz Kafka, Journal. 18 octobre 1921
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : franz kafka, frédérique azaïs-ferri
vendredi, 12 juin 2009
Home at home !
Le film de Yann Arthus-Bertrand à voir en intégralité, superbe !
Photo de Madagascar vue du ciel. Une grande partie de l'île vue d'avion est ainsi recouverte de plaies dues à l'érosion et à la déforestation.
00:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : home, yann arthus-bertrand, madagascar
jeudi, 11 juin 2009
Pourquoi j'ai voté Cohn-Bendit
13:12 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, cohn-bendit, europe-ecologie
Je refuse formellement toute espèce d'illustration
"Jamais, moi vivant, on me m'illustrera, parce que: la plus belle description littéraire est dévorée par le plus piètre dessin. Du moment qu'un type est fixé par le crayon, il perd ce caractère de généralité, cette concordance avec mille objets connus qui font dire au lecteur: 'J'ai vu cela' ou 'Cela doit être.' Une femme dessinée ressemble à une femme, voilà tout. L'idée est dès lors fermée, complète, et toutes les phrases sont inutiles, tandis qu'une femme écrite fait rêver à mille femmes. Donc, ceci étant une question d'esthétique, je refuse formellement toute espèce d'illustration."
Gustave Flaubert à Ernest Duplan, le 12 juin 1862, à propos d'une proposition de faire illustrer la première édition de Salammbô
00:15 Publié dans Illustrateurs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : gustave flaubert, druillet, salammbô
mercredi, 10 juin 2009
Un article sur Le Sourire de Cézanne
18:18 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le sourire de cézanne, daniel bégard
Le temps, lui, ne peut être, à chaque instant, que vertical, étagé, feuilleté, poudroyant, ouvert
« La désorientation est constante, ponctuelle, courbée, systématique, mais n’engendre aucun désordre, au contraire. L’espace est simplement doublé et organisé en reflet, comme un échiquier. Les canaux, les piquets, les ruelles, les quais, les bateaux, les places, les ponts, les puits, le dallage même, orchestrent cette mise en scène géométrique. Le temps, lui, ne peut être, à chaque instant, que vertical, étagé, feuilleté, poudroyant, ouvert. Venise est un entrelacement de chemins qui ne mènent nulle part et qui se suffisent à eux-mêmes ; une horloge où toutes les heures sont égales » Philippe Sollers, Eloge de l’infini
Edouard Manet, Le Grand Canal à Venise, 1874
13:25 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, edouard manet
mardi, 09 juin 2009
Les circuits courts
Très bonne idée des écolos de priviégier les circuits courts. Puisque la consommation est la clé du système, ce sur quoi il repose, si de plus en plus de gens la modifient, en évitant dans la mesure du possible les grandes surfaces et en achetant des produits de proximité, il y aura forcément infléchissement des politiques ; à suivre...
09:47 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : circuits courts, environnement, écologie
lundi, 08 juin 2009
Les éditions n & b redémarrent
Les éditions n & b redémarrent, toujours sous la forme d'une association loi 1901, et recentrées autour de la poésie. Jean-Luc Aribaud a passé le flambeau à une nouvelle équipe autour de Progreso Marin. Ils vous proposent donc pour 30 euros, l’envoi des 3 prochains ouvrages, tous frais d’envoi payés. Ce qui reprèsente une économie de 10 euros + un livre cadeau. Merci de libeller vos chèques à « Associations N & B Editions »
N & B Editions 21 rue du Venasque 31170 Tournefeuille netbeditions@orange.fr
Photo de Henri Cartier-Bresson
13:22 Publié dans Edition | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : éditions n & b
Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux
Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.
Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. − Et je l'ai trouvée amère. − Et je l'ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié!
Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.
Or, tout dernièrement m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j'ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
La charité est cette clef. − Cette inspiration prouve que j'ai rêvé !
"Tu resteras hyène, etc...," se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. "Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux."
Ah ! j'en ai trop pris : − Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.
Rimbaud, Prologue de Une Saison en enfer
Photo de Henri Cartier-Bresson
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : arthur rimbaud, henri cartier-bresson
dimanche, 07 juin 2009
Il est trop tard pour être pessimiste
00:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 06 juin 2009
Du coup, une autre vision se dessine
"Il y a les écrits qu’on lit distraitement, ceux qu’on lit en sachant qu’on ne les relira jamais, et puis, en très petit nombre, ceux qu’on relit sans cesse. On les sait presque par cœur, à la virgule près, mais, rien à faire, ils révèlent toujours quelque chose de nouveau, ils sont actifs sans en avoir l’air, ce sont des émetteurs constants, des trésors. Ils font signe. Du coup, une autre vision se dessine."
Philippe Sollers, Les voyageurs du temps, roman
Giovanni Bellini, L'ange musicien
17:43 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : philippe sollers, giovanni bellini
vendredi, 05 juin 2009
Femme vacante, de Frédérique Martin
"Un homme, même intelligent, est la plupart du temps prévisible jusqu'à la consternation. Posez sur lui des prunelles admiratives, flattez son ego, allez sur son terrain, reniflez-le jusqu'au fond de l'âme. A travers moi, tu te subjuguais toi-même. Mon zeste de séduction ? T'accorder un peu, refuser beaucoup. Ensuite, comme dans une recette de cuisine, posez vos mains là où il est le plus démuni, laissez lever, dévorez, c'est prêt." Frédérique Martin creuse un sillon profond dans ce court roman. Alice, épouse et mère, abandonne son mari et ses trois enfants pour suivre un amant, qui va l'abandonner à son tour. C'est ce moment d’intense solitude qui est raconté ici, disséqué même pourrait-on dire. Elle rencontre Adèle, une femme plus âgée, seule comme elle, rencontre improbable là aussi, mais qui va l'aider à y voir plus clair : "L'argent, le pouvoir, le sexe, c'est le trio gagnant des demeurés. Le seul véritable moteur, c'est les enfants. Ils servent d'alibi à tous les agissements. Qu'est-ce qu'on ne commet pas au nom du sacro-saint amour parental. Parce qu'ils espèrent, ces parents modèles, et qui souvent se vérifie, c'est qu'ils seront aimés, quoi qu'ils fassent. Et ils ne s'en privent pas ! Dans ce domaine, leur imagination est sans limite." Puis, un peu plus loin : "Ce qui fait la différence entre vivre selon des valeurs ou vivre selon des aliénations, c'est la complaisance qu'on se porte à soi-même. La com-plai-sance, Alice. Cette manière veule qu'on a d'être en sa propre compagnie et de tout se permettre pour satisfaire le tyran qu'on abrite, le petit moi qui décide." Femme vacante est une belle leçon de vie. "Adèle m'a transmis un bien précieux, comprendre que quand on aime, il faut laisser aller." Le livre est sobre, superbement construit, l'écriture dense et sensuelle : "Et puis ça vient d'un coup, comme une hémorragie, une douleur massive, c'est là. Des flots de larmes, on coule, c'est le coeur."
Femme vacante, roman
Frédérique Martin
Editions Pleine Page, collection 5A7
144 pages, 14 €
Voir ici le site de Frédérique Martin
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jeudi, 04 juin 2009
American Ecolo
00:32 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : ecologie, tendances
Les Bienveillantes, de Jonathan Littell
Les Bienveillantes se présente comme les mémoires fictifs d'un officier SS durant la Seconde Guerre mondiale. Agent de liaison, chargé de diverses missions tout au long de la guerre, le narrateur est plutôt observateur qu’acteur des massacres. Le roman, très long et très complet, permet de suivre de l'intérieur toute une partie de la guerre, notamment le front russe et l'organisation des camps de concentration. Le narrateur, fin et lettré, est un nazi convaincu. Après une relation incestueuse avec sa sœur, il devient homosexuel.
Une des raisons essentielles développées dans le roman pour expliquer l'Holocauste est la ressemblance, voire la symétrie entre les Allemands (au sens d’Allemands aryens) et les Juifs. On ne tue finalement l’autre que parce qu’il incarne ce que l’on ne supporte pas dans son propre être. Un des personnages du roman, le haut dignitaire nazi Mandelbrod — qui porte un nom juif — souligne que les Allemands ont une dette envers les Juifs : « Toutes nos grandes idées viennent des Juifs. Nous devons avoir la lucidité de le reconnaître. » Parmi ces idées, on trouve l’idéologie völkisch (« La Terre comme promesse et comme accomplissement, la notion du peuple choisi entre tous, le concept de la pureté du sang »). Or pour les nazis, il ne peut y avoir deux peuples élus.
Le meurtre de masse est problématique pour la plupart des soldats. Pour remédier à cet état de fait, la création de camps de concentration est un moyen de diluer la responsabilité des différents acteurs du génocide, chacun pouvant arguer n’avoir fait que son travail. À part quelques brutes sadiques, la plupart font ce qu'ils considèrent comme leur devoir avec dégoût, et surmonter ce dégoût est vécu par eux comme une victoire personnelle sur eux-mêmes, une forme de vertu.
Le livre, outre son intérêt historique, est passionnant par ce qu'il pose la question du mal. « J'en suis arrivé à la conclusion que le garde SS ne devient pas violent ou sadique parce qu'il pense que le détenu n'est pas un être humain ; au contraire, sa rage croît et tourne au sadisme lorsqu'il s'aperçoit que le détenu, loin d'être un sous-homme comme on le lui a appris, est justement, après tout, un homme, comme lui au fond, et c'est cette résistance, vous voyez, que le garde trouve insupportable, cette persistance muette de l'autre, et donc le garde le frappe pour essayer de faire disparaître leur humanité commune. Bien entendu, cela ne marche pas : plus le garde frappe, plus il est obligé de constater que le détenu refuse de se reconnaître comme un non-humain. À la fin, il ne lui reste plus comme solution qu'à le tuer, ce qui est un constat d'échec définitif. »
Bien sûr, ce livre n’est pas dénué d’ambiguïtés, comment pourrait-il en être autrement ? Mais c’est un récit d’une très grande force, une vraie œuvre littéraire.
Raymond Alcovère, chronique parue dans le Magazine Autour des auteurs n° 8, mai 2008
Édition revue par l’auteur, Folio 2008
00:15 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jonathan littell, les bienveillantes