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vendredi, 05 juin 2009

Femme vacante, de Frédérique Martin

femme_vacante.jpg"Un homme, même intelligent, est la plupart du temps prévisible jusqu'à la consternation. Posez sur lui des prunelles admiratives, flattez son ego, allez sur son terrain, reniflez-le jusqu'au fond de l'âme. A travers moi, tu te subjuguais toi-même. Mon zeste de séduction ? T'accorder un peu, refuser beaucoup. Ensuite, comme dans une recette de cuisine, posez vos mains là où il est le plus démuni, laissez lever, dévorez, c'est prêt." Frédérique Martin creuse un sillon profond dans ce court roman. Alice, épouse et mère, abandonne son mari et ses trois enfants pour suivre un amant, qui va l'abandonner à son tour. C'est ce moment d’intense solitude qui est raconté ici, disséqué même pourrait-on dire. Elle rencontre Adèle, une femme plus âgée, seule comme elle, rencontre improbable là aussi, mais qui va l'aider à y voir plus clair : "L'argent, le pouvoir, le sexe, c'est le trio gagnant des demeurés. Le seul véritable moteur, c'est les enfants. Ils servent d'alibi à tous les agissements. Qu'est-ce qu'on ne commet pas au nom du sacro-saint amour parental. Parce qu'ils espèrent, ces parents modèles, et qui souvent se vérifie, c'est qu'ils seront aimés, quoi qu'ils fassent. Et ils ne s'en privent pas ! Dans ce domaine, leur imagination est sans limite." Puis, un peu plus loin : "Ce qui fait la différence entre vivre selon des valeurs ou vivre selon des aliénations, c'est la complaisance qu'on se porte à soi-même. La com-plai-sance, Alice. Cette manière veule qu'on a d'être en sa propre compagnie et de tout se permettre pour satisfaire le tyran qu'on abrite, le petit moi qui décide." Femme vacante est une belle leçon de vie. "Adèle m'a transmis un bien précieux, comprendre que quand on aime, il faut laisser aller." Le livre est sobre, superbement construit, l'écriture dense et sensuelle : "Et puis ça vient d'un coup, comme une hémorragie, une douleur massive, c'est là. Des flots de larmes, on coule, c'est le coeur."

Femme vacante, roman

Frédérique Martin

Editions Pleine Page, collection 5A7

144 pages, 14 €

Voir ici le site de Frédérique Martin

 

Commentaires

Bonjour Frédérique
Ces extraits de votre livre sont très inspirant, vraiment inspirant. J'ai suivi l'enseignement bouddhiste et fait des retraites durant cinq ans il y a quelques années, c'est très proche des sensations que l'on y ressent. Mes plus chaleureuses et sincères félicitations pour votre écriture et votre pensée. A bientôt.

Écrit par : jacki marechal | vendredi, 05 juin 2009

Merci Raymond d'avoir eu envie de parler de ce livre. Et Merci Jacki pour le commentaire. C'est un livre fondation pour moi qui dissèque, c'est le mot juste, ce que j'appelle la tragédie du mal aimer. Je suis heureuse de prendre le temps de le porter et de le voir vivre.

Écrit par : Frédérique M | vendredi, 05 juin 2009

Merci raymond de cette proposition de lecture, le commentaire donne vraiment envie de se l'offrir. A bientôt donc pour vous donner mon ressenti.

Écrit par : Hélène O. | vendredi, 05 juin 2009

Oui, Femmes vacantes est un livre fort. Ce billet me donne envie de dire ici les traces qu'il a laissées en moi depuis sa lecture.

Derrière ce que nous nommons amour, il y a cette solitude bien souvent terrifiante que nous sommes tant à tenter de fuir dans des rencontres rapides et répétées. Dans Femmes vacantes, Alice découvre cette solitude, puis s'y découvre, y interroge l'amour amoureux, l'amour filial... la non solitude.
Heureusement - et c'est la grâce de la solitude de permettre des rencontres sinon impossibles - Alice rencontre Adèle, Adèle qui a quelques temps d'avance et va la guider dans ce passage difficile qu'elle affronte en souffrant, mais sans fuir, en être courageux.

Comme le forgeron jadis amenait le fer au rouge dans le feu de sa forge pour le travailler, Frédérique Martin met Alice dans le même état au feu de la solitude. Chaque lecteur de cette histoire directe et exigeante sentira résonner en lui les terrifiants coups de marteau. Peut-être ceux de sa propre forge. Car Frédérique Martin cogne fort ! Et avec précision. Vivement un nouveau livre d'elle.

Écrit par : Gilles | lundi, 08 juin 2009

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