lundi, 18 janvier 2010
Femme vacante, de Frédérique Martin
"Un homme, même intelligent, est la plupart du temps prévisible jusqu'à la consternation. Posez sur lui des prunelles admiratives, flattez son ego, allez sur son terrain, reniflez-le jusqu'au fond de l'âme. A travers moi, tu te subjuguais toi-même. Mon zeste de séduction ? T'accorder un peu, refuser beaucoup. Ensuite, comme dans une recette de cuisine, posez vos mains là où il est le plus démuni, laissez lever, dévorez, c'est prêt." Frédérique Martin creuse un sillon profond dans ce court roman. Alice, épouse et mère, abandonne son mari et ses trois enfants pour suivre un amant, qui va l'abandonner à son tour. C'est ce moment d’intense solitude qui est raconté ici, disséqué même pourrait-on dire. Elle rencontre Adèle, une femme plus âgée, seule comme elle, rencontre improbable là aussi, mais qui va l'aider à y voir plus clair : "L'argent, le pouvoir, le sexe, c'est le trio gagnant des demeurés. Le seul véritable moteur, c'est les enfants. Ils servent d'alibi à tous les agissements. Qu'est-ce qu'on ne commet pas au nom du sacro-saint amour parental. Parce qu'ils espèrent, ces parents modèles, et qui souvent se vérifie, c'est qu'ils seront aimés, quoi qu'ils fassent. Et ils ne s'en privent pas ! Dans ce domaine, leur imagination est sans limite." Puis, un peu plus loin : "Ce qui fait la différence entre vivre selon des valeurs ou vivre selon des aliénations, c'est la complaisance qu'on se porte à soi-même. La com-plai-sance, Alice. Cette manière veule qu'on a d'être en sa propre compagnie et de tout se permettre pour satisfaire le tyran qu'on abrite, le petit moi qui décide." Femme vacante est une belle leçon de vie. "Adèle m'a transmis un bien précieux, comprendre que quand on aime, il faut laisser aller." Le livre est sobre, superbement construit, l'écriture dense et sensuelle : "Et puis ça vient d'un coup, comme une hémorragie, une douleur massive, c'est là. Des flots de larmes, on coule, c'est le coeur."
Femme vacante, roman
Frédérique Martin
Editions Pleine Page, collection 5A7
144 pages, 14 €
00:15 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : frédérique martin, femme vacante
vendredi, 05 juin 2009
Femme vacante, de Frédérique Martin
"Un homme, même intelligent, est la plupart du temps prévisible jusqu'à la consternation. Posez sur lui des prunelles admiratives, flattez son ego, allez sur son terrain, reniflez-le jusqu'au fond de l'âme. A travers moi, tu te subjuguais toi-même. Mon zeste de séduction ? T'accorder un peu, refuser beaucoup. Ensuite, comme dans une recette de cuisine, posez vos mains là où il est le plus démuni, laissez lever, dévorez, c'est prêt." Frédérique Martin creuse un sillon profond dans ce court roman. Alice, épouse et mère, abandonne son mari et ses trois enfants pour suivre un amant, qui va l'abandonner à son tour. C'est ce moment d’intense solitude qui est raconté ici, disséqué même pourrait-on dire. Elle rencontre Adèle, une femme plus âgée, seule comme elle, rencontre improbable là aussi, mais qui va l'aider à y voir plus clair : "L'argent, le pouvoir, le sexe, c'est le trio gagnant des demeurés. Le seul véritable moteur, c'est les enfants. Ils servent d'alibi à tous les agissements. Qu'est-ce qu'on ne commet pas au nom du sacro-saint amour parental. Parce qu'ils espèrent, ces parents modèles, et qui souvent se vérifie, c'est qu'ils seront aimés, quoi qu'ils fassent. Et ils ne s'en privent pas ! Dans ce domaine, leur imagination est sans limite." Puis, un peu plus loin : "Ce qui fait la différence entre vivre selon des valeurs ou vivre selon des aliénations, c'est la complaisance qu'on se porte à soi-même. La com-plai-sance, Alice. Cette manière veule qu'on a d'être en sa propre compagnie et de tout se permettre pour satisfaire le tyran qu'on abrite, le petit moi qui décide." Femme vacante est une belle leçon de vie. "Adèle m'a transmis un bien précieux, comprendre que quand on aime, il faut laisser aller." Le livre est sobre, superbement construit, l'écriture dense et sensuelle : "Et puis ça vient d'un coup, comme une hémorragie, une douleur massive, c'est là. Des flots de larmes, on coule, c'est le coeur."
Femme vacante, roman
Frédérique Martin
Editions Pleine Page, collection 5A7
144 pages, 14 €
Voir ici le site de Frédérique Martin
00:15 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : frédérique martin, femme vacante